Perspectives et contraintes de la bioindustrie  - article ; n°1 ; vol.18, pg 30-37
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Description

Revue d'économie industrielle - Année 1981 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 30-37
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 21
Langue Français

Extrait

Lucien Penasse
Perspectives et contraintes de la bioindustrie
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 18. 4e trimestre 1981. Genèse et développement de la BIOINDUSTRIE. pp.
30-37.
Citer ce document / Cite this document :
Penasse Lucien. Perspectives et contraintes de la bioindustrie . In: Revue d'économie industrielle. Vol. 18. 4e trimestre 1981.
Genèse et développement de la BIOINDUSTRIE. pp. 30-37.
doi : 10.3406/rei.1981.1089
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1981_num_18_1_1089Perspectives et contraintes de la bioindustrie
Lucien PENASSE
Directeur des recherches biotechnologiques
Centre de Roussel-Uclaf
« Après avoir souffert d'ignorance l'ensemble des biotechnologies me semble aujourd'hui surcôté.
Le risque est que l'on attende trop et trop vite, sans bien savoir quoi ! »
Daniel THOMAS
Université de Compiègne
Cité dans le Nouvel Economiste
10 novembre 1980
Ignorance ou surestimation, voilà un terrain redoutable pour l'épanouissement
d'une technologie nouvelle, ou tout au moins le développement d'une
technologie existante. Et la phrase citée en exergue, qui est de l'un des premiers
spécialistes français de ce domaine, me semble parfaitement justifiée.
Un effort de réflexion important a été entrepris, depuis 3 ans, tant par les
Pouvoirs publics, les chercheurs que les industriels : il tourne autour des quatre
questions suivantes : qu'est-ce que la bioindustrie aujourd'hui ? Que sera-t-elle
demain dans le monde et en France ? Comment organiser ici les moyens de
recherche et de production pour que la part de la France soit la meilleure
possible ? Quels sont les contraintes, les freins, les obstacles sur ce chemin ?
Cet article ne saurait prétendre, bien entendu, apporter de réponses à ces
questions, tout au plus quelques éléments de réflexion. Mais c'est par
l'assemblage et la confrontation de réflexions de ce type que l'on parviendra à
une connaissance et une juste estimation des potentialités de ce domaine.
Un triple handicap pèse sur cette évaluation. D'une part les éléments essentiels
de ces techniques sont issus de domaines biologiques dont le développement
exponentiel pour ne pas dire explosif, est certainement le plus considérable de la
Science contemporaine. Même les hommes du métier éprouvent les plus sérieuses
difficultés à tenir à jour leurs connaissances d'ensemble, qu'ils ont renoncé à
espérer exhaustives sauf pour un petit domaine restreint qui est le leur. Que dire
dès lors des économistes et des gestionnaires dont la contribution est néanmoins
indispensable. D'autre part, ces recherches touchent à quelques uns des
mécanismes les plus fondamentaux de la matière vivante, d'où immédiatement
une connotation émotionnelle qui vient parfois brouiller les cartes, par exemple
dans la juste estimation des risques et dangers pour l'environnement et la santé.
Enfin l'inquiétude issue du tarissement éventuel des sources d'énergie
traditionnelles conduit à des espoirs insuffisamment réfléchis sur les énergies
renouvelables dans lesquelles les biotechnolgies sont appelées à jouer un rôle.
30 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n°18, 4' trimestre 1981 DEFINITION ET SURVOL
Au niveau de la définition, il s'est fait aujourd'hui un consensus pour dire que
la biotechnologie concerne tout ce que l'on peut faire d'utile avec des
microorganismes, des cellules végétales ou animales, ou des fragments
biochimiquement actifs qui en dérivent.
Ces techniques font appel à des connaissances fondamentales issues
principalement de la biologie, de la biochimie, de la microbiologie, de
l'enzymologie et de la génétique et les applications, dont la mise en œuvre
constitue la bioindustrie, se situent dans les domaines de la Santé, de la
Nutrition, de l'Industrie Chimique, de l'Agriculture, de l'Energie, des
Productions minières ou de la Pollution. C'est parmi les applications destinées à
la Santé que l'auteur choisira la plupart des exemples cités. Les principales
notions qu'il cherche à éclairer sont toutefois transposables aux autres domaines.
La biologie, jointe aux sciences de l'ingénieur, peut conduire à d'autres types
d'applications, celles du génie biomédical par exemple, qu'il convient de bien
séparer de celles qui sont traitées ici.
Vue sous l'angle de la définition que nous venons de donner, la biotechnologie
est ancienne : les microorganismes interviennent, et d'une façon irremplaçable,
dans diverses activités traditionnelles de l'homme : sans eux il ne pourrait obtenir
ni le pain, ni le vin, ni le fromage. Leur rôle est tout aussi essentiel dans plusieurs
étapes des grands cycles de la biosphère : fixation de l'azote par les légumineuses,
digestion, retour des déchets végétaux dans l'économie organique.
Mais pendant longtemps, la présence et le rôle des microorganismes ont été
ignorés. C'est vers le milieu du siècle passé que l'on a entrevu le rôle actif joué
par la levure dans la fermentation alcoolique et c'est en 1880 que l'on a
commencé à produire de la bière au Danemark en inoculant artificiellement le
milieu à fermenter par de la levure préparée à cet effet.
A partir de cette date donc, l'obtention des produits de fermentation est passé
progressivement de l'état traditionnel à l'état industriel. Le passage en fait a été
lent car pour ces productions, l'avantage pratique n'était pas évident. D'une
part, la productivité des procédés de type artificiel pas supérieure à celles
des procédés naturels et, d'autre part, dans l'accès aux denrées fermentées
intervenait souvent, non pas un microorganisme mais toute une flore
microbienne, éventuellement en vagues successives, conduisant aux propriétés
organoleptiques subtiles de ces produits, flores difficiles à maîtriser à cette
époque et même aujourd'hui.
Une première impulsion a été donnée pendant la guerre mondiale 1914-18, par
la production par fermentation d'acétone et de butanol, utilisés dans la
fabrication des explosifs et, peu après, par la production de l'acide citrique.
La grande impulsion toutefois est venue à partir de 1940, de la découverte des
antibiotiques. Elle a apporté d'une part une ouverture, d'autre part une
contrainte.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 18, 4' trimestre 1981 31 Une ouverture : des microorganismes isolés de leur habitat naturel, la terre, où
ils se multiplient spontanément en se nourrissant de déchets végétaux,
synthétisent entièrement, à partir de ces aliments simples, des molécules
complexes aussi prestigieuses que la Pénicilline ou la Streptomycine. Cela a donc
révélé les étonnantes capacités synthétiques ou catalytiques des
mircroorganismes. On s'est mis à cette époque, à passer en revue les
innombrables souches isolables du sol, à la recherche d'autres molécules
précieuses de ce type.
Une contrainte : pour assurer la productivité la meilleure de ces molécules, les
microorganismes réclament des conditions de culture précises et optimisées.
Cette exigence est donc à l'origine des développements de l'industrie de
fermentation moderne qui fait appel autant aux meilleures ressources de la
génétique et de la physiologie bactérienne, qu'aux techniques de l'ingénieur et de
l'informaticien pour assurer cette productivité.
Dans tous les cas, le schéma de base de ces productions est le même : un
laboratoire de microbiologie assure la conservation de la souche et la préparation
de l'inoculum. A l'aide de celui-ci, on ensemence un milieu de culture approprié,
contenant des sucres, des acides aminés, des sels minéraux, milieu dont on a
préalablement détruit les microorganismes étrangers qu'il contient en le
stérilisant par la chaleur. La culture se déroule alors à une température
maintenue constante dans la plage des 25-35°, en général sous aération et
agitation, pendant une durée de l'ordre de 5 à 10 jours. Le volume de la
fermentation dépend de la quantité de produit souhaité, elle est usuellement de
l'ordre de la centaine de mètres cubes. Des tailles nettement plus grandes sont
techniquement concevable

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