Antiquités syriennes - article ; n°3 ; vol.20, pg 177-194
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Antiquités syriennes - article ; n°3 ; vol.20, pg 177-194

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Description

Syria - Année 1939 - Volume 20 - Numéro 3 - Pages 177-194
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1939
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Henri Seyrig
Antiquités syriennes
In: Syria. Tome 20 fascicule 3, 1939. pp. 177-194.
Citer ce document / Cite this document :
Seyrig Henri. Antiquités syriennes. In: Syria. Tome 20 fascicule 3, 1939. pp. 177-194.
doi : 10.3406/syria.1939.4137
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1939_num_20_3_4137ANTIQUITÉS SYRIENNES
PAR
HENRI SEYRIG
26. — La grande statue parthe de Shami et la sculpture
palmyrénienne.
La publication récente d'un important lot de statues, découvertes à Shami
près de Malamir, dans les montagnes de la Susiane (1), vient de jeter quelque
lumière sur l'art post-alexandrin de régions qui n'en avaient fourni presque
aucune trace jusqu'ici. Je ne me propose pas de discuter l'ensemble de la
trouvaille, qui ne manquera pas de susciter les commentaires les plus variés :
je voudrais seulement consacrer une brève note à la plus importante de ces
statues, et en tirer certains enseignements qui permettent, je crois, de mieux
comprendre la sculpture syrienne de la même époque.
La principale des statues de Shami (pi. XXV) est un bronze, de taille un
peu plus que naturelle (1 m. 94). La tête et le corps sont coulés séparément,
dans des alliages de qualité différente, qui ont pris des patines distinctes.
M. Godard estime avec raison, semble-t-il, que le corps très pesant de cette
statue n'aurait jamais pu être transporté à travers les montagnes jusqu'à
Shami, et qu'il a dû y être coulé sur place, pour s'adapter à une tête apportée
d'ailleurs. De là l'impureté du bronze dont est fait le corps, et la disproportion
que l'on constate entre la tête et le torse, et la différence de qualité dans le
travail des deux morceaux.
La statue représente un personnage vêtu à l'iranienne, d'une paire.de larges
jambières suspendues sur les reins à quelque ceinture cachée, et d'une veste
croisée, maintenue par une seconde ceinture. Son seul autre vêtement est
un très court caleçon dont le fond, très ample, pend par derrière : le torse et
W Godard, Athar-e Iran, II, 1937, p. 285-305; Sir Aurel Stein, Geographical Journal, XCII,
1938, p. 324. Cf. Cumont, Syria, XX, 1939.
Syria. — XX. 23 . 178 SYRIA
les cuisses sont nus sous les jambières et la tunique. L'armement est réduit à
deux poignards à gaine lobée, dont l'agencement se distingue mieux qu'à Pal-
myre : le lobe supérieur s'attache au bas de la veste par un bouton, et l'infé
rieur livre passage à une courroie qui fait le tour de la cuisse (fig. 1), comme
chez les guerriers de Persépolis. Le cou porte un collier qui rappelle encore
le streptos des Perses par sa forme générale, et qui est fait d'une épaisse et
souple chaîne en cordon, finement articulée, dont
"S.
les extrémités se joignent sur un grand cabochon
ovale. Enfin la ceinture est formée de plaques
métalliques, reliées par des charnières (1). La tête
(fig. 2) présente un visage gras, avec une longue ,.**■'
et étroite moustache tombante. La barbe semble
rasée à l'exception d'un collier et d'une mouche,
tenus très courts, et marqués (comme les sourc
ils) par de simples incisions. La chevelure lisse,
serrée par un bandeau à sept brins, couvre la
nuque et les oreilles, et est roulée de part et
d'autre du visage, de manière à l'encadrer d'une
masse épaisse. On n'aperçoit des oreilles que le
lobe, auquel n'est suspendue aucune boucle.
Fig. 1. — Détail de la statue de M, Godard fait observer que le bandeau n'a
Shami (côté droit), d'après
pas de fanons flottants, comme en aurait celui Athar-e Iran.
d'un dieu ou d'un roi, et que la statue est donc
probablement celle d'un dynaste local.
On voudrait pouvoir préciser un peu l'époque et le milieu auxquels remonte
cette imposante sculpture qui, sans nous donner la physionomie de son modèle
au sens où nous l'entendons d'un portrait, marque cependant avec force son
type ethnique, que l'on reconnaît, par exemple, dans l'admirable buste qui orne
les monnaies, encore tout hellénistiques, de Bagadate, prince de Perside vers la
fin du ine siècle avant J.-C. (fig. 3) <2>. Assurément la statue de Shami, bien
qu'elle soit difficile à dater, ne doit pas remonter aussi haut. Son costume est
W British Museum Catalogue, Arabia, etc. (*) Sur tous ces détails et leur rencontre
pi. XXVIII, n° 8. dans te costume palmyrénien : Syria, XVIII,
p. SYRIENNES 179 ANTIQUITÉS
identique à celui d'un seigneur parthe d'Assour, dont l'image date probable
ment de 88 avant J.-C. (1). Mais le bandeau à plusieurs brins, dont sa tête
est coiffée, ne se rencontre pas sur les
monnaies avant le règne de Mithri-
date III (57-54) (2), ce qui porte à
croire que la statue est postérieure à
ce prince. On est tenté naturellement
de fixer une date plus exacte par com
paraison avec la sculpture de Palmyre,
qui a été bien datée par les recherches
de M. Ingholt, et où un style aussi sé
vère ne se rencontre plus après la pre
mière partie du ne siècle aprèsJ.-C. (3).
Mais l'art palmyrénien se transforme
alors sous une forte influence occi
dentale, qui ne s'est peut-être pas
exercée de même dans l'empire parthe,
si bien que la comparaison risque de
n'être pas valable. Le mieux, pour
Fig. 2. — Tête de la statue de Shami.,
l'instant, semble donc être de douter. d'après Athar-e Iran.
D'où la tête
a-t-elle été apportée ? 11 est difficile de le dire. Peut-être
est-ce à Suse qu'il faut songer d'abord. Cette ville, alors
nommée Séleucie de l'Euléus, et distante seulement de
quatre ou cinq jours de marche de Shami, était un
centre important, dont les inscriptions permettent de
se faire quelque idée. On y trouve de nombreuses bases Fig. 3. — Monnaie de Ba-
gadate, prince de Perside. de statues, mais point de statues, sans doute parce que
celles-ci étaient de bronze. L'une des dédicaces com
mence par ces mots, mis en vers grecs : « Regarde, étranger, la statue de bronze
de Zamaspès, satrape de Suse ... ». M. Cumont, en publiant cette épigramme(4),
W Andrae, Die Partherstadt Assur, pi. 59, XIII.
1759. Ingholt, Berytus, II, 1935, p. 68 s.
2) British Museum Catalogue, Parthia, pi. Cumont, Comptes rendus de l'Académie 180 SYRIA
déplorait que l'effigie du personnage fût perdue. Je crois que la statue de Shami
nous en dédommage un peu et nous donne une idée de la production susienne.
La tête de la statue — qui malgré sa beauté ne dépasse pas, selon nous,
le niveau d'une bonne production industrielle — est regardée par M. Godard
comme ayant été modelée par un Grec. La chose n'est pas impossible, bien
qu'elle soit difficile à prouver. Encore faut-il savoir exactement ce que l'on
entend, à cette époque, en Susiane, par un Grec. Si l'on regarde les caractères
propres de la sculpture, quelques détails, comme le caractère accidentel de
certains plis, peuvent remonter à une influence grecque, mais la rigidité de
la symétrie axiale, à elle seule, suffirait à faire classer la statue, et même sa
tête, parmi les produits de l'Orient (1).
A quiconque est un peu familier avec le style des sculptures palmyréniennes,
la statue de Shami suggère au premier coup d'œil certains rapprochements.
Il suffira de se rappeler les torses de Kasr el-abiad (pi. XXV) (2) : c'est la même rigi
dité dans la représentation frontale, le même réalisme purement intellectuel dans
les détails, la même expression narrative (et non visuelle) des impressions
reçues ; et jusqu'à ce même relief net et un peu gras qui donne quelque agrément,
par exemple, aux plis des jambières. Les nuances dans le traitement des plis,
comme les variétés du costume, s'expliquent aisément par une différence
d'âge, ou de région, ou simplement de main, et ne peuvent empêcher de
reconnaître désormais qu'il existait, du désert de Syrie aux monts de la
Susiane (et sans doute plus loin), un seul milieu artistique ayant en com
mun son répertoire et son type de représentation. Palmyre, par son art, est
plus voisine de la lointaine Susiane que de la Syrie toute proche. Ce fait nou
veau est d'une importance capitale : le milieu artistique en question n'était
repr

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