Note de synthèse - article ; n°1 ; vol.60, pg 51-70
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Description

Revue française de pédagogie - Année 1982 - Volume 60 - Numéro 1 - Pages 51-70
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mr Jean-Claude Forquin
Note de synthèse
In: Revue française de pédagogie. Volume 60, 1982. pp. 51-70.
Citer ce document / Cite this document :
Forquin Jean-Claude. Note de synthèse. In: Revue française de pédagogie. Volume 60, 1982. pp. 51-70.
doi : 10.3406/rfp.1982.2278
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfp_0556-7807_1982_num_60_1_2278REVUE FRANÇAISE DE PEDAGOGIE N» 60 juil.-août-sept. 1982.51-70
NOTE DE SYNTHÈSE
»— _— _ L'approche sociologique de la réussite et
de l'échec scolaires.
Inégalités de réussite scolaire et appartenance sociale (II).
La publication de la présente note de synthèse a dû être étalée sur deux numér
os successifs de la Revue Française de Pédagogie. Nous reproduisons ici la fin de la
deuxième partie (dont le titre général était « Inégalités de réussite scolaire et dispari
tés socio-culturelles ») et la troisième partie de cette étude.
(11)3. - CLASSES SOCIALES, DISPARITÉS LINGUISTIQUES ET RÉUSSITE SCO
LAIRE
a) Toutes les disciplines d'enseignement, littéraires ou scientifiques, supposent
à un degré ou à un autre la maîtrise (écrite et orale) de la langue maternelle. C'est
pourquoi on considère parfois cette maîtrise comme la variable-clef qui conditionne
et dans une certaine mesure permet de prédire la réussite scolaire (27). Or, de tous
les apprentissages scolaires, ceux qui concernent la langue maternelle apparaissent
parfois comme ceux où la réussite dépend le plus étroitement des caractéristiques du
milieu familial, du fait de la disparité des pratiques de langage selon les classes social
es. De nombreuses études empiriques traitent de ces rapports entre classe sociale,
pratiques linguistiques et réussite scolaire (28). Une contribution théorique particu
lièrement importante, à laquelle la plupart des travaux actuels sur les disparités socio-
linguistiques font référence, est celle de Basil Bernstein et des chercheurs de l'Insti
tut d'Éducation de l'Université de Londres.
b) L'aspect le plus connu et sans doute aussi le plus discuté de l'apport de Bern
stein est la « théorie des deux codes », l'opposition linguistiquement et sociologique-
ment pertinente entre deux types de langages, ou plutôt deux modalités d'utilisation
du langage renvoyant i deux modes de « rapport au langage », et supposant deux
« orientations cognitives » différentes, deux façons de structurer l'expérience qu'on a
du monde et de se situer soi-même par rapport au monde (monde physique, monde
logique, monde social) : le « code restreint » (désigné primitivement comme « langage
commun » ou « public language ») et le code « élaboré » (ou « langage formel », « for-
mal language »). L'analyse d'échantillons de discours de jeunes enfants (par exemple
des récits que l'on demande à l'enfant de construire à partir d'une série d'images qui
lui sont présentées) révèle en effet, selon Bernstein (toutes les références qui suivent
renvoient à la traduction française de quelques- uns de ses principaux articles, 1 975a),
des choix lexicaux plus différenciés, un usage plus souple des catégories grammatic
ales, une utilisation plus fréquente des indicateurs d'incertitude chez les enfants
issus de la classe supérieure que chez ceux d'origine ouvrière. Et, surtout, le discours
de ces derniers paraît plus fortement lié au contexte, plus difficilement compréhensib
le en l'absence des images-supports : ce qui manifesterait, selon Bernstein, le con
traste entre une orientation cognitive plus « particulariste », plus dépendante du
contenu concret, de la situation présente, et une autre plus « universaliste », plus
tournée vers la généralisation, la formalisation, l'appréhension des structures. De
même chez des adolescents en situation d'échange verbal (participant à une discus
sion de groupe), on peut constater un certain nombre de différences sémantiques,
syntaxiques et rhétoriques selon qu'ils sont issus de la classe ouvrière ou de la classe
51 moyenne. Ces derniers, qui utilisent, par exemple, plus fréquemment les « pauses
d'hésitation », paraissent mettre en œuvre un rapport au langage plus surveillé, plus
réfléchi, moins spontané que ceux-là. D'une façon générale, les intentions du locu
teur paraissent donner lieu à une explicitation verbale plus poussée dans un groupe
que dans l'autre, où le geste supplée plus souvent à la parole. C'est pourquoi cette
dualité dans les manières d'utiliser l'outil linguistique (qui ne renvoie pas forcément
à des inégalités de « compétence linguistique » ou d' « intelligence verbale ») peut
avoir des implications importantes sur le plan cognitif aussi bien que sur le plan affect
if et social. C'est ainsi que le « code élaboré » semble favoriser davantage l'expression
des liaisons logiques, la hiérarchisation des concepts, l'appréhension ou la product
ion de structures complexes. De même il permet davantage l'expression, l'explicita-
tion de ce qu'il y a d'irréductiblement individuel dans l'expérience, et semble aller de
pair avec un type de « socialite » où l'originalité personnelle se trouve acceptée et
valorisée, tandis que le code restreint semble davantage convenir à l'identification
communautaire, à la conformation affective et aux urgences pragmatiques de la vie
quotidienne : c'est pourquoi tous l'utilisent, mais certains n'utilisent jamais que lui.
c) II est certain que le langage, le mode de langage appris précocement par
l'enfant dans son milieu est fonctionnellement lié (même si cette liaison n'est que
« tendancielle » ou « probabiliste ») à l'apprentissage de certains rôles sociaux à tra
vers la mise en œuvre de certaines formes de contrôle social. Reprenant la problémat
ique sociologique des styles éducationnels et des modes d'exercices de l'autorité au
sein de la famille, Bernstein et ses collaborateurs sont amenés à distinguer deux
types de familles : dans les familles de type « positionnel », c'est le statut qui fonde
l'autorité, les rôles sont définis rigoureusement, les liens communautaires sont puis
sants, les classifications et délimitations symboliques étanches et rigoureuses, alors
que dans les familles « à orientation personnelle » les caractéristiques psychologi
ques des individus pèsent davantage dans la définition des rôles et les processus de
décision, et surtout le contrôle des comportements s'effectue davantage par explici
tation verbale, arbitrage et ajustement, ce qui favorise, semble-t-il, l'autonomie per
sonnelle, mais peut poser à l'individu des problèmes d'identité sociale. Or, ce deuxiè
me type se rencontre davantage dans la classe moyenne et supérieure que dans la
classe ouvrière, de même qu'il est associé plus fréquemment à l'utilisation du « code
élaboré » au sein du milieu familial, tout cela pouvant s'expliquer par d'évidentes
raisons objectives (conditions de vie des différentes classes sociales, types d'activi
tés, types de relations professionnelles induits par la division sociale du travail, etc.).
d) Ces recherches éclairent directement le problème des inégalités de réussite
(et de motivations) scolaires. La scolarisation revêt en effet une signification tout à
fait différente pour l'enfant de milieu social élevé qui aura toutes chances de ne trou
ver dans le langage mis en œuvre à l'école (en particulier à l'occasion des apprentis
sages cognitifs systématiques) que le prolongement et le développement de manièr
es d'être inculquées dès la prime enfance, et pour l'enfant issu de certaines fractions
de la classe ouvrière, confronté aux exigences d'une accommodation véritablement
« déculturante » et qui constitue une menace pour son identité, s'il est vrai que le
langage est ce qui par excellence relie l'enfant à sa communauté en lui faisant inté
rioriser par le jeu des usages expressifs les valeurs, les modes de structuration de
l'expérience, la symbolique propres à cette communauté. Il existe ainsi une affinité
évidente, confirm&

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