Religion et politique sociale. La providence sans l’État ? - article ; n°1 ; vol.75, pg 96-106
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Description

Matériaux pour l'histoire de notre temps - Année 2004 - Volume 75 - Numéro 1 - Pages 96-106
For the last thirty years, the religious field has become a major arena for the ideological conflicts which divide American society as the debates about social policy show clearly. In the conservative Republican discourse, the withdrawal of the government from social policy has been accompanied by a call for religious charitable organizations to substitute their action to public social programs and to transmit their values to the poor whose situation is said to be essentially the result of their moral weaknesses. The article presents the various stages of this debate, from the ideological offensive of the Reagan presidency to the reform of Welfare under Bill Clinton proposing to enrol the churches through the charitable choice provision”, and George W. Bush’s compassionate conservatism” and his faith-based initiative.
Depuis une trentaine d’années, le champ religieux apparaît comme une arène privilégiée des conflits idéologiques qui travaillent la société américaine comme l’illustrent les débats autour de la politique sociale. Dans le discours républicain conservateur, le désinvestissement social de l’État s’accompagne d’un appel aux organisations charitables religieuses pour qu’elles se substituent aux programmes sociaux publics et insufflent leurs valeurs aux pauvres dont la situation est attribuée essentiellement à leurs faiblesses morales. L’article étudie les différentes phases de ce débat, de l’offensive idéologique lancée par le président Reagan à la réforme de l’aide sociale aux pauvres de Bill Clinton proposant d’enrôler directement les organisations religieuses par le biais d’une «option charitable», au «conservatisme compasssionnel» et à l’ «initiative fondée sur la foi» de George W. Bush.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 51
Langue Français

Extrait

Religion et politique sociale
Isabelle RICHET
La providence sans l’État ?
Q uiconque cherche à saisir la nature des rap-ports entre religion et politique aux États-Unis est immédiatement confronté au paradoxe d’un pays qui, le premier, en 1791, a adopté une constitution laïque, mais dont l’histoire révèle une interpénétration récur-1 rente des sphères du religieux et du politique . Si la séparation des Églises et de l’État est le principe régula-teur du pluralisme religieux états-unien — qu’elle a lar-gement contribué à promouvoir —, la forte insertion des groupes religieux dans les rapports sociaux locaux rend inévitable leur implication dans les dynamiques politiques à l’œuvre dans le pays, comme l’illustrent les nombreux mouvements de réforme d’inspiration reli-2 gieuse au cours de l’histoire des États-Unis . Ces mou-vements montrent aussi comment, dans un contexte de séparation des Églises et de l’État où, en principe, aucun groupe religieux ne saurait imposer ses normes à l’ensemble de la société, loin d’être simplement une ressource culturelle partagée, la religion opère comme système idéologique de groupes sociaux particuliers. Mais l’histoire montre aussi comment le pluralisme, qui mène à cet état de fait, est aussi, en fin de compte, le meilleur garde-fou contre les tentations hégémoniques — ou parfois même théocr atiques — qui ont pu ou 3 pourraient s’exprimer à travers de tels mouvements . La période récente est une bonne illustration de ces phénomènes, alors que, depuis une trentaine d’années, le champ religieux appar aît comme une arène pri vilé-giée des conflits idéologiques qui travaillent la société américaine. Parmi les nombreuses questions qui ali-mentent ces conflits, nous proposons de nous intéres -ser à la politique sociale. On assiste en effet, depuis la présidence Reagan, à une tentative de mobiliser les organisations religieuses pour les amener à prendre en charge les progr ammes sociaux remis en cause par les impératifs de la politique néo-libérale acceptés par les 4 différentes administr ations . P arce qu’elle permet d’illustrer à la fois la forte présence sociale de la reli -gion, l’utilisation que tentent d’en faire les responsables
ISABELLERICHETest pr ofesseure à l’Université Paris VII, Centre d’études interdisciplinaires des faits religieux, CNRS/EHESS.
politiques, et les divergences idéologiques qui traver-sent les forces religieuses elles-mêmes, cette campagne fournit un riche matériau pour chercher à saisir l’arti-culation complexe entre religion et politique dans la société américaine contemporaine.
Ronald Reagan et le Bon Samaritain
«Pour traiter des questions sociales dans le pays, mon gouvernement se tournera en premier lieu vers les organisations fondées sur la foi qui ont prouvé leur 5 habilité à sauver des âmes et changer des vies. » En présentant son progr amme social à son arri vée à la Maison-Blanche, George W. Bush n’innovait pas vrai-ment, mais poursuivait, en l’intensifiant, une politique à l’œuvre depuis 1980. Si, à partir du début du e XX siècle — ère progressive, New Deal, guerre contre la pauvreté —, l’État fédéral et les États fédérés avaient assumé la responsabilité première pour le bien-être social des citoyens, au cours du dernier quart de siècle la tendance s’est inversée, et les élus ont cherché à transférer cette responsabilité aux acteurs locaux, en premier lieu aux groupes charitables religieux, jugés les mieux à même de prendre le relais du gouvernement dans la fourniture de services sociaux et d’aide maté -6 rielle aux démunis . Ronald Reagan, en proclamant que «le gouverne-ment n’est pas la solution à nos problèmes, le gouver-7 nement est le problème», initia le processus de désinvestissement social au ni veau fédér al. Afin de financer ses réductions massi ves d’impôts pour les entreprises et les hauts rev enus et sa course aux arme -ments, il c hercha à opérer des coupes dr astiques dans les dépenses sociales, concentr ant ses attaques sur les programmes en fa veur des groupes les moins à même de se défendre — l’aide sociale aux familles monopa -rentales —Aid to Families with Dependent Children, AFDC, ouwelfare—, la formation professionnelle pour les chômeurs, les aides à l’enfance, au logement et les services sociaux pour les défavorisés qui représentaient 8 près de 35 millions de personnes . Participant d’une
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