Continuité ethnique chez les montagnards Môn-Khmers du Sud Viêt-nam - article ; n°2 ; vol.31, pg 443-454
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Description

Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1990 - Volume 31 - Numéro 2 - Pages 443-454
Mihail V. Krjukov, Continuité ethnique chez les montagnards môn-khmers du Sud Viêt-nam.
Nous avons sunout étudié les formes de systèmes de parenté connues sous le nom de mpol chez les Koho et de turn chez les Maa, qui s'appliquent à deux types différents. Le premier est un groupe exogamique de parents matrilinéaires ayant un nom héréditaire commun Le second est un groupe non-exogamique de familles patrilinéaires présentant une unité économique, sociale et idéologique. Les variantes de ces deux types existant chez les groupes Koho et Maa reflètent les différentes étapes de la transformation d'un protomodèle originel. Les groupes étudiés présentent une certaine continuité, à un pôle se trouvent les Tring, à l'autre les Maa. Malgré l'affaiblissement progressif des fonctions sociales des organisations matrilinéaires de type mpol, ces dernières continuent à jouer un rôle déterminant de régulateur des liens matrimoniaux. Le mpol et le turn sont conservés aujourd'hui comme éléments essentiels de la structure sociale, en dépit des déformations subies ces dernières décennies.
Mihail V. Kriukov, Ethnic continuity of the Mon-Khmer mountain groups of South Vietnam.
Attention is paid mainly to the analysis of kin units known as mpol among the Koho and turn among the Maa. They proved to belong to two different types of social organization. The first one is an exogamous matrilineal group of kin relatives whose hereditary name is common. The second one can be isolated as a non-exogamous patrilineal group of families exhibiting economical, social and ideological unity. Variants of the two types represented by different subdivisions of Koho and Maa can be treated as reflection of successive stages of the transformation of the underlying protomodel. From this point of view they represent a sort of continuity with Tring on one pole and Maa on the other. Despite gradual slackening of social functions of exogamous mpol units they still are main regulators of marriage rules. Both mpol and turn are functioning as essential elements of social structure notwithstanding the deformation of traditional kin organization during the last decades.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 30
Langue Français

Extrait

Mihail V. Krjukov
Valérie Le Galcher-Baron
Continuité ethnique chez les montagnards Môn-Khmers du Sud
Viêt-nam
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 31 N°2-3. Avril-Septembre 1990. pp. 443-454.
Citer ce document / Cite this document :
Krjukov Mihail V., Le Galcher-Baron Valérie. Continuité ethnique chez les montagnards Môn-Khmers du Sud Viêt-nam. In:
Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 31 N°2-3. Avril-Septembre 1990. pp. 443-454.
doi : 10.3406/cmr.1990.2244
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1990_num_31_2_2244Résumé
Mihail V. Krjukov, Continuité ethnique chez les montagnards môn-khmers du Sud Viêt-nam.
Nous avons sunout étudié les formes de systèmes de parenté connues sous le nom de mpol chez les
Koho et de turn chez les Maa, qui s'appliquent à deux types différents. Le premier est un groupe
exogamique de parents matrilinéaires ayant un nom héréditaire commun Le second est un groupe non- de familles patrilinéaires présentant une unité économique, sociale et idéologique. Les
variantes de ces deux types existant chez les groupes Koho et Maa reflètent les différentes étapes de la
transformation d'un protomodèle originel. Les groupes étudiés présentent une certaine continuité, à un
pôle se trouvent les Tring, à l'autre les Maa. Malgré l'affaiblissement progressif des fonctions sociales
des organisations matrilinéaires de type mpol, ces dernières continuent à jouer un rôle déterminant de
régulateur des liens matrimoniaux. Le mpol et le turn sont conservés aujourd'hui comme éléments
essentiels de la structure sociale, en dépit des déformations subies ces dernières décennies.
Abstract
Mihail V. Kriukov, Ethnic continuity of the Mon-Khmer mountain groups of South Vietnam.
Attention is paid mainly to the analysis of kin units known as mpol among the Koho and turn among the
Maa. They proved to belong to two different types of social organization. The first one is an exogamous
matrilineal group of kin relatives whose hereditary name is common. The second one can be isolated as
a non-exogamous patrilineal group of families exhibiting economical, social and ideological unity.
Variants of the two types represented by different subdivisions of Koho and Maa can be treated as
reflection of successive stages of the transformation of the underlying protomodel. From this point of
view they represent a sort of continuity with Tring on one pole and Maa on the other. Despite gradual
slackening of social functions of exogamous mpol units they still are main regulators of marriage rules.
Both mpol and turn are functioning as essential elements of social structure notwithstanding the
deformation of traditional kin organization during the last decades.MIHAIL V. KRJUKOV
CONTINUITÉ ETHNIQUE
CHEZ LES MONTAGNARDS MÔN-KHMERS
DU SUD VIÊT-NAM
Au cours des dix dernières années, s'est affirmée peu à peu dans l'ethnologie
occidentale l'idée que l'on ne pouvait en rester à la notion traditionnelle de l'ethnie,
conçue comme un groupe possédant des traits culturels communs et parlant la
même langue. On a souligné que l'humanité ne pouvait être analysée comme une
collection de communautés ethniques discrètes1 - cela en dépit de ce que pensaient
des théoriciens aussi célèbres que R. Naroll2, qui reconnaissait d'ailleurs lui-même
le caractère conventionnel de sa thèse :
« Si les Timbira occidentaux et orientaux, écrivait-il3, parlent des langues qu'ils ne comp
rennent pas mutuellement mais que ces langues sont réunies par une douzaine de dia
lectes intermédiaires, chacun d'eux étant parfaitement intelligible pour les voisins, où
commencent les occidentaux et où finissent les orientaux ? »
D. Hymes, renvoyant à des observations de Neidle, affirme que :
« l'on peut rencontrer des groupes qui, bien que voisins, parlant pratiquement la même
langue et ayant sensiblement la même culture, ne se considèrent pas comme appartenant
à la même tribu [...] et c'est exactement la même chose pour les tribus qui affirment
leur unité en dépit de leur hétérogénéité interne. »4
En analysant ces facteurs, R. Le vine et D. Campbell en concluent que la pré
sence sur la carte du monde d'ethnies nettement délimitées ne constitue pas une
règle, mais plutôt une exception qui exige une interprétation spécifique5.
C'est une idée diamétralement opposée qui dominait l'ethnographie soviétique
jusqu'à une période relativement récente. Selon celle-ci, au cours de la plus grande
partie de l'histoire de l'humanité, chaque homme, en tous lieux, était le représent
ant d'un ethnos déterminé :
« Chaque homme d'âge adulte, où qu'il se trouve, appartient nécessairement à un ethnos
quelconque, que ce soit à son noyau principal ou à sa 'périphérie'. A partir de là l'human
ité, à n'importe quel moment, constitue un ensemble d'ethnos. Autrement dit, les
Cahiers du Monde russe et soviétique, XXXI (2-3), avril-septembre 1990, pp. 443-450. 444 MIHAIL V. KRJUKOV
ethnos englobent l'humanité entière et, dans ce sens, représentent un phénomène
universel. »6
Parallèlement, on trouvait dans la littérature soviétique une idée qui remet en
cause, dans une certaine mesure, la légitimité de cette thèse. П s'agit de la notion
de « continuité ethnique ».
L'histoire de cette question remonte à 1950, quand S. P. Tolstov avança l'idée
d'une « continuité linguistique primitive »7. Peu de temps après, elle fut appliquée
par N. A. Butinov aux caractéristiques de la situation ethno-linguistique de l'Aust
ralie8. Par la suite celui-ci formula le concept de « communautés de contacts ethni
ques », qui s'appuyait sur des matériaux de Nouvelle-Guinée9. En 1970
V. F. Gening proposa d'appeler les formations ethniques de la société primitive,
continuités ethno-linguistiques ou, dans une formulation réduite, ethlinité (eth
nos + lingua + continuité)10, et pour les ethnies reprit le terme introduit par N. A.
Butinov de konèo (communauté de contact ethnique)11. En 1979, V. P. Alekseev
attira de nouveau l'attention sur le concept de « continuité ethnique »12.
La notion de « continuité ethnique » est proche de la « continuité linguistique
primitive » sur laquelle ont écrit S. P. Tolstov et N. A. Butinov et aussi de la
« continuité anthropologique » dans la définition de N. N. Ceboksarov13.
De même S. I. Bruk a recours à la notion de « continuité ethnique », en particul
ier pour caractériser la situation de l'Inde contemporaine. Dans ses premiers tr
avaux il considérait les Hindustani comme un peuple14. Actuellement dans son livre
Naselenie mira (La population du monde), S. I. Bruk note que l'ethnie hindustanî
est composée de nombreux groupes locaux proches par la culture et le mode de
vie, dont les frontières sont très imprécises :
« La situation ethno-linguistique dans le Rajasthan et l'Hindoustan est un exemple clas
sique de continuité ethnique et linguistique, où les langues parlées et les dialectes se
transforment progressivement en d'autres langues et dialectes, à travers une série de
formes linguistiques intermédiaires ; en même temps des groupes dont les territoires
sont éloignés les uns des autres se différencient habituellement très nettement en terme
ethnique ou linguistique. »IS
Ainsi, en Inde l'exemple classique de continuité linguistique est représenté par
des ethnies qui ont une histoire de plusieurs milliers d'années et qui, aujourd'hui,
n'ont plus aucun lien avec le stade paléolithique.
En même temps se pose le problème de savoir si la situation exposée plus haut
peut être qualifiée de continuité ethnique. Dans les dix dernières années, un des
acquis des recherches dans le domaine de la théorie de X ethnos était la thèse selon
laquelle l'indice essentiel de Y ethnos, le facteur déterminant était la conscience eth
nique. Les ethnographes russes avaient montré dès la fin du XIXe siècle l'impor
tance de la conscience en tant que caractère du facteur ethnique. Plus
tard, au début des années 20, S. M. Sirokogorov inclut la conscience nationale
dans sa définition de l'ethnie16.
Malheureusement, à partir de la fin des années 20,

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