Actiaca - article ; n°1 ; vol.53, pg 37-100
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1936 - Volume 53 - Numéro 1 - Pages 37-100
64 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1936
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Jean Gagé
Actiaca
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 53, 1936. pp. 37-100.
Citer ce document / Cite this document :
Gagé Jean. Actiaca. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 53, 1936. pp. 37-100.
doi : 10.3406/mefr.1936.7269
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1936_num_53_1_7269AGTIAGA
Peu d'épisodes de l'histoire antique ont été plus souvent com
mentés que la bataille d'Actium. N'est-il pas entendu qu'elle décida
du sort d'un monde, et d'abord de l'empire d'Auguste? Les histo
riens, depuis l'Antiquité, ne nous ont-ils pas habitués à lui prêter
Jes proportions d'un symbole?
Et pourtant, écoutons les plus récents critiques. En moins de
dix ans, en effet, la « bataille d'Actium » vient de susciter au moins
trois mémoires importants, qui apportent chacun un nouveau pro
grès à son histoire : ceux de MM. A. Ferrabino, W. Tarn et M. A.
Levi1. Nous nous référerons particulièrement dans les pages qui
suivent à l'étude de M. Tarn, qui nous semble la plus intéressante
et la plus probante2. Mais, si ces trois auteurs s'opposent parfois
sur quelques interprétations, on est frappé de leur accord sur la
méthode et sur la conclusion essentielle. Cette conclusion est fort
éloignée de la version traditionnelle ; elle repousse catégoriquement
pour Actium le titre de grande bataille navale ; c'est à peine si elle
lui accorde le rang même d'une : un engagement décidé
dans l'équivoque, poursuivi dans la trahison, rompu par la fuite du
principal partenaire, tel apparaîtrait l'événement proprement mi-
1 Ferrabino, in Rivista di Filologia, 1924, p. 433-472 ; Tarn, in Jour
nal of Roman Studies, 21, 1931, p. 173-199 ; Levi, in Athenaeum (de
Pavie), N. S., X, 1932, p. 3-21.
2 Nous n'oublions pas plus que M. Tarn que le mérite d'avoir ouvert
les voies nouvelles revient à M. Ferrabino. — M. Tarn a résumé son inter
prétation, en 1934, dans la Cambridge Ancient History, X, p. 102-113
(eh. m, écrit en collaboration avec M. Charlesworth) , et M. Levi la
sienne, sensiblement différente, dans son ouvrage sur Ottaviano capo
parte, II (1933), p. 258. 38 ACTIACA
litaire. La trahison, d'ailleurs, n'est nullement celle de Gléopâtre ;
dès la fin du siècle dernier, Kromayer avait fait justice de ce roman
tenace, qui nous montre, depuis Plutarque, la reine fuyant à pleines
voiles au fort du combat, en entraînant dans son sillage un Antoine
éperdu, surpris, pleurant sur sa poupe... L'excellent historien des
grandes batailles antiques concluait à une fuite préméditée en par
fait accord entre les deux « amants » : ceux-ci n'auraient null
ement envisagé une vraie bataille ; leur unique dessein aurait été,
moyennant une manœuvre de diversion sur la droite, de percer le
blocus ennemi et de se retirer intacts, et leur seule surprise eût été
de ne pas être suivis, au signal donné, par toute leur flotte 1. L'opi
nion de M. Tarn est sensiblement différente, et, croyons-nous, plus
vraisemblable : la fuite vers l'Egypte sur un vaisseau muni à
l'avance du trésor royal, et de voiles, n'était en fait, selon lui, que la
deuxième des solutions prévues, et la moins optimiste ; la première
consistait à livrer franchement bataille, dans l'espoir de retourner
contre l'armée d'Octave le blocus maritime dont souffrait celle
d'Antoine ; en cas d'échec seulement, on choisirait de s'échapper
vers le Sud. C'est dans ces conditions que la bataille s'engage le
2 septembre 31. Antoine, à droite, comptant sur le vent, essaie de
manœuvrer Agrippa, qui médite le mouvement inverse. Mais, au
moment où le combat prend forme, l'ennemi voit avec surprise une
partie des vaisseaux d'Antoine rompre leur ligne et retourner au
port. Cette « défection2 » décide Cléopâtre à passer sans retard à
1 Kromayer, Kleine Forschungen zur Geschichte des IIea Triumvirats,
VII. Der Feldzug von Actium und der sogenannte Verrath der Cleopatra,
in Hermes, XXXIV, 1899, p. 1 et suiv. (capital). L'auteur a repris récem
ment sa thèse, à peu près sans changement, et en contestant celle de
Ferrabino, dans ses Antike Schlachtfelder, t. IV (1931), p. 662-671
(Nachtrag) ; voir aussi son commentaire explicatif relatif à la carte du
Schlachtenatlas (par Kromayer et Veith), Rom. Abt., fol. 24, p. 125 du
texte. Nous reproduisons cette carte avec quelques changements (ci-
après, flg. 1).
2 MM. Ferrabino et Tarn croient bien à une trahison d'équipages peu ACTIACA 39
l'application du second plan ; profitant de l'échappée qui s'est ou
verte vers la haute mer, elle y lance sa galère, et Antoine, avec
assez de peine, se met en mesure de la rejoindre. La flotte d'Octave
assiste à cette « fuite » sans bien la comprendre. La première dé
pêche envoyée à Rome, canevas probable de la 9e épode d'Horace,
est le bulletin d'un vainqueur encore peu sûr de sa trop facile vic
toire. Mais le lendemain apporte la capitulation des vaisseaux d'An
toine demeurés à Actium1, et, quelques jours après, le ralliement
dûment négocié de l'armée de terre, privée de ses chefs, règle déf
initivement le sort de la campagne au profit d'Octave.
Nous n'avons point l'intention de revenir ici sur une histoire qui
a été si bien faite, fût-ce pour y reprendre les quelques détails qui
peuvent rester douteux. Nous prenons la « victoire » d'Actium au
moment où ses historiens la laissent, à l'heure des ex-voto et des
trophées, en nous proposant spécialement d'examiner d'aussi près
que possible les « suites » qui lui furent données, dans l'ordre des
manifestations commémoratives et religieuses. Car, une fois la
bataille réduite à ces proportions modestes, la réalité de ses consé
quences reste entière. Très vite, Actium passa pour une -grande, une
très grande victoire. Gomment expliquer ce travestissement? —
M. Tarn croit qu'Auguste eut le souci d'imiter les victoires navales
que les souverains antigonides avaient remportées, deux siècles et
demi plus tôt, à Cos, à Salamine, sur les ancêtres de la dernière
Lagide : parce que ces victoires avaient été de grandes batailles
glorieuses, il fallut, bon gré mal gré, que la sienne se haussât au
même rang. Tous ses gestes au lendemain d'Actium lui seraient
soucieux de se battre pour la reine, et le premier en attribue l'initiative
à Sosius, ce que rejette M. Tarn. M. Levi, au contraire, place le mouve
ment de retraite juste après la « fuite » d'Antoine, comme une consé
quence. Nous reviendrons plus loin sur les vers d'Horace, qui sont le
point de départ de ces diverses théories.
1 Cf. Orose, VI, 19, 11 (d'après Tite-Live) : inlucescente iam die vic-
toriam Caesar consummavit. ACTIACA 40
aussi bien dictés par ces modèles : soit qu'il fonde Nicopolis par le
synœcisme des bourgades voisines, soit qu'il dédie à l'Apollon du
rivage un choix splendide des vaisseaux ennemis, soit enfin qu'il
orne ses revers monétaires des images de Neptune appuyé le pied
sur le globe et de la « Victoire de Samothrace », toujours Auguste,
d'après M. Tarn, rivalise avec Antigone Gonatas ou avec Démétrius
Poliorcète 1.
Cette interprétation piquante mérite réflexion. Le jeune vain
queur romain, dépositaire des vœux de l'Italie et de tout l'Occident
latin, jouant avec tant d'application le personnage de héros hellé
nistique, c'est une image paradoxale, mais, a priori, nullement im
possible. L'explication nous semble toutefois trop schématique2.
Pour ne prendre qu'un exemple, faut-il croire avec M. Tarn qu'Oc
tave ait eu besoin de se souvenir de l'ex-voto de Gonatas à Délos
au lendemain de Gos, pour adresser son hommage reconnaissant
à l'Apollon d'Actium? Déjà attaché au dieu depuis plusieurs an
nées, ne devait-il pas tout naturellement exploiter cette miracul
euse rencontre ?
En fait, les lendemains d'Actium, à Actium même, méritent au
jourd'hui une étude précise, que les recherches sur la bataille per
mettent justement d'aborder d'un point de départ plus sûr, et qui
peut, inversement, confirmer certains de leurs résultats. Car la
nouveauté des enquêtes de MM. Ferrabino, Tarn

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