Les industries alimentaires italiennes, allemandes et françaises depuis les années 50 : convergences et différences - article ; n°1 ; vol.44, pg 66-80

Antonella Corsani

Description

Revue d'économie industrielle - Année 1988 - Volume 44 - Numéro 1 - Pages 66-80
Le but de cette étude est de mettre en évidence la similitude dans le mode de développement des IAA italiennes, françaises et allemandes et de dégager les facteurs de différenciation.
Cette étude repose sur l'hypothèse que la transformation des IAA s'explique avant tout par la dynamique globale de développement propre à chaque système économique.
L'analyse macro-économique des facteurs de la croissance permet de montrer qu'il y a eu convergence en termes de logique de transformation des IAA. Cependant il existe de fortes différences dans les rythmes ainsi que dans l'intensité de la transformation. Les spécificités du développement socio-économique global des trois pays peuvent rendre compte des différences structurelles, encore aujourd'hui importantes, entre les IAA italiennes, françaises et allemandes.
This study seeks to bring out similarities in the growth patterns of agro-food industries in Italy, France and West Germany, and also to point up those factors accounting for differences. This study is based on the assumption that change within the agro-food industry can be chiefly macro-economic analysis of the factors of growth shows some correlation as regards the forces activating change within the agro-food industry. However, both the rates and the thoroughness of change differ widely. The particular circumstances of overall socio-economic development in each of the three countries may explain structural differences which remain appreciable between the agro-food industries in Italy, France and West Germany.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_D-ECONOMIE_INDUSTRIELLE
• Publié le: 01 janvier 1988
• Nombre de lectures: 6
• Langue: Français
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Extrait

Antonella Corsani
Les industries alimentaires italiennes, allemandes et françaises
depuis les années 50 : convergences et différences
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 44. 2e trimestre 1988. pp. 66-80.
Résumé
Le but de cette étude est de mettre en évidence la similitude dans le mode de développement des IAA italiennes, françaises et
allemandes et de dégager les facteurs de différenciation.
Cette étude repose sur l'hypothèse que la transformation des IAA s'explique avant tout par la dynamique globale de
développement propre à chaque système économique.
L'analyse macro-économique des facteurs de la croissance permet de montrer qu'il y a eu convergence en termes de logique de
transformation des IAA. Cependant il existe de fortes différences dans les rythmes ainsi que dans l'intensité de la transformation.
Les spécificités du développement socio-économique global des trois pays peuvent rendre compte des différences structurelles,
encore aujourd'hui importantes, entre les IAA italiennes, françaises et allemandes.
Abstract
This study seeks to bring out similarities in the growth patterns of agro-food industries in Italy, France and West Germany, and
also to point up those factors accounting for differences. This study is based on the assumption that change within the agro-food
industry can be chiefly macro-economic analysis of the factors of growth shows some correlation as regards the forces activating
change within the agro-food industry. However, both the rates and the thoroughness of change differ widely. The particular
circumstances of overall socio-economic development in each of the three countries may explain structural differences which
remain appreciable between the agro-food industries in Italy, France and West Germany.
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Corsani Antonella. Les industries alimentaires italiennes, allemandes et françaises depuis les années 50 : convergences et
différences . In: Revue d'économie industrielle. Vol. 44. 2e trimestre 1988. pp. 66-80.
doi : 10.3406/rei.1988.2217
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1988_num_44_1_2217Les industries alimentaires italiennes,
allemandes et françaises depuis les années 1950 :
convergences et différences
Antonella CORSANI
Chercheur auprès de PINRA
INTRODUCTION
L'internationalisation de plus en plus importante des marchés, des technolog
ies, des produits et des capitaux dans le secteur alimentaire est à la fois l'indica
teur et un des facteurs explicatifs d'un processus de convergence des systèmes al
imentaires. Toutefois les pays européens semblent être à des stades différents dans
ce processus. Des différences importantes demeurent, elles s'expriment de façon
synthétique dans le poids relatif des dépenses alimentaires dans le revenu des
ménages.
Le but de cette étude est d'abord de vérifier, à partir d'une analyse sur longue
période (1950-1980) sur trois pays européens (Italie, France et RFA), dans quelle
mesure on peut effectivement parler de convergence ou de similitude et quels ont
été les facteurs de différenciation.
Cette étude repose sur l'hypothèse que la transformation des IAA, qui est au
cœur de la transformation plus globale des systèmes alimentaires, s'explique avant
tout par la dynamique globale de développement propre à chaque système écono
mique (Combris P., Gallezot J., Persuy P., Nefussi J., 1985). Les rapports avec
l'agriculture et les conditions de la production dans ce secteur ne seraient donc
qu'un facteur d'accélération du processus de transformation de l'industrie aliment
aire mais ils n'en expliqueraient pas sa logique. De plus, les spécificités des modes
de développement propres à chaque économie, dans une tendance générale au ra
pprochement des économies occidentales, peuvent rendre compte des différences
actuelles.
En faisant abstraction de l'hétérogénéité du secteur alimentaire (car nous som
mes intéressés pour l'instant à saisir uniquement le mouvement global de l'indust
rie alimentaire face aux autres secteurs industriels) et en ne prenant pas en compte
pour l'instant l'évolution des marchés extérieurs nous proposons ici une compar
aison de la logique de transformation des industries alimentaires dans les trois
pays pour mettre en évidence comment les dynamiques globales peuvent rendre
compte à la fois du processus de convergence et des différences nationales.
66 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE - n° 44, 2» trimestre 1988 — LA TRANSFORMATION DE L'INDUSTRIE ALIMENTAIRE : UNE 1.
MÊME TENDANCE MAIS DES DÉCALAGES IMPORTANTS
Depuis la fin des années 40, la croissance de la valeur ajoutée en volume dans
les secteurs industriels traduit un intense processus d'industrialisation. Dans les
trois pays analysés, les industries agro-alimentaires participent au même mouve
ment de transformation. Caractérisées par un faible taux de valeur ajoutée, les
IAA perdent ainsi progressivement leur profil artisanal et commercial. Cependant
dans les trois pays ce processus se réalise à des époques et avec des rythmes
différents.
En France et en Italie, ce processus n'est pas encore amorcé pendant les années
50. Ce n'est qu'à partir des années 60 que se manifeste un mouvement d'indust
rialisation du secteur alimentaire que l'on peut observer à travers une forte crois
sance de la valeur ajoutée. Toutefois derrière cette apparente similitude il existe
une différence importante : en Italie, les industries alimentaires se transforment
par rapport aux autres secteurs avec un retard plus important qu'en France.
En effet au cours de la période où s'opère la plus forte restructuration de l'appar
eil productif italien (1951-1960), la valeur ajoutée ne s'accroît que de 67 °7o dans
les IAA alors qu'elle augmente deux fois plus (132 °/o) dans les industries des biens
d'équipement et intermédiaires. Ce n'est qu'au cours des années 60 que la ten
dance s'inverse : la valeur ajoutée y augmente même plus rapidement que dans
les autres industries. En France, à la différence de l'Italie, le bouleversement le
plus profond de l'industrie se manifeste au cours des années 60 et les IAA suivent
le mouvement général. La RFA connaît en revanche un sort différent de ces deux
pays : c'est surtout de 1950 à 1960 que l'on observe dans l'ensemble de l'industrie
une très forte croissance de la valeur ajoutée (+ 177 %), et les IAA (+ 127 °7o)
suivent le mouvement global.
Dans la première période (1950-1960), l'héritage du passé a sans doute joué un
rôle important, ce qui peut expliquer partiellement les décalages temporels obser
vés entre les trois pays. En effet à la sortie de la guerre, le poids de l'agriculture
dans l'économie allemande était faible alors que l'appareil industriel était déjà
très puissant. L'Italie et la France avaient par contre une économie encore très
fortement agricole et le tissu de petites unités productives de transformation étro
itement liées à l'agriculture était très étendu. A la sortie de la guerre, le tissu pro
ductif italien a hérité d'une industrie textile et d'une industrie alimentaire déve
loppées sur tout le territoire national. Ces industries conservaient cependant un
caractère artisanal marqué : elles ne constituaient pas des secteurs dynamiques
et modernes. En dépit de leur moindre développement, les autres secteurs indust
riels offraient des bases limitées, mais effectives pour le développement d'une
production de masse. Sur ces bases et grâce à l'aide américaine, l'industrie ita
lienne s'engage dans un processus de modernisation de son appareil productif indust
riel qui ne concerne que très peu les IAA. Les efforts se portent surtout sur les
industries productrices de biens de consommation durable pour lesquelles les débou
chés sont garantis par la dynamique favorable du marché mondial. L'agriculture
était un secteur important en termes de poids dans l'économie nationale mais en
difficulté et dont les capacités d'offre étaient assez limitées alors qu'en France
l'agriculture présentait déjà un fort potentiel productif.
Au-delà des situations de départ qui peuvent rendre compte dans une certaine
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE - n° 44, 2» trim—tn 1988 67 des différences constatées, nous retenons une tendance commune des trois