Analyse d un document d Église : Nous nous souvenons. Réflexion sur la Shoah - article ; n°1 ; vol.56, pg 90-109
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Analyse d'un document d'Église : Nous nous souvenons. Réflexion sur la Shoah - article ; n°1 ; vol.56, pg 90-109

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Mots - Année 1998 - Volume 56 - Numéro 1 - Pages 90-109
ANALYSE D'UN DOCUMENT D'ÉGLISE: «NOUS NOUS SOUVENONS. REFLEXION SUR LA SHOAH» L'article propose une analyse de la position officielle du Vatican sur la Shoah. La déresponsabilisation de l'Église, dans la genèse de la judéophobie, précède la réaffirmation de la dogmatique traditionnelle. La réinterprétation du « devoir de mémoire » s'y fait jour.
THE ANALYSIS OF A CHURCH DOCUMENT. «WE REMEMBER. THOUGHTS ON THE SHOAH » This article attemps to analyze the official position of the Vatican on the « Shoah ». The claim of a lack of responsability on the past of the Church, in the genesis of judeophobia, preceeds the reaffirmation of traditional church dogma. The reinterpretation of the « moral work of memory » takes place simoultaneously.
ANALISIS DE UN DOCUMENTE DE LA IGLESIA : «RECORDAMOS. REFLEXION SOBRE LA SHOAH » El articulo propone un análisis de la posición oficial del Vaticano sobre la « Shoah ». Dicha posición desreponsabiliza la Iglesia católica frente a la question del origen de la judeofobia y le permite reafirmar su dogmática tradicional. Lo que le permite reinterpretar el « deber de memoria ».
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Georges-Elia Sarfati
Analyse d'un document d'Église : Nous nous souvenons.
Réflexion sur la Shoah
In: Mots, septembre 1998, N°56. pp. 90-109.
Resumen
ANALISIS DE UN DOCUMENTE DE LA IGLESIA : «RECORDAMOS. REFLEXION SOBRE LA " SHOAH " » El articulo propone
un análisis de la posición oficial del Vaticano sobre la « Shoah ». Dicha posición desreponsabiliza la Iglesia católica frente a la
question del origen de la judeofobia y le permite reafirmar su dogmática tradicional. Lo que le permite reinterpretar el « deber de
memoria ».
Abstract
THE ANALYSIS OF A CHURCH DOCUMENT. «WE REMEMBER. THOUGHTS ON THE " SHOAH " » This article attemps to
analyze the official position of the Vatican on the « Shoah ». The claim of a lack of responsability on the past of the Church, in the
genesis of judeophobia, preceeds the reaffirmation of traditional church dogma. The reinterpretation of the « moral work of
memory » takes place simoultaneously.
Résumé
ANALYSE D'UN DOCUMENT D'ÉGLISE: «NOUS NOUS SOUVENONS. REFLEXION SUR LA SHOAH» L'article propose une
analyse de la position officielle du Vatican sur la Shoah. La déresponsabilisation de l'Église, dans la genèse de la judéophobie,
précède la réaffirmation de la dogmatique traditionnelle. La réinterprétation du « devoir de mémoire » s'y fait jour.
Citer ce document / Cite this document :
Sarfati Georges-Elia. Analyse d'un document d'Église : Nous nous souvenons. Réflexion sur la Shoah. In: Mots, septembre
1998, N°56. pp. 90-109.
doi : 10.3406/mots.1998.2367
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mots_0243-6450_1998_num_56_1_2367Georges-Élia SARFATF
Analyse d'un document d'Église :
Nous nous souvenons.
Réflexion sur la Shoah
À la fin du mois de mars 1998, le Vatican a rendu public un
« document d'Église » relatif, entre autres données, à sa position
sur le génocide. La réception de ce texte a suscité des lectures et
des réactions diverses : satisfaction, déception, indignation ou réserve.
Points de vue qui ne se laissent apprécier eux-mêmes qu'en fonction
des attentes engagées par différents milieux.
Nous nous souvenons emprunte, au moins dans la forme, à la
liturgie juive (Izkor) par l'attitude générale de mise en perspective
de la shoah1. Le texte lui même est disproportionné par rapport à
l'objet traité. En dépit du sous-titre : Réflexion sur la Shoah, il
n'est ni un essai ni un traité, mais une brochure de trente feuillets.
Le texte principal, cosigné par les principaux représentants de la
° Université de Tel-Aviv, Département de Français, Ramat-Aviv, 69978 Tel Aviv,
Israël.
1. Alain Rey (Le Robert, Dictionnaire historique de la langue française, 1992)
définit ainsi le terme holocauste : I...I Au 19e siècle, holocauste est repris au sens
de « massacre, génocide » (1855, Sand) ; au 20e en emploi absolu avec l'article
défini, il sert à désigner l'extermination des Juifs par les nazis (attesté 1958, Mauriac),
en concurrence avec le mot hébreu shoah. Le terme hébraïque a été peu à peu
lexicalisé en français moderne après le film de С Lanzmann Shoah (1985). Dans
notre texte, nous avons donc préféré ce terme à ceux de génocide ou d'holocauste,
le premier étant marqué par la terminologie juridique, le second par le point de vue
théologique. L'emploi du mot shoah marque dans notre développement un double
parti pris : d'une part, celui qui consiste à faire prévaloir le point de vue historique
juif, sinon celui de l'historiographie israélienne, sur la question, et d'autre part, celui
qui consiste à refuser, comme c'est également le cas en hébreu, de faire de cette
dénomination l'analogue d'une catégorie métaphysique. Le mot shoah désigne un
événement historique. Or l'usage ecclésiastique du même terme orthographié avec
une majuscule vise à reverser le point de vue juif dans une optique théologique, à
en faire une allégorie de la souffrance.
90 Mots, 56, septembre 98, p. 90 à 109 Commission pour les relations avec le judaïsme, daté du 16 mars
1998, est précédé d'une brève préface du pape Jean-Paul П, elle-
même datée du 12 mars 1998. Ces deux textes sont accompagnés
dans l'édition française d'une présentation, datée du 19 mars 1998,
du père Dujardin, traducteur du document et secrétaire du Comité
episcopal français pour les relations avec le judaïsme.
La première de couverture comporte une photographie (légendée
ainsi, en quatrième de couverture : « Jean Paul II avec d'anciens
déportés », Pologne, 1979). Cette photographie occupe la moitié
inférieure de la page. Elle figure le chef de l'Église, visible de
face en surplomb, vers lequel s'inclinent trois hommes en habits
rayés de prisonniers des camps nazis.
C'est en termes de position énonciative et de visée argumentative
qu'il convient d'analyser ce document. Quel en est le véritable
objet ? À qui est-il destiné ? Quelles questions soulève-t-il ? Quelles
sont ses finalités ? Mais également, quelles stratégies argumentatives
met-il en œuvre ? Pour tenter de répondre à ces questions, la
conduite de l'analyse fera droit à trois orientations : l'examen des
conditions générales de la « réflexion » proposée ; la mise au jour
des enjeux d'emblée repérables dans le texte ; enfin, la mise au
jour de ses enjeux implicites.
Le document et ses conditions d'interprétation
Les enjeux du document sont fortement conditionnés par leur
mode de présentation. La raison d'être de ce texte ne se confond
ni avec son véritable objet ni avec le motif qui justifie, en dernière
analyse, l'essentiel de ses développements.
Cette déclaration trouve d'abord sa raison dans une conjoncture
historique intrinsèquement liée à l'histoire de l'Église, ainsi qu'à la
nécessité de faire retour sur cette histoire à l'approche du troisième
millénaire 1 :
« Comme nous nous préparons à entrer dans le troisième millénaire du
christianisme, l'Église est consciente que la joie du Jubilé doit être avant
tout une joie fondée sur le pardon des fautes et la réconciliation avec
Dieu et le prochain » (p. 15).
1. Le caractère autoréférentiel du texte tient en grande partie au développement
réitéré du thème du millenium — thème sur lequel s'ouvre et se conclut le document.
91 Il s'agit donc d'une manière de bilan, lequel appelle un examen
de conscience : c'est là son véritable objet, vis-à-vis duquel l'év
énement de la shoah est occasion de prise de parole, motif de
réflexion :
« Aussi encourage-t-elle ses fils et ses filles à purifier leur cœur en se
repentant des erreurs et des infidélités passées. Elle les appelle à se
placer humblement devant le Seigneur et à examiner la responsabilité
qui est la leur dans les maux de notre temps » (ibid.).
Le « pardon des fautes », la « réconciliation avec Dieu et le
prochain », à l'approche du « troisième millénaire du christianisme »,
constituent la raison et l'objet du texte, plus particulièrement, la
considération de la shoah en constitue le motif:
« Le crime reconnu sous le nom de Shoah demeure une tache indélébile
de l'histoire du siècle qui touche à sa fin » (ibid.).
« Ce siècle a été le témoin d'une indicible tragédie qui ne pourra jamais
être oubliée : la tentative du régime nazi d'exterminer le peuple juif avec
la mort qui s'en est suivie de millions de Juifs » (p. 18).
Quant aux destinataires du document, ils se répartissent, compte
tenu de ce qui précède, en différents groupes explicitement identifiés.
En tout premier lieu les chrétiens (et pas uniquement les catholiques),
mais également les Juifs. Les uns et les autres sont constitués en
destinataires du document par une adresse directe qui retentit comme
une interpellation :
« En adressant cette réflexion à nos frères et sœurs de l'Église catholique
à travers le monde, nous invitons tous les chrétiens à se joindre à nou

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