La collégiale de Saint-Gaudens et les origines de la sculpture romane méridionale - article ; n°2 ; vol.125, pg 387-405
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La collégiale de Saint-Gaudens et les origines de la sculpture romane méridionale - article ; n°2 ; vol.125, pg 387-405

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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1981 - Volume 125 - Numéro 2 - Pages 387-405
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Marcel Durliat
La collégiale de Saint-Gaudens et les origines de la sculpture
romane méridionale
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 125e année, N. 2, 1981. pp. 387-
405.
Citer ce document / Cite this document :
Durliat Marcel. La collégiale de Saint-Gaudens et les origines de la sculpture romane méridionale. In: Comptes-rendus des
séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 125e année, N. 2, 1981. pp. 387-405.
doi : 10.3406/crai.1981.13855
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1981_num_125_2_13855COLLÉGIALE DE SAINT-GAUDENS 387
COMMUNICATION
LA COLLÉGIALE DE SAINT-GAUDENS ET LES ORIGINES
DE LA SCULPTURE ROMANE MÉRIDIONALE,
PAR M. MARCEL DURLIAT, CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE
Saint-Gaudens est l'une des nombreuses petites villes qui, de
Lavelanet à Lannemezan, jalonnent la bordure pyrénéenne dans le
Midi toulousain1. Installée sur une terrasse constituant un mer
veilleux belvédère naturel face à la montagne, elle est en relation
commode avec la capitale régionale, distante de moins de quatre-
vingts kilomètres. Elle communique aussi avec l'Espagne par la
haute vallée de la Garonne. Enfin, le piémont pyrénéen conduit vers
Tarbes et Pau, d'où l'on peut gagner les cols du Somport et de
Roncevaux.
L'agglomération a d'abord grandi autour d'une collégiale dont la
création constitua une des toutes premières manifestations dans le
Midi de la volonté de réforme de l'Église selon l'esprit dit « grégo
rien ». Cette fondation religieuse est en effet à mettre en relation
avec le concile de Toulouse de 1056 qui inaugura dans ce domaine2.
Réuni à la demande du Siège romain, il traita de la discipline ecclé
siastique et de la simonie, qu'il condamna sous toutes ses formes.
Un autre concile toulousain, qui dut se tenir à la fin du pontificat
de Nicolas II, vers 1060-1061, promulgua un certain nombre de
sanctions brutales à l'égard des contrevenants.
C'est précisément durant cette période décisive pour l'histoire de
l'Église médiévale, entre 1055 et 1063, que l'évêque de Comminges
Bernard, de la famille comtale de Toulouse, remit à une commun
auté de chanoines une église dédiée à saint Pierre et à saint Gau-
dens, dont il avait commencé la construction. Dans un but strict
ement religieux et pour assurer le salut de son âme et celle de ses
parents, le fondateur abandonna la propriété de l'église et lui
constitua une dotation comprenant un terroir, une vigne, des dîmes
et des droits divers. Il renonça aussi « à son droit de patronage et
donc aux prérogatives d'abbé, en établissant dans cette charge un
des chanoines (loco mei pono abbatem Fortium) qui serait à sa mort
remplacé à l'élection (ponatur electione canonicorum), en sorte que
1. François Taillefer, Le Midi toulousain, Paris, 1978, p. 142.
2. Elisabeth Magnou-Nortier, La société laïque et l'Église dans la province
ecclésiastique de Narbonne (zone cispyrénéenne) de la fin du VIIIe à la fin du
XI" siècle, Toulouse, 1974, p. 461-462. COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 388
l'abbé fût indépendant (sine dominatione personae alterius) »3. Ainsi
s'affirmait nettement, dans ce cas concret, la volonté de libérer
l'Église des tutelles qui pesaient sur elle, c'est-à-dire un des ressorts
essentiels de l'action des « grégoriens ».
L'église de l'évêque Bernard était un édifice très modeste, cons
truit en moellons et dépourvu de sculptures. Il en subsiste une partie
importante de l'abside, qui fut réutilisée dans le chevet de l'édifice
actuel. Commencé dans le dernier quart du xie siècle et caractérisé
par son plan basilical, ce allait être le témoin de l'extraordi
naire mutation artistique survenu dans nos régions méridionales
avec l'apparition de la grande sculpture romane4.
Alors que la construction était parvenue à la dernière travée de la
nef — autrement dit celle de l'est — un atelier paraît avoir introduit
l'usage d'un bel appareil en pierre de taille et une riche décoration
sculptée. Il ne fit d'ailleurs que passer et on lui doit, en tout et pour
tout, les deux dernières piles de la nef jusqu'aux grandes arcades,
avec les chapiteaux correspondants : soit les six chapiteaux des piles
et les deux engagés dans les murs goutterots, ou, plus
sûrement même, uniquement celui du bas-côté méridional. C'est
l'ensemble de ces chapiteaux qui constitue l'objet de ma communic
ation5.
Il convient d'abord de signaler un fait demeuré jusqu'à présent
inaperçu : l'existence dans cet ensemble d'un cycle de cinq chapi
teaux figurés répondant à un programme iconographique qui, pour
être voilé, n'en est pas moins précis et cohérent. La clef en est donnée
3. E. Delaruelle et Ch. Higounet, Réforme prégrégorienne en Comminges et
canonisation de saint Bertrand. Études critiques, dans Annales du Midi, LXL
1948-1949, p. 143-157.
4. Les particularités de l'église de Saint-Gaudens ont fait l'objet d'explications
insuffisantes de la part des divers auteurs ayant étudié l'édifice : Adeline et
Pierre Lespinasse, Les églises romanes et gothiques du Comminges, dans Revue de
Comminges, XXIX, 1914, p. 9-35 ; Deshoulières, Saint-Gaudens, Congrès
archéologique de France, Toulouse, 1929, Paris, 1930, p. 216-234 ; Pierre Lavedan
et Raymond Rey, Au Pays de Comminges, Toulouse, 1931, p. 214-230 ; Chanoine
Marboutin, L'église collégiale de Saint-Gaudens, dans Revue de Comminges, LVI,
1943, p. 170-196 ; Raymond Rey, Le problème des tribunes de la collégiale de
Saint-Gaudens, dans Revue de Comminges, LXV, 1952, p. 41-49. Moi-même, je
ne suis arrivé que progressivement à la découverte de la vérité. Je n'en avais
encore qu'une vision bien imparfaite lorsque je rédigeai mon premier article sur
Saint-Gaudens : L'église de Saint- Gaudens, dans Saint- Gaudens et le Comminges,
Fédération des Sociétés académiques et savantes Languedoc-Pyrénées-Gascogne,
Actes du XVIIIe Congrès d'études régionales tenu à Saint-Gaudens les 2, 3 et
4 juin 1962, Tarbes, 1963, p. 81-89.
5. La sculpture de l'église de Saint-Gaudens n'a été jusqu'ici que peu étudiée :
M. Payrau, Les chapiteaux historiés de la collégiale de Saint-Gaudens, dans Revue
de Comminges, 1957, p. 17-27 ; Thomas W. Lyman, The Pilgrimage Roads Revi-
sited, dans Gesta, VIII/2, 1969, p. 30-44 et le compte rendu que j'ai donné de cet
article Bulletin monumental, CXXIX, 1971, p. 113-120. Nous ignorons quel
était le style de la décoration sculptée de l'abside principale, qui fut entièrement
refaite en 1855-1856 d'une manière très arbitraire. COLLEGIALE DE SAINT-GAUDENS 389
Fig. 1. — Adam et Eve. La tentation. Cliché A. Serres.
par une représentation du péché originel sur la face orientale de la
pile méridionale (fig. 1).
Le serpent s'enroule autour du tronc de l'arbre symbolique et
tourne sa tête vers Eve qui détache la pomme. A gauche, Adam
porte la main à sa gorge pour exprimer par ce geste l'étendue du
trouble qui l'étreint au moment où il s'apprête à désobéir à Dieu
pour céder aux instances de sa compagne.
On retiendra la vigueur des deux nus, traités dans un fort relief,
avec un dédain marqué pour le respect des proportions et l'élégance
des formes. Le sculpteur a taillé des images lourdes et peu express
ives, mais en même temps il a accordé au traitement de la barbe
et de la moustache d'Adam, ainsi qu'à l'exécution des chevelures,
l'attention minutieuse qui distingue les artistes primitifs.
La composition, d'une parfaite symétrie, est particulièrement
vigoureuse, les deux corps humains accroupis, et même le serpent
qui allonge sa queue, ayant une solide assise sur l'astragale. 390 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
Fig. 2. — Les singes obscènes enchaînés. Cliché A. Serres.
Un contraste s'opère entre les volumes dépouillés des corps nus
et le décor surabondant de la corbeille du chapiteau. De grands
fleurons occupent à peu près

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