Dictionnaires et linguistique : essai de typologie des dictionnaires monolingues français contemporains - article ; n°1 ; vol.2, pg 4-29
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Description

Langue française - Année 1969 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 4-29
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Louis Guilbert
Dictionnaires et linguistique : essai de typologie des
dictionnaires monolingues français contemporains
In: Langue française. N°2, 1969. pp. 4-29.
Citer ce document / Cite this document :
Guilbert Louis. Dictionnaires et linguistique : essai de typologie des dictionnaires monolingues français contemporains. In:
Langue française. N°2, 1969. pp. 4-29.
doi : 10.3406/lfr.1969.5418
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1969_num_2_1_5418DICTIONNAIRES ET LINGUISTIQUE :
ESSAI DE TYPOLOGIE DES DICTIONNAIRES
MONOLINGUES FRANÇAIS CONTEMPORAINS
Les bases linguistiques théoriques du dictionnaire.
La confection d'un dictionnaire — c'est-à-dire la tentative d'une
certaine description du lexique de la langue — implique par elle-même
une prise de position sur les problèmes essentiels de la linguistique.
Le langage consiste dans la formation d'un énoncé capable d'établir
une communication entre le locuteur qui l'émet et l'auditeur qui le reçoit.
Or, la description lexicographique réside dans le postulat que l'enchaîn
ement de l'énoncé peut être scindé en certains segments constituant les
entrées du dictionnaire et que, à chacun de ces segments, correspond un
contenu qui fait l'objet de l'élaboration de l'article du dictionnaire.
Ces démarches élémentaires de la description lexicographique signifient
que l'on a implicitement tranché quelques problèmes théoriques posés par
le langage humain : celui de la nature du signe linguistique, celui de la
définition de l'unité signifiante par rapport à l'ensemble de l'énoncé phras-
tique, celui des rapports entre la forme de l'unité lexicale et son contenu.
Le signe linguistique a été défini par F. de Saussure comme un sym
bole sonore appelé signifiant se référant arbitrairement à un contenu de
signification valable pour les membres d'une même communauté linguis
tique, appelé signifié. E. Benveniste a précisé cette notion de lien arbi
traire entre signifiant et signifié par celle de lien nécessaire dans la mesure
où, dans la conscience linguistique de chaque locuteur, la forme signi
fiante (sonore ou graphique) évoque nécessairement le contenu de
fication sans, pour autant, qu'une motivation intrinsèque existe entre
dans le contenu et la forme. Le symbole linguistique résultant de cette
union, non motivée quoique nécessaire, entre le signifiant et le signifié
est lui-même arbitraire par rapport à la réalité. La représentation gra
phique des trois termes de la symbolisation linguistique a été présentée
par Ogden et Richards sous forme d'un triangle dont le sommet est occupé
par le concept ou signifié et les deux angles de base, d'une part par l'objet
signifié, d'autre part par la forme linguistique signifiante. Elle présente
l'avantage de souligner que la symbolisation linguistique exclut absolu
ment tout rapport direct entre la forme du signe et la réalité signifiée. délimitation entre ce qui appartient au domaine linguistique et ce qui La
relève du domaine extra-linguistique est ainsi clairement établie. Il en
résulte que toute formule lexicographique qui fait intervenir la descrip
tion de la réalité se situe en dehors de la linguistique.
En second lieu, la description lexicographique qui prend comme point
de départ l'entrée découle d'une certaine analyse du rapport entre l'unité-
mot, segment de l'énoncé, et l'énoncé global. La reconnaissance de l'en
trée comme élément du classement du lexique implique que l'énoncé est
considéré comme une combinaison d'éléments qui ont une existence, sur
le plan du système de la langue, indépendante de lui et qu'ils peuvent être
saisis isolément parce qu'ils sont le point de rencontre d'une combinatoire
d'éléments sémiques et d'une combinatoire d'éléments formels. C'est ainsi,
en particulier, que dans le cadre de la théorie de la double articulation,
Martinet définit le niveau lexical. La dislocation de l'énoncé phrastique
une fois opérée par le classement du lexicographe, celui-ci le rétablit le
plus souvent par les exemples. Du choix de ces énoncés dépend le carac
tère de tel ou tel dictionnaire selon le langage auquel le lexicographe se
réfère, langage littéraire ou langage parlé.
En troisième lieu la description lexicographique du contenu de signi
fication d'une forme signifiante définie implique le postulat théorique d'un
certain type de relation entre le contenu et l'expression, à savoir qu'il
existe une forme linguistique d'une part et une substance sémantique
d'autre part, et un parallélisme entre les unités formelles et les unités de
contenu. Dans le cadre de ces données théoriques la description lexic
ographique pourra être menée de points de vue différents, selon que la saisie
s'opère à partir de l'unité formelle, considérée comme la seule présentant
le véritable caractère linguistique ou à partir de l'unité sémantique dont
les éléments composants se définissent sur le plan conceptuel.
Les règles conventionnelles du genre lexicographique.
Entreprendre un dictionnaire signifie ainsi que l'on entre dans une
certaine théorie du langage. Les réponses aux problèmes théoriques
commencent à être plus diversifiées avec les progrès dans la connaissance
de la linguistique moderne. Cependant l'activité du lexicographe reste
dominée par le fait que la description lexicographique est fondamentale
ment conventionnelle par rapport au langage. Si la lexicologie, branche
de la linguistique, tente de fournir une description scientifique des seg
ments de l'énoncé linguistique, la lexicographie, prisonnière des règles
traditionnelles résultant d'une longue pratique, considère les unités à
classer non pas comme les éléments d'un ensemble mais comme des entités
linguistiques définies conventionnellement et que le lexicographe A. Rey
appelle « unité de traitement lexicographique x ». La convention apparaît
1. A. Rey, « Les dictionnaires : forme et contenu », in Cahiers de lexicologie 1965,
II, pp. 65-102. d'abord dans la délimitation du nombre des unités et des emplois à invent
orier. Quand le dictionnaire est conçu pour être une description exhaust
ive du lexique de la langue, cela signifie qu'on a défini un rapport conven
tionnel entre, d'une part, le nombre infini des significations possibles
virtuellement chez les individus d'une communauté linguistique, selon des
situations diverses et, d'autre part, un nombre limité de formes signi
fiantes. Un certain code lexical aboutit soit à un recensement de signif
ications dit exhaustif à un certain moment, soit à un dénombrement limité
arbitrairement en fonction du nombre de pages de l'ouvrage fixé par l'édi
teur ou en fonction du public auquel le dictionnaire s'adresse. Le volume
global des significations déterminé selon des critères non linguistiques,
le contenu de chaque article est non moins arbitraire puisqu'il peut
englober plus ou moins d'emplois dits techniques, faire place à un nombre
indéterminé d'emplois métaphoriques selon que le lexicographe décidera
en toute souveraineté que telle métaphore appartient au lexique de la
langue ou relève de la simple création verbale individuelle.
Si l'on considère l'entrée du dictionnaire non plus du point de vue
du nombre de ses emplois différents mais du point de vue de la forme
linguistique, la liste des unités recensées paraît établie tout aussi arbi
trairement. Le dictionnaire peut comprendre plus ou moins de termes
techniques ou scientifiques. La délimitation même entre langue commune
et langues spéciales ne peut répondre à des critères objectifs indiscutables,
si bien que la qualification de terme de spécialité peut varier d'un lexic
ographe à un autre. Le certificat d'existence des unités lexicales dans
le lexique de la langue est tout aussi difficile à établir. A partir de quel
seuil de diffusion un néologisme est-il considéré comme appartenant
à la langue? L'extrême prudence manifestée dans l'enregistrement des
formes nouvelles, égale à celle qui apparaît dans l

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