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Publié par | REVUE_D-ECONOMIE_INDUSTRIELLE |
Publié le | 01 janvier 1998 |
Nombre de lectures | 37 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Extrait
Ludovic Dibiaggo
Patrick Musso
Architecture informationnelle et apprentissage : un modèle de
simulation
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 84. 2e trimestre 1998. pp. 85-104.
Abstract
The purpose of this article is to put in evidence the connection between learning capabilities of organisations and their
informational architecture. In this perspective we developed a simulation model based on clasifier systems. This model
endogenously defines the efficient organisational design, evaluated by innovative performance, according to the nature of its
environment. Beyond traditional models describing organisations as adaptive structures, we can observe a link between
organisational design, initiative behaviours and innovative performances of the firm.
Résumé
Cet article a pour objectif de mettre en évidence le lien entre l'architecture informationnelle de l'organisation et ses capacités
d'apprentissage et d'innovation. Dans cette perspective nous développons un modèle de simulation basé sur des systèmes
classificateurs qui permet de comparer l'efficacité relative de deux formes de coordination alternatives confrontées à différentes
dynamiques environnementales. Au-delà des modèles de comportements adaptatifs traditionnels, nous montrons l'existence
d'une relation entre l'architecture organisationnelle et ses capacités d'initiative et d'innovation.
Citer ce document / Cite this document :
Dibiaggo Ludovic, Musso Patrick. Architecture informationnelle et apprentissage : un modèle de simulation. In: Revue
d'économie industrielle. Vol. 84. 2e trimestre 1998. pp. 85-104.
doi : 10.3406/rei.1998.1717
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1998_num_84_1_1717Ludovic DIABIAGGO
Patrick MUSSO
LATAPSES - IDEFI
CNRS - Université de Nice-Sophia Antipolis
ARCHITECTURE INFORMATIONNELLE
ET APPRENTISSAGE :
UN MODÈLE DE SIMULATION
Mots clés : Apprentissage, Organisation, Simulations
Key words : Learning, Organization, Simulation
L'intérêt dont fait l'objet l'apprentissage dans les organisations a contri
bué à intensifier le débat sur l'efficacité des différentes formes de coor
dination autour du dilemme flexibilité versus cohérence de la firme
(Aoki 1986, 1990, Egidi et Marengo 1995, Cohendet et al. 1996). Le modèle
classique de la coordination prescrivait une rationalisation des activités par
une simplification extrême des tâches opérationnelles permettant de maximis
er les économies de spécialisation. La littérature a peu à peu intégré la ques
tion de l'adaptation de l'organisation aux évolutions environnementales (évo
lution des marchés, des technologies, etc.). L'entreprise est alors conçue
comme un système devant faire face à un certain nombre de contraintes sur
venant et se modifiant régulièrement.
Initialement, l'adaptation est conçue de façon relativement rigide (théorie de
la contingence), puis ont été développées des modélisations plus flexibles prô
nant la décentralisation des informations et la coordination horizontale des
décisions opérationnelles (Aoki, 1988). Le choix du mode de coordination ne
repose alors plus seulement sur l'efficacité statique (réponse la plus précise
possible à une demande donnée) mais également sur une recherche de flexibil
ité des systèmes productifs (adaptation à une demande variable). L'auteur
explique ainsi l'efficacité des systèmes de production japonais fondés sur une
utilisation locale plus efficace de l'information pertinente et une communicat
ion intense entre les agents opérationnels.
La décentralisation des informations pose néanmoins un problème de cohé
rence de l'action collective. En effet, la multiplicité et l'hétérogénéité d'accès
aux sources d'information nécessite une accroissement des communications
pour parvenir à une décision collective efficace. C'est ainsi que s'exprime le
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 84, 2e trimestre 1998 85 dilemme annoncé entre préférence pour la cohérence (que favorise la coordi
nation centralisée et la spécialisation des tâches) et recherche de flexibilité
(basée sur un accès décentralisé aux informations pertinentes).
De ce point de vue, les travaux de Aoki (1986, 1990) et de Marengo (1992,
1993) trouvent des résultats similaires (Garrouste 1997, Cohendet, 1997). Le
premier montre que la coordination décentralisée, fondée sur une communicat
ion horizontale, est plus performante face à un environnement se modifiant
régulièrement. La forme centralisée s'avère en revanche supérieure dans des
environnements stationnaires ou imprévisibles pour lesquels l'apprentissage
n'est d'aucune utilité. Les travaux de Marengo (1992, 1993) ont permis de cor
roborer ces résultats en abandonnant l'hypothèse de comportements maximi-
sateurs nécessaire à l'approche traditionnelle de l'architecture organisation-
nelle. Toutefois, il faut bien reconnaître avec Loasby (1996) que la portée de
ce type de modèles s'avère limitée si l'analyse se restreint à l'étude d'env
ironnements donnés a priori, réduisant ainsi l'apprentissage à un processus
purement adaptatif. L'apprentissage consiste toujours en une réponse à une
contrainte donnée ou anticipée. En aucune manière l'organisation ne peut sus
citer de nouvelles offres sans demande préexistante.
Le modèle que nous présentons dote l'organisation d'une capacité d'initiati
ve. En particulier, lorsqu'elle se trouve confrontée à une demande volatile, elle
a la possibilité de proposer de nouvelles solutions que le marché est suscept
ible d'adopter ou de rejeter. De ce fait, peut tenter d'imposer un
nouvel ordre (une nouvelle régularité) au marché pour retrouver l'efficacité
espérée. Pour ce faire, nous avons introduit une interaction entre le marché et
l'organisation qui rend les évolutions des deux institutions endogènes.
Les simulations réalisées confirment la supériorité de la coordination décent
ralisée lorsqu'un apprentissage est nécessaire et ce, de façon encore plus fl
agrante lorsque des événements nouveaux surviennent. Nous montrons de plus
que, même lorsque les organisations sont confrontées à un environnement or
iginellement imprévisible, la forme centralisée n'est plus nécessairement la
plus efficace. Il apparaît au contraire que la forme décentralisée favorise les
capacités d'innovation susceptibles d'imposer un ordre au marché initialement
perçu comme volatile. Nous en concluons qu'une analyse dynamique du
dilemme entre variété et cohérence souligne la nécessité de porter le regard,
non pas sur la seule nature de l'environnement, mais aussi sur les capacités de
l'organisation à le modifier grâce au recours à l'innovation.
I. — CADRE DE L'ANALYSE
On sait, depuis Hayek (1945), que la dispersion des connaissances engendre
nécessairement des processus d'apprentissage adaptatifs dans une économie
de marché décentralisée. On redécouvre aujourd'hui des travaux d'inspiration
marshallienne à l'instar de Penrose (1959) et de Richardson (1960, 1972) pour
gß REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 84, 2e trimestre 1998 insister sur l'extension de cette problématique au sein des organisations
(Langlois et Foss, 1997, Loasby, 1989, Quéré et al. 1995). La problématique
de la coordination s'enrichit alors de celle de la création de connaissances
(Witt, 1992). Dès lors, il faut faire l'hypothèse que les agents sont hétérogènes,
c'est-à-dire dotés de formes de « rationalité limitée » différentes, ayant un
accès limité aux informations pertinentes et faisant face à des événements
potentiellement singuliers (incommensurables au sens de Knight, 1921) (3).
Une telle perspective interdit tout recours au calcul d'optimisation que ce soit
en terme de choix organisationnel (Favereau, 1989), ou en terme d'affectation
de ressources (Richardson, 1960). L'organisation se trouve alors face à une
double incertitude. Elle fait face en premier lieu à une incertitude environne
mentale ou substantielle (Dosi et Egidi, 1991) qui fait référence au manque
d'information sur l'ensemble des possibles et s'exprime concrètement par l'i
ncapacité