Règles d organisation et relation salariale - article ; n°1 ; vol.97, pg 69-84
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Description

Revue d'économie industrielle - Année 2001 - Volume 97 - Numéro 1 - Pages 69-84
The aim of this paper is to present a framework to analyze the rules which govern coordination in an organization. This framework demonstrates the originality and the limits of Hayek's approach to organizational coordination. In the first part, a typology of organizational rules is set out, which allows us to go beyond the opposition between organized and spontaneous order. This typology shows the diversity of the coordination process and the importance of the employees' cooperation. In a second part, we use this typology to show that Hayek, despite the interest of his analysis, sees labor as a simple market-based resource for the company.
L'objet de ce texte est de proposer une grille d'analyse de la coordination par les règles dans l'organisation, afin de montrer l'originalité et les limites de l'approche hayekienne de la coordination organisationnelle. Dans un premier temps, le texte présente une typologie des règles d'organisation qui permet de dépasser l'opposition entre ordre organisé et ordre spontané. Cette typologie fait apparaître la diversité des processus de coordination à l'œuvre dans l'organisation et montre l'importance de la coopération des salariés à ces processus. Dans un second temps, les auteurs s'appuient sur cette typologie pour montrer que Hayek, malgré la richesse de son analyse des règles et de la coordination organisationnelles, et même s'il montre l'importance de l'équité des règles d'organisation, conçoit paradoxalement le travail comme une simple « ressource >> marchande à la disposition de l'entreprise.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 81
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mohammed Bensaid
Nathalie Richebe
Règles d'organisation et relation salariale
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 97. 4e trimestre 2001. pp. 69-84.
Abstract
The aim of this paper is to present a framework to analyze the rules which govern coordination in an organization. This
framework demonstrates the originality and the limits of Hayek's approach to organizational coordination. In the first part, a
typology of organizational rules is set out, which allows us to go beyond the opposition between organized and spontaneous
order. This typology shows the diversity of the coordination process and the importance of the employees' cooperation. In a
second part, we use this typology to show that Hayek, despite the interest of his analysis, sees labor as a simple market-based
resource for the company.
Résumé
L'objet de ce texte est de proposer une grille d'analyse de la coordination par les règles dans l'organisation, afin de montrer
l'originalité et les limites de l'approche hayekienne de la coordination organisationnelle. Dans un premier temps, le texte présente
une typologie des règles d'organisation qui permet de dépasser l'opposition entre ordre organisé et ordre spontané. Cette
typologie fait apparaître la diversité des processus de coordination à l'œuvre dans l'organisation et montre l'importance de la
coopération des salariés à ces processus. Dans un second temps, les auteurs s'appuient sur cette typologie pour montrer que
Hayek, malgré la richesse de son analyse des règles et de la coordination organisationnelles, et même s'il montre l'importance
de l'équité des règles d'organisation, conçoit paradoxalement le travail comme une simple « ressource >> marchande à la
disposition de l'entreprise.
Citer ce document / Cite this document :
Bensaid Mohammed, Richebe Nathalie. Règles d'organisation et relation salariale. In: Revue d'économie industrielle. Vol. 97.
4e trimestre 2001. pp. 69-84.
doi : 10.3406/rei.2001.1800
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_2001_num_97_1_1800Mohammed BENSAÏD
Université de Tanger
FORUM
Nathalie RICHEBÉ
Audencia Nantes
FORUM
REGLES D'ORGANISATION
ET RELATION SALARIALE (1)
Mots-clés : Règles, organisation, relation salariale, coordination, coopération.
Key words : Rules, Organisation, Employment, Relationship, Coordination, Coopération.
Pour expliquer l'existence et la taille des firmes, Coase a montré, dès la
fin des années 1930, l'intérêt d'une conception de l'organisation
comme lieu de coordination par l'entrepreneur. Mais cette idée est
introduite au prix d'une simplification extrême de l'analyse de la coordination
dans les organisations : les règles d'organisation sont essentiellement des
règles prescriptives, réduisant la relation d'emploi à une relation de pure
subordination et la coordination dans l'organisation, à une coordination cent
ralisée.
Au moment où Coase publie « The nature of the Firm » (1937) Hayek, dans
« Economics and Knowledge » (1937), élabore les prémisses d'une théorie de
la coordination économique qui, même si elle s'inscrit dans le cadre du débat
qui l'oppose alors aux tenants du socialisme de marché et de l'équilibre génér
al et même si elle est moins connue, est à bien des égards plus riche que celle
de Coase. Cette théorie, qui ne sera approfondie que plus tard (Hayek, 1964,
1973), introduit l'idée novatrice de dispersion des connaissances dans l'orga
nisation, ce qui conduit à concevoir la coordination organisationnelle comme
une coordination décentralisée par les règles. Tout ne peut être planifié et déci
dé d'« en haut » et la fonction des règles d'organisation n'est pas seulement de
prescrire, mais aussi de permettre aux salariés de prendre des décisions en
(1) Nous tenons à exprimer nos vifs remerciements à Pierre Garrouste et à Mathilde Mesnard
pour leurs remarques et suggestions précieuses sur une première version de ce texte.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 97, 4ème trimestre 2001 69 fonction de connaissances auxquelles ils sont seuls à accéder. Si la hiérarchie
émet des règles, il revient aux salariés de les interpréter « en situation ».
L'existence d'une marge d'interprétation des règles, loin d'empêcher la coor
dination, est ce qui la rend possible.
Mais qu'est-ce qui garantit, cependant, que cette interprétation se fera, comme
le suppose Hayek, « à la lumière des commandements » émis par l'employeur ?
Comment expliquer que les salariés coopèrent ? Ces questions traversent toute
l'analyse de Hayek, mais il n'y répond pas de façon satisfaisante.
L'objet de ce texte est de proposer une analyse de la coordination organisa-
tionnelle par les règles en partant du cadre théorique posé par Hayek, pour en
montrer à la fois l'originalité et les limites. Nous procéderons en deux temps.
Nous développerons dans la section I une typologie des règles d'organisation
qui s'appuie sur une double distinction, entre ordre organisé et ordre spontané
d'une part, entre origine et fonctionnement des règles d'autre part. Cette typo
logie est utile pour au moins deux raisons. Elle permet de donner une vision
riche de la complexité et de la diversité potentielle des processus de coordinat
ion dans l'organisation. Elle permet aussi d'étudier le lien entre apprentissa
ge organisationnel et règles d'organisation en montrant l'importance cruciale,
pour l'organisation, de la coopération des salariés.
Dans la section II, nous nous appuierons sur cette typologie pour faire appar
aître la richesse et les limites de l'analyse hayekienne. Nous montrerons
d'abord l'intérêt d'une analyse des règles d'organisation qui ne soient pas seu
lement des commandements et qui, pour être efficaces, doivent être considé
rées comme équitables par les salariés. Nous verrons ensuite comment Hayek
continue, paradoxalement, de concevoir le travail comme une simple « res
source » marchande à la disposition de l'entreprise, et ne tire pas toutes les
conséquences logiques de son analyse de l'organisation.
I. — UNE TYPOLOGIE DES REGLES D'ORGANISATION
Après avoir présenté la typologie des ordres proposée par Hayek, nous ver
rons comment elle peut être enrichie par l'analyse de Langlois (1.1), puis nous
proposerons notre propre des règles organisationnelles (1.2).
1.1. Ordres organisés/ordres spontanés
Quel système est capable d'utiliser au mieux les connaissances et informat
ions dispersées dans une économie complexe ? Cette question, posée par
Hayek pour discuter les mérites comparés du socialisme et du capitalisme,
peut être transposée au débat sur les mérites comparés du marché et de l'orga
nisation. Selon Hayek, la coordination se réalise à travers deux types d'ordre
distincts, les ordres organisés et les ordres spontanés. Les ordres organisés se
caractérisent principalement par le fait qu'ils obéissent à un dessein humain
70 REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 97, 4ème trimestre 2001 bien établi et sont essentiellement gérés par commandement, c'est-à-dire par
des règles concrètes (2) et finalisées. En revanche, les ordres spontanés sont
des systèmes complexes, dont le trait principal est qu'ils ne sont pas « le résul
tat d'un dessein humain » même s'ils sont « le résultat de l'action d'hommes
nombreux » (Hayek, 1973, p. 43). Ils obéissent alors à des règles abstraites et
non finalisées.
Cette définition dichotomique des types d'ordres peut prêter à confusion si son
statut épistémologique n'est pas précisé. En effet, si elle est considérée comme
outil descriptif, elle risque fort d'empêcher de voir la complexité des ordres
réels. C'est pourquoi elle ne doit être perçue que comme un premier pas analy
tique. Pour dépasser cette dichotomie, il faut établir des catégories analytiques
plus riches, comme le fait Langlois (1997). Partant de la distinction entre ori
gines spontanée et créée d'une part, entre fonctionnements (ou évolution) diri
gé et spontané, d'autre part, cet auteur élabore la typologie suivante (3) :
Typologie des ordres
Fonctionnement

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