Rencontres entre l Histoire Auguste et Cicéron  - article ; n°2 ; vol.99, pg 905-919
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Rencontres entre l'Histoire Auguste et Cicéron - article ; n°2 ; vol.99, pg 905-919

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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité - Année 1987 - Volume 99 - Numéro 2 - Pages 905-919
André Chastagnol, Rencontres entre l'Histoire Auguste et Cicéron (à propos d'Alex. Sev., 6, 2), p. 905-919. Le procès verbal d'une séance sénatoriale reproduit dans la Vita Alexandri Severi, 6, 2 est une œuvre d'imagination dans laquelle l'auteur a multiplié les réminiscences ou emprunts de vocabulaire à plusieurs discours de Cicéron, principalement le De domo. La confusion volontairement exprimée entre le Capitule et le temple de la Concorde vient d'une anecdote relative à l'année 154 av. J.-C, rapportée dans Dom., 130-131 et 137, et d'une notation du même discours, Dont., 7 (cf. 5 et 6) où X'aedes Concordiae est indiquée comme se trouvant dans le quartier appelé in Capitolio. La Vita Maximi et Balbini est truffée elle aussi de réminiscences cicéroniennes, notamment aux Philippiques. On suggère que le surnom Capitolinus adopté comme pseudonyme par l'auteur de cette dernière Vie et de quelques autres n'est autre que le sobriquet par lequel P. Clo-dius désignait Cicéron lui-même (Dom., 7).
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

André Chastagnol
Rencontres entre l'Histoire Auguste et Cicéron
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 99, N°2. 1987. pp. 905-919.
Résumé
André Chastagnol, Rencontres entre l'Histoire Auguste et Cicéron (à propos d'Alex. Sev., 6, 2), p. 905-919.
Le procès verbal d'une séance sénatoriale reproduit dans la Vita Alexandri Severi, 6, 2 est une œuvre d'imagination dans
laquelle l'auteur a multiplié les réminiscences ou emprunts de vocabulaire à plusieurs discours de Cicéron, principalement le De
domo. La confusion volontairement exprimée entre le Capitole et le temple de la Concorde vient d'une anecdote relative à
l'année 154 av. J.-C, rapportée dans Dom., 130-131 et 137, et d'une notation du même discours, Dom., 7 (cf. 5 et 6) où l'aedes
Concordiae est indiquée comme se trouvant dans le quartier appelé in Capitolio. La Vita Maximi et Balbini est truffée elle aussi
de réminiscences cicéroniennes, notamment aux Philippiques. On suggère que le surnom Capitolinus adopté comme
pseudonyme par l'auteur de cette dernière Vie et de quelques autres n'est autre que le sobriquet par lequel P. Clo-dius désignait
Cicéron lui-même (Dom., 7).
Citer ce document / Cite this document :
Chastagnol André. Rencontres entre l'Histoire Auguste et Cicéron . In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité T. 99,
N°2. 1987. pp. 905-919.
doi : 10.3406/mefr.1987.1572
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1987_num_99_2_1572ANDRÉ CHASTAGNOL
RENCONTRES ENTRE
L'HISTOIRE AUGUSTE ET CICÉRON
(À PROPOS D'ALEX. SEV., 6, 2)
Sévère Alexandre avait été proclamé comme nobilissimus Caesar en
juin 221; il a été de ce fait associé aux pouvoirs de son cousin, l'Auguste
Élagabal, jusqu'à l'assassinat de ce dernier, survenu en mars 222, et c'est
seulement après ce meurtre qu'il est devenu à son tour Auguste et désor
mais seul empereur. Le transfert des pouvoirs que détenait Élagabal sur
sa tête a été opéré par l'Assemblée sénatoriale dans sa séance du 13 mars,
jour noté dans le Feriale Duranum1.
Selon l'Histoire Auguste, il reçut en une seule et même séance l'e
nsemble des pouvoirs légaux, qu'il accepta avec d'autres privilèges, à
xception des noms d'Antonin et de Magnus qui lui étaient proposés. La Vita
Alexandri prétend reproduire en plusieurs pages (de 6, 3 à 12, 1), d'après
le procès-verbal officiel de la réunion, d'une part les acclamations qui
fusèrent alors à l'adresse du prince pour le convaincre d'accepter les
deux cognomina, d'autre part deux allocutions successives du jeune emper
eur exposant les raisons de son refus, qui fut finalement entériné. Ni
Dion Cassius ni Hérodien ne font allusion à la mise en avant puis à la
récusation de ces deux surnoms, épisode qui a été sans doute inventé par
le biographe, le pseudo-Aelius Lampridius. Il ne saurait faire de doute en
effet que le procès verbal enregistrant les acclamations des sénateurs et
les discours du prince est sorti tout droit de l'imagination et de la plume
de l'auteur, mais on sera attentif au fait que, nous dit-il, les acclamations
1 R. O. Fink, A. S. Hoey et W. F. Snyder, The Feriale Duranum {Yale Classical
Studies, 7), 1940, p. 85-86. Cf. C. R. Whittaker, éd. de Hérodien, II, 1970, p. 74, n. 1.
Ou peut-être le 14 si la proclamation par l'armée et par le Sénat a eu lieu en deux
jours distincts.
MEFRA - 99 - 1987 - 2, p. 905-919. ANDRÉ CHASTAGNOL 906
ont servi de vote et, une fois consignées, ont été partie intégrante du séna-
tusconsulte : adclamationes senatus, quibus id decretum est (Alex. Sev., 6,
1). C'était là, en tout cas, pour tout sénatusconsulte {decretum) issu d'un
message impérial (oratio), la procédure qui était en vigueur aux IVe et Ve
siècles2, mais on ne saurait s'appuyer sur ce texte, comme sur les autres
passages de l'Histoire Auguste relatant des acclamations sénatoriales,
pour prétendre qu'il en était déjà ainsi et que les présen
taient bien la même forme à l'époque des Sévères, même si celles qui ont
salué le meurtre de Commode paraissent trouver une certaine correspon
dance, d'ailleurs limitée, dans le récit de Dion Cassius3. Quant au fait du
refus lui-même, il s'inspire très évidemment des pratiques politiques et
des conceptions idéologiques qui avaient été définies dès les débuts du
principat; il n'est pas nécessaire de revenir ici et de s'appesantir sur ce
qu'avaient été sur ce point l'attitude d'Auguste et celle de certains de ses
successeurs. L'auteur a donc imité ces témoignages antérieurs; il a pu du
reste s'appuyer dans ce passage sur le refus qu'Élagabal avait exprimé
durant son règne aux sénateurs et aux soldats en récusant « les titres déri
vant de la guerre et du sang», c'est-à-dire les salutations impériales et les
titres de victoire du type Germanicus, selon une indication très précise de
Dion Cassius4.
Mais je ne traiterai pas ici des acclamations. Mon objet est seulement
d'examiner en détail le court passage qui introduit le procès-verbal fabri
qué par l'auteur; les mots dont il se compose visent à authentifier le
document lui-même et se donnent pour un extrait littéral de la pièce : Ex
actis urbis : a.d. pridie Nonas Manias cum senatus frequens in curiam, hoc
est in aedem Concordiae templumque inauguratum, convenisset (Alex. Sev.,
6, 2). Certes, on a remarqué depuis longtemps que Cicéron transparaît
derrière cette formulation, mais on a insisté seulement sur l'une des rémi
niscences, et je voudrais montrer que les emprunts à Cicéron, les coups
d'œil cicéroniens lancés au lecteur sont plus larges, plus nombreux, plus
2 Cf. Th. Mommsen, Le droit public romain, Paris, 2e éd., 1985, t. VII, p. 134 (et
n. 2) et 216 = Staatsrecht, III, p. 951 et 1019; Theresa S.Davidson, A problem of
Senate procedure in the Late Roman Empire, dans Amer. Journal of Philol., 67, 1946,
p. 168-183; B. Baldwin, Acclamations in the Historia Augusta, dans Athenaeum, 59,
1981, p. 138-149. Sur les acclamations du haut Empire, J. A. Talbert, The Senate of
Imperial Rome, Princeton, 1984, p. 297-302.
3 H.A., Comm., 18, 1-20, 3; Dion Cass., 73, 2, 2-4.
4 Dion Cass., 79, 18, 4 (Pierre le Pair., Exc. Val., 153) : ουδέν δέομαι ονομάτων
έκ πολέμου και αίματος· άρκεϊ γαρ μοι και ευσεβή και ευτυχή παρ' υμών καλεΐ-
σθαι. L'HISTOIRE AUGUSTE ET CICÉRON 907
complexes qu'on ne l'a vu jusqu'ici, surtout lorsqu'on compare ce texte à
quelques autres passages de nature ou structure semblable épars dans la
deuxième partie de l'Histoire Auguste, celle qui nous conduit de la mort
de Caracalla à celle de Carin. L'ouvrage de Cicéron qui a le plus inspiré
ce passage, sans être le seul à être intervenu, me paraît être le discours De
domo sua, prononcé devant le collège des pontifes après le retour d'exil,
en 56 av. J.-C.
Pour en extraire tous ses enseignements, nous devons scruter et étu
dier un à un chacun des mots qui composent le membre de phrase ci-
dessus reproduit.
Le procès-verbal se présente d'abord comme un extrait des acta urbis.
Cette expression, désignant le Journal de la Ville de Rome, se rencontre
une seule autre fois dans l'Histoire Auguste, à propos de Commode5, et il
est intéressant qu'elle y soit placée sous le patronage de Marius Maximus,
encore que l'information, non contrôlée par quelque autre source, de
meure fort discutable. Cette gazette n'est désignée sous cette forme, en
dehors de l'Histoire Auguste, que par deux auteurs nettement antérieurs,
à savoir Pétrone et Tacite6, chacun une seule fois. Il est vrai qu'une ins
cription de Mactar la mentionne encore vers l'époque sévérienne7. Com
me Tacite l'appelle aussi acta diurna, on peut admettre qu'il s'agit comme
chez lui des acta senatus et des acta populi, procès-verbaux du Sénat et
des comices, que César fit rédiger pour la première fois pendant son
consulat de 59 av. J.-C. et dont il ordonna la publication quotidienne : pri
mus. . . instituit, ut tam senatus quam populi diurna acta conficerent et
publicarentur*. En fait, la gazette quotidienne ne mentionnait les procès-
verbaux des séances du Séna

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