Les liens de dépendance, à l époque pré-coloniale, chez les Touaregs de l Imannen (Niger) - article ; n°1 ; vol.21, pg 111-129
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Les liens de dépendance, à l'époque pré-coloniale, chez les Touaregs de l'Imannen (Niger) - article ; n°1 ; vol.21, pg 111-129

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Description

Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée - Année 1976 - Volume 21 - Numéro 1 - Pages 111-129
Née de la rencontre, sur la frange méridionale du Sahel, de vagues migratoires éparses, la société touarègue de l'Imanne'n connaît dès l'époque précoloniale une rapide sédentarisation. Ses structures socio-économiques, en pleine transformation, présentent des traits spécifiques par rapport à celles des groupes nomades. L'étude d'une telle évolution passe par la compréhension des déterminations réciproques entre les conditions changeantes de la production (accentuation de la suprématie militaire, développement de l'agriculture . . .) et les possibilités de reproduction du système social envisagées ici dans le cadre du processus de transformation des liens de dépendance (esclavagiste, tributaire et de clientèle) à travers lesquels est réalisé l'ensemble des activités productives.
The Imanne'n Tuareg society, developed from the fusion of scattered migratory waves along the southern edge of the Sahel, is characterized, since precolonial times, by as of rapid sedentarization. The socio-economic structure, which is undergoing a full-scale process of transformation, exhibits specific features compared to those of nomadic tribes. The study of such an evolution implies the understanding of the reciprocal determinations between the changing conditions of production (stress on military supremacy, growth of agriculture . . .) and the possibilities of reproduction of the social system, examined here within the framework of the process of change that affects the dependency relationships (slavery, tributary and clientèle-type relationships) which govern the totality of production activities.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Henri Guillaume
Les liens de dépendance, à l'époque pré-coloniale, chez les
Touaregs de l'Imannen (Niger)
In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°21, 1976. pp. 111-129.
Résumé
Née de la rencontre, sur la frange méridionale du Sahel, de vagues migratoires éparses, la société touarègue de l'Imanne'n
connaît dès l'époque précoloniale une rapide sédentarisation. Ses structures socio-économiques, en pleine transformation,
présentent des traits spécifiques par rapport à celles des groupes nomades. L'étude d'une telle évolution passe par la
compréhension des déterminations réciproques entre les conditions changeantes de la production (accentuation de la
suprématie militaire, développement de l'agriculture . . .) et les possibilités de reproduction du système social envisagées ici dans
le cadre du processus de transformation des liens de dépendance (esclavagiste, tributaire et de clientèle) à travers lesquels est
réalisé l'ensemble des activités productives.
Abstract
The Imanne'n Tuareg society, developed from the fusion of scattered migratory waves along the southern edge of the Sahel, is
characterized, since precolonial times, by as of rapid sedentarization. The socio-economic structure, which is undergoing a full-
scale process of transformation, exhibits specific features compared to those of nomadic tribes. The study of such an evolution
implies the understanding of the reciprocal determinations between the changing conditions of production (stress on military
supremacy, growth of agriculture . . .) and the possibilities of reproduction of the social system, examined here within the
framework of the process of change that affects the dependency relationships (slavery, tributary and clientèle-type relationships)
which govern the totality of production activities.
Citer ce document / Cite this document :
Guillaume Henri. Les liens de dépendance, à l'époque pré-coloniale, chez les Touaregs de l'Imannen (Niger). In: Revue de
l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°21, 1976. pp. 111-129.
doi : 10.3406/remmm.1976.1355
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1976_num_21_1_1355LIENS DE DÉPENDANCE, LES
A L'ÉPOQUE PRÉCOLONIALE,
CHEZ LES TOUAREGS DE L'IMANNEN (NIGER)
par H. GUILLAUME
Nous essaierons d'entreprendre, au cours de ce texte, l'analyse du système
social chez les Touaregs de l'Imanne'n, plus particulièrement celle des diverses
formes de liens de dépendance. Des traits originaux par rapport aux structures
sociales des groupes nomades seront sans doute enregistrés ; il serait certainement
fructueux de rechercher dans quelle mesure ils sont discernables au sein d'autres
entités touarègues ayant connu des situations historiques partiellement analogues
(K^l Gress, Touaregs de Kornaka, de Tanout, du Te'ghaze'rt . * .)
Notre exposé portera uniquement sur la période pré-coloniale ; les informat
ions difficiles à recueillir pour cette époque, révèlent cependant un système
socio-économique en pleine mutation. Le choix d'une approche historique permett
ra de mieux comprendre les importantes variations enregistrées dans le cadre des
conditions de la production (accentuation de la suprématie guerrière, sédentarisa
tion rapide, développement de l'agriculture . . .) Nous nous efforcerons de saisir le
jeu des causalités réciproques entre les conditions changeantes de la production et
les possibilités de reproduction du système social, ses limites d'évolution, c'est-à-
dire principalement ici les mécanismes de transformation des rapports de
dépendance et leur nouveau mode d'articulation.
I - LE CADRE REGIONAL
L'Imannffn, canton administratif hérité du découpage colonial, est situé à
3° 13' de longitude est et 14° T de latitude nord. Sur ses 1 536 km2, 700 environ
appartiennent au Dallol Bosso, vallée morte et prolongement vers le Sud du réseau
hydrographique de l'Azawagh. N'excédant pas 5 km en son point le plus étroit,
elle consiste en une plaine sableuse comportant de molles ondulations entrecou
pées de bas-fonds aux terres riches en limons, favorables à la constitution de
mares d'hivernage et à la pratique, aujourd'hui, de quelques cultures maraîchères
de saison sèche.
Un plateau aux falaises généralement abruptes et d'une hauteur de 40 à
50 mètres, vient limiter le Dallol à l'Est et à l'Ouest. Composé d'argilite sableuse, H. GUILLAUME 112
comprenant parfois une couche d'une dizaine de mètres d'argile pure et recouvert
en surface par de la latérite, le plateau ouest, notamment, a subi des effondre
ments se traduisant par l'existence de petites vallées sablonneuses qui se déversent
dans le Dallol. En outre, se sont détachés du plateau, à la suite de phénomènes
d'érosion, quelques pitons et reliefs escarpés aux formes tabulaires.
L'Imann^n connaît un climat de type sahélien, conditionnant le cycle de
production annuel des pasteurs et des cultivateurs qui peut se résumer pour la
période contemporaine, en une phase de travaux agricoles de juin à septembre au
cours de laquelle la plupart des troupeaux libèrent le terroir en transhumant vers
les pâturages salés de l'Azawagh malien. Dès les récoltes achevées, le bétail regagne
la zone sédentaire, se déplaçant alors sur les champs dont le sol aujourd'hui épuisé
requiert impérativement un apport de fumure. Localisée entre les isohyètes 400 et
500 mm, cette région semble généralement bénéficier, du moins au cours de la
dernière décennie, d'une pluviométrie inférieure.
La mesure répressive adoptée en 1920 par l'administration française qui
limite fortement la portion de Dallol contrôlée par les Touaregs explique
qu'actuellement la moindre surface de vallée soit mise en culture, la jachère
n'ayant pour ainsi dire plus cours et une parcelle n'étant abandonnée qu'une fois
totalement stérile. Le déboisement est avancé, l'exploitation des parties sableuses
du plateau a été entreprise vers 1945.
La détérioration de cet environnement écologique fut rapide car les descrip
tions laissées par les premiers administrateurs (début du XXe siècle) ainsi que les
traditions orales recueillies, donnent une image particulièrement favorable de cette
zone. La richesse de ses pâturages et de sa flore, la présence de mares et la faible
profondeur des puits, l'abondance de sa faune (de nombreux villages du pays
sudye portent des noms ayant trait à la chasse) sont autant d'éléments à
considérer pour saisir le choix de cette région comme point d'établissement de
groupes nomades migrants et la forme revêtue par leur sédentarisation dès
l'époque pré-coloniale.
II -HISTOIRE DU PEUPLEMENT ET STRATIFICATION SOCIALE DE LA
SOCIETE TOUAREGUE
L'entité touarègue de l'Imanne'n résulte de vagues migratoires successives
atteignant le Dallol Bosso au cours du XIXe siècle. Nous décrirons rapidement la
nature de cette installation ainsi que la situation des populations autochtones au
moment de l'arrivée des nomades (1).
(1) Pour plus de précisions, consulter :
— Echard (N.), Histoire du peuplement : les traditions orales d'un village sudye, Shat -
Filingue, République du Niger, Journal de la Société des Africanistes — Paris, t. XXXIV, fasc. 1,
1969 - pp. 57-77.
— Guillaume (H.), Les nomades interrompus, Introduction à l'étude du canton twareg de n° 1974, 145 p. l'Imann^n, Niamey, Etudes nigériennes, 35, Aïr
• Tegidda.n.Tesemt
MALI •Agadez
In Gall
I Azawagh
Menaka T'iV * Tillia
• Tchin Tabaraden • f Moni Intekoret . . , . Tlemcès
Aderanbukan ^^_ Jt
/ Tahoua
Tamaské (Abala
' • Keita Kug'hfey I • Bouza *lllela f
* Madaoua / Filingué
• Zinder / Bonkuku
Maradi
\
Sokoto
•Kano
NIGERIA
100 200 km
CROQUIS DE SITUATION GUILLAUME H.
Lorsque les premiers pasteurs, qui seraient des nobles Ke*l Nan ou Igheulen,
s'établissent vers 1815 dans la vallée, le pouvoir politique régional est détenu par
la population sudye (aussi appelée "kughfeyawa"), une chefferie (gumandey)
particulièrement importante étant installée au village de Sh^tt. A l'implantation
sudye qui se déroule, semble-t-il, au cours de la seconde moitié du XVIIIe

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