Classes de constructions directes sans passif - article ; n°109 ; vol.27, pg 7-31
26 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Classes de constructions directes sans passif - article ; n°109 ; vol.27, pg 7-31

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
26 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Langages - Année 1993 - Volume 27 - Numéro 109 - Pages 7-31
In this article the cases where the passive is blocked are examined. The reasons for this are varied : metaphor, a fixed verb-object relation, deletion of the preposition, incompatibility of certain semantic classes of verbs. The study shows the limitations of a syntactic definition of a property such as the passive, if it is worked out without reference to the lexicon.
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Christian Leclère
Classes de constructions directes sans passif
In: Langages, 27e année, n°109, 1993. pp. 7-31.
Abstract
In this article the cases where the passive is blocked are examined. The reasons for this are varied : metaphor, a fixed verb-
object relation, deletion of the preposition, incompatibility of certain semantic classes of verbs. The study shows the limitations of
a syntactic definition of a property such as the passive, if it is worked out without reference to the lexicon.
Citer ce document / Cite this document :
Leclère Christian. Classes de constructions directes sans passif. In: Langages, 27e année, n°109, 1993. pp. 7-31.
doi : 10.3406/lgge.1993.1087
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1993_num_27_109_1087Christian LECLÈRE
Laboratoire d'Automatique Documentaire et Linguistique (CNRS)
CLASSES DE CONSTRUCTIONS DIRECTES SANS PASSIF
Introduction *
La structure Substantif-Verbe-Substantif (NQ V NJ correspond dans la plupart des
cas à une construction transitive du verbe. Une forme dite « passive » :
Nl être Vpp par No
peut généralement lui être associée. Souvent, on considère aussi comme passives
certaines phrases en de :
Tout le monde apprécie Paul
Paul est apprécié de tout le monde
ou même des séquences locatives :
Le sac contient les réserves
Les réserves sont contenues dans le sac
Le caractère très général de cette relation a fait de la passivation la transformation
par excellence et elle sert fréquemment de critère dans la définition de la transitivité.
Mais on n'a pas manqué de relever de nombreux cas de « blocage » de cette
opération. Beaucoup sont bien connus (sinon bien décrits). Je rappellerai, sans
prétendre les traiter tous ici, certains des problèmes généraux qui peuvent se poser.
Pour des raisons diverses, les verbes concernés peuvent difficilement faire l'objet d'un
recensement exhaustif (essentiellement, parce que ce n'est pas le verbe seul qui est
impliqué, mais un sous-ensemble de ses emplois, caractérisé par une distribution
particulière des substantifs).
Quelques petites classes de verbes, pourtant, présentent une homogénéité syntaxi
que et sémantique et ont pu faire l'objet d'une classification qui se veut systématique.
La table 32NM du lexique-grammaire du LADL (Boons, Guillet et Leclère, 1976)
regroupe ainsi les verbes dont la construction de base No V Nr refuse le passif. Il est
vrai que le statut d'objet direct du N1 dans ces constructions n'est pas toujours bien
clair : il varie en fonction du critère adopté mais, de façon générale, ne répond pas
totalement à l'ensemble des critères les plus couramment retenus. Ainsi la question en
que (ou qu'est-ce que) et la pronominalisation en le pour :
La table mesure 3 mètres
- ?(E + Qu'est-ce) que mesure la table ? l
- 3 mètres
*La table les mesure, 3 mètres
?La les les 3 mètres
* Je remercie Laurence Danlos, Nam Jee-Sun et Alain Guillet qui, à divers titres, m'ont aidé au
cours de ce travail.
1. Dans les parenthèses, « + » indique un choix. E est l'élément vide. ne fournissent pas de raisons très claires d'accorder ou de refuser à 3 mètres le statut
d'objet direct. Sans prendre position, je parlerai de complément direct (et non d'objet
direct). Mon but ici, en effet, n'est pas de déterminer ce que pourrait être une
définition théorique du passif ou de l'objet direct, mais de faire quelques observations
à propos des relations parfois difficiles, pour certaines classes de verbes, entre les
constructions de type No V N1 et la forme N1 V être Vpp Prép No qui leur est
habituellement associée.
1. Cas généraux de blocage du passif
J'évoquerai en premier lieu quelques problèmes qui ne seront pas traités dans cet
article, mais qui peuvent avoir un lien indirect avec notre sujet.
Passons d'abord sur le phénomène bien connu des passifs « stylistiquement »
maladroits comme :
? Un gâteau est mangé par Paul
?Le spectacle est vu par mille personnes
La différence de thématisation entre la forme active et la forme passive, les variations
aspectuelles induites par l'ambiguïté du participe passé (« adjectival » ou non,
statique ou non), le rôle de certains déterminants, d'autres facteurs encore où entrent
des distinctions comme volontaire / involontaire (pour caractériser le rôle du sujet),
font que la phrase passive est souvent peu naturelle. Il ne s'agit pas là de blocages
syntaxiques concernant la construction du verbe ; les phrases peuvent être améliorées
par l'introduction d'un contexte ou de modifieurs, par un changement de temps ou de
déterminants, etc. :
Un seul des gâteaux a été mangé par Paul hier soir
Ce spectacle a été vu par mille personnes au moins
Ces problèmes, certes, doivent être pris en compte dans l'étude générale du passif.
Mais notre propos n'est pas là.
1.1. Distribution et emplois
Certains verbes acceptent le passif dans leur emploi « normal », mais le refusent
pour certaines distributions particulières de leurs actants (en particulier dans des
emplois métaphoriques) :
Beaucoup de gens collectionnent les porte-clefs
Les porte-clefs sont collectionnés par beaucoup de gens
Beaucoup de gens les ennuis
*Les ennuis sont collectionnés par beaucoup de gens
Ces cas sont difficiles à inventorier. À priori, n'importe quelle distribution particulière
peut entraîner un blocage du passif, et des verbes très proches peuvent se comporter
différemment. On peut en juger en comparant les exemples suivants :
(Marie + l'infarctus) guette Paul
Paul est guetté par Marie est par l'infarctus
(Marie + une catastrophe) attend Paul
Paul est attendu par Marie
*Paul est par une catastrophe
8 Paul a (mis + quitté) ce manteau
Ce manteau a été mis par Paul
?*Ce a été quitté par Paul
Dans de nombreux cas, la variation de distribution (sujet et objet) aboutit à un
emploi autonome du verbe, qui a ses propres propriétés syntaxiques et distribution-
nelles. On peut alors considérer qu'il s'agit d'un autre verbe (qui, lui, n'a pas de
passif), et non d'une variation métaphorique. On a ainsi deux verbes craindre :
(1) Tout le monde craint l'orage
L'orage est craint (de + par) tout le monde
(2) Ce tissu craint l'eau
*L'eau est crainte (de + par) ce tissu
deux verbes aimer et dire :
(1) Le public aime ce spectacle
Ce spectacle est aimé (de + par) le public
(2) Cette plante aime le soleil
?*Le soleil est aimé (de + par) cette plante
(1) Paul a dit un poème
Un poème a été dit par Paul
(2) Ses yeux disent sa fatigue
* Sa fatigue est dite par ses yeux
et trois verbes regarder (dont deux différents sans passif) :
(1) Tout le monde regarde le spectacle
Le spectacle est regardé par tout le monde
(2) La maison regarde le lac
*Le lac est regardé par la maison
(3) Cette affaire regarde le juge
*Le juge est regardé par cette affaire
Les emplois sans passif qui ont pu être clairement isolés et caractérisés ont été
répertoriés dans la table 32NM. Souvent, ces cas ne relèvent pas de phénomènes
syntaxiques homogènes définissant des classes de verbes. Le recensement ne peut
donc être effectué qu'au coup par coup et est actuellement incomplet.
D'autres, par contre, appartiennent à des classes que je tenterai plus loin de
caractériser, comme celles des verbes supports qui sont des variantes de avoir :
(1) Paul présente la collection
La collection est présentée par Paul
(2) Cette pièce présente des défauts ( = a des défauts)
*Des défauts sont présentés par cette pièce
1.2. Les figés
Les expressions figées représentent un cas particulier de distribution des substant
ifs pour un verbe donné : celui où un seul substantif (ou un très petit nombre, très
contraint) est possible dans une position donnée. Ainsi, à côté d'emplois « libres » de
lâcher qui acceptent normalement le passif comme :
Paul a lâché (l'assiette + la poignée) on a une métaphore figée qui le refuse :
Paul a lâché la rampe ( = est mort)
*La rampe a été lâchée par Paul
Dans les figés, par définition, le lien qui unit le verbe et son objet (quand c'est celui-ci
qui est contraint) n&

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents