La signification peut-elle être une Rm-? - article ; n°16 ; vol.4, pg 50-60
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Description

Langages - Année 1969 - Volume 4 - Numéro 16 - Pages 50-60
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Janet Dean Fodor
La signification peut-elle être une Rm-?
In: Langages, 4e année, n°16, 1969. pp. 50-60.
Citer ce document / Cite this document :
Fodor Janet Dean. La signification peut-elle être une Rm-?. In: Langages, 4e année, n°16, 1969. pp. 50-60.
doi : 10.3406/lgge.1969.2017
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1969_num_4_16_2017J. A. Fodor
MIT, Cambridge, Massachusetts
LA SIGNIFICATION PEUT-ELLE ÊTRE UNE Rm-? *
Cet article se propose d'étudier la valeur des théories médiationistes
de la référence linguistique. Chomsky (1959) ayant déjà longuement exposé
les insuffisances des théories dites à « un seul état » du langage, je ne
m'attarderai pas sur l'histoire des tentatives qui ont cherché à faire entrer
le comportement verbal dans la théorie de l'apprentissage en considérant
l'apprentissage du sens d'un mot comme l'établissement d'une simple lia
ison S-R (Stimulus-Réponse). Cependant, comme c'est l'échec de ces ten
tatives qui a poussé les psychologues à adopter des modèles médiationistes
il convient de rappeler brièvement la nature de ces insuffisances. Nous
nous bornerons à signaler que les modèles « à un seul état » ont inva
riablement présenté trois défauts qui, réunis, suffisent à établir l'insuff
isance des théories S-R de la signification.
En premier lieu, bien qu'il soit parfaitement légitime de considérer
les verbalisations des locuteurs comme des « réponses linguistiques », on
ne doit pas supposer que « réponse » dans ce contexte a son sens habi
tuel, à savoir : « Acte occasionné par un stimulus. (Acte) correlié à des
stimulus, que la corrélation soit spontanée ou qu'elle soit le résultat d'un
apprentissage » (Kimble, 1961, glossaire). Au contraire, l'un des traits
caractéristiques du comportement verbal est justement qu'il n'est pas
régi par des stimulus locaux définissables, ou par des états de besoin qu'on
pourrait identifier indépendamment. Dans les situations types, ce qui
est dit peut n'avoir aucune corrélation évidente avec les conditions de
l'environnement immédiat du locuteur, ni avec son histoire récente de
déprivation ou de récompense. Réciproquement, les situations où on
trouve ces corrélations (l'homme qui meurt de soif et qui articule « A
boire ») paraissent intuitivement très atypiques.
En vérité, il semble n'y avoir aucune preuve de l'affirmation que les
réponses linguistiques sont des réponses au sens strict. Il n'y a pas plus
de raisons de penser que la probabilité d'un énoncé « livre » est fonction
du nombre de livres dans l'environnement immédiat, qu'il n'y a de rai
sons de penser que la probabilité de renonciation du mot « personne » ou
« chose » est fonction du nombre de personnes ou de choses que le locu-
* Publié dans Journal Verbal Learning and verbal Behavior, vol. 4, 1965, pp. 73-
81. Reproduit avec l'autorisation de l'auteur et de la revue que nous remercions ici. 51
teur voit. En l'absence de preuves, ce qui fait adopter cette théorie, c'est,
d'une part, une confusion entre le sens strict de « réponse » (« acte corre-
lié à un stimulus ») et son sens large, où ce terme s'applique à toute par
celle de comportement, qu'elle soit correliée à un stimulus ou non; c'est,
d'autre part, une philosophie de la science, qui suppose à tort que c'est
enfreindre quelque règle fondamentale de la méthode scientifique que de
ne pas considérer tout comportement comme consistant en réponses au
sens strict. Mais on ne peut pas poser, pour les seules raisons méthodolog
iques, l'affirmation que le consiste uniquement en réponses.
Au contraire, une telle affirmation constitue une hypothèse empirique
extrêmement générale sur la manière dont le comportement est régi par
une stimulation locale définissable.
La seconde insuffisance des modèles S-R du langage résulte égal
ement de l'identification des verbalisations à des réponses. En laboratoire,
on dit qu'un organisme a maîtrisé une réponse quand on peut montrer
qu'il produit n'importe lequel d'un nombre indéfini d'actes fonctionnelle-
ment équivalents, dans les conditions de stimulation appropriées. Il est
essentiel de pouvoir définir une notion raisonnable d'équivalence fonctionn
elle, car on ne peut pas poser que, pour que deux actions soient des manif
estations d'une même réponse, il faut qu'elles aient les mêmes propriétés
observables ou la base physiologique. Ainsi un rat a « maîtrisé » la
réponse de pression de levier si, et seulement si, il a l'habitude de presser
le levier quand il est dans des conditions de privation de nourriture.
Qu'il presse le levier de la patte avant gauche ou de la patte avant droite,
que la pression soit de trois ou six grammes, cela n'a pas (ou peut ne pas
avoir) d importance. L'entraînement est mené jusqu'à un certain critère,
préalablement établi, d'homogénéité de performance; autrement dit nous nous
intéressons essentiellement aux aspects fonctionnels du comportement de
l'organisme. Nous admettons des différences entre des actions apparte
nant à une même réponse dans la mesure où chacune des variantes est
fonctionnellement équivalente à chacune des autres. En somme, on définit
une réponse de manière à établir une relation d'équivalence entre les
actions qui peuvent lui appartenir. Toute réponse pour laquelle une telle
relation n'a pas été établie est ipso facto mal décrite.
Nous avons suggéré qu'il n'est pas possible, en général, de détermi
ner les stimulus auxquels des réponses verbales sont correliées. On remar
quera maintenant qu'il n'est pas possible, en général, de déterminer quand
deux énoncés sont fonctionnellement équivalents, autrement dit, quand ils
sont des manifestations d'une même réponse verbale. On pourrait suppos
er que l'équivalence fonctionnelle des réponses verbales peut être établie
à partir de l'identité phonétique ou phonologique. En fait il n'en est
rien. Tout comme deux actions différentes physiologiquement peuvent
être des manifestations d'une même réponse de pression de levier, de
même deux énoncés différents phonologiquement peuvent être fonctionnel
lement équivalents pour un locuteur donné ou dans une langue donnée.
C'est le cas par exemple d'expressions synonymes comme « célibataire »
et « personne qui n'est pas mariée », « certainement » et « sans aucun
doute », etc. Réciproquement, tout comme une action n'est pas une manif
estation de la réponse de pression du levier (quelles que soient les ressem
blances qu'elle puisse avoir avec des actions qui le sont) si elle ne présente
pas la relation fonctionnelle voulue au levier, de même deux énoncés iden
tiques phonologiquement — comme « parti » dans (1) et (2) — peuvent
se révéler être des manifestations de réponses verbales tout à fait diffé
rentes, quand on prend en considération l'aspect syntaxique et l'aspect
sémantique : 52
(1) II adhère au parti communiste français.
(2) Son frère est à la campagne *.
Il semble donc que cette idée de rendre compte du comportement
verbal en termes de liaisons S-R ne soit justifiée ni du point de vue du
stimulus ni de celui de la réponse. Non seulement nous sommes général
ement incapables d'identifier les stimulus qui évoquent des réponses ver
bales, mais nous sommes également incapables de dire quand deux par
celles de comportement sont des manifestations de la même réponse et
quand elles ne le sont pas. On comprend tout de suite que la difficulté est
de taille quand on pense que le problème de la définition de l'équivalence
fonctionnelle pour les réponses verbales est étroitement lié au problème
de la définition de relations sémantiques comme la synonymie par exemple
— problème qui, comme on le sait, n'est pas résolu pour le moment (cf. Katz
et Fodor, 1963).
La troisième difficulté soulevée par l'identification des verbalisations à

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