Une esquisse du paysage urbain lyonnais aux XIXe etXVe siècles - article ; n°1 ; vol.11, pg 253-277
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Description

Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public - Année 1980 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 253-277
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 49
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Madame Nicole Gonthier
Une esquisse du paysage urbain lyonnais aux XIXe etXVe
siècles
In: Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public. 11e congrès,
Lyon, 1980. pp. 253-277.
Citer ce document / Cite this document :
Gonthier Nicole. Une esquisse du paysage urbain lyonnais aux XIXe etXVe siècles. In: Actes des congrès de la Société des
historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public. 11e congrès, Lyon, 1980. pp. 253-277.
doi : 10.3406/shmes.1980.1367
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/shmes_1261-9078_1981_act_11_1_1367UNE ESQUISSE DU PAYSAGE URBAIN LYONNAIS
AUX XlVème et XVème SIECLES
Sur le plan scénographique de 1545, Lyon semble une ville largement
développée, répartie de part et d'autre de la Saône et ordonnant ses bâtiments
selon un plan géométrique simple. Les rues parallèles à la rivière coupent à
angle droit celles qui y conduisent. Aucun plan rayonnant ici, aucun palais
distinct des autres habitations : la ville s'est greffée sur la rivière de Saône dont
elle épouse les sinuosités et qui constitue son axe médian.
Le plan fait apparaître aussi une certaine dissymétrie : la ville s'étale
dans la presqu'île entre Rhône et Saône, alors qu'elle n'occupe qu'un mince
ruban de terre sur la rive droite. A l'intérieur de vastes remparts, de larges
zones rurales sont comprises.
Peut-on se représenter ainsi la ville médiévale, sachant — comme l'écrivait
si bien Baudelaire — que «la forme d'une ville change plus vite hélas que le
cœur d'un mortel» ? C'est ce que nous essaierons de déterminer dans les pages
suivantes en tentant de retrouver, grâce aux témoignages qui nous restent, les
éléments du paysage lyonnais aux XlVème et XVème siècles.
Les documents d'archives les plus précis sur l'habitat urbain sont, bien sûr,
les Livres du Vaillant ou Nommées. Ces listes, destinées à l'établissement de
l'impôt, énumèrent les biens meubles et immeubles des habitants de Lyon et
les évaluent. Le Livre du Vaillant de 1388 a été publié par E. Philipoé et Ch.
Perrat, (CC 1), un document plus ancien reconnu comme un livre du Vaillant
de 1376 a été retrouvé également (CC 13 et 285/1) ; les listes de 1446 (CC 3)
publiées partiellement par J. Déniau et celles de 1493 (CC 9 à 12) décrivent
l'essor de la ville au XVème siècle. Un document de 1406 (CC 2) qui est une
«serche» ou dénombrement destiné à préparer l'établissement d'un Vaillant
précise de même quelques aspects du quartier de rive droite.
Cependant pour imaginer et comprendre un paysage urbain, il ne suffît
pas d'en décrire les maisons, il faut aussi restituer la vie de ces bâtisses, l'anima
tion de ces rues, la coloration sociale de ces quartiers. C'est pourquoi d'autres
253 fiscales sont précieuses : les rôles de tailles ou de taxes fournissent de sources
tels renseignements, en permettant de connaître les différents corps de métiers
présents dans les «charrières» de la ville et les fortunes diverses des habitants.
De plus, quand on a la chance de posséder un dénombrement qui ne soit pas
seulement une liste de chefs de feux mais une description assez précise d'un
quartier, on dispose alors, comme c'est le cas pour le quartier Saint-Vincent
entre 1360 et 1370, d'un document qui allie les avantages des Nommées à
ceux des rôles fiscaux et qui présente à la fois les bâtiments et la condition
de leurs occupants.
L'étude de l'habitat et de l'occupation du sol dans le Lyon médiéval
peut se faire encore sur le terrain. La ville a le privilège de conserver un quartier
assez homogène sur la rive droite de la Saône, où les maisons du XVIème siècle
sont nombreuses et sont souvent construites sur les bases ou les plans des précé
dents édifices. Leur architecture, leur disposition éclairent l'historien qui veut
reconstituer le paysage urbain du XVème siècle.
C'est donc à partir de ces différentes sources que ces quelques pages ont
été élaborées. Toutefois je dois avertir les lecteurs qu'il s'agit d'un modeste essai
de synthèse qui ne prétend pas être une étude exhaustive et entièrement neuve.
La thèse, en cours d'élaboration, de Madame Michèle Bonnet, qui s'appuie sur
l'analyse minutieuse des Nommées, apportera très certainement des conclusions
plus surprenantes que celles que je pourrai avancer ici. J'aurai d'ailleurs l'occa
sion de faire référence à quelques résultats de ses premiers travaux tels qu'elle
nous les a présentés au cours de deux séminaires.
Ces quelques préliminaires posés, il apparaît que l'aspect de la ville au
XVème siècle est le résultat d'une évolution historique qu'il faudra d'abord rap
idement évoquer, de même qu'on soulignera les influences du site géographique
sur la disposition de l'habitat urbain. On tentera également d'établir le rapport
existant entre les activités et les types d'habitat et de déterminer les caractères
particuliers qui distinguent les quartiers populaires et les quartiers aisés.
I - L'EVOLUTION DU PAYSAGE URBAIN, DU Vème au Xllème SIECLE
La ville du XTVême et XVème siècles est à la fois ville de la Saône et de
la presqu'île. Il n'en a pas toujours été ainsi. La ville romaine antique occupait
la colline de Fourvière et l'île des Canabae, entre les deux fleuves. Autour du
cardo et du decumanus du camp romain installé en 43 av. J.C. sur la colline,
s'était construite une cité dont la prospérité se maintint jusqu'au Ilème siècle
de notre ère. Le IHème siècle vit le lent mais sûr déclin de la ville romaine.
II ny eut plus de constructions nouvelles, la population semblait amputée
d'une partie de son aristocratie, sacrifiée dans la guerre civile de 197, et lorsque,
au IVême siècle, des troupes de pillards vinrent dérober les tuyaux de plomb
des aqueducs qui apportaient l'eau à Lugdunum, la population qui avait com
mencé à s'installer dans la ville basse, abandonna tout à fait la colline du Vieux
Forum, désormais inhabitable.
254 C'est ainsi que naît le site du premier Lyon médiéval : ville de la Saône,
blottie dans l'île marécageuse de Saint-Jean, entre la rivière et la divagation
d'un de ses bras dont on peut suivre le tracé le long de la me du Bœuf actuelle
et de la rue Tramassac. Le nom de Tramassac, dérivation de «Trans-maraux» ,
témoigne d'ailleurs du caractère peu hospitalier de ce nouveau site.
Dès le Vème siècle, l'évêque Patiens fait édifier la cathédrale Saint-Etienne
sur l'emplacement de l'actuelle cathédrale Saint-Jean l . Déjà ce quartier s'affi
rme comme un quartier ecclésiastique puisque l'évêque y fait bâtir sa demeure.
A l'époque mérovingienne les édifices religieux se font plus nombreux le long de
la Saône avec la construction de l'église Saint-Paul, de l'hôpital de la Saunerie —
fondation de Childebert — .
Au IXème siècle se dessine le centre religieux du quartier de Saône : le
groupe episcopal des trois églises, Saint-Jean, Saint-Etienne, Sainte-Croix,flanque
le palais de l'Archevêque ; les Chapitres Saint-Jean, Saint-Just, Saint-Paul qui
vont partager les seigneuries d'église avec l'autorité diocésaine se constituent ;
enfin une autre église, celle de Saint-Georges apparaît au bas de la colline. Rien
ne démontre mieux la concentration de la vie urbaine autour de la Saône et
l'abandon de Fourvière que la construction d'un nouveau rempart, derrière
la rivière, de Saint-Georges à Saint-Paul.
Les siècles suivants voient un peuplement plus intense de la presqu'île.
Désertée par les marchands romains qui en faisaient la prospérité, elle était deve
nue, à partir du Vlème siècle, terre de moines. Trois établissements se parta
geaient ces terrains marécageux que coupaient des bras du Rhône : l'abbaye
bénédictive d'Ainay au sud, l'église Saint-Nizier au centre, le couvent des Dames
de Saint-Pierre au nord. Défrichement et assècheme

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