Les « Coolies de l Empire » dans la Caraïbe - article ; n°3 ; vol.2, pg 83-103
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Description

Revue européenne de migrations internationales - Année 1986 - Volume 2 - Numéro 3 - Pages 83-103
Les « Coolies de l'Empire » dans la Caraïbe.
Yves CHARBIT
Immédiatement après l'abolition de l'esclavage, près d'un demi-million d'Indiens furent introduits dans la Caraïbe comme travailleurs sur les plantations. Les Guyanais, Trinidadiens, Guadeloupéens et Martiniquais d'origine indienne constituent un exemple intéressant d'adaptation partielle à un nouvel environnement. Leurs caractéristiques socio-culturelles qui étaient incompatibles avec les contraintes du système de la plantation furent balayées ou modifiées, alors que d'autres ne furent pas altérées. Les sociologues et les anthropologues ont noté dans les années 1950 et 1960 que l'adaptation partielle des Indiens portait sur la pratique religieuse, la culture du riz et l'endogamie de caste, tandis que la structure et les rôles familiaux n avaient pas changé. Les enquêtes démographiques réalisées vers 1975 montrent que l'adaptation touche maintenant la nuptialité et la famille, probablement du fait de la modernisation. Les facteurs économiques sont donc prééminents dans les changements socio-culturels. Finalement cet article montre qu'une approche pluri-disciplinaire est indispensable pour décrire correctement et comprendre le processus d'adaptation.
The « Coolies of the Empire » in the Caribbean Region.
Yves CHARBIT
Immediately after the abolition of slavery, nearly half a million East-Indians were introduced as workers on the Caribbean plantations. The Guyanese, Trinidadian, Guadeloupean and Martiniquese populations of East-Indian origin provide an interesting case of partial adaptation to a new environment. Their social and cultural characteristics which were not compatible with the constraints of the plantation system were either swept out or modified, while others remained unchanged.
As sociologists and anthropologists observed in the 1950s and 1960s, their partial adaptation extends to religious practice, the growing of rice, and cast-endogamy, whereas family patterns and roles were apparently unchanged. Demographic surveys undertaken in the mid 1970s reveal that adaptation has now altered nuptiality and family patterns, probably due to modernization. Economic factors are thus the major cause of the observed changes. The paper finally shows that a pluridisciplinary approach is needed to correctly describe and understand the process of adaptation.
Los « Coolies del Imperio » en el Caribe.
Yves CHARBIT
Inmediatamente después de la abolición de la esclavitud, cerca de medio millón de hindúes fueron introducidos en el Caribe como trabajadores en las plantaciones. Los habitantes de origen hindú de la Guyana, Trinidad, Guadalupe y Martinica constituyen un ejemplo interesante de adaptación parcial a un nuevo ambiente. Sus características socio-culturales que eran incompatibles con las imposiciones del sistema de la plantación fueron modificadas, en cambio otras ni siquiera fueron alteradas. Los sociólogos y los antropólogos notaron, entre los años 1950 y 1960 que la adaptación parcial de los hindúes tenía que ver con la práctica religiosa, la cultura del arroz, la endogamia de castas ; en cambio, la estructura y los papeles familiares no habían cambiado. Las encuestas demográficas realizadas hacia 1975 muestran que la adaptación concierne ahora la nupcialidad y la familia, probablemente debido a la modernización. Los factores económicos son, pues, preeminentes en los cambios socio-culturales, pero en el contexto muy particular de estas antiguas colonias, las teorías clásicas de la integración no se verifican.
Finalmente este artículo muestra que un estudio pluridisciplinario es indispensable para describir correctamente y comprender el proceso de adaptación.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Yves Charbit
Les « Coolies de l'Empire » dans la Caraïbe
In: Revue européenne de migrations internationales. Vol. 2 N°3. Décembre. pp. 83-103.
Citer ce document / Cite this document :
Charbit Yves. Les « Coolies de l'Empire » dans la Caraïbe. In: Revue européenne de migrations internationales. Vol. 2 N°3.
Décembre. pp. 83-103.
doi : 10.3406/remi.1986.1114
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remi_0765-0752_1986_num_2_3_1114Résumé
Les « Coolies de l'Empire » dans la Caraïbe.
Yves CHARBIT
Immédiatement après l'abolition de l'esclavage, près d'un demi-million d'Indiens furent introduits dans la
Caraïbe comme travailleurs sur les plantations. Les Guyanais, Trinidadiens, Guadeloupéens et
Martiniquais d'origine indienne constituent un exemple intéressant d'adaptation partielle à un nouvel
environnement. Leurs caractéristiques socio-culturelles qui étaient incompatibles avec les contraintes
du système de la plantation furent balayées ou modifiées, alors que d'autres ne furent pas altérées. Les
sociologues et les anthropologues ont noté dans les années 1950 et 1960 que l'adaptation partielle des
Indiens portait sur la pratique religieuse, la culture du riz et l'endogamie de caste, tandis que la structure
et les rôles familiaux n avaient pas changé. Les enquêtes démographiques réalisées vers 1975
montrent que l'adaptation touche maintenant la nuptialité et la famille, probablement du fait de la
modernisation. Les facteurs économiques sont donc prééminents dans les changements socio-
culturels. Finalement cet article montre qu'une approche pluri-disciplinaire est indispensable pour
décrire correctement et comprendre le processus d'adaptation.
Abstract
The « Coolies of the Empire » in the Caribbean Region.
Yves CHARBIT
Immediately after the abolition of slavery, nearly half a million East-Indians were introduced as workers
on the Caribbean plantations. The Guyanese, Trinidadian, Guadeloupean and Martiniquese populations
of East-Indian origin provide an interesting case of partial adaptation to a new environment. Their social
and cultural characteristics which were not compatible with the constraints of the plantation system were
either swept out or modified, while others remained unchanged.
As sociologists and anthropologists observed in the 1950s and 1960s, their partial adaptation extends to
religious practice, the growing of rice, and cast-endogamy, whereas family patterns and roles were
apparently unchanged. Demographic surveys undertaken in the mid 1970s reveal that adaptation has
now altered nuptiality and family patterns, probably due to modernization. Economic factors are thus the
major cause of the observed changes. The paper finally shows that a pluridisciplinary approach is
needed to correctly describe and understand the process of adaptation.
Resumen
Los « Coolies del Imperio » en el Caribe.
Yves CHARBIT
Inmediatamente después de la abolición de la esclavitud, cerca de medio millón de hindúes fueron
introducidos en el Caribe como trabajadores en las plantaciones. Los habitantes de origen hindú de la
Guyana, Trinidad, Guadalupe y Martinica constituyen un ejemplo interesante de adaptación parcial a un
nuevo ambiente. Sus características socio-culturales que eran incompatibles con las imposiciones del
sistema de la plantación fueron modificadas, en cambio otras ni siquiera fueron alteradas. Los
sociólogos y los antropólogos notaron, entre los años 1950 y 1960 que la adaptación parcial de los
hindúes tenía que ver con la práctica religiosa, la cultura del arroz, la endogamia de castas ; en cambio,
la estructura y los papeles familiares no habían cambiado. Las encuestas demográficas realizadas
hacia 1975 muestran que la adaptación concierne ahora la nupcialidad y la familia, probablemente
debido a la modernización. Los factores económicos son, pues, preeminentes en los cambios socio-
culturales, pero en el contexto muy particular de estas antiguas colonias, las teorías clásicas de la
integración no se verifican.
Finalmente este artículo muestra que un estudio pluridisciplinario es indispensable para describir
correctamente y comprender el proceso de adaptación.83
Revue Européenne
des Migrations Internationales
Volume 2 - N° 3
Décembre 1986
Les « coolies de l'Empire »
dans la Caraïbe
Yves CHARBIT
Dès l'abolition de l'esclavage, en 1834 dans les colonies
britanniques et en 1848 en Guadeloupe et Martinique, l'économie de plantation fut
brutalement confrontée à un risque aigu de pénurie de main-d'œuvre, les esclaves
nouvellement affranchis délaissant les exploitations des planteurs blancs pour
s'établir comme petits paysans. Très rapidement, les différentes colonies firent
appel à une main-d'œuvre de remplacement, essentiellement constituée de travail
leurs originaires de l'Inde, que l'on appela plus tard les « coolies de l'Empire ».
Près d'un demi-million d'hommes et de femmes, adultes pour la plupart, furent
introduits dans la Caraïbe entre 1834 et 1918 et cette immigration a fait souche et a
laissé des traces démographiques durables : au recensement de 1970, les personnes
d'origine indienne étaient majoritaires (51 %) en Guyana et représentaient 42 % de
la population trinidadienne. Malheureusement, la répartition ethnique n'étant pas
connue dans le reste de la Caraïbe, même là où l'immigration indienne fut import
ante (Guadeloupe, Martinique notamment), on peut seulement estimer ce groupe
ethnique à un million de personnes pour l'ensemble de la région.
Sociologiquement, la population d'origine indienne est un exemple particuli
èrement intéressant d'adaptation à un nouvel environnement. Cet article montrera
d'abord que les communautés d'origine indienne ont gardé une forte cohésion
socio-culturelle, le facteur économique, et plus précisément le système économique
de la plantation, jouant un rôle décisif dans les transformations qui se sont opérées.
Certaines caractéristiques socio-culturelles ont pu survivre à l'émigration parce
qu'elles étaient compatibles avec l'économie de plantation. D'autres, au contraire,
se sont considérablement affaiblies. Enfin, quelques éléments ont été empruntés à
la culture de la société d'accueil et ont donné lieu à une réinterprétation syncréti-
que. L'adaptation se mesure aussi par rapport à la population non-indienne, dite
« d'origine africaine » ou « créole » : les structures familiales et la nuptialité des
Indiens, bien qu'originales, ont été caractérisées, au cours des vingt dernières
années, par un rapprochement avec le modèle dominant dans la Caraïbe. Nous
mettrons en évidence l'évolution des comportements démographiques à Trinidad
et en Guyana. '
.
N° 1 CARTE
Le Bassin caraïbe
OCEAN ATLANTIQUE
Tropique du Cancer
1 Belize Honduras le Jamaïqu , - Republique - Guadeloupe
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Illustration non autorisée à la diffusion
OCEAN PACIFIQUE !
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■ Coolies de l'Empire • dans la Caraïbe Les
L'IMMIGRATION
LES DONNEES
Les Indiens ont constitué l'essentiel de l'immigration dans les colonies britan
niques entre 1834 et 1918 : 429 623 sur 536 310, soit 80,1 %. Les autres migrants
venaient surtout de Madère et des Açores, d'Afrique et de Chine (tableau 1). La
Guyane Britannique, Trinidad, et dans une bien moindre mesure la Jamaïque, en
ont reçu la majeure partie au point que Roberts a pu écrire que « l'immigration
indienne a dominé le régime de la croissance démographique à Trinidad et en
Guyane Britannique » (1957 : 128). Harewood (1975 : 15-17) confirme cette opi
nion pour l'île de Trinidad proprement dite (tableau 2). Les chiffres relatifs à
l'accroissement naturel manquent pour la période 1844-1871, mais il est clair que le
nombre total des entrées correspond presqu'exactement à la croissance de la popul
ation (49 200 et 49 800 respectivement). Pour les deux premières périodes décen
nales (1851-1861 et 1861-1871), l'immigration est plus importante que l'accroiss
ement total : elle a donc compensé en partie un déficit naturel. Entre 1871 et 1911,
l'imm

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