Les formes de l innovation dans les services de conseil - article ; n°1 ; vol.57, pg 25-45
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Revue d'économie industrielle - Année 1991 - Volume 57 - Numéro 1 - Pages 25-45
The existing studies on innovation in service industries, and especially in consultancy services, are often enjailed by concepts developed for manufacturing activities. The classical features assigned to technological innovation (novelty, risk, appropriability, reproducibility as well as the distinction between output and process) don't fit with the specificities generally assigned to consultancy (immateriality, interactivity and simultaneity). For that reason, there is a great need to revisit the analytical view point. This makes it necessary first to identify the specific forms of innovation in consultancy. In this paper we offer a typology of these forms of innovation which is based on an « information-knowledge linkage » criterium. This view is supported by a wide empirical study of more than one hundred indepth interviews in three countries and six types of consultancy activities.
Les recherches sur l'innovation dans les services et notamment les services de type conseil, quand elles existent, sont souvent prisonnières de concepts forgés pour une économie des biens. Les caractéristiques traditionnellement attribuées à l'innovation technologique à savoir : la nouveauté, le risque, l'appropriabilité, la reproductibilité et la distinction produit-process se heurtent aux spécificités des activités de conseil. Un changement de perspective analytique est nécessaire qui passe en premier lieu par l'identification des formes d'innovation propres au conseil. Cet article propose donc une typologie de celles-ci, bâtie notamment sur le critère de « relation à l'information-connaissance » et issue d'un important travail empirique (plus d'une centaine d'entretiens, dans trois pays et six types de conseil).
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Faïz Gallouj
Les formes de l'innovation dans les services de conseil
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 57. 3e trimestre 1991. pp. 25-45.
Abstract
The existing studies on innovation in service industries, and especially in consultancy services, are often enjailed by concepts
developed for manufacturing activities. The classical features assigned to technological innovation (novelty, risk, appropriability,
reproducibility as well as the distinction between output and process) don't fit with the specificities generally assigned to
consultancy (immateriality, interactivity and simultaneity). For that reason, there is a great need to revisit the analytical view point.
This makes it necessary first to identify the specific forms of innovation in consultancy. In this paper we offer a typology of these
forms of innovation which is based on an « information-knowledge linkage » criterium. This view is supported by a wide empirical
study of more than one hundred indepth interviews in three countries and six types of consultancy activities.
Résumé
Les recherches sur l'innovation dans les services et notamment les services de type conseil, quand elles existent, sont souvent
prisonnières de concepts forgés pour une économie des biens. Les caractéristiques traditionnellement attribuées à l'innovation
technologique à savoir : la nouveauté, le risque, l'appropriabilité, la reproductibilité et la distinction produit-process se heurtent
aux spécificités des activités de conseil. Un changement de perspective analytique est nécessaire qui passe en premier lieu par
l'identification des formes d'innovation propres au conseil. Cet article propose donc une typologie de celles-ci, bâtie notamment
sur le critère de « relation à l'information-connaissance » et issue d'un important travail empirique (plus d'une centaine
d'entretiens, dans trois pays et six types de conseil).
Citer ce document / Cite this document :
Gallouj Faïz. Les formes de l'innovation dans les services de conseil. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 57. 3e trimestre
1991. pp. 25-45.
doi : 10.3406/rei.1991.1375
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1991_num_57_1_1375Faïz GALLOUJ
LES FORMES DE L'INNOVATION
DANS LES SERVICES DE CONSEIL (*)
INTRODUCTION
L'innovation technologique dans son rapport à la production industrielle,
est un champ d'étude qui a fait et fait encore l'objet de travaux nombreux
et importants. Tel n'est pas le cas de l'innovation relative aux services et tout par
ticulièrement à ceux d'entre eux dont les prestations sont les plus intensives en
informations et en connaissances.
L'explication de ce phénomène réside en partie dans les caractéristiques mêmes
du conseil qui conduisent certains auteurs mais aussi certains consultants à nier
l'existence de l'innovation dans ce type d'activité.
Dans la nébuleuse des services, en effet, le conseil est généralement reconnu
comme le « service par excellence », c'est-à-dire celui qui réunit au plus haut degré
les attributs théoriques de cette catégorie, qu'on peut résumer par la trilogie : immaté
rialité, interactivité, immédiateté (c'est-à-dire simultanéité des processus de pro
duction et de consommation du service et donc non stockabilité).
En réalité, les rapports du conseil à la matérialité, à l'interactivité et à l'immé-
diateté ne sont pas mécaniques et univoques mais dynamiques et hétérogènes. On
ne peut pas dire, par exemple, que le conseil est immatériel et non stockable mais
qu'il jouit (ou peut jouir) de formes de matérialité et de stockabilité différentes
de celles des biens (F. Gallouj, 1990).
(*) Cet article est issu d'une recherche financée par le ministère de la Recherche et de la Technolog
ie. 11 se fonde en partie sur 142 entretiens approfondis réalisés en France, aux États-Unis et
aux Pays-Bas auprès des responsables de firmes de conseil dans les secteurs suivants : juridique,
gestion des ressources humaines, stratégie, organisation, informatique, expertise et audit
comptable.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 57, 3e trimestre 1991 25 il est vrai que ces caractéristiques interpellent la vision classique Néanmoins,
de l'innovation telle qu'elle est conceptualisée dans l'économie des biens, notam
ment au travers des notions de nouveauté, de risque, de degré d'appropriation
et de distinction produit-process (§ I).
Le raisonnement qui consiste, sur cette base, à nier ou sous-estimer l'innova
tion interne (1) du conseil ou à la limiter à la diffusion de l'innovation technologi
que du secteur secondaire (et notamment à la de l'informatique) nous
semble abusif et relever d'une vision technologiste et industrialiste de l'activité créa
tive. L'innovation interne des services (§ II) et parmi eux du conseil revêt, en effet,
selon nous, des formes que de telles visions s'avèrent incapables d'appréhender
(§ III).
Cette question de l'innovation dans les services est d'autant plus importante
qu'elle n'est pas sectoriellement circonscrite. Elle ouvre ainsi à l'économie indust
rielle des pistes de réflexion prometteuses. Si, en effet, pendant longtemps, la théor
ie économique avait cru tenir dans la trilogie : immatérialité, interactivité et simul
tanéité, les caractéristiques « intrinsèques », « naturelles » des services, on cons
tate aujourd'hui la montée de ces trois caractéristiques dans la production des biens,
qui deviendrait du même coup une « production de services ». Les spécialistes du
marketing (Levitt, 1972) de même que les sociologues et les chercheurs en gestion
(Crozier, Normann, Tardy, 1982) et les économistes (Zarifian, 1987) aboutissent
à ce même constat. L'essor de toutes les catégories de biens dits « jetables », par
exemple, est un indice parmi bien d'autres de la prédominance du service « rendu »
sur la matérialité (jetable). On peut de même, interpréter la montée en force de
la fonction marketing dans l'entreprise comme la poussée d'une certaine forme
d'interactivité entre clients et producteurs. Certains auteurs parlent même de « dé
matérialisation » des économies industrielles (Lanvin, 1988). C'est ainsi que la comp
étitivité du secteur automobile reposerait aujourd'hui davantage sur des éléments
tels que le design, l'organisation, le marketing (Larson, Ross, Williams, 1986).
Cette « dimension servicielle » de l'industrie permet en outre, face à la pauvreté
de la littérature sur l'innovation dans les services, une approche méthodologique
intéressante qui consiste à analyser la dimension « service » dans l'activité indust
rielle et à en tirer des conclusions quant à l'innovation dans les services (Meyers,
1984).
I. — CARACTERISTIQUES DE L'INNOVATION ET ATTRIBUTS
DU CONSEIL
Le concept d'innovation référencé aux biens s'est développé autour d'un cer
tain nombre de critères comme l'appropriation, la reproductibilité, le progrès, la
distinction produit-process et surtout la nouveauté et le risque. La mise en pers
pective de ces caractéristiques avec les attributs du conseil soulève un certain nombre
de questions qui conduisent à émettre des réserves quant à la pertinence des outils
conceptuels traditionnels pour l'analyse de l'innovation de conseil.
(1) La notion d'innovation interne correspond à la production d'innovations par les activités de ser
vice elles-mêmes, qu'il s'agisse d'innovations de « back office » ou de « front-office ». Elle s'oppose
à la simple adoption d'innovations technologiques.
26 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 57, 3e trimestre 1991 — Caractéristiques traditionnelles de l'innovation A
Le principal critère généralement retenu pour définir l'innovation est celui de
« nouveauté » (2). D'inspiration schumpeterienne, le concept de nouveauté a long
temps été considéré dans sa dimension de « rupture » dans le système, en liaison
avec la théorie des cycles. Dans ce contexte, il entretient, par conséquent, des liens
très étroits avec la notion de risque.
Très rapidement, les théoriciens de l'économie mais surtout de la gestion (plus
préoccupés de problèmes microéconomiques) ont se

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