Phrase et acte de parole  - article ; n°17 ; vol.5, pg 19-33
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Description

Langages - Année 1970 - Volume 5 - Numéro 17 - Pages 19-33
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

P. F. Strawson
Paul Gochet
Phrase et acte de parole
In: Langages, 5e année, n°17, 1970. pp. 19-33.
Citer ce document / Cite this document :
Strawson P. F., Gochet Paul. Phrase et acte de parole . In: Langages, 5e année, n°17, 1970. pp. 19-33.
doi : 10.3406/lgge.1970.2573
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1970_num_5_17_2573F. STRAWSON ' -'"" ~ *~- P.
Magdalen College
x
PHRASE ET ACTE DE PAROLE
Nous examinerons, entre autres choses, la question de savoir comment
le contexte d'un énoncé affecte ce qu'on dit, ce qu'on veut dire ou ce que
l'on fait lorsqu'on énonce une phrase sur le mode sérieux.
Pour commencer (section I), nous considérerons la question au travers
d'une trichotomie simple dont les trois branches se présentent comme des
sens de plus en plus riches de l'expression « la signification de ce qui
est dit ». Ensuite, nous commenterons (section II) les différents cas dans
lesquels on peut reprocher une trop grande simplicité dans la manière
de traiter la question. Pour terminer (à la section III), nous examinerons
un certain nombre de problèmes annexes qui intéressent sûrement les
philosophes du langage et peut-être aussi les linguistes.
Supposons qu'à une certaine occasion une personne énonce sur la
mode sérieux une phrase S d'une langue L. Supposons qu'une autre
personne, X, possède tout juste cette information et rien de plus, en ce
qui concerne l'émission verbale, c'est-à-dire qu'elle sache quelle phrase
a été énoncée, mais ignore tout de l'identité du locuteur ou de la nature
de l'occasion de cette énonciation. Admettons en outre que X possède
une connaissance idéalement complète de L, c'est-à-dire une maîtrise
totale de la sémantique et de la syntaxe de L. Peut-on admettre dans
ces conditions qu'il y ait un sens qui permette de dire de X qu'il connaît
la signification de ce qui a été dit exactement à cette occasion-là?
Nous pouvons répondre que cela dépend. Cela dépend du point de
savoir si l'on considère que la phrase S, examinée à la lumière de la
maîtrise de la syntaxe et de la sémantique de la langue L possédée par
la personne X, est une phrase conçue comme affectée d'une ambiguïté ou,
au contraire, comme indemne de toute ambiguïté syntaxique ou sémant
ique. Si S est indemne de toute ambiguïté de cette sorte, alors, X connaît
la signification de ce qui a été dit à cette occasion, en un sens de cette der
nière expression. Mais si S est affligée de pareille ambiguïté, — d'une
ambiguïté telle, par exemple, que celle qui affecte les phrases françaises : 20
« il s'appuyait sur sa canne » ou « la vedette disparut au grand étonnement
des spectateurs », alors X ne connaît pas encore, en ce sens, la signification
de ce qui a été dit dans les circonstances en question 1. Car il ne sait pas
laquelle est la bonne parmi les lectures ou interprétations concurrentes
de S.
Mais supposons cette ambiguïté levée pour lui. On lui dit laquelle des
interprétations rivales est correcte, c'est-à-dire conforme aux intentions
du locuteur. Dans ce cas, il apprend, dans le sens que nous assignons pré
sentement à ces mots, la signification de ce qui a été dit dans les circons
tances en question. (Une fois admis que le locuteur possède aussi une
connaissance idéale d'une autre lange L' et que L', quoiqu'il ne sauve
garde pas toutes les ambiguïtés des phrases de L, est pourvu des moyens
requis pour traduire adéquatement toutes les phrases de cette langue, il
faut admettre aussi que X, ne sait ni plus ni moins que ce qu'il doit
savoir pour en une phrase de L' la phrase S, comme elle a été
énoncée dans la conjoncture considérée).
Disons que si X connaît, dans ce sens, la signification de ce qui a été
dit dans les circonstances en question, alors il connaît la signification
des propos au sens A (ou signification linguistique).
Supposons que S soit la phrase, « Jean sera ici dans deux heures
comptées à partir de maintenant ». Il est clair qu'en connaissant la signi
fication au sens A de cet énoncé, X est loin d'avoir de celui-ci une com
préhension complète. Car il ignore qui est appelé « Jean » et quel endroit
et quel moment sont désignés par « ici » et « maintenant ». Mais on peut
l'en informer et si cela se fait, il connaîtra alors la signification de ce qui
a été dit dans un sens plus plein que le sens A.
D'une manière générale, supposons que l'on apprenne au sujet
d'une phrase S énoncée à une occasion particulière, non seulement la
signification de ce qui a été dit au sens A, mais aussi la portée de tous les
éléments démonstratifs ou deictiques, s'il y en a, et que l'on apprenne en
outre quels sont les référentiels de tous les éléments contenus dans S,
s'il y en a, qui font référence à des êtres particuliers. Si cela se réalise, on
connaîtra la signification de ce qui a été dit en un sens plus plein que le
sens A. Convenons d'appeler ce sens plus plein, la signification du propos
au sens B ou linguistique accompagnée de la signification
référentielle. (Lorsque, connaissant la signification du propos au sens A,
on acquiert la signification au sens B, on réalise ainsi une progression qui
n'est nullement nécessaire à l'exécution d'une traduction en L' de ce qui
a été dit en L.)
Si même nous connaissons la signification de l'énoncé au sens B,
il ne s'ensuit nullement que nous ayons une connaissance complète de la
manière dont ce qui a été dit doit être entendu ou de tout ce qu'on veut dire
par les propos tenus. Il se peut, par exemple, que nous ne sachions pas
comment le locuteur entend que nous prenions ou comprenions ce qu'il
a dit.
Nous pouvons savoir que les mots « Ne partez pas encore » s'adres
saient à telle ou telle personne et à tel ou tel moment, et ignorer cepen-
1. Les exemples anglais ont dû être remplacés par d'autres pour sauvegarder
la'mbiguïté. C'est nous qui soulignons les mots ambigus. (N. du T.) 21
dant s'il fallait les entendre comme une requête, une prière, un ordre, un
conseil ou simplement une manifestation de politesse conventionnelle.
C'est là une dimension de la signification étudiée par J.L. Austin sous le
titre de « force illocutionnaire 2 ».
Il existe une autre manière dont la connaissance de ce qui était signifié
peut déborder la compréhension de la signification de l'énoncé au sens B,
et cette autre manière est discernable de la première, mais non sans
rapport avec elle. Il se peut que pour respecter l'intention du locuteur il
faille le prendre comme impliquant ou suggérant, par son propos, quelque
chose qui ne découle pas strictement de la seule signification au sens B
de celui-ci, et il se peut que ce que le locuteur veut dire par ce qu'il dit
ne soit pleinement compris que si cette intention est reconnue.
Ainsi, supposez qu'au cours d'une discussion sur l'attribution future
d'une charge, je dise : « Le Président a exprimé l'opinion que cinquante
ans est l'âge idéal pour l'affectation à ce poste. » Ne concevrait-on pas
aisément que je donne à entendre que l'expression de cette opinion par
le Président procédait d'une préférence préalable éprouvée par lui pour
un candidat déterminé — candidat dont l'âge est, par hasard, justement
cinquante ans, fait que mon interlocuteur et moi-même connaissons et
savons connu de chacun de nous. Ne concevrait-on pas aussi que mon
interlocuteur ne saisirait pas pleinement la signification de ce que j'ai dit
s'il ne s'avisait pas qu'on attendait de lui qu'il prît conscience de cette
implication.
Il y a donc un fondement à l'introduction d'une acception plus riche
encore de l'expression « la signification de ce qui a été dit ». Appelons-la
la signification de l'énoncé au sens C (ou signification complète). On ne
connaît la signification de l'énoncé au sens C que si l'on ajoute à la
connaissance de sa signification au sens B d'abord une compréhension
complète de la manière dont ce qui a &#

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