Maîtres de forges et ouvriers dans les usines métallurgiques de l Oural aux XVIIIe-XIXe siècles - article ; n°2 ; vol.1, pg 239-284
47 pages
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Maîtres de forges et ouvriers dans les usines métallurgiques de l'Oural aux XVIIIe-XIXe siècles - article ; n°2 ; vol.1, pg 239-284

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Description

Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1960 - Volume 1 - Numéro 2 - Pages 239-284
46 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Michaël Confino
Maîtres de forges et ouvriers dans les usines métallurgiques de
l'Oural aux XVIIIe-XIXe siècles
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 1 N°2. Janvier-mars 1960. pp. 239-284.
Citer ce document / Cite this document :
Confino Michaël. Maîtres de forges et ouvriers dans les usines métallurgiques de l'Oural aux XVIIIe-XIXe siècles. In: Cahiers du
monde russe et soviétique. Vol. 1 N°2. Janvier-mars 1960. pp. 239-284.
doi : 10.3406/cmr.1960.1421
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1960_num_1_2_1421MAITRES DE FORGES ET OUVRIERS
DANS LES USINES MÉTALLURGIQUES
DE L'OURAL AUX XVIIIe-XIXe SIÈCLES
LES ENTREPRISES DE MIHAJL GUBIN
Nous nous proposons, dans cette étude, de replacer dans leur contexte
historique, géographique, économique et social, deux des documents
sur des grèves dans l'Oural publiés ci-après (pp. 332 à 342). Ces
documents I et II traitent d'un mouvement revendicatif des maîtres
ouvriers et paysans aux usines métallurgiques de Nižné et Verhne-
Serginsk dans l'Oural. Les propriétaires de ces usines sont les héri
tiers de Mihajl Gubin, marchand de Moscou1 ; l'époque, à laquelle
l'événement relaté a lieu, est celle de la date des documents —
septembre-octobre 1829.
I. — Le cadre historique
1. Le marchand Mihajl Gubin et ses héritiers.
Rares sont les renseignements que l'on recueille sur la famille Gubin
à laquelle appartenaient depuis quarante ans les usines de Nižné et
Verhne-Serginsk. Parcimonieuses à l'égard du chef de famille, les
sources accessibles ne livrent que quelques détails épars et décousus
sur celui qu'elles nomment invariablement « le marchand Mihajl
Gubin », créateur de la fortune industrielle de la famille. Quant à
ses héritiers et successeurs, nous en savons moins encore, car après
sa mort les sources deviennent à leur égard encore plus laconiques ;
elles ne les mentionnent désormais que par un bref et impersonnel
« les Gubin ».
Mihajl Pavlovic Gubin, originaire d'une famille de marchands
(kupcy) d'Orel, vient s'établir à Moscou en 17702. Il était marchand
du * 1 Pour Istorija commentaire une Moskovskogo mise au des point textes. kupečeskogo sur le terme obščestva « marchand (Histoire » (kupec), de la Société ci. infra, marchande note 4
de Moscou), ire édit. t. III, Moscou, 1916, p. 397 ; cité par Culkov, « Mos- 240 M. CONFINO
lui-même. Ses affaires prospéraient probablement, puisqu'il ne tarda
pas à élargir le champ de ses activités et à se tourner vers l'industrie
textile et métallurgique dans laquelle il était destiné à faire une
remarquable fortune. Obscur commerçant à ses débuts il pouvait
déjà débourser 600 000 roubles en espèces en 1789 pour l'achat des
usines de Nižné et Verhne-Serginsk3, ce qui était, pour l'époque,
une somme fort respectable.
Ces deux usines qui, précisément, sont celles où a lieu l'événement
relaté dans les rapports de K. A. Tjufjaev, étaient les premières
acquisitions de Mihajl Gubin dans l'Oural. Ce marchand ne devait
pas s'en tenir là. En fait ces usines ne faisaient que marquer le début
d'une brillante carrière de maître de forges ouralien, carrière qui
devait se poursuivre trente ans pour ne prendre fin qu'à la mort
de Mihajl Gubin.
En effet, deux ans plus tard, en 1791, Gubin créait l'usine d'Atigsk,
située non loin des deux premières. En 1792 il achetait les usines de
Verhne-Ufalejsk et de Sukhovjazsk aux héritiers d'Ivan Masalov
qui les avait créées ; en 1798 Evdokim Nik. Demidov lui vendait
celles de Verhne-Avzjano-Petrovsk et de Nižne-Avzjano-Petrovsk
dont les créateurs avaient été Šuvalov et Matveev.
Les années suivantes sont marquées par la création de nouvelles
usines ; celle de Kozino en 1801 puis celle de Mihajlov en 1808
viennent s'ajouter à celles d'Atigsk, de Nižné et Verhne-Serginsk ;
enfin, la création de Nižne-Ufalejsk, en 1818, complète et achève
l'œuvre de Mihajl Gubin.
Toutes ces usines sont situées à proximité des cours d'eau. Elles
forment trois groupes distincts, bien qu'unis entre eux (surtout
groupes 1 et 2) par des liens de production et de transport :
1. Groupe de la Serga : Nižne-Serginsk, Verhne-Serginsk, Atigsk,
Kozino et Mihajlov.
2. Groupe de l'Ufalej : Verhne-Ufalejsk, Suhovjazsk et Nižne-
Ufalejsk.
3. Groupe de VAvzjan : Verhne-Avzjano-Petrovsk et Nižne-
Avzjano-Petrovsk.
Outre ces usines métallurgiques dans l'Oural, Mihajl Gubin s'était
rendu possesseur également d'une fabrique d'indiennes, d'une fabri
ko vskoe kupecečestvo XVIII i XIX v (Genealogičeskie zametki) », [Le corps
des marchands moscovites aux xvine et xixe siècles (Notes généalogiques)],
in Russkij Arhiv, XII, 1907, p. 495.
slovar' (Dictionnaire biographique russe), article • Russkij biografičeskij
Ivan NikitiČ Demidov. Selon cet ouvrage, les fils d'Ivan Nik. Demidov — et Petr Ivanovic — étaient les propriétaires de ces usines au moment
de leur vente à Gubin, mais cela est plus que douteux, ainsi que nous le
montrons plus loin. MAITRES DE FORGES ET OUVRIERS 241
que le calicot et d'une papeterie situées à Moscou, d'une poudrerie
dans le village d'Uspenskoe (district de Bogorodsk, gouvernement
de Moscou) et d'une seconde fabrique de calicot dans le village de
Spaskoe (gouvernement de Kaluga).
Ainsi, de 1789 à 1818, en l'espace de trente ans, Gubin était-il
devenu le propriétaire de dix usines métallurgiques et de cinq
fabriques textiles et autres. La moyenne des acquisitions (une
usine tous les deux ans ; une tous les trois ans pour les usines
métallurgiques) indique la rapidité de son ascension et témoigne de
la bonne marche de ses affaires.
Au début du xixe siècle (1805) on comptait parmi la classe mar
chande de la ville de Moscou vingt-deux notables (imenilye graž-
dane) et marchands (kwpcy) de la première guilde4 dont neuf
possédaient des usines. Parmi ces riches marchands le conseiller de
commerce Mihajl Gubin occupait une place de premier choix. Avec
deux fabriques de textiles5, une papeterie, une poudrerie et huit
usines métallurgiques, il était l'industriel le plus important et le
marchand le plus riche dans les milieux bourgeois de Moscou. Son
capital déclaré s'élevait à 50 000 roubles mais ce chiffre était
notoirement inférieur au capital réel de M. Gubin : ce dernier,
comme les autres marchands, n'en avait déclaré qu'une faible
partie. Le roulement de ses fonds à l'achat de marchandises en
Russie et à l'étranger atteignait 300 000 roubles ; ses affaires ban
caires : 100 000 roubles ; son chiffre d'affaires pour les
exportées ou vendues en Russie était de l'ordre de 500 000 roubles ;
le crédit dont il disposait sur diverses places d'Europe et d'Asie
s'élevait à un demi-million de roubles tandis qu'en Russie même il
atteignait la somme de trois millions6.
A cette époque Mihajl Gubin habitait un des beaux quartiers de
Moscou, celui de Tver. Il y possédait une somptueuse maison de
pierre, sise au 25 de la rue Petrovka et construite par un architecte
renommé : M. F. Kazakov7. Sa résidence passait pour une des plus
belles parmi celles des riches marchands et prétendait même rivaliser
avec les palais de la noblesse. Par son style elle s'apparentait au
pseudo-classicisme, aux lignes sobres, qui connut un regain de
vogue à cette époque et qui caractérisait en particulier l'œuvre
architecturale de Kazakov8.
•4 Sur Istorija Une ces fabrique Moskovskogo termes, de cf. calicot infra, kupečeskogo avait note 4 été du ob.Sčeslva, vendue commentaire t. par II, p. Gubin des 0,8, textes. cité au par Trésor V. N. en Jakov- 1803.
cevskij, Kupeteskij kapitál v féodal' nokrepostničeskoj Rossii (Le capital
marchand dam la Russie féodale et servile), Moscou, 1953, pp. 173-174.
7 Istorija Moskvy (Histoire de Moscou), t. II, P- 644.
• Pour une description plus détaillée de la façade et de la décoration inté
rieure de l'immeuble, cf. ibid., p. 638. 242 M. CONFINO
La maison de la rue Petrovka fut épargnée par l'incendie qui
s'abattit sur Moscou en 1812. Entre temps, à la veille des événe
ments de cette même année, Gubin contribuait à l'effort de guerre
du pays par un don de 78 000 roubles.
Mihajl Gubin mourut entre le 12 juin 1821 et

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