Archiver le Web. Le futur rôle de l’Institut national de l’audiovisuel - article ; n°1 ; vol.79, pg 85-86

Bruno Bachimont, Thomas Drugeon

Description

Matériaux pour l'histoire de notre temps - Année 2005 - Volume 79 - Numéro 1 - Pages 85-86
2 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: MATERIAUX_POUR_L-HISTOIRE_DE_NOTRE_TEMPS
• Publié le: 01 janvier 2005
• Nombre de lectures: 29
• Langue: Français

Extrait

Internet et mouvements sociaux •

85

Dans la perspective de la mise en place, en France, d’un

dépôt légal du Web, l’Institut national de l’audiovisuel

mène un projet d’expérimentation pour étudier les condi-

tions techniques et scientifiques de faisabilité d’un tel pro-

jet. Dans la prolongation du dépôt légal audiovisuel dont il

a déjà la responsabilité, l’Ina devrait en effet se voir confier

l’archivage — c’est-à-dire la collecte (suivie dans le temps),

l’indexation et la mise à disposition — des sites « français »

relevant de la sphère des médias audiovisuels, la

Bibliothèque nationale de France se chargeant de l’archiva-

ge des autres domaines du Web.

Le domaine des sites médias

Les sites médias constituent une sous partie très active

du Web français, aux contraintes spécifiques. En effet, si le

nombre des sites qui la compose est assez restreint (environ

10 000 sites), le volume total de ses contenus (contenus de

flux audio/vidéo notamment) représente une part majeure

du volume global du Web français. Ces sites sont situés

pour moitié dans le domaine

.com

, et seulement à hauteur

de 30 % dans le domaine .

fr

1

.

Cette portion du Web regroupe en outre des acteurs dont

les publications en ligne présentent une forte valeur ajoutée

en terme de mise en forme, propre au monde de la diffusion

audiovisuelle. Cet aspect se caractérise par l’utilisation des

technologies de diffusion les plus à la pointe (

streaming

,

Flash, etc.), dont il importe en premier lieu d’assurer un archi-

vage adapté, tant d’un point de vue technique qu’organisa-

tionnel, afin que chaque information puisse être appréhendée

dans son contexte visuel, sonore et interactif original.

Le Web, média de convergence

On retrouve toutes les formes de média dans les conte-

nus du Web. Par conséquent, la plupart des difficultés ren-

contrées avec les différents médias se présentent aussi dans

le contexte du Web.

L’immatérialité des technologies du Web facilite leur

déploiement : alors qu’un changement de norme en diffu-

sion télévisée nécessite la mise en place de chaînes de trai-

tements spécifiques et un investissement matériel pour l’uti-

lisateur

2

, l’apparition d’une nouvelle norme sur le Web est

le plus souvent transparente pour l’internaute (mise à jour

automatique d’un composant logiciel,

plugin

ou

code

). Ceci

favorise la prolifération de nouveaux formats éphémères et

non normés, pouvant émaner de n’importe quel acteur du

domaine. Constituer l’archive pérenne d’un Web en perpé-

tuelle évolution technologique est l’un des enjeux majeurs

de ce nouveau dépôt légal.

Le Web, média de circulation de contenus

Contrairement aux autres supports de la tradition, le

Web ne se contente pas de publier

3

un contenu déjà fixé sur

un support, cette fixation lui conférant identité (on sait le

repérer) et intégrité (on sait déterminer quand une modifi-

cation est une altération). Il fait circuler des contenus qui au

gré de leur intégration dans les sites trouvent cohérence édi-

toriale et persistance documentaire

4

.

Que ce soit du fait de l’architecture technique ou des

modes de publication, un contenu sur le Web ne possède

pas d’unité documentaire stable. L’archivage relève pourtant

d’une logique de

fixation

des contenus et de

définition

documentaire : les contenus sont archivés dans une version

de référence et selon une délimitation donnée. La difficulté

est alors de fonder cette « documentarisation » sur la natu-

re des contenus et l’exploitation visée.

Archiver le Web

Le futur rôle

de l’Institut national de l’audiovisuel

L

orsqu’on s’inquiète de ses aspects techniques, l’archivage du Web peut paraître compli-

qué. Chargé bientôt de collecter et de conserver une partie des sites Web français, l’Institut

national de l’audiovisuel est une des rares institutions françaises disposant aujourd’hui

d’une réelle expertise sur le sujet. Nous avons donc estimé utile d’en savoir un peu plus ses

missions et son travail.

F. V.

B

RUNO

BACHIMONT

est le directeur scientifique de l’Ina.

T

HOMAS

DRUGEON

est chef de projet sur le dépôt légal du Web.

Bruno BACHIMONT & Thomas DRUGEON