Cicéron et la loi judiciaire de Cotta (70 av. J.-C.) - article ; n°1 ; vol.87, pg 321-348
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1975 - Volume 87 - Numéro 1 - Pages 321-348
Jean-Louis Ferrary, Oicéron et la loi judiciaire de Cotta (70 av. J.-C), pp. 321-348. Etude de la signification politique de la ~~lex Aurélia iudidaria~~ de 70 av. J.-C. Cette loi, dont Pompée ne fut pas l'inspirateur, fut une mesure de compromis que rendaient nécessaire les exigences nouvelles des publicains irrités par les récentes mesures de Lucullus en Asie. Cicéron, peu désireux de mécontenter Lucullus et ses amis, s'abstint dans ~~les Verrines~~ de prendre nettement position sur la mesure de Cotta; il se contenta de se poser en défenseur du sénat contre un projet radical qui ne fut jamais promulgué, et de faire l'apologie des jurys équestres du passé. Cette ambiguïté maintenue en 70 explique que les conservateurs aient pu crier à la trahison lorsque Cicéron prit position en faveur de la~~ rogatio Manilia ~~en 66.
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean-Louis Ferrary
Cicéron et la loi judiciaire de Cotta (70 av. J.-C.)
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 87, N°1. 1975. pp. 321-348.
Résumé
Jean-Louis Ferrary, Cicéron et la loi judiciaire de Cotta (70 av. J.-C), pp. 321-348.
Etude de la signification politique de la lex Aurelia iudidaria de 70 av. J.-C. Cette loi, dont Pompée ne fut pas l'inspirateur, fut une
mesure de compromis que rendaient nécessaire les exigences nouvelles des publicains irrités par les récentes mesures de
Lucullus en Asie. Cicéron, peu désireux de mécontenter Lucullus et ses amis, s'abstint dans les Verrines de prendre nettement
position sur la mesure de Cotta; il se contenta de se poser en défenseur du sénat contre un projet radical qui ne fut jamais
promulgué, et de faire l'apologie des jurys équestres du passé. Cette ambiguïté maintenue en 70 explique que les conservateurs
aient pu crier à la trahison lorsque Cicéron prit position en faveur de la rogatio Manilia en 66.
Citer ce document / Cite this document :
Ferrary Jean-Louis. Cicéron et la loi judiciaire de Cotta (70 av. J.-C.). In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T.
87, N°1. 1975. pp. 321-348.
doi : 10.3406/mefr.1975.1013
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1975_num_87_1_1013ET LA LOI JUDICIAIRE DE COTTA CICÉRON
(70 av. J.-C.)
PAR
Jean-Louis Ferrary
Nous nous proposons d'étudier dans cet article la signification po
litique de la lex Aurélia iudiciaria de 70 av. J.-C, d'identifier ses parti
sans et ses adversaires, ceux qui l'ont réclamée et ceux qu'elle pouvait
menacer, de préciser en particulier l'attitude qu'adopta à son sujet
Cicéron et d'en rechercher les raisons.
En l'absence de toute narration continue, et du fait notamment de
la perte des Histoires de Salluste, nous ne disposons que de données très
fragmentaires sur la vie politique romaine entre 76 et 71 av. J.-C. Elles
nous permettent cependant de déceler la division de la classe sénatoriale
dirigeante entre diverses factions et tendances, dont l'identification est
nécessaire pour une juste compréhension des événements de 70. Tout
en signalant l'existence de coteries rivales, Mommsen1 ne doutait pas
que le sénat des années 70 fût solidement uni par la volonté de maintenir
l'ordre syllanien, et A. M. Ward, portant à son extrême une telle con
ception, estimait dans un récent article 2 que 9 à 12 des 16 consuls des
années 80-73 (y compris les deux frères Gottae) auraient appartenu à une
même faction dirigée par les Meteïli. Mommsen lui-même, cependant,
avait distingué de la majorité sénatoriale un petit groupe de modérés
1 Th. Mommsen, Römische Geschichte8, tome 3, Berlin, 1889, p. 7 sq.
2 A. M. Ward, Cicero and Pompey in 75 and 70 B.C., dans Latomus 29,
1970, p. 58-71, notamment p. 63-64, note 2. Pour rattacher les Gottae à la faction
des Metelli, Ward se réclame de E. Badian, Foreign Clientelae (cité désormais
F.C.), Oxford 1958, p. 280-281, qui lui-même ne fait que transporter dans les
années 70 des liens attestés pour les années 90. Sur les dangers d'une telle mé
thode, cf. les justes remarques d'E. S. Grruen, AJPh, 1971, p. 14.
MEFRA 1975, 1. 21 JEAN -LOUIS FERRARY 322
réformistes, s'inscrivant dans la tradition de Drusus (tr. pi. 91), et dont
faisaient partie les Cottae: l'aîné, Gains (cos. 75), introduisit de nouveau
le tribunat de la plèbe dans le cursus honorum, tandis que le cadet, Lucius
(pr. 70), aurait rejoint la coalition de Pompée et des démocrates pour
faire voter sur la réforme des jurys une loi de compromis 1. Et de fait
une hostilité entre les Gottae d'une part, les champions de l'ordre syllanien
et à leur tête Lucullus d'autre part, nous est bien attestée. Nous savons
que la loi de C. Cotta suscita en 75 de vives protestations de la part des
nobiles les plus conservateurs 2. M. Cotta (cos. 74) abrogea une loi de
son frère de iudiciis priuatis, dont nous ignorons d'ailleurs totalement
si elle avait un caractère politique marqué 3, mais face au tribun L. Quinc-
tius il n'agit pas avec la même fermeté que son collègue Lucullus: il parti
cipa à la manœuvre par laquelle le sénat étouffa le scandale du procès
d'Oppianicus, mais il laissa Lucullus combattre seul la campagne de
Quinctius en faveur du rétablissement de la puissance tribunitienne 4.
1 Th. Mommsen, op. cit., p. 16, 98 et 102. Le terme « Mittelpartei » utilisé
par Mommsen p. 102 doit provenir d'un contresens sur la formule de Salluste
(or. Macri, 8): C. Cotta, ex facilone media consul, qui signifie «issu du cœur
de l'oligarchie », et non « issu du tiers-parti », mais à laquelle on ne doit pas
attacher trop d'importance. C'est en effet un thème traditionnel de la propa
gande popularis que de présenter la nobilitas comme un bloc soudé par la com
munauté de ses désirs, de ses haines et de ses craintes (cf. Sali., B. J '., 31,14,
et M. I. Henderson, JB8, 1952, p. 115).
2 Cic, pro Corn., fr. 52 Schoell ( = Asc, p. 78 Clark). Nous reviendrons
plus loin sur l'identité de ces nobiles hostiles à la loi de Cotta, mais il ne fait
aucun doute que Lucullus en faisait partie.
3 Cic, pro Corn., fr. 20 Sch. ( — Asc, p. 67 Cl.). L'inspiration populaire
de cette loi est gratuitement supposée par Mommsen (Böm. Gesch., t. 3, p. 98)
et Gr. Eotondi (Leges publicae populi Bomani, Milan, 1912, p. 365). Le fait que
ni Salluste ni Tite-Live n'en parlaient (Asc., p. 66 Cl.) semble plutôt suggérer
qu'elle ne portait que sur des détails sans grande importance politique.
4 Quinctius tira parti du procès d'Oppianicus pour mener campagne
contre les tribunaux sénatoriaux. Devant l'ampleur du scandale, le sénat una
nime décida de lâcher du lest, et prit un sénatus -consulte invitant les consuls
à proposer la création d'une quaestio extraordinaria (Cic, Cluent., 136); mais
il était bien entendu que cette mesure ne serait pas suivie d'effet, et ni les con
suls de 74 ni ceux de 73 ne déposèrent la moindre rogatio en vertu du S.C. (Id.,
137). M. Cotta participa à cette manœuvre (bien que Cicéron s'abstienne cu
rieusement de le mentionner, peut-être en raison de sa récente condamnation
pour péculat), et il semble bien d'ailleurs que les sénateurs cette année-là se
soient tous accordés pour défendre leur privilège judiciaire, y compris Cethegus,
dont le conseil donné à Staienus n'était nullement machiavélique comme feint
de le croire Cicéron dans l'intérêt de sa cause (Cluent., 84-85), mais visait bien
à parer aux attaques de Quinctius. — Par contre Sali. (or. Macri, 11: Lucullus CICÉRON ET LA LOI JUDICIAIRE DE COTTA (70 AV. J.-C.) 323
Le désaccord politique se doubla bientôt entre les deux hommes d'une
vive rivalité personnelle, à l'occasion de la guerre contre Mithridate.
Très favorable à LucuUus, le récit de Plutarque s'en prend violemment
à Cotta: il l'accuse d'avoir obtenu à force d'intrigues un commandement
dont il n'était pas digne, et d'avoir subi une lourde défaite en attaquant
seul, imprudemment, Mithridate, pour ne pas partager la victoire avec
Lucullus 1. Il est difficile de ne pas voir dans ce texte l'écho d'une polé
mique remontant à Lucullus ou à ses amis; il est bien évident que Luc
ullus n'avait pu apprécier qu'une partie des forces envoyées contre
Mithridate échappassent à son commandement et fussent confiées à
Cotta. Ce dernier dut se contenter, après le conseil de guerre tenu à M-
comédie en 73, de réduire la côte du Pont et d'assiéger Héraclée. Encore
toute source de conflits ne fut-elle pas ainsi éliminée. Cotta dut demander
l'aide de C. Valerius Triarius, légat de Lucullus, et lorsqu'au printemps
de 71 Héraclée préféra négocier avec Triarius et se rendre à lui, les deux
armées romaines faillirent en venir aux mains 2. De retour à Eome en 70,
M. Cotta ne devait pas nourrir envers Lucullus de bons sentiments. Nous
ne saurions donc être surpris si son frère Lucius proposa la même année
une loi judiciaire appuyée par les publicains ennemis de Lucullus.
Faut-il alors considérer que les Gottae étaient isolés face à une majorité
sénatoriale syllanienne soudée autour de Lucullus, ainsi que l'ont sug
géré Mommsen et, plus récemment, J. Malitz 3? Ni

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