Pères blancs et Bambara : une rencontre manquée ? - article ; n°2 ; vol.101, pg 875-896
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée - Année 1989 - Volume 101 - Numéro 2 - Pages 875-896
Paule Brasseur, Pères blancs et Bambara. Une rencontre manquée?, p. 875-896. Les pères blancs installés à partir de 1895 dans la région de Ségou et la haute vallée du Niger (Mali) eurent à faire face à une situation difficile, dans un pays bouleversé par les guerres de Samori et la conquête coloniale. L'un d'entre eux, le P. Henry, se livra à une approche intéressante de la religion bambara, même s'il ne découvrit pas le mythe créateur et l'existence des sociétés d'initiation qui règlent en partie la vie sociale. Le vicaire aspostolique, Mgr Bazin, focalisa son inquiétude sur le problème de la circoncision, où il vit, bien à tort, la marque de l'islam, alors qu'il ne s'agissait que d'un rite de passage permettant l'intégration à la société civile. Le problème du mariage et de la liberté de la femme se posa avec moins d'acuïté que plus tard. L'échec que les pères blancs ressentirent dans leur apostolat tint sans doute à leur difficulté de comprendre la dimension collective de la société à laquelle ils étaient affrontés.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paule Brasseur
Pères blancs et Bambara : une rencontre manquée ?
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée T. 101, N°2. 1989. pp. 875-896.
Résumé
Paule Brasseur, Pères blancs et Bambara. Une rencontre manquée?, p. 875-896.
Les pères blancs installés à partir de 1895 dans la région de Ségou et la haute vallée du Niger (Mali) eurent à faire face à une
situation difficile, dans un pays bouleversé par les guerres de Samori et la conquête coloniale. L'un d'entre eux, le P. Henry, se
livra à une approche intéressante de la religion bambara, même s'il ne découvrit pas le mythe créateur et l'existence des sociétés
d'initiation qui règlent en partie la vie sociale. Le vicaire aspostolique, Mgr Bazin, focalisa son inquiétude sur le problème de la
circoncision, où il vit, bien à tort, la marque de l'islam, alors qu'il ne s'agissait que d'un rite de passage permettant l'intégration à
la société civile. Le problème du mariage et de la liberté de la femme se posa avec moins d'acuïté que plus tard. L'échec que les
pères blancs ressentirent dans leur apostolat tint sans doute à leur difficulté de comprendre la dimension collective de la société
à laquelle ils étaient affrontés.
Citer ce document / Cite this document :
Brasseur Paule. Pères blancs et Bambara : une rencontre manquée ?. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et
Méditerranée T. 101, N°2. 1989. pp. 875-896.
doi : 10.3406/mefr.1989.4068
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9891_1989_num_101_2_4068PAULE BRASSEUR
PÈRES BLANCS ET BAMBARA
UNE RENCONTRE MANQUÉE ?
Ce travail repose sur le dépouillement des archives de la maison
généralice des pères blancs à Rome*, libéralement ouvertes par le R. P.
Lamey. C'est ainsi qu'ont été consultés les diaires du vicariat du Soudan,
les correspondances, les différents rapports pour la période de l'installa
tion jusque vers 1920, l'enquête ethnologique de 1951. Malheureusement
les papiers des pères blancs qui dans la période du début ont publié des
travaux sur les Bambara et les Malinké, notamment ceux du P. Henry, n'y
figurent pas. La Chronique de la Société des Missionnaires d'Afrique
contient des extraits de diaires, lettres, rapports et même articles sur la
mission du Soudan, colligés en 1941 à Maison-Carrée.
Le 1er février 1883 le colonel Borgnis-Desbordes en conclusion de
trois années consécutives de campagnes atteignit le Niger à Bamako. La
pénétration française vers le Soudan occidental, souhaitée dès le XVIIe
siècle par les représentants de la Compagnie des Indes, avait véritable
ment débuté en 1855 avec la création du poste de Médine sur le Sénégal
par Faidherbe. Les missionnaires spiritains installés au Sénégal depuis
1844 attendirent 1888 pour prendre pied à Kita, 1892 à Kayes devenu la
même année capitale de la nouvelle colonie du Soudan et 1893 à Dingui-
ra, toujours dépendants du vicariat apostolique de Sénégambie. Le cardi
nal Lavigerie, archevêque d'Alger, fondateur des missionnaires d'Afrique
ou pères blancs, chargé depuis 1868 de la préfecture apostolique du
Sahara et du Soudan, ne s'intéressa à celui-ci que tardivement. Le vicariat
apostolique du Sahara-Soudan fut créé en 1890 et en 1894 furent préci
sées ses frontières avec celui de la Sénégambie; en 1901 Sahara et Soudan
furent séparés.
* Abréviations
APB, Archives des Pères Blancs (maison généralice, Rome).
MEFRIM - 101 - 1989 - 2, p. 875-896. 876 PAULE BRASSEUR
Cependant les troupes françaises occupèrent en 1890 Ségou, centre
du pays bambara, mais devenu capitale de l'empire toucouleur1, et en
1894 Tombouctou. Les premiers postes de pères blancs suivirent de près :
Ségou le 1er avril 1895, Tombouctou le 22 mai (abandonné en 1907), Kati
(près de Bamako) à la fin de 1897, Banankourou à 25 km au sud de Ségou
le 7 novembre 1902, ainsi que Patyana sur les bords du Bani à 100 km de
Ségou la même année. Par ailleurs ils reprirent les postes spiritains du
Haut-Sénégal à partir de 1901 2.
La fin de la conquête vit la réorganisation administrative de l'immens
e et Niger. La partie occidentale, dont il sera question ici,
reprit le vieux nom de Soudan, la partie orientale avec également un gou
verneur à sa tête devint la Haute- Volta. À son tour le Saint-Siège, le 2
juillet 1921, partagea le vicariat apostolique du Soudan en deux nouvelles
circonscriptions, le vicariat de Ouagadougou à l'est et celui de Bamako à
l'ouest. Divers vicaires apostoliques se succédèrent : Mgr Toulotte de 1892
à 1897, Mgr Hacquard de 1898 à 1901, Mgr Bazin de 1901 à 1910 et Mgr
Lemaître la décennie suivante. Mgr Sauvant fut le premier vicaire aposto
lique de Bamako.
Les premiers pères blancs furent longtemps peu nombreux, situation
aggravée par la Première guerre mondiale. Ils furent victimes d'une morb
idité importante : paludisme chronique, bilieuses, fièvre jaune surtout au
Haut-Sénégal, et d'une mortalité sévère3. Les interminables séjours
qu'ils effectuaient (d'au moins une dizaine d'années, sauf en cas de
convalescence indispensable) affaiblissaient leur résistance. Un dur cl
imat (sécheresse et chaleur excessives remplacées pendant quelques mois
par une hygrométrie très élevée) avait des effets sur leurs caractères :
découragement, irascibilité, ce qu'on appelait la soudanite, qui doit expli
quer en partie nombre de leurs réactions et de leurs jugements.
Peuplé de Malinké autour de la vallée du Sénégal et dans la haute
vallée du Niger, et de Bambara à partir environ de la latitude de Bamako,
1 Voir Y.-J. Saint-Martin, L'empire toucouleur, 1848-1897, Paris, 1971 et Da
vid Robinson, La guerre sainte d'al Hajj Utnar, Paris, 1988.
2 Un résumé historique précis et commode est fourni par l'ouvrage du P. An
dré Prost, Les missions des Pères Blancs en Afrique occidentale avant 1939, s.l.n.d.
La thèse de J.-R. de Benoist, Église et pouvoir colonial au Soudan français, Paris,
1987, centrée sur un problème particulier, donne d'utiles renseignements sur la vie
même de la mission du Soudan occidental.
3 Du temps de Mgr Bazin, 14 décès sur un effectif qui n'atteignit jamais qua
rante missionnaires. En 1906 pour l'ensemble du vicariat six décès de la fièvre jau
ne, trois en 1910 à Kayes et Kakoulou (Prost, op. cit., p. 48 et 88). PÈRES BLANCS ET BAMBARA 877
12
Mali, les Missions des Pères Blancs vers 1900.
le vicariat apostolique était à tous points de vue un domaine neuf pour les
missionnaires. Les Malinké, héritiers de l'ancien empire médiéval du
Mali, comme les Bambara qui disent être venus du Mandé, se répartirent
après la disparition de l'empire en petites ou moyennes chefferies. C'était
encore au moment de l'intervention française le cas des Malinké qui
occupaient de Kayes à Bamako un pays de pénétration difficile. Par
contre les Bambara avaient constitué au XVIIe siècle un royaume centré
autour de Ségou qui fut détruit en 1861 par El Hadj Omar, le conquérant
toucouleur, ce qui introduisit de façon toute relative l'islam auquel les
Bambara n'adhérèrent pas en dehors de Ségou4. Tout le Soudan occi-
4 La caste des pêcheurs, les Somono, fut islamisée par la prédication de la
Qâdiriyya au début du XIXe siècle, puis par la Tijâniyya d'El Hadj Omar. 878 PAULE BRASSEUR
dental fut ravagé par les guerres au cours du XIXe siècle, notamment cel
les de la conquête avec la résistance de Samori. Les excès du portage exi
gé par les autorités françaises entraînèrent des déplacements de populat
ions fuyant les réquisitions, comme les combats eux-mêmes avaient pro
voqué des brassages importants.
Lorsque les pères blancs prirent pied dans la région de Ségou, alors
que la conquête plus à l'est n'était pas achevée, ils eurent en face d'eux,
superposés au fond bambara, des gens totalement déracinés, misérables,
méprisés, que l'administration française pour des motifs plus ou moins
purs tentai

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