Louis XI bienfaiteur des églises de Rome - article ; n°1 ; vol.23, pg 131-159
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1903 - Volume 23 - Numéro 1 - Pages 131-159
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1903
Nombre de lectures 81
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

G. Périnelle
Louis XI bienfaiteur des églises de Rome
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 23, 1903. pp. 131-159.
Citer ce document / Cite this document :
Périnelle G. Louis XI bienfaiteur des églises de Rome. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 23, 1903. pp. 131-159.
doi : 10.3406/mefr.1903.6294
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1903_num_23_1_6294LOUIS XI
BIENFAITEUE DES ÉGLISES DE ROME
Au mois de juin 1483, le bruit courut à Rome que le pape
Sixte IV avait l'intention de retirer plusieurs reliques précieuses
du trésor des basiliques romaines, et de les envoyer à un roi
étranger. Aussitôt, le peuple s'émut, et les magistrats de la ville
vinrent prier le Saint-Père de renoncer à ce projet. Mais Sixte IV
déclara qu'il ne pouvait accéder à leur désir, parce que ces re
liques lui avaient été demandées par le roi de France Louis XI,
le bienfaiteur des églises de Rome ; cette réponse parut pé-
remptoire aux magistrats (1).
Louis XI avait en effet enrichi de ses dons plusieurs sanc
tuaires de la ville, Saint-Jean de Latran, Saint-Pierre du Vatican
et Saint-Pierre in Montorio.
Saint-Jean, comme cathédrale, avait reçu ses plus beaux
cadeaux. Le premier datait du mois de juillet 1470. Le roi,
malade, avait fait vœu, s'il guérissait, d'envoyer à la basilique
un calice d'or (2). Aussitôt qu'il eût recouvré la santé, il com
manda le vase saint à. Jean Chenart, orfèvre de Paris (3), puis
(1) J. de Volterra, Diarium romanum, édit. Muratori, Herum,
italicarum scriptores, t. XXIII, col. 187. — Les reliques furent portées
en France par Jean-André Grimaldi, qui partit de Rome le 8 juillet
(Arch. Vat., arm. XXXIX, reg. lo, p. 663; Volterra, op. cit., col. 188;
Commynes, 'Mémoires, 1. VI, eh. IX, édit. Mlle Dupont, t. II, p. 248).
(2) Pièce just. I.
(3) Bibl. Nat., Ms. fr. 20685, fol. 502 v°; id., 32511, fol. 320 v°:
« Jehan Chenart,, marchand bourgeois de Paris, 433 1. 15 s. 3 d. pour
le parachèvement d'un calice pour donner a l'église Saint-Jehan de
Latran à Rome ». LOUIS XI BIENFAITEUR DES ÉGLISES DE ROME 132
il le fit porter à Rome par un de ses propres conseillers. Le
8 juillet 1470, le pape Paul II, qui présidait ce jour-là au
Latran un office solennel, reçut lui-même, au nom du chapitre,
le cadeau royal. Le calice, exposé pendant les cérémonies sur
l'autel majeur, fut ensuite porté en procession dans le trésor de
la basilique; fait d'or fin et orné de pierreries, il pesait 25 marcs,
et fut estimé 3000 ducats (1).
C'était pour échapper à la maladie que Louis XI avait donné
ce joyau à Saint-Jean en 1470; ce fut pour éloigner la mort,
qu'il sentait approcher, et pour éviter l'enfer, dont il redout
ait les flammes, qu'il multiplia ses donations à la basilique dans
la dernière année de sa vie (1482-1483). Peut-être aussi agissait-
il alors sous l'influence du cardinal Julien de la Rovere, archi-
prêtre du Latran et légat en France.
Il envoya un deuxième calice d'or au chapitre en sep
tembre 1482 (2), un troisième en février 1483. Ce dernier fut
apporté à Rome par maître François Sextre, neveu de François
de Gênas, général des finances en Languedoc, et déposé sur le
grand autel de la basilique, le 23 février, par le cardinal de
Mâcon, Philibert Hugonet, ambassadeur français près le Saint-
Siège ; il pesait, avec la patène, 51 marcs, 1 once, 21 deniers (3).
En même temps, Louis XI abandonnait au Chapitre quel
ques-uns des revenus de la couronne en Guyenne et en Lan-
(1) Pièce just. I ; Infessura, Diarium, édit. Tommasini (Fonti per
la Storia d'Italia, t. Y, 1890), p. 72; G. Rohault de Fleury, Le La-
ieran au Moyen-Age (Paris, 1877, in-8°), p. 252.
(2) Le pape Sixte IV le remercia de ce don par un bref du 16 sep
tembre. (Arch.. Vat., arm. XXXIX, reg. 15, p. 53, pubi, par Einaldi,
Annales ecclesiastici, t. XI, 1482, n° XLV, et par E. Muntz, Les arts
à la cour des Papes, t. III (Bibl. des Ecoles franc. d'Athènes et de
Rome, fase. 28), p. 160.
(3) La quittance délivrée à Sextre et au cardinal de Mâcon par
le chapitre (23 février), et les lettres du à Louis XI et à
François de Gênas (6 mars), ont été publiées dans le Bulletin du LOUIS XI BIENFAITEUR DES ÉGLISES DE ROME 133
guedoc: les communs de paix de Périgord (janvier 1483) (1) et
de Rouergue, les château, ville, terre et seigneurie de Monflan-
quin (2), le greffe d'Agen, le domaine royal de Rodez, les péage
et tabellionage de Millau, le droit d'albergue dans la jugerie
d'Albigeois, les notariat et bailie de Gaillac (mars 1483) (3).
Les communs de paix formaient l'élément principal de cette do
nation: celui de Périgord rapportait à lui seul 4000 livres tour
nois par an. Monflanquin devait servir de résidence aux rece
veurs envoyés en France par le chapitre, et ses revenus devaient
être employés à payer leurs gages. Le reste était destiné à
couvrir les frais du transport de l'argent de la France à Rome.
Ces biens restaient sous la souveraineté du roi, mais passaient
dans le domaine de la basilique. Le chapitre les acquérait à
titre d'aumônes perpétuelles et sans payer les droits d'amortis
sement.
Ce cadeau était riche. Toutefois, Louis XI ne se montrait
en cette circonstance ni aussi généreux ni aussi désintéressé
qu'on pourrait le croire. Il avait en effet, quelques années aupa-
Comité des travaux historiques et scientifiques, histoire et philologie,
1884, p. 82-86. — Le pape remercia Louis XI par un bref du 5 mars
(Rinaldi, op. cit., t. XI, 1483, n° XXXI; E. Muntz, op. cit., t. III,
p. 166). — Des trois calices donnés ainsi par Louis XI au Latran,
aucun ne subsiste dans le Trésor de la Basilique ; l'un d'eux fut
volé dès 1485 (G. Rohault de Fleury, op. cit., p. 255).
(1) Arch, capi t. de Saint- Jean de Latran, Bullarium, fol. 180; Bibl.
Vat., fonds vat. lat., n° 8035 b, fol. 120 et 122; pièce just. III. — Le
commun de paix qui, à l'origine, était une cotisation volontaire payée
par les propriétaires de Périgord, fiouergue, Albigeois, etc., pour as
surer la tranquillité du pays, était devenu au XVe siècle un impôt
ordinaire levé par les agents royaux sur tous les biens nobles et rotu
riers (G. Saige et comte de Dienne, Documents historiques relatifs
a la vicomte de Cariât (Monaco, 1900, 2 vol. in-4°), t. II, p. XCIX).
(2) Monflanquin, chef-lieu de canton, arr. Villeneuve-sur-Lot, Lot-
et-Garonne.
(3) Arcb. capit. de Saint- Jean de Latran, Bullarium, fol. 182 j
Bibl. Vat., fonds vat. lat, n° 8035 &, fol. 123. LOUIS XI BIENFAITEUR DES ÉGLISES DE ROME 134
ravant, confisqué le comté de Rodez sur Jean V d'Armagnac ; y
donner des revenus au La t ran, c'était gagner le pouvoir ecclésias
tique et le Ciel lui-même à la cause royale. De plus, en 1480, il
avait cédé à Frédéric d'Aragon, prince de Tarente (1), en ér
igeant en sa faveur le comté de Vîllefranche, les revenus du
commun de paix dans la Basse-Marche de Rouergue et en Péri-
gord (2) ; les lui reprendre pour en faire don à Saint- Jean,
c'était se montrer libéral sans bourse délier.
Peu importait d'ailleurs aux chanoines du Latran. Informés
de la donation royale par le cardinal Hugonet, ils envoyèrent
aussitôt en France Jean de Montébonis, prieur du chapitre,
" homme d'une loyauté et d'une discrétion éprouvée, le plus
sage d'entre eux „; un bref du pape l'accréditait (12 mars) (3).
Montébonis avait une double mission. Il promit d'abord à
Louis XI que les chanoines du Latran n'aliéneraient jamais les
foiens reçus, puis il alla prendre possession de ces mêmes biens.
Le roi choisit pour lui en faire la remise son maître d'hôtel
et conseiller Regnault du Chesnay, gouverneur de Montpellier
(20 avril). La transmission de la propriété eut lieu dans chaque
ville, en présence des officiers royaux, et après annulation des
donations qui auraient pu être faites précédemment ; puis du
Chesnay se retira, après avoir chargé Rigault Boy er, juge-mage
de la sénéchaussée de Rouergue, de veiller à l'exécution des or-
(L) Ce prince avait épousé en 1478 Anne de Savoie, fille d'Amé-
dée IX

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