Le théâtre de Marcellus et la sphère - article ; n°1 ; vol.111, pg 257-272
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1999 - Volume 111 - Numéro 1 - Pages 257-272
Bruno Poulle, Le théâtre de Marcellus et la sphère, p. 257-272. L'implantation atypique du théâtre de Marcellus ne peut se comprendre que par référence au temple d'Apollon in circo, avec lequel il forme un ensemble signifiant comparable à l'ensemble pompéien : en particulier, le fronton du temple, par rapport au théâtre, reproduit la mise en scène héroïsante du théâtre de Pompée. De plus, l'axe du théâtre de Marcellus est décalé de 24° par rapport à l'axe du temple d'Apollon, ce qui correspond à l'inclinaison de l'écliptique. Dans la mesure où les édifices théâtraux reproduisaient le cosmos (exemples des théâtres provisoires de Mummius et de Scaurus), le théâtre de Marcellus devait donner l'impression que le soleil accomplissait sa course annuelle en une journée : étaient ainsi inscrits dans l'espace urbain deux thèmes augustéens fondamentaux, l'abolition du temps dans l'âge d'or et la centralité de Rome par rapport au monde.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bruno Poulle
Le théâtre de Marcellus et la sphère
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 111, N°1. 1999. pp. 257-272.
Résumé
Bruno Poulle, Le théâtre de Marcellus et la sphère, p. 257-272.
L'implantation atypique du théâtre de Marcellus ne peut se comprendre que par référence au temple d'Apollon in circo, avec
lequel il forme un ensemble signifiant comparable à l'ensemble pompéien : en particulier, le fronton du temple, par rapport au
théâtre, reproduit la mise en scène héroïsante du théâtre de Pompée. De plus, l'axe du théâtre de Marcellus est décalé de 24°
par rapport à l'axe du temple d'Apollon, ce qui correspond à l'inclinaison de l'écliptique. Dans la mesure où les édifices théâtraux
reproduisaient le cosmos (exemples des théâtres provisoires de Mummius et de Scaurus), le théâtre de Marcellus devait donner
l'impression que le soleil accomplissait sa course annuelle en une journée : étaient ainsi inscrits dans l'espace urbain deux
thèmes augustéens fondamentaux, l'abolition du temps dans l'âge d'or et la centralité de Rome par rapport au monde.
Citer ce document / Cite this document :
Poulle Bruno. Le théâtre de Marcellus et la sphère. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 111, N°1. 1999. pp.
257-272.
doi : 10.3406/mefr.1999.2078
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1999_num_111_1_2078BRUNO POULLE
LE THÉÂTRE DE MARCELLUS ET LA SPHÈRE
Comme surimposée à la fonction utilitaire évidente des théâtres de
Rome au Ier siècle av. J.-C, leur symbolique, qui a fait l'objet d'é
tudes récentes systématiques1, est loin d'avoir été négligeable, au point,
peut-être, de justifier à elle seule des constructions colossalement dispen
dieuses. Il s'agissait d'inscrire dans l'espace, ne fût-ce que pour un temps, la
gloire de ces généraux vainqueurs dont les triomphes étaient l'occasion de
rivaliser de luxe. Le théâtre de Pompée, élément d'un ensemble monum
ental immense, premier théâtre permanent de Rome, délivrait un mes
sage politique et philosophique en tous points remarquable, dont les él
éments convergeaient vers l'héroïsation du triomphateur2. Le fait qui, au
fond, autorise une telle lecture symbolique est l'axialité générale, de la
quelle découle l'impression d'unité sémantique de tout le complexe archi
tectural. Mais dans le cas du théâtre de Marcellus, on ne retrouve pas, dans
l'ensemble qu'il forme avec le portique d'Octavie (et les deux temples qu'il
contient) et le temple d'Apollon, la même admirable ordonnance. La lec
ture d'un plan de la zone in circo laisse le sentiment que les monuments
sont simplement juxtaposés en fonction de l'espace disponible.
Pourtant, le théâtre de Marcellus constitue avec les monuments ad
jacents une sorte de réplique à l'ensemble pompéien; on y retrouve les él
éments canoniques, le portique, le temple et le théâtre, qui sont indisso-
1 Les travaux fondamentaux sur ce sujet sont ceux de P. Gros, La fonction sym
bolique des édifices théâtraux, dans L'Urbs. Espace urbain et histoire (Ier siècle av. J.-C.
- IIIe siècle ap. J.-C), Rome, 1987 {Collection de l'École française de Rome, 98), p. 319-
346, et de G. Sauron, Quis deum? L'expression plastique des idéologies politiques et
religieuses à Rome à la fin de la République et au début du Principat, Rome, 1994 (BE-
FAR, 285), en particulier p. 249 s.; je remercie G. Sauron qui a bien voulu relire le
présent article et me faire part de ses remarques.
2 Outre les études citées à la note précédente, voir G. Sauron, Le complexe pomp
éien du Champ de Mars, nouveauté urbanistique à finalité idéologique, dans L'Urbs
cit., p. 457-473, et F. Coarelli, // Campo Marzio, Rome, 1997 (avec bibliographie an
térieure).
MEFRA - 111 - 1999 - 1, p. 257-272. 258 BRUNO POULLE
ciables et dont toute interprétation doit tenir compte. Plusieurs faits ont
déjà été relevés, qui indiquent que les édifices de cette zone in circo fo
rment un ensemble dynastique : ainsi les noms qu'ont gardés les monum
ents; la date «augustéenne» de dédicace des temples (le 23 septembre);
l'unité décorative des différentes composantes; l'appropriation, ou la r
éappropriation de constructions antérieures, par le biais de la réfection; et,
principalement, le fait que les deux monuments qui existaient avant Au
guste, le portique d'Octavie et le temple d'Apollon, ont été remaniés en
même temps qu'était entreprise la construction du théâtre. Il est clair que
l'unité thématique profonde de cette zone «suppose une remarquable
concertation au niveau du projet»3.
L'absence d'alignement de l'ensemble n'en devrait paraître que plus
surprenante. Elle n'est en réalité qu'apparente. Il y a, de fait, un rapport
axial entre la valva regia du théâtre et la façade du temple d'Apollon4. Et il
semble bien que ce soit l'établissement de cet axe qui ait déterminé, d'une
part, l'emplacement du théâtre (qui n'aurait donc pas pu être décalé vers
l'ouest), et, d'autre part, le recul donné à la façade du temple lors de sa ré
fection5. En effet, compte tenu de la place disponible, le théâtre n'aurait
pas pu être plus grand sans renoncer à cet axe. Si le théâtre de Marcellus
est moins vaste que celui de Pompée, ce n'est pas tant à cause de la «mod
estie» d'Auguste, que par suite de la volonté, d'une part, de maintenir le
temple d'Apollon selon son orientation d'origine et, d'autre part, d'établir
une correspondance axiale avec ce temple.
Quel était l'intérêt de cet axe entre le milieu du temple et la valva regia ?
Sur la façade du temple d'Apollon, l'élément le plus remarquable était assu
rément le fronton (fig. 1), qui, en raison de l'étroitesse du passage entre les
deux monuments, ne pouvait être correctement aperçu que depuis les
étages du théâtre6. Or cette décoration induisait une signification symbol
ique qui n'est pas sans rappeler celle qui dominait l'ensemble architectural
de Pompée. Le fronton représentait le combat d'Hercule et de Thésée
contre les Amazones, sous la présidence d'Athéna; à côté de la déesse,
comme détachée d'elle, une Victoire couronnait Thésée7. Les exploits de
3 P. Gros, La fonction symbolique cit., p. 326-9 (en part. p. 327). Voir aussi
E. La Rocca, L'adesione senatoriale al consensus : i modi della propaganda augustea e
tiberiana nei monumenti in circo Flaminio, dans L'Urbs cit., p. 347-372.
4 J. A. Hanson, Roman theater-temples, Princeton, 1959, p. 22.
5 P. Gros, Aurea templa. Recherches sur l'architecture religieuse de Rome à l'
époque d'Auguste, Rome, 1976 (BEFAR, 231), p. 212.
6 E. La Rocca, Amazzonomachia. Le sculture frontonali del tempio di Apollo So-
siano, Rome, 1985, p. 24 (voir fig. 1).
7 Cf. la reconstitution faite par E. La Rocca, op. cit. LE THÉÂTRE DE MARCELLUS ET LA SPHÈRE 259
Illustration non autorisée à la diffusion
Fig. 1 - Rome. Fronton du temple d'Apollon in circo (d'après E. La Rocca,
Amazzonomachia cit.).
ces héros civilisateurs contre les barbares des extrémités du monde que
sont les Amazones pouvaient certes faire allusion à la victoire d'Actium :
les Égyptiens avaient en commun avec les femmes guerrières d'être dirigés
par une reine pour laquelle la propagande augustéenne n'avait pas de mot
assez dur. Mais on se souviendra aussi, que, déjà de son vivant, Marcellus
était comparé à Thésée, pour ses actions d'éclat contre les Cantabres,
comme en témoigne l'épigramme de Crinagoras (Anthologie Palatine, IX,
545, v. 4-6) :
[L'Hécalé de Callimaque chante] les travaux que Marathon imposa à Thés
ée. Puisses-tu acquérir la jeune force de son bras, ô Marcellus, et par une i
llustre vie égaler sa gloire8.
L'identification de Marcellus à Thésée (et, peut-être, de l'Hercule im
berbe à Auguste), ainsi que l'interprétation de l'amazonomachie comme un
thème de la v

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