Encore - article ; n°64 ; vol.15, pg 93-107
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Description

Langages - Année 1981 - Volume 15 - Numéro 64 - Pages 93-107
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Frédéric Nef
Encore
In: Langages, 15e année, n°64, 1981. pp. 93-107.
Citer ce document / Cite this document :
Nef Frédéric. Encore. In: Langages, 15e année, n°64, 1981. pp. 93-107.
doi : 10.3406/lgge.1981.1887
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1981_num_15_64_1887Frédéric Nef
C.N.R.S., E.H.E.S.S., Paris
Encore
« L'oreiller avait été jeté en bas du lit, le pied de la
comtesse y était encore imprimé » (Balzac).
On a proposé récemment un certain nombre de descriptions de encore dans le cadre de la
théorie des mondes possibles appliquée à la sémantique du temps dans les langues naturelles
(R. Martin. 1980 ; C. Rohrer, 1980 ; C. Vet, 1980) *. Ces analyses se limitent implicitement
à un seul type d'emploi de encore : les emplois temporels. Sont écartés les emplois quantitatifs et
pragmatiques. Nous nous proposons de fournir un traitement unifié de ces trois types d'emploi
— temporel, quantitatif, pragmatique — de encore, prolongeant par là la réflexion amorcée, à
propos de maintenant, sur la relation entre emplois temporels et emplois non temporels des
adverbes de temps (cf. F. Nef, 1980).
Ne souhaitant pas reprendre en détail l'analyse des emplois temporels (c/. MARTIN, 1980),
nous n'introduirons pas de mondes possibles, nécessaires pour décrire le phénomène d'attente
induit par certains emplois de encore. Nous produirons d'ailleurs des arguments contre la géné
ralisation de l'introduction de mondes d'attentes dans tous les cas d'emploi de cet adverbe.
Notre traitement paraîtra donc extensionnel, pour ce qui est des entités — ce qui est un avan
tage pour la simplicité. Par contre nous conservons des opérateurs temporels. Il ne s'agit pas là
d'une inconséquence mais d'une décision de réduire l'emploi des mondes possibles dans la
description des adverbes de temps à un moyen commode de décrire les attitudes propositionnelles
engendrées par l'usage de ces adverbes. Notre limitation aux implicatures explique cette appa
rente inconséquence.
La théorie que nous utiliserons comportera une syntaxe catégorielle et une sémantique avec
interprétation directe. (En cela elle est inspirée de R. MONTAGUE, 1974, et plus particulièrement
de EFL.)
Nous ne fournirons pas un traitement argumentatif du encore pragmatique, notre traitement
n'utilisera pas la théorie illocutionnaire, et ignorera les implicatures conversationnelles, ainsi que
les concepts principaux de la pragmatique intégrée — parmi lesquels ceux d'échelle argumentat
ive, de situation énonciative et d'emploi approprié dans une situation donnée. Nous assignerons
une catégorie à chaque type d'usage de cet adverbe, catégorie à laquelle correspondra une interpré
tation sémantique. Cette interprétation consistera à fournir les implicatures conventionnelles et
schémas formels d'implicatures conventionnelles {cf. Gazdar, 1979, Karttunen et Peters,
1979) propres à une catégorie. Une certaine pragmatique maximaliste prétend évacuer la sémanti
que ; nous entendons démontrer ici, dans un cadre rigoureux, qu'un traitement catégoriel unifié
d'emplois pragmatiques et sémantiques est possible, alors qu'un tel mené d'un point de
vue argumentatif aurait à prouver qu'il peut fournir un point de vue aussi rigoureusement unifié.
D'autre part, l'extension pragmatique de nos analyses est une affaire de routine, une fois que l'on
accepte la caractérisation sémantique des différents emplois.
1. Langage de description
Nous utiliserons comme langage de description une syntaxe catégorielle, avec lambda
abstraction.
* Je remercie J. C. ANSCOMBRE, O. DUCROT, P. ENGEL, R. MARTIN, H. N0LKE, F. RECANATI,
C. VET, C. VlKNER, R. ZUBER de leurs critiques, suggestions et commentaires.
93 Syntaxe catégorielle
On entend par syntaxe catégorielle un ensemble de catégories syntaxiques telles que, si A et
В sont des catégories, A/B est une catégorie, et A/B adjointe à В donne A. Nous utiliserons {cf.
Bennett, 1975) comme primitives les catégories suivantes :
t catégorie des phrases déclaratives
CN des noms communs
IV catégorie des verbes intransitifs
auxquelles nous ajouterons {cf. section 3)
u catégorie des énoncés (phrases + contextes).
À partir des catégories primitives, on peut construire des catégories dérivées (ex. IV/IV,
CN/t...) où la catégorie primitive à droite est celle de départ et celle à gauche celle d'arrivée,
suivant la convention ci-dessus. On décidera de donner une dénotation élémentaire à certaines
catégories dérivées : ainsi, à la catégorie t/IV, on fera correspondre la catégorie T, celle des te
rmes (noms propres, nombres, etc.). De même, si l'on a la catégorie dérivée des Adj (adjectifs),
on lui fera correspondre la catégorie CN/CN (du moins pour certains adjectifs, mais nous passe
rons sous silence cette complication).
Si A/B est la catégorie t/IV, soit par exemple T, t/IV joint à IV donne t — si "~~ Marie court, où " est le signe T (term) = Marie, IV (intransitive verb) = court, alors t/IV IV, "~~ /3 est de de concaténation, est de la catégorie t — . Si on généralise, si t, /3 sont des catégories, t/j3
la catégorie t.
Nous emploierons les catégories suivantes, définies sur la base des catégories primitives « t »,
« u », « CN » et « IV » :
T terme, de catégorie t/IV
TV verbe transitif, de catégorie IV/T
IAV catégorie des adverbes et locutions adverbiales de constituant de catégorie IV/IV dans
le fragment étudié.
On utilisera aussi :
u/t catégorie des opérateurs illocutionnaires
t/t des adverbes et locutions adverbiales de phrase
T/CN catégorie des déterminants (numériques et autres)
t/t/t/t des modificateurs de modificateurs de phrases.
Comme on peut le voir, il s'agit d'une syntaxe très limitée, avec un nombre très restreint de caté
gories, mais l'étude de encore n'en requerra pas davantage.
Les expressions suivantes correspondent aux catégories (il s'agit des expressions traitées dans
les exemples) :
t ensemble des phrases
u des énonciations
CN pommes, sucres
IV manger trois pommes, courir 1 km, emprunter deux livres
T Marie, Jean
TV manger, emprunter
IAV à la bibliothèque
t/t P
T/CN trois, le...
t/t/t/t encore.
Règles syntaxiques
Nous utiliserons les règles suivantes l :
RI si a G T et si ô G IV alors F^a, 6) G t
R2 si a G TV et si ô G T, F2(a, 6) G IV
R3 si a G IAV et si Ô G IV, alors F3(a, ô) G IV
1. Cf. MONTAGUE, PTQ, pp. 251-253. On rappelle qu'une règle d'application fonctionnelle a la forme :
« si x est un élément linguistique appartenant à la catégorie X et si y est un élément linguistique appartenant à
la catégorie Y alors l'application fonctionnelle de x sur y appartiendra à la catégorie Z ». Ce qui est noté : si
x G X, si y G X, alors F;(x, y) G Z. Exemple : soit x = Marie, X = T, y = court, Y = IV : si x T, y IV,
alors F;(x, y) — i.e. Marie court est un IV.
94 R4 si a G IV/IV et si ô G IV, alors F4(a, ô) G IV
R5 si a G t/t et si ô G t, alors F5(a, ô) G t
R6 si a G T/CN et si ô G CN, alors F6(a, ô) G T
R7 si <p, ф G t, alors F7(<p, ф) F8(tp, ф) G t, où ¥7{<р, ф) — <p et ф et F8(^, i/<) = y? ou ^
R8 si <p, ф G t/t, alors F7(*>, i/-), F8(<p, y) G t/t
R9 si v?, £ t/t, i/< G t/t/t/t, alors Fg(y?, ^) G t/t
RIO si <p G t, si ô G u/t, alors FU)(y?, Ô) G u.
Nous exposerons dans la section 3 les règles supplémentaires concernant les difficultés
qu'entraîne l'introduction de u. Nous avons donné ces règles sous leur forme classique, en omet
tant les détails techniques, i.e. d'applications fonctionnelles où « F, (a, b) » signifie l'opération F;
d'appliquer a sur b, ou plus exactement l'opération de concaténation de a et b.
Sémantique
Pour l'interprétation sémantique, nous avons le choix entre une interprétation sémantique au
moyen d'une traduction en logique intensionnelle 2 (cf. Montague, 1974, P.T.Q. 3 ; Karttu-
NEN et Peters, 1979) et une interprétation directe (Montague, E.F.L. 4) ; Dowty,
(1980) ; Kuhn, (1979) ; VLACH, 1980). Nous choisissons ici cette deuxième manière, d'une part
parce que la traduction dans une logique intensionnelle pose tellement

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