La crise de l Action française (1926-1929) à travers la correspondance Blondel-Archambault - article ; n°1 ; vol.13, pg 113-169
58 pages
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La crise de l'Action française (1926-1929) à travers la correspondance Blondel-Archambault - article ; n°1 ; vol.13, pg 113-169

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Description

Mil neuf cent - Année 1995 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 113-169
57 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Yves Palau
Maurice Blondel
La crise de l'Action française (1926-1929) à travers la
correspondance Blondel-Archambault
In: Mil neuf cent, N°13, 1995. pp. 113-169.
Citer ce document / Cite this document :
Palau Yves, Blondel Maurice. La crise de l'Action française (1926-1929) à travers la correspondance Blondel-Archambault. In:
Mil neuf cent, N°13, 1995. pp. 113-169.
doi : 10.3406/mcm.1995.1136
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mcm_1146-1225_1995_num_13_1_1136DOCUMENTS
La crise de Г Action française
(1926-1929) à travers la
correspondance Blondel-Archambault
YVES PALAU
Introduction
La correspondance qu'échangèrent Maurice Blondel et Paul
Archambault s'étend sur un tiers de siècle de 1915 à 1948, peu
avant leur mort \ Elle comporte plus de 430 lettres connues \
Son contenu se caractérise par la constante articulation de la
philosophie et de la politique. Les auteurs ne sont pas des
intellectuels qui se penchent, par ailleurs, sur la vie publique
et les événements du monde, mais des catholiques dont la nature
même de la foi et des positions philosophiques implique une
volonté d'agir dans la société et de penser le monde. La société
n'est pas pour eux un prolongement, même majeur, de la foi, elle
1. Blondel meurt en 1949, Archambault en 1950. La première
lettre connue d'Archambault adressée à Bondel date du 19 fé
vrier 1915. Il sollicite du philosophe aixois une aide pour le travail
qu'il compte entreprendre « aussi approfondi que possible, où ne
serait négligé aucun des aspects de la doctrine, où serait recueilli
tout ce que vous-même et le P. Laberthonnière avez prodigués,
notes du Bulletin de la Société française de Philosophie ou des
Annales de philosophie chrétienne. » La première rencontre entre
les deux hommes se déroulera à Aix en avril 1917 à l'occasion
d'une permission pour convalescence dont a bénéficié Archamb
ault.
2. La correspondance entre Blondel et Archambault est conser
vée aux Archives Blondel, Collège Thomas More à l'Université
catholique de Louvain-la-Neuve. Une version de cette correspon
dance y est dactylographiée. Nous l'avons utilisée pour la publi
cation. Nous remercions les Archives Blondel ainsi que Claude
Blondel de nous avoir donné leur accord.
113 en est partie intégrante, elle n'est pas un champ de bataille
d'où devrait sortir vainqueur l'esprit chrétien, elle est la source
d'un enrichissement spirituel. Le souci du monde, chez Blondel,
est tout autant fondé sur sa foi, dont la visibilité réside dans
son œuvre philosophique, que sur son sens civique, tant pour
lui les deux sont inséparables. Il en est de même, plus nettement
encore, pour Archambault qui entend prolonger l'œuvre philo
sophique de Blondel dans une perspective sociale et politique
à partir de sa propre réflexion sur l'individualisme3.
De cette priorité donnée par les deux philosophes à la réflexion
sur les liens entre foi et société découle un positionnement
particulier dans le champ des intellectuels catholiques. On est
très loin de la figure d'intellectuels comme Péguy, Bernanos
ou Mounier, de leur esprit de révolte à l'égard du monde, de
leurs perspectives moralisatrices, de leurs attaques en règle
contre le libéralisme, le capitalisme et les institutions parle
mentaires. Cette posture affective et instinctive, plus morali
sante que véritablement rationnelle et comprehensive, est aux
antipodes de l'esprit de Blondel et d'Archambault. Ce dernier
usera d'ailleurs de formules sévères contre le personnalisme
de Mounier : « Plus émotif que réfléchi, né d'une réaction de
défense plutôt que d'une volonté délibérée, la faiblesse du
nouveau "personnalisme" est de manquer d'une philosophie
propre à éclairer ce choix, à justifier cette hiérarchie, et de
rester ainsi exposé à toutes les surprises de l'instinct 4. » C'est
en effet que la perspective blondélienne partagée et prolongée
par Archambault vise moins à condamner qu'à comprendre la
modernité ; si jugement il doit y avoir, celui-ci doit se fonder
sur des critères rationnels issus d'une philosophie à même de
maîtriser les passions éphémères.
Dans la perspective chrétienne, ce souci de fonder philos
ophiquement des positions politiques n'a jamais été aussi présent
que dans la manière dont les deux philosophes vont aborder
la crise de l'Action française 5. L'offensive contre le mouvement
3. Sur l'individualisme, voir de Paul Archambault, L'idée dé
mocratique. Deux conférences publiées par l'Action démocratique,
Paris, s.d., Essai sur l'individualisme, Paris, Bloud et Gay, 1913
et Réalisme démocratique, Paris, Spes, 1930.
4. P. Archambault, « Vie intellectuelle : destin d'un mot »,
Politique, 2, février 1934, p. 160.
5. Sur les relations entre catholiques et maurrassiens, voir
notamment Michael Sutton, Charles Maurras et les catholiques
français (1890-1914). Nationalisme et positivisme, Paris, Beau-
114 est, en effet, ordonnée autour d'un choix stratégique maurrassien
— fonder théologiquement et philosophiquement, et non polit
iquement, la condamnation de l'Action française — avec l'option
tactique de s'assurer le soutien le plus solide de Rome et d'agir
dans le secret. Cette offensive a un chef, Maurice Blondel,
un bras, Paul Archambault, un réseau, celui de quelques intel
lectuels ou journalistes catholiques, parfois d'anciens élèves
du philosophe aixois, et une arme, un numéro ad hoc des
Cahiers de la Nouvelle Journée e.
chesne, 1994, Jacques Prévotat, Catholiques français et l'Action
française. Etude des deux condamnations romaines, thèse de doc
torat d'Etat, Université de Paris X-Nanterre, 1994 (dactylogr.)
Quelques rappels chronologiques peuvent être utiles : 27 août
1926 : l'Aquitaine, Semaine religieuse du diocèse de Bordeaux
publie une lettre du cardinal Andrieu adressée aux jeunes catho
liques. Il y stigmatise les orientations religieuses de l'Action fran
çaise : «Athéisme, agnosticisme, antichristianisme, anticatholicis
me, amoralisme de l'individu et de la société [...] Voilà mes chers
amis, ce que les dirigeants de l'Action française enseignent à
leurs disciples et que vous devez éviter d'entendre. » 1" septem
bre : protestation de Robert Havard de la Montagne dans l'Action
française. 8 septembre : publication dans la Croix d'une lettre de
Pie XI qui approuve les propos du cardinal Andrieu et dénonce
dans le système de pensée de l'Action française des « traces d'une
renaissance du paganisme ». 9 septembre : protestation de dir
igeants catholiques de l'Action française, dont Léon Daudet, dans
le journal du mouvement. Fin : parution de la bro
chure de J. Maritain, Une opinion sur Charles Maurras et le
devoir des catholiques, qui tente une médiation. 20 décembre :
condamnation solennelle de l'Action française par le pape au
cours d'une allocution consistoriale. Mise à l'index du journal
l'Action française. 24 décembre : réplique de l'Action française :
« Non possumus » qui met l'accent sur la dimension politique de
la condamnation. 8 janvier 1927 : publication par la Croix de la
mise à l'index du 20 décembre à laquelle s'ajoute celle pri=e le
29 janvier 1914 à rencontre des livres de Maurras. 9 mars : décret
de la Sacrée Pénitencerie Apostolique fixant les sanctions contre
les clercs et laïcs militants ou proches de l'Action française.
28 mars : publication du décret dans la Croix. 19 juin 1939 :
parution dans l'Action française d'une lettre de soumission des
neuf membres du comité directeur du journal qui clôt une longue
suite d'actions analogues. 10 juillet : levée de la mise à l'index
de l'Action française. Les condamnations de 1914 et 1926 sont
maintenues « Bernanos devant (informations la condamnation et citations de extraites l'Action française de Serge », Albouy Etudes
maurrassiennes, 5, t. 1, Aix-en-Provence, Centre Charles Maurr
as, 1986, pp. 101-119).
6. J. Vialatoux, C. André, E. Gallois, J. Hours, G. Bidault, M.
Breton, Un grand débat catholique et français. Témoignages sur
l'Action française,

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