L anthropologie soviétique à l heure de la  perestrojka - article ; n°2 ; vol.31, pg 223-233
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L'anthropologie soviétique à l'heure de la perestrojka - article ; n°2 ; vol.31, pg 223-233

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Description

Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1990 - Volume 31 - Numéro 2 - Pages 223-233
Boris Chichlo, Soviet anthropology at the time of perestroika.
For the first five years of glasnosť, Sovetskaia etnografiia has not changed its general outlook coined during the era of stagnation. When national conflicts - and, incidentally, aids - appear, threatening the whole society, ethnography endeavors to formulate its true name. In comparison with other Soviet periodicals, Sovetskaia etnografiia has not yet taken full advantage of the transparency. And anthropology in USSR has barely started on the
Boris Chichlo, L'anthropologie soviétique à l'heure de la perestrojka.
Pendant les cinq premières années de la glasnosť, Sovetskaja etnografija n'a guère modifié son caractère forgé à l'époque de la stagnation. Au moment où éclatent les conflits nationaux et où le sida fait son apparition, menaçant la société entière, cette science se préoccupe de rechercher son vrai nom. Par rapport aux autres revues de l'URSS, Sovetskaja etnografija, son porte-parole, n'a pas encore profité pleinement de la transparence. Et l'anthropologie en URSS est à peine engagée sur les rails de la perestrojka.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 19
Langue Français

Extrait

Boris Chichlo
L'anthropologie soviétique à l'heure de la perestrojka
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 31 N°2-3. Avril-Septembre 1990. pp. 223-233.
Abstract
Boris Chichlo, Soviet anthropology at the time of perestroika.
For the first five years of glasnosť, Sovetskaia etnografiia has not changed its general outlook coined during the era of stagnation.
When national conflicts - and, incidentally, aids - appear, threatening the whole society, ethnography endeavors to formulate its
true name. In comparison with other Soviet periodicals, Sovetskaia etnografiia has not yet taken full advantage of the
transparency. And anthropology in USSR has barely started on the
Résumé
Boris Chichlo, L'anthropologie soviétique à l'heure de la perestrojka.
Pendant les cinq premières années de la glasnosť, Sovetskaja etnografija n'a guère modifié son caractère forgé à l'époque de la
stagnation. Au moment où éclatent les conflits nationaux et où le sida fait son apparition, menaçant la société entière, cette
science se préoccupe de rechercher son vrai nom. Par rapport aux autres revues de l'URSS, Sovetskaja etnografija, son porte-
parole, n'a pas encore profité pleinement de la transparence. Et l'anthropologie en URSS est à peine engagée sur les rails de la
perestrojka.
Citer ce document / Cite this document :
Chichlo Boris. L'anthropologie soviétique à l'heure de la perestrojka. In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 31 N°2-3.
Avril-Septembre 1990. pp. 223-233.
doi : 10.3406/cmr.1990.2220
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1990_num_31_2_2220BORIS CHICHLO
L'ANTHROPOLOGIE SOVIÉTIQUE
À L'HEURE DE LA PERESTROJKA
C'est par une conclusion que je commencerai, la conclusion d'un article para
dans la Revue des Études slaves, et consacré à l'évolution de l'ethnographie soviéti
que entre 1953 et 1983. On pouvait y lire :
« Nous l'avons vu, au cours des trois décennies qui ont succédé à la mort de Stalin, l'et
hnographie soviétique a considérablement évolué. Mais, incapable d'être véritablement
une anthropologie ni de jouer le rôle d'une science heuristique, l'ethnographie en est
toujours réduite, dans ce pays, à des procédés purement empiriques. Peut-être est-ce
parce que cette science n'a jamais pu s'affranchir de son qualificatif d'ethnographique,
l'échanger contre un, plus moderne, contenant lui aussi une racine grecque : logos. »'
Dans cet article, où j'analysais la situation de l'ethnographie soviétique à l'épo
que de Hraščev, je soulignais le conservatisme spécifique de cette discipline, qui
la mettait en retrait par rapport aux autres sciences, lesquelles avaient su profiter
dans une certaine mesure du « dégel » passager des années I9602.
Aujourd'hui, nous constatons des changements spectaculaires dans la littéra
ture, les arts, le cinéma, le théâtre et la critique, aussi bien que dans les mouve
ments d'idées, et même les sciences historiques et sociales. Mais ces changements
ne semblent pas avoir affecté l'ethnographie soviétique qui semble être restée au
point où elle était il y a quatre ans, bien qu'en apparence, la revue du même nom
(Sovetskaja etnografija) ait commencé à modifier son profil, à partir de la publica
tion d'un article critique sans précédent de M. Krjukov, para début 19883. L'auteur
invitait ses collègues à rejeter les stéréotypes routiniers qui entravent cette
science4, et constatait les deux défauts majeurs qui l'affectent : d'abord son refus
volontaire de se comporter comme une discipline indépendante de l'histoire5 ;
ensuite, son caractère purement descriptif6. C'est sur ces deux défauts que je vou
drais m'arrêter.
Certes, ce caractère descriptif est contenu dans le terme même d'ethnographie,
volontairement conservé7, comme si, en restant attachée à ce nom, cette science
avait pressenti son destin. Il semble que de nos jours, elle cherche insensiblement à
se démarquer de ce vocable peu engageant. Et pourtant elle continue à prétendre à
Cahiers du Monde russe et soviétique, XXXI (2-3), avril-septembre 1990, pp. 223-232. 224 BORIS СШСНЬО
voix haute que c'est le meilleur des noms possibles. Ces tendances contradictoires
peuvent être observées en suivant les excursions épuisantes que Ju. Bromlej a
longtemps effectuées en solitaire dans les galeries de la terminologie historique. Et
à chaque tentative, cet auteur en est revenu au même choix : « Bien
qu'étymologiquement, le terme ethnologie semblerait présenter un avantage cer
tain, nous donnons notre préférence au terme ethnographie »8. Les promenades te
rminologiques de Ju. Bromlej semblent le mener, au détour du labyrinthe, jusqu'à
une cerisaie, où il rencontre trois sœurs qui ont nom Antropologija, Etnologija et
Etnogrqftja. Cette dernière est encore jeune, mais si elle a l'avantage de l'âge, elle
a aussi un visage las, battu par le vent, un regard éteint, des gestes gauches de pro
vinciale. C'est elle pourtant qui attire le plus Julian Vladimirovič Bromlej. Mais
chaque fois qu'il l'approche, il regarde ses deux compagnes à la dérobée avec un
regret évident. Certes ce sont les aînées mais elles savent cacher leur âge sous un
maquillage léger et une toilette élégante9.
Plusieurs collègues de Ju. Bromlej ne partagent pas ses goûts et font profession
de préférer ces aînées, et particulièrement la dénommée Etnologija. C'est ainsi que
V. Alekseev, spécialiste d'anthropologie physique, s'exprimait récemment : « Le
terme à' ethnologie, supprimé dans notre pays à la fin des années 1920, me paraît
plus approprié, car son contenu est plus étendu »10. C'était aussi depuis longtemps
l'opinion de Lev Gumilev, dont les travaux sur les théories de \'ethnosu sont rejetés
par l'ethnographie officielle qui les accuse de déterminisme biologique et géogra
phique12. Comme il se doit, c'est une femme qui a le dernier mot entre les opinions
opposées des hommes : une ethnosociologue, collaboratrice de Ju. Bromlej, Galina
Starovojtova, rappelle la différence étymologique et par conséquent sémantique
entre les concepts d'ethnographie et ^ethnologie. Elle souligne leur orientation
d'une part vers le mode descriptif (idéographique) et d'autre part vers une approche
théorique (nomothétique) : « Les deux niveaux sont nécessaires à notre science.
Pourquoi ne pas conserver ces deux termes ?» se demande-t-elle, et, comme pour
rassurer Ju. Bromlej et pour aller au devant des alarmes possibles des instances
supérieures, elle ajoute : « II n'y a rien d'effrayant dans le fait que l'ethnologie
porte encore l'empreinte de ses origines étrangères. Les mots [russes] etnos, etni-
kos et etnogrqftja ne sont pas nés non plus de la langue russe. »13
Un débat aussi scolastique à la veille du XXIe siècle peut étonner, et même cho
quer un spécialiste occidental ignorant l'histoire de la science soviétique. J'ai déjà
eu l'occasion de rappeler qu'en 1929, au cours d'une conférence nationale, l'ethno
logie fut condamnée comme succédané bourgeois de la science des sociétés, et que
la faculté d'ethnologie, qui existait à l'Université de Moscou depuis 1925, fut fe
rmée définitivement14. À la suite de cette conférence, la place de l'ethnographe fut
fixée clairement, selon la formule de la revue Istorik-marksist : « Au cours de ses
recherches pratiques, l'ethnographe devient historien. »1S
Et cette définition de est bien ancrée jusqu'à nos jours. Tout
récemment, à une demande de changement radical dans la formation des spécial
istes que faisait V. Pimenov dans la revue Sovetskaja etnografijaX(>, son collègue
G. Gromov, doyen du département d'ethnographie de l'Université de Moscou,
ripostait avec vigueur :
« La base de la formation des ethnographes doit rester une formation historique [...].
C'est là-dessus que doit se fonder l'emploi du temps de nos étudiants, les deux tiers de SOVIÉTIQUE À L'HEURE DE LA PERESTROJKA 225 L'ANTHROPOLOGIE
leurs horaires étant coasacrés aux cours d'histoire générale. Dans ces cours, les deux
matières les plus importantes pour les ethnographes sont précis&

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