Les fouilles du palais de Nara (Japon) - article ; n°4 ; vol.113, pg 614-626
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1969 - Volume 113 - Numéro 4 - Pages 614-626
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madame Madeleine-V. David
Les fouilles du palais de Nara (Japon)
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 113e année, N. 4, 1969. pp. 614-
626.
Citer ce document / Cite this document :
David Madeleine-V. Les fouilles du palais de Nara (Japon). In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres, 113e année, N. 4, 1969. pp. 614-626.
doi : 10.3406/crai.1969.12455
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1969_num_113_4_12455614 COMPTES RENDUS DE L'ACADEMIE DES INSCRIPTIONS
L'ordre du jour appelle l'élection d'un académicien libre non
résidant, en remplacement de M. Fernand Benoît, décédé.
Le Président fait connaître que l'Académie, en comité secret,
vient d'élire un académicien libre non résidant en remplacement de
M. Fernand Benoît, décédé.
M. Marcel Simon ayant obtenu la majorité absolue des suffrages
exprimés est proclamé élu. Son élection sera soumise à l'approbation
du Président de la République Française.
Mlle Madeleine David, sous le patronage de M. Paul Demiéville,
fait une communication intitulée « Les fouilles du palais de Nara ».
COMMUNICATION
LES FOUILLES DU PALAIS DE NARA,
PAR MUe MADELEINE DAVID.
Ce n'est pas, je le crains, la coutume dans cette assemblée de rendre
compte de fouilles auxquelles on n'a pas participé. Pour l'Extrême-
Orient, force nous est bien d'agir ainsi. Mais, au Japon, les archéo
logues sont toujours prêts à vous accueillir très aimablement et
à vous faire part de leurs travaux. Il s'agit ici d'une entreprise
gigantesque qui n'en est qu'à ses débuts. J'ai eu à deux reprises,
en 1963 et 1969, l'occasion de me rendre sur ce site et j'espère pou
voir vous donner quelque idée des résultats déjà obtenus. Ces
résultats fructueux et souvent inattendus apportent sur l'histoire
et la civilisation japonaises au vme siècle de notre ère des lumières
encore insoupçonnées.
En 708, l'impératrice du Japon, Gemmei, promulguait un édit
annonçant la fondation d'une nouvelle capitale, Heijô-kyô (la
capitale de la Paix), dans la plaine de Nara. L'établissement de cette
cité nouvelle qui devait rester le siège du gouvernement japonais
jusqu'en 784, était un pas de plus vers la consolidation d'un gouver
nement centralisé à la mode chinoise, but de la cour japonaise
depuis près de cinquante ans.
Il y avait alors un peu plus d'un siècle que, par la reconnaissance
du Bouddhisme en tant que religion officielle, les souverains du
Yamato avaient résolument opté pour la civilisation du continent.
Des ambassades se rendaient en Chine, accompagnées d'un nombreux
personnel de moines et d'étudiants allant s'initier à la culture, aux
diverses techniques et aux procédés de gouvernement du grand
empire T'ang, fondé en 618 et dont le rayonnement s'exerçait sur
toute l'Asie. A l'assujettissement plus ou moins lâche de clans
turbulents devaient succéder des institutions plus rigides, un sys- FOUILLES DU PALAIS DE NARA 615 LES
tème de lois et de statuts organiques permettant la perception de
tributs et de taxes, la contrainte de la paysannerie aux corvées
d'État et exigeant, de ce fait, un recensement de la population ainsi
que l'organisation des transports pour la collecte des impôts.
Ces différentes mesures avaient été envisagées dès 645, lors de la
réforme de Taika, complétée, en 701, par celle deT'ai-hô. Jusqu'alors,
les empereurs avaient eu pour habitude d'ériger une nouvelle
demeure, lors de leur avènement, et de la transférer ailleurs s'ils le
jugeaient nécessaire. C'est ainsi que la cour avait, depuis un siècle,
passé successivement d'Asuka, au Sud de la plaine du Yamato,
à Fujiwara, un peu plus au Nord, en passant par Naniwa, près
d'Osaka.
C'est au Nord de Fujiwara où avaient résidé les trois derniers
souverains que devait être installée la ville nouvelle, en un point
où la plaine s'élargissait et où le système fluvial permettait d'attein
dre aisément la Mer Intérieure.
La largeur de la plaine, à cet endroit, était favorable à l'expansion
d'une cité, car dans la nouvelle capitale étaient, pour la première
fois, prévue, non seulement la résidence impériale ainsi que les
offices gouvernementaux mais aussi une organisation citadine, fort
nouvelle au Japon et qui s'inspirait de celle des villes chinoises.
C'est ainsi qu'entre 708 et, semble-t-il, 715, un immense travail
d'aménagement du terrain fut accompli afin de permettre la construc
tion d'une ville conçue, comme l'étaient en Chine les capitales
impériales, sur un plan en damier dont l'orientation strictement
géométrique était censée refléter sur le plan terrestre l'organisation
idéale du cosmos.
L'axe principal était une grande voie nord-sud, la voie du Moi
neau Rouge, qui donnait accès au palais impérial. De part et d'autre
de cette voie, s'étendaient les villes est et ouest, divisées en
soixante-huit quartiers par neuf voies est-ouest et dix voies nord-
sud. Un marché était aménagé dans chacune de ces moitiés de la
cité et un quartier subsidiaire devait se développer vers l'Est autour
des grandes fondations pieuses des souverains qui dominèrent ce
siècle. Il s'agit de l'empereur Shômu qui régna de 724 à 749 et fut
le fondateur du monastère du Tôdaiji, grand centre du Bouddhisme
japonais, et de son épouse, l'impératrice Kômyô qui favorisa l'expan
sion de deux autres temples, l'un bouddhique, le Kôfukuji, l'autre,
le Kasuga-jinja, relevant de( la religion autochtone du Shinto,
tous deux fondés par son père, Fujiwara no Fubitô.
Ce quartier subsidiaire, devenu la ville actuelle de Nara, est le
seul qui se soit perpétué jusqu'à nos jours grâce aux pèlerinages
qu'attiraient ces grands monastères.
Abandonnée en 784, puis résidence entre 809 et 824 d'un souverain 616 COMPTES RENDUS DE l 'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
déchu, la grande capitale du vme siècle avait, à peine cent ans plus
tard, disparu sous des rizières.
Assurément, si nous comparons Heijô-kyô et Tch'ang-ngan, nous
constatons que l'ampleur de la première ne correspondait pas à celle
du modèle. Mais, considérant les moyens dont disposait une dynastie
encore mal assurée sur un territoire d'autant plus restreint que le
Nord du pays échappait encore à sa domination, nous pouvons
mesurer l'ampleur de l'effort accompli.
Tch'ang-ngan s'étendait d'Est en Ouest sur 9 km. 550 et du Nord
au Sud sur 8 km. 220, soit un périmètre d'environ 17 kilomètres.
Heijô, la capitale sise à Nara, mesurait d'Est en Ouest 4 km. 300 et
du Nord au Sud, 4 km. 800, soit un de 9 kilomètres. On voit
qu'il s'agit, à peu près, de la moitié de la superficie de la capitale
chinoise. De même, la voie du Moineau Rouge avait à Tch'ang-ngan
150 mètres de largeur pour 85 mètres à Heijô. Enfin, des fouilles
récentes pratiquées dans l'ancienne cité chinoise ont révélé
l'existence d'une muraille extérieure de 35 km. 500 de dévelop
pement, large de 20 mètres à la base et haute de 5 mètres tandis que
l'on ignore encore si une telle enceinte extérieure existait à Heijô,
le fait semblant d'ailleurs fort improbable.
Pendant de longs siècles, l'ancienne cité fut complètement oubliée.
Puis, au milieu du xixe siècle, un employé subalterne des daimyôs
ou seigneurs d'Ise, de qui dépendait Nara, un nommé Kitausa
Sadama, entreprit de retrouver les limites de l'ancienne capitale.
Se basant sur des documents conservés dans les monastères avoisi-
nants : contrats de ventes ou de locations de rizières, Kitausa procéda
à des mensurations et, en 1852, il établit une carte du site.
Cette carte devait servir de base aux recherches entreprises à
partir de 1900 par le professeur Sekinô Tei, alors architecte au service
de la préfecture de Nara et qui devait devenir une autorité mondiale
en matière d'histoire de l'architecture, non seulement du Japon, mais

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