Les « Années » et la rotation de la Terre - article ; n°3 ; vol.1, pg 119-145
29 pages
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Description

Histoire & Mesure - Année 1986 - Volume 1 - Numéro 3 - Pages 119-145
Le texte qui suit, tout en rappelant les conditions, assez confuses et sinueuses, d’élaboration du calendrier occidental, montre au contraire que l’astronomie contemporaine est parvenue à prouver que le temps physique lié aux divers mouvements de la Terre et des astres n’est ni fixe ni parfaitement expliqué : la durée du jour change, et il existe plusieurs manières de définir l’année, au sens physique du terme ; le mouvement de la Lune évolue également. Toutes ces variations ne prennent d’ampleur notable qu’à l’échelle des temps géologiques ; ce sont cependant ces modifications qui expliquent probablement le décalage de plusieurs heures entre les observations d’éclipses rapportées par les astronomes mésopotamiens ou égyptiens et les valeurs numériques de ces éclipses calculées à partir de paramètres supposés constants. On doit d’autre part méditer sur le fait, généralement ignoré, que pour l’instant on ne connaît pas suffisamment les facteurs qui entraînent le ralentissement du mouvement terrestre pour pouvoir prévoir cette évolution avec précision.La mesure du temps fait partie du socle de la science historique. Cette excursion dans le temps des astronomes permet à la fois de mieux comprendre l’évolution qui a créé ce qu’on s’imagine être « le » calendrier et d’apercevoir, à partir de l’exemple de l’astronomie actuelle, le caractère relatif à la notion de connaissance « exacte ». Ce texte, outre certaines liaisons avec l’archéologie et l’histoire ancienne, offre plus généralement un matériau pour une réflexion sur les relations entre temps géologique et temps historique.
The Year and the Earth’s Rotation The following text, while recalling the rather confused and sinuous conditions leading to the elaboration of the Western calendar, shows, on the contrary, that contemporary astronomy has succeeded in proving that physical time, linked to various movements of the Earth and the stars, is neither fixed nor perfectly explained: the length of a day changes, and there are several different ways of defining a year in the physical sense of the word; the movement of the Moon also evolves. All these variations only take on notable significance on the geological time scale; however, these modifications probably do account for the difference of several hours between the observations of eclipses reported by Mesopotamian or Egyptian astronomers and the numerical values of these eclipses calculated on the basis of parameters supposed constant. Moreover, further consideration should be given to the fact, generally not taken into account, that, for the moment, not enough is known about the factors that contribute towards the slowing down of the Earth’s movement to be able to predict this evolution accurately. The measurement of time is fundamental to historical science. This incursion into the astronomer’s vision of time can help to better understand the evolution which created what is imagined to be THE calendar, and to better appreciate, from the example of contemporary astronomy, how relative the notion of exact science is. This text, in addition to its bearing on archeology and ancient history, more generally offers concrete, first-rate food for thought on the relationship between geological time and historical time.
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean-Paul Parisot
Georges Lambert
Les « Années » et la rotation de la Terre
In: Histoire & Mesure, 1986 volume 1 - n°3-4. pp. 119-145.
Citer ce document / Cite this document :
Parisot Jean-Paul, Lambert Georges. Les « Années » et la rotation de la Terre. In: Histoire & Mesure, 1986 volume 1 - n°3-4.
pp. 119-145.
doi : 10.3406/hism.1986.1534
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hism_0982-1783_1986_num_1_3_1534Abstract
Jean-Paul Parisot and Georges Lambert. The « Year » and the Earth's Rotation.
The following text, while recalling the rather confused and sinuous conditions leading to the elaboration
of the Western calendar, shows, on the contrary, that contemporary astronomy has succeeded in
proving that physical time, linked to various movements of the Earth and the stars, is neither fixed nor
perfectly explained: the length of a day changes, and there are several different ways of defining a year
in the physical sense of the word ; the movement of the Moon also evolves. All these variations only
take on notable significance on the geological time scale ; however, these modifications probably do
account for the difference of several hours between the observations of eclipses reported by
Mesopotamian or Egyptian astronomers and the numerical values of these eclipses calculated on the
basis of parameters supposed constant. Moreover, further consideration should be given to the fact,
generally not taken into account, that, for the moment, not enough is known about the factors that
contribute towards the slowing down of the Earth's movement to be able to predict this evolution
accurately. The measurement of time is fundamental to historical science. This incursion into the
astronomer's vision of time can help to better understand the evolution which created what is imagined
to be THE calendar, and to better appreciate, from the example of contemporary astronomy, how
relative the notion of « exact » science is. This text, in addition to its bearing on archeology and ancient
history, more generally offers concrete, first-rate food for thought on the relationship between geological
time and historical time.
Résumé
Jean-Paul Parisot et Georges Lambert. Les « Années » et la rotation de la terre.
Le texte qui suit, tout en rappelant les conditions, assez confuses et sinueuses, d'élaboration du
calendrier occidental, montre au contraire que l'astronomie contemporaine est parvenue à prouver que
le temps
physique lié aux divers mouvements de la terre et des astres n'est ni fixe ni parfaitement expliqué : la
durée du jour change, et il existe plusieurs manières de définir l'année, au sens physique du terme ; le
mouvement de la lune évolue également. Toutes ces variations ne prennent d'ampleur notable qu'à
l'échelle des temps géologiques ; ce sont cependant ces modifications qui expliquent probablement le
décalage de plusieurs heures entre les observations d'éclipsés rapportées par les astronomes
mésopotamiens ou égyptiens et les valeurs numériques de ces éclipses calculées à partir de
paramètres supposés constants. On doit d'autre part méditer sur le fait, généralement ignoré, que pour
l'instant on ne connaît pas suffisamment les facteurs qui entraînent le ralentissement du mouvement
terrestre pour pouvoir prévoir cette évolution avec précision.
La mesure du temps fait partie du socle de la science historique. Cette excursion dans le temps des
astronomes permet à la fois de mieux comprendre l'évolution qui a crée ce qu'on s'imagine être le
calendrier et
d'apercevoir, à partir de l'exemple relatif à la notion de connaissance « exacte ». Ce texte, outre
certaines
liaisons avec l'archéologie et l'histoire ancienne, offre plus généralement un matériau pour une réflexion
sur les relations entre temps géologique et temps historique.Histoire & Mesure, 1986, 1-3/4, 119-146
Jean-Paul PARISOT et Georges LAMBERT
Les « Années » et la rotation de la terre
Dans le choix des critères de construction des calendriers, les
rythmes nous sont imposés par les principales manifestations des
phénomènes astronomiques : succession des jours et des nuits, cycle
saisonnier, retour des phases de lune,... Depuis que l'homme s'applique
à compter les jours, il a généré des systèmes plus ou moins complexes (les
calendriers) destinés à mesurer et comparer de grands intervalles de
temps et à constituer une chronologie commode. A côté de cette
préoccupation permanente, le besoin s'est fait sentir de définir des
chronologies plus techniques dans des domaines variés nécessitant
l'enregistrement et la comparaison d'événements éloignés dans le temps :
Histoire, Astronomie, Archéologie...
Toute manipulation de données communes à plusieurs de ces
domaines pose le problème de fond des concordances des différentes
chronologies : les problèmes techniques du choix de l'origine (liens entre
les dates B.P., B.C., avant J.-C.,...) masquent une autre difficulté qui est
celle de l'unité d'année utilisée dans le décompte des années : s'agit-il
d'années calendaires, tropiques, sidérales,... ? L'astronomie nous
apprend que toutes ces années présentent le défaut d'être variables ;
variabilité liée à des phénomènes complexes comme la précession des
equinoxes ou plus simplement à la variation de la durée du jour !
Le but de cet article est de préciser les différentes échelles de temps
habituellement rencontrées dans les problèmes de datation*. Une
mention particulière doit être apportée à notre calendrier et à son
précurseur (le calendrier julien) sur lesquels repose la chronologie dite
historique (dates avant J.-C, après J.-C, B.P., A.D.) utilisée universel
lement.
119 & Mesure Histoire
I. Un calendrier vieux de 20 siècles
Notre calendrier actuel dit « grégorien » doit son nom au pape
Grégoire XIII qui en fit établir les règles au 16ème siècle. Il représente en
fait une simple amélioration d'un calendrier beaucoup plus ancien mis en
place en l'an 708 de Rome sur l'ordre de Jules César qui décida que le
futur calendrier romain ne tiendrait plus compte de la Lune dont le
mouvement (la lunaison de 29,5 jours) servait de référence à presque
tous les calendriers anciens (celte, grec, égyptien,...).
L'année primitive de Rome dite de « Romulus » contient 10 mois et
ce n'est que plus tard que l'année s'agrandit avec les deux mois
supplémentaires de Janvier et Février, ce qui est resté apparent dans les
TABLEAU I
Evolution de l'année dans le calendrier romain
Romulus » Calendrier dit « de
Martius 31 jours Sextilis 30 jours
Aprilis 30 September 30
Maius 31 jours October 31 jours
Junius 30 November 30
Quintilis 31 jours December 30 jours
304
(700-600 avant J.-C.)
Martius 31 jours September 29 jours
Aprilis 29 October 31
Maius 31 jours November 29 jours
Junius 29 December 29
Quintilis 31 jours Januarius 29 jours
Sextilis 29 Februarius 28
355 jours
Calendrier julien (46 avant J.-C.)
Janvier 31 jours Quintilis 31 jours
Février 29 Sextilis 30
Mars 31 jours September 31 jours
Avril 30 October 30
Mai 31 jours November 31 jours
Juin 30 December 30
+ 1 jour tous les 4 ans en Février
120 Jean-Paul Parisot et Georges Lambert
noms des mois qui semblent décalés : (Sept)embre, (Octo)bre,
(Nov)embre et (Déc)embre. Avec cette année de 355 jours, il manque 10
jours pour se raccorder à l'année d'une durée moyenne de 365,2422
jours. Ce calendrier lunaire aurait fait vagabonder les saisons à un
rythme fort rapide si Ton n'avait pas pris de précautions. C'est la raison
pour laquelle, tous les deux ans les Romains intercalent un mois
supplémentaire de 22 jours « Mercédonius » placé curieusement entre le
23 et le 24 Février. Le choix de cette date s'explique par le fait que le « 23
Février» était le jour des fêtes de fin d'année, Terminalia,
Avant la réforme imposée par Jules César, Rome connaissait un
véritable désordre dans le décompte des jours et des années et c'est
pourquoi la réforme de César réussit aussi bien. Pour une grande part, le
droit d'intervention des Pontifes qui faisaient du calendrier un puissant
moyen de fraude (avance et retard des échéances, prolongation de
magistratures,...) avait conduit à un décalage complet

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