Quelques principes pour l étude des cas (avec application à l ablatif latin) - article ; n°50 ; vol.12, pg 98-116
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Quelques principes pour l'étude des cas (avec application à l'ablatif latin) - article ; n°50 ; vol.12, pg 98-116

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Description

Langages - Année 1978 - Volume 12 - Numéro 50 - Pages 98-116
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Christian Touratier
Quelques principes pour l'étude des cas (avec application à
l'ablatif latin)
In: Langages, 12e année, n°50, 1978. pp. 98-116.
Citer ce document / Cite this document :
Touratier Christian. Quelques principes pour l'étude des cas (avec application à l'ablatif latin). In: Langages, 12e année, n°50,
1978. pp. 98-116.
doi : 10.3406/lgge.1978.1950
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1978_num_12_50_1950С. TOURATIER
QUELQUES PRINCIPES POUR L'ÉTUDE DES CAS
(AVEC APPLICATION A L'ABLATIF LATIN)
Quand le grammairien doit parler de ce qu'on appelle traditionnell
ement la « syntaxe des cas », il est quelque peu mal à l'aise, car il ne dispose
pas d'hypothèses proprement linguistiques pour asseoir son exposé et n'a
finalement rien à dire en tant que spécialiste de la grammaire latine. Il
que la possibilité de décrire l'usage de chaque cas, en essayant de classer le
plus clairement et le plus judicieusement possible les emplois apparemment si
différents qu'un même cas semble avoir dans les textes. Il s'efforce en outre
de se démarquer par rapport à l'exposé que ferait sur la même question un
spécialiste du thème latin, en ajoutant à la description de l'usage en latin
classique quelques hypothèses sur la préhistoire indo-européenne de cer
tains des cas et surtout en faisant quelques observations sur l'évolution de
l'usage jusqu'au latin tardif, voire jusqu'aux langues romanes. C'est ce que
fait par exemple la Syntaxe latine d'ERNOUT et Thomas.
On est en droit de se demander si la linguistique moderne ne permettrait
pas d'améliorer cette description en proposant des hypothèses susceptibles
d'organiser et d'éclairer la multiplicité apparemment incohérente des don
nées observables. De fait, il est possible de trouver plusieurs suggestions
intéressantes dans les différents travaux où les linguistes ont été amenés à
parler des cas du latin. La première serait par exemple d'adapter à l'étude
des cas le modèle phonologique et de classer les différentes valeurs d'un cas
exactement comme l'on classe les différentes réalisations phoniques d'un
même phonème. On sait en effet qu'un phonème peut, dans un contexte
donné, recevoir une réalisation phonique particulière du fait précisément de
ce contexte et présenter ainsi ce qu'on appelle une variante combinatoire ;
en latin par exemple le phonème /n/ se réalise [■/)] devant une dorsale comme
dans angélus ou relinquo et la nasale dite vélaire n'est qu'une variante comb
inatoire de /n/, alors que la même nasale est en allemand un pho
nème différent de /n/ comme le montre la paire /zinan/ « réfléchir » (sinnen),
/zip.9n/ « chanter » (singeri). De la même façon, on peut admettre avec Jerzy
Kurylowicz que tous les emplois d'un cas qui sont liés à une particularité
de l'environnement syntaxique ou sémantique représentent des fonctions
secondaires du cas en question, tout comme les variantes combinatoires
sont les « formes secondaires » d'un phonème, et que la fonction primaire
d'un cas correspond à la valeur dont les conditions d'emploi ne peuvent
pas être définies positivement et sont, comme le dit Jerzy Kurylowicz,
« non marquées » ou « de fondation ». On peut illustrer ce point de vue par ce
que Jerzy Kurylowicz dit de l'accusatif indo-européen : « Auprès les ver
bes transitifs, où il désigne l'objet externe ou interne (affectum ou effectum),
sa désinence est sans aucune valeur sémantique, elle est purement le signe
syntaxique de la subordination au verbe. Mais en outre il y a, à titre d'emp
lois spéciaux, un accusatif de but, de l'extension spatiale ou temporelle,
du prix, etc. Chacune de ces valeurs n'est propre qu'à un groupe de verbes
déterminé au point de vue sémantique. Ainsi l'accusatif du but n'est pos
sible qu'après les verbes exprimant un mouvement. L'accusatif de la durée
(extension temporelle) est limité aux formes verbales contenant l'idée de la
durée. (...) Les verbes transitifs, auprès desquels s'emploie l'accusatif
(du régime direct) ne sont pas au contraire définissables au point de vue
sémantique. (...) On peut donc parler d'une fonction primaire de l'accusatif,
98 laquelle est celle du régime direct, et d'une série de fonctions secondaires :
accusatif du but (nagaram gacchati, Romam ire), de l'extension, du prix,
etc. » x.
Ce classement des emplois de l'accusatif est incontestablement fort
intéressant, surtout lorsqu'on sait que Jerzy Kurylowicz Га repris d'une
façon plus approfondie et plus détaillée dans le chapitre consacré aux cas de
The inflectional categories 2. Mais, outre quelques objections de détail, on
peut formuler contre une telle analyse une critique de principe assez grave.
Alors que Jerzy Kurylowicz reconnaît fort justement, au niveau de la
théorie générale, que la fonction primaire et les fonctions secondaires d'une
unité linguistique ne sont que des réalisations dans le discours de la fonc
tion fondamentale de ladite unité, fonction fondamentale qui, comme il le
dit expressément, se détermine dans le système 3, il ne nous dit rien sur la
fonction de l'accusatif et ne précise pas de quelle valeur dans
le système des cas indo-européens la fonction primaire et les fonctions
secondaires de l'accusatif peuvent être considérées comme des réalisations
particulières. Bref il nous a décrit l'accusatif comme un phonologue qui
aurait admis qu'en latin l'occlusive nasale vélaire sonore [p.] et l'occlusive
nasale apicale sonore [n] sont deux variantes d'un seul et même phonème, et
qui aurait précisé que [n] est la réalisation principale ou primaire de ce
phonème et [p] la réalisation secondaire, puisque seule cette dernière nasale
peut être positivement définie par une particularité contextuelle, mais qui
aurait été incapable d'établir qu'en vertu du système phonologique latin le
phonème /n/ se définit par les deux seuls traits distinctifs « nasal » et « api-
cal ». Or il est difficile de penser qu'il s'agit là d'une simple négligence, à
laquelle le lecteur pourrait aisément remédier ; car d'une part il en est de
même pour chacun des autres cas étudiés par Jerzy Kurylowicz, et d'au
tre part on voit mal avec quelle définition fondamentale de l'accusatif il
serait possible de rendre compte de tous les emplois de ce cas sans se livrer à
des acrobaties subtiles plus ou moins métaphoriques ou sans recourir à une
formule très abstraite dont on ne parviendrait pas à limiter sans artifice
l'application aux seuls emplois effectifs de l'accusatif. On est ainsi amené
à penser qu'il n'est peut-être pas légitime de pratiquer au niveau des cas la
méthode d'analyse qui a rendu bien des services au niveau des sons, même
s'il paraît a priori intéressant de transposer au niveau des différentes valeurs
d'un morphème grammatical la notion phonologique de variante combina-
toire.
La linguistique moderne a fait progresser les études de syntaxe en
refusant expressément « une présentation de la syntaxe étroitement tribu
taire de la morphologie » 4. Appliqué à l'étude des cas, ce point de vue invite,
ainsi que le précise Jean Perrot 5, à ne plus examiner « les emplois, c'est-à-
dire la syntaxe des cas (...), comme s'il existait un parallélisme rigoureux
entre l'organisation des fonctions ou l'expression des valeurs dans l'énoncé
et du matériel morphologique dont la langue dispose ». Il
ne faut pas par exemple s'appuyer sur le fait qu'au niveau morphologique
un syntagme prépositionnel présente une préposition accompagnée d'un cas
pour croire que, au point de vue de la valeur, ce syntagme combine la valeur
d'une préposition à celle du cas régi, et donc pour essayer envers et contre
tout d'attribuer à ce cas une seule et même valeur quelle que soit la prépos
ition qui le régisse ; car après une préposition, le cas pourrait fort bien n'être
1. J. Kurylowicz, « Le problème du classement des cas » dans : Biuletyn Polskiego
Towarystwa Jezykoznawczego, 9 (1949), pp.

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