Les versions franco-italiennes de la chanson d  «Aye d Avigno» - article ; n°1 ; vol.73, pg 391-435
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Les versions franco-italiennes de la chanson d' «Aye d'Avigno» - article ; n°1 ; vol.73, pg 391-435

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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1961 - Volume 73 - Numéro 1 - Pages 391-435
45 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Florence Callu-Turiaf
Les versions franco-italiennes de la chanson d' «Aye d'Avigno»
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 73, 1961. pp. 391-435.
Citer ce document / Cite this document :
Callu-Turiaf Florence. Les versions franco-italiennes de la chanson d' «Aye d'Avigno». In: Mélanges d'archéologie et d'histoire
T. 73, 1961. pp. 391-435.
doi : 10.3406/mefr.1961.7487
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1961_num_73_1_7487" ν ' \
LES VERSIONS FRANCO-ITALIENNES
DE LA CHANSON D' « AYE D'AVIGNON »
PAR
Mme Florence Callu-Turiaf
Ancien membre de l'École
La chanson a1 Aye d'Avignon semble avoir joui en France dès le
"4
xme siècle d'une assez large diffusion, bien qu'elle ne nous soit
parvenue dans son intégrité que dans un seul manuscrit1 et sous
forme de fragments2. Elle était, en effet, aussi bien connue du
chroniqueur Albéric de Trois-Fontaines que du trouvère à qui l'on
doit Parise la duchesse et du troubadour Giraud de Cabreira8. Il
faut dire qu'elle n'était pas dépourvue d'originalité : on peut la
compter parmi les premiers poèmes qui contribuèrent à renouveler
le genre épique en y introduisant des éléments héritée des romans
courtois et qui méritèrent à ce titre le nom de « poèmes d'aven
tures 4 ». Pour la première fois, une femme devenait l'héroïne d'une
chanson de geste et, nouvelle Hélène de Troie, Aye suscitait une
guerre farouche entre ses prétendants.
La renommée à! Aye d Avignon se traduisit aussitôt par la comp
osition d'une nouvelle chanson, Gui de Nanteuil, consacrée cette
1 Paris, Bibl. nat., fr. 2170, publié dès 1861 : Aye d'Avignon, chanson
de geste, publiée par F. Guessard et P. Meyer {Anciens poètes de la
France, VI).
2 Cf. Paul Meyer, Fragment d'un manuscrit d'Aie d'Avignon, dans
Romania, t. XXX (1901), p. 489-503.
8 Voir Aye d'Avignon, éd. cit., Préface, p. xv sq.
4 Cf. Karl Voretzsch, Einfuhrung in das Studium der AltfranzösUchen
Literatur, 3*· Auflage, Halle, 1925, p. 164. 392 F. CALLÜ-TURIAF
fois au récit des exploits du fils d'Aye, Gui, en rivalité avec un
traître du lignage de Ganelon pour obtenir la main de la belle
Eglantine. Avec Gui de Nanteuil, la prédominance de l'élément
romanesque et courtois sur les épisodes héroïques s'affirmait encore.
Le style aimable et la délicatesse de certaines scènes firent oublier
le manque d'originalité de l'œuvre et lui valurent un vif succès
dans le domaine provençal *.
Or, il est avéré que dès la fin du xne siècle la littérature cour
toise et la poésie lyrique provençale jouirent d'une grande faveur
dans les cours seigneuriales de Lombardie et de Vénétie 2. Par ail
leurs, la Marche Trevisane et surtout Trévise accueillirent avec en
thousiasme les romans en vers d'argument carolingien que les jon
gleurs suivant sans doute les routes de pèlerinage avaient intro
duits en Italie8.
Ce succès de la littérature française d'oc et d'oïl ne se démentit
pas au xive siècle, car c'est à ce moment que virent le jour les prin
cipaux monuments de la littérature franco-italienne *.
Tels que nous les avons dépeints, les poèmes de la geste de Nan-
teuil appartenaient à un genre propre à charmer un auditoire épris
de prouesses chevaleresques dans lesquelles un certain raffinement
des mœurs commençait à se faire jour. C'est pourquoi il n'y a rien
d'étonnant à voir figurer l'un des deux manuscrits qui nous a con-
1 Voir Ota Dubsky, Essais sur revolution du genre chevaleresque dans
les littératures romanes, Praze, 1932, p. 24-26.
2 Cf. Paul Meyer, De V 'expansion de la langue française en Italie pen
dant le Moyen Age, dans Atti del Congresso internazionale di scienze sto-
riche, Roma, t. IV (1903), p. 61-104 ; A. Thomas, Francesco da Barberino
et la littérature provençale en Italie au Moyen Age, Paris, 1883.
8 Voir Giambattista Pellegrini, Franco-veneto et veneto antico, dans
Filologia Romanza, t. Ill (1956), p. 137-138.
4 A ce propos, voir N. Zingarelli, Letteratura franco-italiana nei
secoli XIII e XIV, dans Scritti di varia letteratura, Milano, 1935,
p. 462 sq; A. Viscardi, Letteratura franco-italiana, Modena, 1941,
p. 15 sq. VERSIONS DE LA CHANSON D* « AYE D'AVIGNON » 393 LES
serve Gui de Nanteuil1 dans l'inventaire de la bibliothèque des
Gonzague de 1407 au milieu d'un grand nombre de romans fran
çais a.
De son côté, la chanson à? Aye d? Avignon acquit une certaine
notoriété de l'autre côté des Alpes, puisque nous en possédons deux
fragments écrits en un français suffisamment italianisé pour ne
laisser aucun doute sur leur origine. En outre, le manuscrit des
Gonzague comporte un prologue d'environ un millier de vers qui se
révèle à l'analyse un remaniement de la seconde partie d'Aye
d? Avignon3.
Il convient donc d'examiner ces textes pour tenter de déterminer
'Vi
les liens qui les unissent à la version à? Aye d? Avignon que nous
possédons et les transformations qu'ils ont subies en Italie.
I. — Fragments de Bruxelles et de Venise
Le manuscrit de Bruxelles, Bibliothèque royale, n° 14637, est un
volume de 151 feuillets de papier que l'on peut dater du xve siècle.
Il contient des vies d'hommes illustres en latin et a pour feuillet de
1 Ce manuscrit porte le n° X du fonds français de la Biblioteca Mar-
ciana à Venise. L'autre est conservé à Montpellier, Bibl. de la Fac. de
Médecine, H. 247. Par ailleurs, il en existe un fragment à la Biblioteca
Ά?; nazionale centrale de Florence, II, IV, 588 ; cf. J. Monfrin, Fragments
d'un manuscrit de Gui de Nanteuil, dans Romania, t. LXXV (1954),
p. 211-230.
8 Cet inventaire a été publié par W. Braghirolli, P. Meyer et G. Paris,
Inventaire des manuscrits en langue française possédés par Francesco
Gonzaga I, capitaine de Mantoue, mort en 1407, dans Romania, t. IX
(1880), p. 497-514. On y trouve mentionnés trente-trois livres in lingua
vulgari pour cinquante-sept in lingua francigena, ce qui prouve le pres 1 %} tige du français en Italie au xive siècle. Par ailleurs, l'inventaire de la
bibliothèque des Este de 1437 fait état d'un roman de Guion « in fran-
cexe, in membrana, coverta de chore biancho » qui pourrait bien être un
manuscrit de Gui de Nanteuil ; cf. P. Rajna, Ricordi di Codici Francesi
posseduti dagli Estensi nel secolo XV, dans Romania, t. II (1873), p. 50.
8 Gf. A. Cavaliere, II prologo marciano del Gui de Nanteuil, Naples,
1958, p.f6.* F. CALLU-TURIAP 394
garde une feuille de parchemin contenant un fragment à! Aye
â? Avignon1. Le texte se présente écrit sur une colonne ; on compte
vingt-huit vers par page. L'écriture, italienne, remonte vraisem
blablement à la fin du χΐπθ siècle 2. Pour la commodité de l'exposé,
nous désignerons ce fragment par la lettre B, réservant la lettre A
pour le manuscrit de Paris.
Le de Venise, Biblioteca Marciana, latin cl. XI,
cod. 129, renferme des traductions en latin des discours de Démos-
thène, d'Eschine et d'autres orateurs et provient du fonds Gia
como Morelli3. Les feuillets de garde qui se trouvent au commen
cement du volume sont constitués par deux feuilles de parchemin
contenant des fragments de notre chanson qui ne se font pas suite.
Ces feuilles proviennent vraisemblablement d'anciennes reliures et
ont dû former l'extérieur d'un cahier. Les vers sont disposés sur
une seule colonne à raison de vingt-huit par page. L'écriture, ita
lienne, est petite et élégante et doit dater de la fin du xme siècle.
Les initiales sont alternativement rouges et bleues. Ce texte sera
désigné par la lettre C 4.
Adolf Mussafia5 et après lui Paul Meyer6, en se fondant sur
l'examen des caractères externes de ces deux fragments, conclurent
1 Pour plus de détails, cf. Catalogue des manuscrits de la bibliothèque
des ducs de Bourgogne, t. I, 1842, p. 293, et P. Thomas, Catalogue des
manuscrits de classiques latins de la Bibliothèque royale de Bruxelles,
Gand, 1896, p. 88.
2 Le texte de ce fragment correspond aux v. 201-256 de l'éd. Gues-
sard-Meyer. P. Meyer en a donné la transcription dans Aye d'Avignon,
éd. cit., Notes, p. 130-131. Il a corrigé certaines lectures dans Fragment
d'un manuscrit dAye d'Avignon, dans Romania, t. XXX (19

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