Lettres de Monseigneur Duchesne, directeur de l École française de Rome, à Alfred Loisy (1896-1917) et à Friedrich von Hügel (1895-1920) - article ; n°1 ; vol.84, pg 283-307
26 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Lettres de Monseigneur Duchesne, directeur de l'École française de Rome, à Alfred Loisy (1896-1917) et à Friedrich von Hügel (1895-1920) - article ; n°1 ; vol.84, pg 283-307

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
26 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes - Année 1972 - Volume 84 - Numéro 1 - Pages 283-307
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bruno Neveu
Lettres de Monseigneur Duchesne, directeur de l'École
française de Rome, à Alfred Loisy (1896-1917) et à Friedrich
von Hügel (1895-1920)
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 84, N°1. 1972. pp. 283-307.
Citer ce document / Cite this document :
Neveu Bruno. Lettres de Monseigneur Duchesne, directeur de l'École française de Rome, à Alfred Loisy (1896-1917) et à
Friedrich von Hügel (1895-1920). In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 84, N°1. 1972.
pp. 283-307.
doi : 10.3406/mefr.1972.2266
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5110_1972_num_84_1_2266LETTRES DE MONSEIGNEUR DUCHESNE,
DIRECTEUR DE L'ÉCOLE FRANÇAISE DE ROME
À ALFRED LOISY (1896-1917)
ET À FRIEDRICH VON HÜGEL (1895-1920)
PAR
Bruno Neveu
Ancien membre de l'Ecole
Directeur de l'Ecole française de Borne pendant plus de vingt-six
ans, de 1895 à sa mort, le 21 avril 1922, Louis Duchesne intéresse avant
tout l'histoire de la haute érudition, et jusqu'à un certain point, comme
membre de l'Académie française depuis 1910, celle de la vie littéraire
et mondaine de la Troisième République x. Toutefois les historiens de la
pensée religieuse à l'époque contemporaine n'ignorent pas que son nom
apparaît signincativement à l'occasion de la controverse moderniste,
1 II n'existe aucune biographie de Mgr Duchesne. Un relevé bibliogra
phique de ses travaux, soit 429 numéros, a été dressé par Dom H. Leclercq
dans le Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie, t. VI, Paris [1925],
col. 2680-2735. Parmi les notices, en général très brèves, on peut indiquer: Gui-
raud (Jean), Mgr Duchesne, sa vie et son œuvre, dans Revue des questions histo
riques, t. 97, 1922, pp. 130-150 et pp. 350-380, et t. 98, 1923, pp. 394-428; Co
lin (Jean), Mgr Louis Duchesne, dans Nouvelle revue d'Italie, t. XIX, 1922,
pp. 313-335; Dupont (Etienne), Mgr Duchesne chez lui, en Bretagne, 1843-1922,
Eennes, 1923; Hügel (Friedrich von), Louis Duchesne, dans The Times Lit
erary Supplement, 1922, 28 mai et 1er juin; Habloville (Claude d'), Grandes
figures de l'Eglise contemporaine..., Paris, 1925; Jeanroy (Alfred), Notice sur
la vie et les travaux de M. Louis Duchesne, Paris, 1926; Catholicisme, t. III,
1952, col. 1144-1146 (par G. Bardy); Enciclopedia cattolica, t. IV, 1950, col. 1960-
1965 (par P. Frutaz); Dictionnaire de théologie catholique, Tables, t. I, 1956,
col. 1062-1066. Voir aussi une longue note dans Paimpol et son terroir, par Mgr
Jean Kerlévéo. 284 BRUNO NEVEU
sans qu'on puisse, cinquante après la condamnation de l'Histoire ancienne
de V Eglise, définir nettement l'attitude ou plutôt les attitudes successives
de Duchesne à l'égard des personnages liés à ce mouvement, ni pénétrer
ses sentiments intimes sur les rapports de la critique philologique comme
de la philosophie moderne avec le dogme catholique. Les travaux récents
qui ont apporté un renouveau complet, aussi bien biographique que
méthodologique, des connaissances sur le modernisme et les modernistes,
se sont fondés essentiellement sur un réseau de correspondances inédites,
peu à peu accessibles, et sont ainsi parvenus à restituer leur expression
à certaines physionomies 1. C'est évidemment à ces échanges épistolaires
qu'il faut recourir si l'on veut jeter quelque lumière sur la singulière et
parfois énigmatique figure de Duchesne, savant et prêtre, prélat et haut
fonctionnaire de l'Instruction publique avant et après la Séparation.
La tâche est d'autant plus pressante que Mgr Duchesne, très conscient
des ménagements infinis que lui imposait sa double qualité en un mo
ment si difficile, s'est de son vivant plu à multiplier, obéissant à son
naturel malicieux et à la prudence de règle à Borne, les pistes sur le
squelles s'égareraient les indiscrets. Aux membres mêmes de l'Ecole
française, qui le voyaient quotidiennement et auxquels il vouait une
amitié paternelle et sans le moindre apprêt, il a laissé des impressions
qui ne concordent pas entièrement 2. Bien des visiteurs de passage, char
més par sa conversation et par son art de réunir dans le salon du Palais
Farnese une société extrêmement variée, presque bigarrée, l'ont tenu
pour un homme d'esprit, de trop d'esprit, dont le sourire railleur sur des
lèvres minces trahissait un scepticisme plus ou moins radical. A cette
image superficielle d'un Benan ou d'un Anatole France en soutane a
répondu la version officielle, reprise dans nombre de discours, d'éloges
1 On renvoie ici, par delà l'ouvrage vieilli de Jean Eivière, Le modernisme
dans V Eglise, étude d'histoire religieuse contemporaine, Paris, 1929, aux tr
avaux tout à fait remarquables de M. Emile Poulat, en particulier Histoire,
dogme et critique dans la crise moderniste, Paris, 1962. On pourra aussi consulter
pour l'Italie l'étude de Pietro Scoppola, Crisi modernista e rinnovamento cat
tolico in Italia . . ., Bologna, 1961, et celles de Lorenzo Bedeschi, La curia romana
durante la crisi modernista. Episodi e metodi di governo, Parma, 1968, et Hi-
forma religiosa e curia romana all'inizio del secolo, Milano, 1968. Voir également
la revue faite par le chanoine René Aubert, Publications récentes autour du
modernisme, dans Concilium, t. 17, 1966, pp. 81-94.
2 Nous avons recueilli oralement celles de M. Charles Samaran (promo
tion 1902), de Joseph Eoserot de Melin (promotion 1919), et de M. René Mas-
sigli (promotion 1910). DE MONSEIGNEUR DUCHESNE À ALFRED LOISY 285 LETTRES
funèbres, dans quelques livres de souvenirs *, celle d'un savant chrétien,
fidèle à toutes les obligations de son état — ce qu'on n'a jamais du reste
mis en discussion — conservant dans l'exercice desséchant d'une critique
à la Launoy une âme profondément sacerdotale, préservée par son in
destructible fond celtique de véritables doutes sur la foi. Reprenant le
flambeau des Mauristes, des Bollandistes et des grands érudits ecclésias
tiques, il entreprenait à son tour, avec une intrépidité et presque une
témérité témoignant de la solidité de ses croyances personnelles, de dé
montrer que les titres de l'Eglise catholique romaine sont authentiques,
ce qui d'ailleurs, si l'on veut bien y réfléchir, ne touche point au problème
des origines et laisse assez de liberté pour apprécier par devers soi la na
ture des relations entre l'Evangile et l'Eglise.
Mgr Duchesne se voulut-il vraiment et seulement un trait d'union
entre la science et la foi, « un Voltaire croyant qui mettrait à conserver
à l'Eglise tout l'esprit que l'autre employait à la saper et à la démolir » 2,
l'auteur d'une œuvre qui pourrait être définie « la collaboration d'une
âme religieuse et d'une intelligence sceptique » 31 Fut-il ce chrétien aux
vues larges et au cœur miséricordieux acceptant de reconnaître dans la
mort sans repentir de Renan — breton comme lui et historien de l'Eglise
ancienne comme lui 4 — la bonne foi de toute une vie et une sincérité
qui peut l'absoudre devant Dieu, et voulant même « dire la messe pour
1 Voir par exemple le point de vue d'un diplomate, exprimé par Jules
Laroche dans Quinze ans à Borne avec Camille Barrère (1898-1913), Paris, 1948,
et celui de feu Jérôme Carcopino dans ses Souvenirs romains, [Paris], 1968.
2 Cette image vient sous la plume de Joseph-Napoléon Primoli, dont il
faut citer quelques lignes, puisqu'il a bien connu Duchesne: « Sa messe de sept
heures à la chapelle de la Mort semble être célébrée aux catacombes par un
de ces pontifes de la première heure qui croyaient toujours officier pour la der
nière fois, à la veille d'être livré aux bêtes, et dont le saint sacrifice contenait
tout naturellement le sacrifice de leur vie. . . L'abbé Duchesne a une trop haute
idée de l'Eglise, il a trop conscience de la grandeur de sa mission pour ne pas
déplorer le côté théâtral du Vatican, le byzantinisme des cérémonies pontifi
cales et le cabotinage des prélats. Il souffre, mais il se console avec un demi-
sourire qui, entr'ouvrant ses lèvres, laisse parfois échapper le trait ironique
d'un petit-neveu de Voltaire. . . » (Pages inédites, recueillies, présentées et
annot

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents