Comportement des établissements français et étrangers dans leurs régions d'implantation, 1974 - 1982/83 - article ; n°1 ; vol.33, pg 74-86

Gilliane Lefebvre, Jean-Marc Devin

Description

Revue d'économie industrielle - Année 1985 - Volume 33 - Numéro 1 - Pages 74-86
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: REVUE_D-ECONOMIE_INDUSTRIELLE
• Publié le: 01 janvier 1985
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Extrait

Gilliane Lefebvre
Jean-Marc Devin
Comportement des établissements français et étrangers dans
leurs régions d'implantation, 1974 - 1982/83
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 33. 3e trimestre 1985. pp. 74-86.
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Lefebvre Gilliane, Devin Jean-Marc. Comportement des établissements français et étrangers dans leurs régions d'implantation,
1974 - 1982/83. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 33. 3e trimestre 1985. pp. 74-86.
doi : 10.3406/rei.1985.2157
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1985_num_33_1_2157des établissements français et Comportement
étrangers dans leurs régions d'implantation
1974 — 1982 /83
Jean-Marc DEVIN
et Gilliane LEFEBVRE
Chercheurs — LAREA-CEREM
INTRODUCTION
L'économie française se trouve placée dans un contexte de crise dont les effets
sont, depuis 1973-74, particulièrement sensibles en matière d'activité industrielle.
Parallèlement, l'émergence d'un capitalisme mondial (1), l'accentuation de l'inte
rnationalisation des économies dans leurs multiples dimensions : productive, tech
nologique, financière et commerciale (2), amplifient les mouvements de transfo
rmation et d'adaptation de l'appareil productif à la crise :
— la délocalisation de l'activité productive entre espaces nationaux se poursuit ;
— elle s'effectue également au sein même de l'espace national entre espaces
régionaux.
Dans ce contexte de crise, d'internationalisation et de remodelage de l'espace
productif national, trois préoccupations majeures et liées dominent la politique
industrielle :
— la maîtrise de l'appareil productif ;
— le redressement de l'emploi industriel ;
— la réduction des disparités régionales et l'utilisation optimale du potentiel
productif de chaque région.
(1) C.A. MICHALET, Le capitalisme mondial, P.U.F., 1976.
(2) C.A. L'intégration de l'économie française dans l'économie mondiale, Económica,
1984.
74 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE - n° 33, 3e trimestre 1985 En réponse à ces préoccupations, nous avons mené une étude (3) comparative
sur la stratégie des entreprises et plus particulièrement sur leur comportement en
matière d'emploi et d'intégration à leur espace régional d'implantation sur la
période 1974-1982 /83. Dans une première partie nous présentons la problémati
que et la méthode d'investigation choisies, et dans une seconde partie le résumé
des résultats observés.
I. — PROBLÉMATIQUE ET MÉTHODOLOGIE
1.1. — Quatre variables explicatives
Le développement de la crise incite les firmes à restructurer l'ensemble de leurs
activités industrielles et, pour les plus performantes, à s'internationaliser davant
age. De ce fait, l'idée d'une homogénéisation croissante de la stratégie des entre
prises quelque soit leur statut, c'est-à-dire aussi bien des groupes français et des
groupes d'origine étrangère que des entreprises indépendantes les plus dynamiq
ues, est de plus en plus couramment admise. Quatre éléments explicatifs du maint
ien encore bien réel de différenciations entre les stratégies des entreprises servent
de points de départ à notre analyse. Un effet-statut, un effet-taille, un effet-secteur,
un effet-région sont à la base des différentes réactions des firmes industrielles à
la crise.
Une première ligne de différenciation tient au statut des établissements. Un éta
blissement français indépendant, la filiale d'un groupe français et la filiale d'un
groupe étranger n'étant pas placées dans les mêmes conditions économiques et
sociales, ne sauraient adopter des stratégies identiques. Ce que nous appelons effet-
statut recouvre à la fois le critère de nationalité (français-étranger) et celui d'auto
nomie ou d'insertion à un groupe (P.M.E. indépendante-établissement français
(E.G.F.) et établissement relevant d'une maison-mère d'origine étrangère (E.G.E.).
Une deuxième ligne des différenciation de stratégie provient de la taille de l'ét
ablissement. En fonction de celle-ci, les établissements font face à des contraintes
bien spécifiques qui déterminent en retour partiellement leur stratégie.
La crise touche inégalement les différentes activités industrielles. L'effet-secteur
est un élément particulièrement important pour expliquer la non-homogénéité des
stratégies des firmes, l'étalement dans le temps et la plus ou moins grande ampleur
de leur riposte à la crise.
Une dernière ligne de différenciation tient au fait que les établissements se stuent
dans des espaces économiques et sociaux bien spécifiés. L' effet-région prend en
compte en ensemble d'éléments hétérogènes et liés tels l'industrialisation de la
région, sa situation géographique, la taille de ses établissements, son offre et ses
besoins de population active.
(3) Étude réalisée pour la DATAR — Activité comparée des établissements industriels d'origine étran
gère et des établissements industriels français : Impact sur l'emploi — Intégration régionale, J.M.
DEVIN et G. LEFEBVRE, sous la Direction de C.A. MICHALET.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE - n° 33, 3e trimestre 1985 75 Ces quatre effets forment la trame explicative du comportement des firmes
analysé en quatre étapes : perception de la crise et stratégies d'engagement diffé
renciées, politiques de gestion de la main-d'œuvre spécifiques, plus ou moins forte
intégration au tissu industriel de la région d'implantation.
Suivant le statut, la taille, le secteur d'activité et la région d'implantation de
l'établissement, la perception delà crise et les effets qu'elle induit en termes d'acti
vités sont disparates.
Les quatre effets précédemment décrits peuvent ainsi expliquer les différences
de comportements des firmes en matière d'investissement (importance - évolution -
objet - lieu - etc.), de modification ou de maintien des structures d'activité exis
tantes, d'engagement ou de désengagement sur le sol régional et national.
En réponse à leurs propres contraintes, les établissements mettent en place des
politiques complexes et différenciées de gestion de la main-d'œuvre :
— créations ou suppressions d'emploi massives ou étalées dans le temps ;
— plus ou moins forte précarisation de l'emploi par recours aux contrats à durée
déterminée ;
— système de rémunération ;
— durée du travail ;
— politique de formation.
Enfin, en fonction de ces mêmes effets, les firmes s'intègrent plus ou moins
fortement à leur région d'implantation ; insertion qu'il est possible de mesurer
par diverses variables : importance accordée aux marchés régionaux amont et aval,
plus ou moins grand recours aux sous-traitants locaux, dimension régionale de
la politique de recrutement, existence ou absence de relations avec les instances
publiques et privées locales et régionales.
La méthode d'investigation adoptée repose essentiellement sur des enquêtes sur
le terrain. L'étude se base sur un échantillon limité, composé de 87 établissements
appartenant à trois secteurs et implantés dans trois régions. Il convient de les déli
miter de telle sorte qu'ils couvrent au mieux la réalité de l'économie nationale.
Ces enquêtes s'accompagnent parallèlement d'une analyse approfondie des sec
teurs et régions choisis.
L'analyse porte sur les établissements industriels. Tenter d'évaluer les straté
gies de gestion de la main-d'œuvre et d'insertion à leur tissu économique régional
d'implantation implique nécessairement de mener l'étude au niveau des établiss
ements industriels et non au niveau du groupe, de nombreux recentrages et trans
ferts d'activité s 'effectuant entre établissements d'un même groupe et entre régions.
Les données ont été collectées au moyen d'entretiens approfondis auprès des
établissements, sur la base d'un questionnaire détaillé en 4 volets :
— fiche signalétique, activités et position de l'établissement sur