Crise ou absence de crise : un effet de discours - article ; n°1 ; vol.64, pg 7-21
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Mots - Année 2000 - Volume 64 - Numéro 1 - Pages 7-21
CRISE OU ABSENCE DE CRISE : UN EFFET DE DISCOURS L'article décrit les procédés discursifs qui ont contribué à la construction de l'événement dans l'espace public, en analysant les articles de trois journaux australiens, dans les deux jours qui ont suivi l'annonce des essais nucléaires français en 1995. Parmi ces procédés, on examine le choix des porte-paroles, la présentation des paroles rapportées, les tropes, les types de désignation, les implicites et les présupposés.
CRISIS OR ABSENCE OF CRISIS : A DISCOURSE EFFECT The article describes the discursive procedures which contributed to the construction of the event in the public sphere, through an analysis of the articles which appeared in three Australian newspapers in the two days following the announcement of French nuclear testing in 1995. Particular attention is paid to the choice of spokespersons, the presentation of reported speech, the use of tropes, forms of designation and the role of implicature and presupposition.
CRISI О AUSENCIA DE CRISIS : UN EFECTO DE DISCURSO El articulo descrive a travez del analísis de los articules de très periódicos australianos los procesos discursives que contribuyeron a la construcción del acontecimiento en el espacio público dos dias despues del anuncio de los ensayos nucleares franceses en 1995. Entre estos procesos se examina la elección de los portavoces, la presentación de palabras restituidas, tropos, tipos de designación, lo implicite y lo supuesto.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Elizabeth Rechniewski
Crise ou absence de crise : un effet de discours
In: Mots, décembre 2000, N°64. pp. 7-21.
Resumen
CRISI О AUSENCIA DE CRISIS : UN EFECTO DE DISCURSO El articulo descrive a travez del analísis de los articules de très
periódicos australianos los procesos discursives que contribuyeron a la construcción del acontecimiento en el espacio público
dos dias despues del anuncio de los ensayos nucleares franceses en 1995. Entre estos procesos se examina la elección de los
portavoces, la presentación de palabras restituidas, tropos, tipos de designación, lo implicite y lo supuesto.
Abstract
CRISIS OR ABSENCE OF CRISIS : A DISCOURSE EFFECT The article describes the discursive procedures which contributed
to the construction of the event in the public sphere, through an analysis of the articles which appeared in three Australian
newspapers in the two days following the announcement of French nuclear testing in 1995. Particular attention is paid to the
choice of spokespersons, the presentation of reported speech, the use of tropes, forms of designation and the role of implicature
and presupposition.
Résumé
CRISE OU ABSENCE DE CRISE : UN EFFET DE DISCOURS L'article décrit les procédés discursifs qui ont contribué à la
construction de l'événement dans l'espace public, en analysant les articles de trois journaux australiens, dans les deux jours qui
ont suivi l'annonce des essais nucléaires français en 1995. Parmi ces procédés, on examine le choix des porte-paroles, la
présentation des paroles rapportées, les tropes, les types de désignation, les implicites et les présupposés.
Citer ce document / Cite this document :
Rechniewski Elizabeth. Crise ou absence de crise : un effet de discours. In: Mots, décembre 2000, N°64. pp. 7-21.
doi : 10.3406/mots.2000.2222
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mots_0243-6450_2000_num_64_1_2222Elizabeth RECHNIEWSKP
Crise ou absence de crise :
un effet de discours
Dans la période qui a suivi la décision annoncée le 13 juin 1995
par le président Chirac de procéder à une nouvelle série d'essais
nucléaires dans le Pacifique Sud, les relations entre la France et
l'Australie ont connu ce qu'on a communément appelé une crise.
Pourtant celle-ci n'a pas débuté au niveau intergouvernemental ; en
effet, le Gouvernement australien a d'abord réagi de façon relativ
ement modérée : il a « déploré » la décision, gelé les activités de
coopération concernant la défense, et contacté d'autres pays afin de
s'accorder sur des protestations diplomatiques. Le sénateur Evans,
ministre des Affaires étrangères, a essayé de faire baisser la tension
en rappelant que cette série de tests était limitée en nombre et en
durée et qu'à leur issue la France s'engageait à signer le traité d'inter
diction des essais nucléaires. En réponse à des questions de journal
istes s 'étonnant de cette position modérée, il a affirmé : « one has to
keep things in proportion » 1.
Le 22 juin cependant, le Cabinet australien a décidé de renforcer
son opposition en adoptant d'autres mesures de représailles : sanctions
contre des firmes françaises, rappel de l'ambassadeur australien en
France, mesures administratives contre les étudiants français, remise
en question des actions multilatérales et appel direct à l'opinion
publique française par une lettre du Premier ministre P. Keating,
publiée le 28 juin dans Le Monde. Le Gouvernement a accepté aussi
de contribuer à hauteur de deux cent mille dollars australiens au
financement d'un bateau qui devait se diriger vers Mururoa avec à
° University of Sydney, Département de français, Australie.
1. K. R. Nossel, C. Vivian, A brief madness. Australia and the Resumption of
French Nuclear Testing, Canberra, Strategic and Defense Studies Centre, Australian
National University, 1997, p. 8. bord des personnalités notamment politiques *. Il a même envisagé son
de coordonner officiellement le boycottage des produits français, qui
ne s'est finalement pas réalisé.
Cette surenchère du gouvernement australien est généralement
expliquée comme une réponse à la réaction du public australien2.
Dans les premiers jours suivant l'annonce, celui-ci a exprimé son host
ilité par des manifestations spontanées, des boycotts officieux, des
actions syndicales, et toute une série de gestes individuels, voire d'ac
tions violentes, dont la plus grave fut l'incendie criminel du consulat
français à Perth le 18 juin. L'opinion fut répandue à l'époque que
cette réaction hostile de la part de la population avait forcé le Gouver
nement australien à adopter une attitude de plus en plus critique à
l'égard des essais, provoquant une crise générale dans les rapports
entre la France et l'Australie3.
Cette vague de protestations a été amplement rapportée par tous les
médias, à tel point que l'on est amené à s'interroger sur le rôle de
ceux-ci dans la cristallisation, voire la formation d'une telle hostilité.
La question s'avère d'autant plus intéressante que l'opinion publique
— de quelque façon qu'elle ait été constituée — aurait exercé une
pression sur le Gouvernement australien, obligeant celui-ci à renforcer
son opposition aux essais. La difficulté dans les sociétés modernes à
démêler l'opinion publique d'avec son expression dans les médias est
bien connue ; médias et opinion constituent un cercle ininterrompu
d'influences réciproques où causes et effets se répercutent. Pour
mieux comprendre le rôle joué par une partie des médias — la presse
écrite — dans le déclenchement de cette crise, nous avons entrepris
une étude détaillée de trois quotidiens de grand lectorat, parus pendant
les deux jours qui ont suivi la décision de J. Chirac. En identifiant
les formes sous lesquelles celle-ci a été représentée dans ces journaux,
nous souhaitons éclairer le rôle éventuel joué par ce secteur médiat
ique dans la construction discursive de la crise.
1. Ibid, p. 23. Le voyage ne s'est pas réalisé, le bateau ne s'étant pas avéré en état
de naviguer.
2. S. Alomes conclut : « The strong public reaction against the French tests led
rather than followed that of the government ». « Middle Class Radicalism, the Monroe
Doctrine and Media Frenzy ? Australian Opposition to French Testing » dans French
Worlds, Pacific Worlds, French Nuclear Testing in Australia's Backyard, S. Alomes,
M. Provis (eds), Institute for the Study of French Australian Relations, 1998, p. 75-76.
3. Pour une description détaillée des actions entreprises par des particuliers et des
organisations, cf. A Brief Madness..., chap. 2 : «Protests and Protestors : the Popular
Response ».
8 Bien que l'analyse de la crise s'appuie sur l'étude des articles parus
dans la presse des 14 et 15 juin, il faut reconnaitre que l'opinion
publique avait déjà trouvé un premier exutoire, puisque des discus
sions à la radio, le 14 juin, ont précédé la plupart des reportages dont
il va être question dans cet article ; à cette date certains présenta
teurs de radio adoptaient déjà une attitude anti-française active et
militante1. Il faut noter aussi le rôle joué par la concurrence et le
conformisme médiatiques 2, deux caractéristiques qui entraînent néces
sairement des effets d'amplification et de surenchère. Le lendemain,
tous les journaux nationaux, comme ceux des grandes villes, ont
consacré leur Une aux essais, ainsi que de nombreux articles et
commentaires. Les reportages ayant été préparés la veille, le moins
que l'on puisse dire c'est que si la presse répondait à une réaction
publique, elle ne l'avait pas laissé mûrir très longtemps. Encore moins
a-t-elle suivi la ligne modératrice du Gouvernement en essayant de
faire baisser la tension, comme nous allons le voir.
La presse des premiers jours
Notre corpus comprend tous les articles consacrés à la question des
essais nucléaires parus dans The Telegraph Mirror, The Sydney Morn
ing Herald, et The Australian au moment de l'annonce. Les deux
premiers sont publiés en New South Wales, le dernier est national.
The Telegraph Mirror, ayant une édition du soir, a pu publier dès le
14 juin des articles sur la déc

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