Des choix méthodologiques pour une linguistique de discours comparative - article ; n°105 ; vol.26, pg 28-41
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Description

Langages - Année 1992 - Volume 26 - Numéro 105 - Pages 28-41
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Sophie Moirand
Des choix méthodologiques pour une linguistique de discours
comparative
In: Langages, 26e année, n°105, 1992. pp. 28-41.
Citer ce document / Cite this document :
Moirand Sophie. Des choix méthodologiques pour une linguistique de discours comparative. In: Langages, 26e année, n°105,
1992. pp. 28-41.
doi : 10.3406/lgge.1992.1622
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1992_num_26_105_1622MOIRAND Sophie
CEDISCOR, Université Paris HI
DES CHOIX MÉTHODOLOGIQUES
POUR UNE LINGUISTIQUE DE DISCOURS COMPARATIVE
S'inscrire dans une perspective de linguistique de discours comparative suppose
que l'on ait des hypothèses et des convictions fortes. De celles-ci vont découler des
choix méthodologiques qu'il convient de mettre à l'épreuve de corpus constitués de
discours spécialisés. Il s'agira ici d'une sorte de résumé de discussions récentes et
récemment entreprises sur la façon de détecter des régularités et des variabilités qui
seraient comparables, donc appareillables d'une langue à l'autre. Il restera par
conséquent entaché de concepts rudimentaires, c'est-à-dire encore insuffisamment
évalués, et de verbalisations non encore stabilisées, parce qu'actuellement en cours
d'élaboration.
1. De la nature des données et de leur recueil
1.1. Au-delà des traces..., trouver d'autres données
1.1.1. Dans une perspective socio-cognitive, on pose qu'un texte, produit langagier,
est une représentation par un locuteur donné d'une réalité telle qu'il la perçoit et telle
qu'il veut la montrer à d'autres. Ce qui amène à s'interroger sur les traces
linguistiques de la mise en verbe, qui se manifestent à la surface des discours : celles
qui désignent les acteurs et les objets de la réalité ; celles qui les caractérisent et qui
décrivent leurs inter-relations ; celles qui traduisent la façon dont on les perçoit, ce
qu'on en pense ; celles enfin qui rendent compte de la façon dont on veut les montrer
à d'autres.
Or une linguistique de discours se donne pour objet l'étude des fonctions de
représentation et de communication du langage telles qu'elles s'actualisent à la
surface des textes, dialogues et documents, alors qu'une sémantique de la langue
s'intéresse plutôt à la première de ces fonctions, une théorie de la communication
plutôt à la seconde. Si le postulat reste que l'on doit trouver des traces de ces fonctions
dans les énoncés produits, l'hypothèse devient que ces traces permettent d'inférer
ensuite d'autres données que celles constituées par des opérations énonciatives
désormais classiques (positionnement de la personne, positionnement dans le temps et
l'espace, quantification, thématisation, modalisation).
On est ainsi amené à utiliser des notions autres que les seules catégories
sémantico-grammaticales des problématiques énonciatives indicielles (le cadre formel
de renonciation posé par Benveniste, les traces des opérations énonciatives telles que
les développe Culioli) ', si l'on veut éviter de tomber dans du catalogue et dans des
1. Voir l'article de С Fuchs (1981) : « Les problématiques énonciatives : Esquisse d'une
présentation historique et critique » dans DRLA V, Revue de linguistique n° 25.
28 comparaisons pointillistes de marques à marques... Se posent alors la question des
différents points d'accroché sur lesquels va s'appuyer la comparaison et celle de leur
articulation.
Ainsi J.-C. Beacco propose de regrouper des textes sur des bases communicatives.
Il emprunte à D. Hymes sa définition de « l'événement de communication », qui
fonde l'ethnographie de la communication, pour collecter des documents en fonction
de paramètres à la fois énonciatifs et communicationnels (« institutionnels au sens
faible » dit-il). Mais pour décrire les textes qui s'apparentent, l'appareil méthodolo
gique s'appuie sur des régularités observées par croisement de deux types de données :
les marques des opérations énonciatives et les processus cognitifs définis comme une
« représentation d'opérations cognitives, argumentatives et méthodologiques qui,
actualisées par des opérations langagières, structurent les textes » (Beacco, 1990,
p. 33). Appliquant sa démarche à un ensemble de textes de recherche 1988),
il articule ainsi des régularités énonciatives repérées en surface sur les processus
cognitifs que tout historien met en jeu dans ses travaux et qui s'actualisent, à partir
d'un inventaire d'actes illocutionnaires spécifiques, par du lexique (en français
DÉFINIR, CLASSIFIER, CLASSER, COMPARER, par exemple). Mais étendre la démarche à
n'importe quel genre de textes ne paraît pas évident...
P. Charaudeau, lorsqu'il pose les bases d'une sémiolinguistique (1983, p. 58 et
suivantes) entrevoit l'acte de langage comme le résultat d'une « mise en scène » qui
dépend d'un contrat de parole déterminé. Il la fait reposer sur quatre modes
d'organisation langagiers : l'appareil énonciatif, l'appareil argumentatif, l'appareil
narratif et l'appareil rhétorique... Reste le problème qu'il essaie depuis de dépasser
(1984, 1989) : si l'on recueille ces quatre types de données successivement, comment
ensuite les articuler ? Les comparer, de plus, d'une langue à l'autre supposerait qu'il
y ait correspondance terme à terme dans l'utilisation que l'on fait du système de la
langue et similarité des schemes et des praxéogrammes intériorisés dans chacune des
cultures...
1.1.2. Décrire / comparer des ensembles textuels, c'est s'interroger sur leurs fonctio
nnements en mettant en rapport formes et sens, formes et fonctions, c'est par
conséquent dégager des régularités mais aussi des variabilités formelles, sémantiques,
fonctionnelles, rhétoriques... Cela suppose une démarche qui part de l'observation
construite d'un corpus d'abord exploratoire puis de plus en plus élaboré (voir ci-après)
à partir d'outils permettant de déterminer des catégories comparables ; démarche qui
se poursuit par des classements, des mises en relation, des comparaisons de ces indices
repérés et catégorisés ; démarche qui aboutit à une réflexion qui tente d'expliquer les
raisons des variabilités, des intertextualités, des altérations discursives.
Les indicateurs d'ordre linguistique sont donc constitués par l'organisation du
lexique dans l'ordre du discours, les récurrences ou les raretés d'apparition des
constructions syntaxiques sous-jacentes et/ou de celles apparaissant en surface, la
présence effective de marques énonciatives (traces d'opérations privilégiées, hétéro
généités exhibées ou suggérées), parce que, comme le dit A. Culioli, à propos de la
traduction (1987, p. 6) : « Une linguistique qui ne rend pas compte de façon intégrée
des problèmes que j'appellerai syntaxiques, sémantiques et pragmatiques n'a pas
grand'chose à dire » mais « une qui ne se préoccupe pas des formes au
sens très précis, très exact du terme, ne pourra pas non plus rendre de grands
services ». Ce que dit également, avec des convictions théoriques pourtant différentes,
С Hagège (dans L'homme de paroles, 1985, p. 233) : « C'est des faits linguistiques que
l'on part, de l'inscription du sens dans la matière du discours » et « On s'engage dans
une voie incertaine dès lors que l'on commence à poser des catégories conceptuelles
29 sans le souci de leur trouver, dans la trame matérielle discursive, des traces, quelles
qu'elles soient, pour repères et garants. En voulant inclure tous les facteurs
participant au sens, qu'ils soient ou non codés, on s'oblige à l'aporie d'une
connaissance universelle doublée d'une prophétie illimitée, comme le répètent, à
trente-cinq ans de distance, C. Bloomfield et U. Eco. »
Mais si le cadre formel de renonciation (un cadre qui intègre le lexique et la
syntaxe) continue à fournir des catégories de repérage d'éléments clairement inscrits
dans le texte et correspondant aux opérations langagiè

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