La place du sujet non clitique dans la construction inversée - article ; n°1 ; vol.111, pg 59-82
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Description

Langue française - Année 1996 - Volume 111 - Numéro 1 - Pages 59-82
Hanne KORZEN : « Positioning the non-clitic subject in inverse constructions » Hanne Korzen's article discusses a previously unsolved problem concerning the position of non-clitic subjects in sentences with inverted word order. The difference between sentences like Que dira ton frère à sa petite amie ? (acceptable) and Quand écrira ton frère à sa petite amie ? (unacceptable) seem to indicate that the nature of the clement positioned finally cannnot alone explain acceptability. Instead, an explanation may be found in the relation between the pre-verbal and the post-verbal constituent. A model is proposed to elucidate inverted word order in French and to make comparisons with related languages.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

MME Korzen Hanne
La place du sujet non clitique dans la construction inversée
In: Langue française. N°111, 1996. pp. 59-82.
Abstract
Hanne Korzen : « Positioning the non-clitic subject in inverse constructions »
Hanne Korzen's article discusses a previously unsolved problem concerning the position of non-clitic subjects in sentences with
inverted word order. The difference between sentences like Que dira ton frère à sa petite amie ? (acceptable) and Quand écrira
ton frère à sa petite amie ? (unacceptable) seem to indicate that the nature of the clement positioned finally cannnot alone
explain acceptability. Instead, an explanation may be found in the relation between the pre-verbal and the post-verbal constituent.
A model is proposed to elucidate inverted word order in French and to make comparisons with related languages.
Citer ce document / Cite this document :
Hanne Korzen. La place du sujet non clitique dans la construction inversée. In: Langue française. N°111, 1996. pp. 59-82.
doi : 10.3406/lfr.1996.5351
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1996_num_111_1_5351Hanne KORZEN
École des Hautes Etudes Commerciales de Copenhague (Danemark)
L'UNITE PREDICATIVE ET LA PLACE DU SUJET
DANS LES CONSTRUCTIONS INVERSÉES *
1. Les deux types de sujet et les constructions à expliquer
Le français moderne se distingue à la fois des autres langues romanes et des langues
germaniques par le fait qu'il possède deux sortes de sujets différents : les sujets conjoints (je,
tu, il, elle, nous, vous, ils, elles, ce, on) et les sujets non conjoints (toutes les autres entités
pouvant fonctionner comme sujet).
Il est facile de donner une règle précise concernant la place du sujet conjoint dans une
construction inversée : un tel sujet s'attache toujours directement au verbe fini, que celui-ci
soit un auxiliaire ou un verbe plein :
(1) a. Quand partira-t-elle ?
b. est-elle partie ?
La place du sujet non conjoint, par contre, pose des problèmes autrement plus compliqués.
C'est uniquement de ces derniers que je m'occuperai ici.
Dans ma démonstration, je me servirai surtout de constructions interrogatives, relat
ivement courtes et faciles à manier. Cependant, le même principe fondamental semble régir la
place du sujet non conjoint dans toutes les constructions inversées.
Un sujet non doit toujours suivre une forme non finie éventuelle :
(2) a. À quelle heure partira votre cousine ?
b. À est partie votre ?
et ne peut donc jamais être inséré entre une forme finie et une forme non finie.
(3) *À quelle heure est votre cousine partie ?
Dans beaucoup de cas, le sujet non conjoint ne peut pas non plus séparer le verbe et un
complément postposé :
(4) a. *Quand deviendra ce comédien célèbre ?
b. *0ù rangera Luc la tondeuse ?
La règle « classique » concernant les constructions comme celles de (4) peut être formulée de
la manière suivante :
(5) L'inversion du sujet non conjoint est exclue des constructions contenant un attribut
ou un complément direct après le verbe.
1. Henning N0lke, Michèle Simonsen et Lilian Stage ont lu une première version de ce travail. Je les
remercie cordialement pour les améliorations qu'ils m'ont suggérées.
59 C'est une règle que l'on trouve à la fois dans les ouvrages spécialisés sur l'inversion et dans
les grammaires scolaires. (Voir par exemple Blinkenberg 1928 : 146, Chevalier et alii 1964 :
§§135, Grevisse 1986 : §388, Le Bidois 1950 : 42, Pedersen et alii 1980 : §29.2.3, Togeby
1965 : §§1072-74, Wagner & Pinchon 1962 : §640).
Cependant, la restriction semble frapper aussi d'autres membres de phrase. Kayne
(1973 : 11) a montré que les constructions de (6) sont aussi inacceptables que celles de (4) :
(6) a. *À quelle heure changera cette fille d'avis ? (Kayne op. cit.)
b. *Depuis combien de temps en veut cet étudiant à ses professeurs ?
Dans ces constructions les compléments postposés sont indirects, mais ils ont apparemment
la même influence sur les mécanismes de l'inversion que l'attribut et l'objet direct. Pour
rendre compte de ces cas, on pourrait songer à « réparer » la règle classique en remplaçant
(5) par (7) :
(7) L'inversion du sujet non conjoint est exclue des constructions contenant un actant 2
après le verbe.
Mais la règle (7) s'avère trop restrictive. Comme cela a été montré aussi bien par Kayne (op.
cit.) que par Danjou-Flaux & Dessaux (1976), l'inversion devient nettement plus acceptable
si, au lieu d'être placé entre le verbe et le complément postposé, le sujet non conjoint se
trouve après ce dernier :
(8) a. ?Quand deviendra célèbre ce comédien ?
b. ?Où a rangé la tondeuse ce jardinier ?
c. ?À quelle heure changera d'avis cette fille ?
Et si, en même temps, le sujet est suffisamment « lourd » 3, l'acceptabilité se trouve encore
augmentée :
(9) a. Quand deviendra célèbre le comédien que nous avons vu si bien jouer l'autre
jour à la télévision ? (Kayne op. cit. : 12)
b. Où a rangé la tondeuse le jardinier qui est venu travailler cet après-midi ?
(Danjou-Flaux & Dessaux op. cit. : 164)
c. À quelle heure changera d'avis le prisonnier auquel la police est en train de faire
subir des tortures inimaginables ? (Kayne op. cit.)
Il faut avouer que d'une façon générale, les informateurs français n'apprécient guère une
construction telle que (9)b. (cf. Hobaek Haff 1990 : 208). Nous reviendrons à ce problème
dans 2.2.2. Pour le moment, contentons-nous de remarquer que ce type de structure existe la langue littéraire, où les constructions comme celles de (9) se rencontrent notamment
en proposition relative :
(10) a. C'est de la fille de cette Anglaise (...) dont va tomber amoureux l'Américain
comme son père l'avait été avant lui dans ce même palace d'Ischia. (Paris-
Match, Wall 1980 : 122)
b. Ce terreau où puisent leur substance les années à venir. (A. Corthis, Le Bidois
1950 : 266)
2. Notion qui sera spécifiée dans 2.2. ci-dessous.
3.qui discutée 2.2.
60 Les constructions représentées par (8)-(10) semblent indiquer qu'il faut remplacer (7) par
(11) :
(11) Dans les constructions contenant un actant après le verbe l'inversion du sujet
conjoint doit obéir aux principes suivants :
1° Le sujet se place après l'actant en question.
2° Le doit être suffisamment « lourd ».
Selon cette règle, le sujet non conjoint se trouve toujours après le VP tout entier. Cependant,
(11) est infirmé par (12) :
(12) Que dira ton frère à sa petite amie ? (Kayne 1973 : 14)
Ici, le complément placé après le sujet est un objet indirect (ou plus exactement : un
complément d'attribution). Il serait difficile d'admettre qu'un tel complément n'appar
tienne pas au VP. Mais même en admettant que cela soit le cas, on n'arrive pas à expliquer
pourquoi (13), où le complément postposé est pourtant identique à celui de (12), n'est pas
grammatical :
(13) *Quand écrira ton frère à sa petite amie ?
Kayne oppose ces deux exemples, sans toutefois les expliquer. Il fait simplement remarquer
que « le choix du mot interrogatif doit jouer un certain rôle ». Il ajoute, cependant, que le
mot interrogatif ne peut pas être décisif en soi, puisque le que interrogatif, par exemple, « ne
permet pas toujours de mettre le NP sujet immédiatement à la droite du verbe :
(14) *Que veut votre femme que vous fassiez ? (ib.) »
Dans les paires (15)-(18), on remarque une différence qui ressemble à celle qu'il y a entre (12)
et (13) :
(15) a. Où est allé votre frère, ce jour-là ?
b. *Quand est allé votre frère en France ?
(16) a. Où était garée la voiture de votre père, avant-hier ?
b. *Quand était garée la voiture de votre père devant la gare ?
(17) a. A quelle heure ferment les magasins, en France ?
b. *Dans quel pays les magasins à huit heures ?
(18) a. Où travaillent les femmes, dans le pays dont tu m'as parlé ?
b. *Dans quel pays travaillent les femmes aux champs ?
Les exemples (12)-(18) auront clairement montré que ni le mot interrogatif ni le type de
complément postposé, pris isolément, ne suffisent à expliquer la grammaticalité des cons
tructions : (12) et (14) sont tous les deux introduits parque, (13), (15)b., (16)b. et (17)a. sont
introduits par un adverbe de temps (quand, à quelle heure), (15)a.

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