Rideaux et tentures dans le monde arabo-islamique oriental jusqu à l époque mamluke - article ; n°1 ; vol.111, pg 307-322
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Rideaux et tentures dans le monde arabo-islamique oriental jusqu'à l'époque mamluke - article ; n°1 ; vol.111, pg 307-322

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Description

Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age - Année 1999 - Volume 111 - Numéro 1 - Pages 307-322
Georgette Cornu, Rideaux et tentures dans le monde arabo-islamique oriental jusqu'à l'époque mamlūke, p. 307-322. Le terme sitar (pi. sutur) ou des formes dérivées de la même racine, fréquents chez les géographes, les historiens et les auteurs d'adab, figurent dans les inventaires des magasins califaux et parmi les spécialités d'un grand nombre de provinces. Il représente une valeur marchande considérable. Les textes nous renseignent assez bien sur les usages et les formes des sutur. Il pouvait s'agir de rideaux qui servaient à dissimuler des lieux ou des objets sacrés, à protéger des regards du public des personnages participant du sacré comme le calife, mais aussi ses musiciennes ou les femmes en voyage. Les tentures étaient employées pour séparer les espaces publics et privés dans les tentes ou les maisons. Elles avaient aussi un rôle décoratif. La forme des rideaux est souvent décrite, et parfois représentée sur des miniatures, à partir du XIIIe siècle. Elle continue la tradition antique et byzantine. Le décor est souvent évoqué dans les textes ou esquissé dans l'iconographie, mais si les principaux centres de fabrication sont soigneusement énumérés, la matière et la technique de tissage sont pratiquement impossibles à déterminer, en dépit de la richesse des termes employés pour qualifier tentures et rideaux. On en est réduit à des hypothèses élaborées à partir de la comparaison des différents textes et de l'étude de fragments conservés dans les musées et collections. Poursuivre la recherche dans ce sens paraît la seule méthode susceptible d'apporter quelques éléments permettant l'identification de ces sutur si souvent mentionnés.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 69
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Georgette Cornu
Rideaux et tentures dans le monde arabo-islamique oriental
jusqu'à l'époque mamluke
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 111, N°1. 1999. pp. 307-322.
Résumé
Georgette Cornu, Rideaux et tentures dans le monde arabo-islamique oriental jusqu'à l'époque mamlūke, p. 307-322.
Le terme sitar (pi. sutur) ou des formes dérivées de la même racine, fréquents chez les géographes, les historiens et les auteurs
d'adab, figurent dans les inventaires des magasins califaux et parmi les spécialités d'un grand nombre de provinces. Il représente
une valeur marchande considérable.
Les textes nous renseignent assez bien sur les usages et les formes des sutur. Il pouvait s'agir de rideaux qui servaient à
dissimuler des lieux ou des objets sacrés, à protéger des regards du public des personnages participant du sacré comme le
calife, mais aussi ses musiciennes ou les femmes en voyage. Les tentures étaient employées pour séparer les espaces publics
et privés dans les tentes ou les maisons. Elles avaient aussi un rôle décoratif.
La forme des rideaux est souvent décrite, et parfois représentée sur des miniatures, à partir du XIIIe siècle. Elle continue la
tradition antique et byzantine. Le décor est souvent évoqué dans les textes ou esquissé dans l'iconographie, mais si les
principaux centres de fabrication sont soigneusement énumérés, la matière et la technique de tissage sont pratiquement
impossibles à déterminer, en dépit de la richesse des termes employés pour qualifier tentures et rideaux.
On en est réduit à des hypothèses élaborées à partir de la comparaison des différents textes et de l'étude de fragments
conservés dans les musées et collections. Poursuivre la recherche dans ce sens paraît la seule méthode susceptible d'apporter
quelques éléments permettant l'identification de ces sutur si souvent mentionnés.
Citer ce document / Cite this document :
Cornu Georgette. Rideaux et tentures dans le monde arabo-islamique oriental jusqu'à l'époque mamluke. In: Mélanges de
l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 111, N°1. 1999. pp. 307-322.
doi : 10.3406/mefr.1999.3696
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9883_1999_num_111_1_3696GEORGETTE CORNU
RIDEAUX ET TENTURES DANS LE MONDE
ARABO-ISLAMIQUE ORIENTAL
JUSQU'À L'ÉPOQUE MAMLÜKE
Le terme sitar (pi. sutur) est fréquent dans les textes arabes anciens1; il
figure toujours dans les inventaires des textiles stockés dans les magasins
califaux ou princiers et très souvent dans les listes de spécialités produites
et exportées par les différentes provinces. Il représente une valeur mar
chande considérable. Une seule pièce pouvait valoir jusqu'à 300 dinars. Le
magasin des tissus d'ameublement du calife fatimide al-Mustansir, vers le
milieu du XIe siècle, en contenait au moins mille pièces2. On peut découvrir
à travers les textes à quels usages étaient destinées les pièces de tissus dé
signées sous ce vocable, qui se traduit par rideau ou tenture, suivant le
contexte.
Usages et formes des sutur
La racine du mot signifie voiler, cacher et, dans leur emploi le plus
noble, les sutur répondent à la coutume orientale de cacher ce qui est sacré
ou relevant du sacré.
Des tentures (astâr) étaient suspendues dans les deux chambres don
nant accès au monument qui contenait la tête de Husayn b. 'Alï à Damas3.
1 On peut aussi trouver les formes : sitr, pi. sutur ou astar et sitâra, pi. sutra. Cet
te étude a été faite essentiellement à partir des textes des géographes arabes des IXe
et Xe siècles publiés dans la Biblioteca geographorum arabicorum, d'auteurs à'adab
comme Ibn 'Abd Rabbih al-Isbahânï, d'autres auteurs arabes et orientaux plus ré
cents comme Nâsir-ï-Husraw, Idrîsï, Ibn Gubayr et des compilateurs des XTv~e-XVe
siècles : QalqaSandï Maqrîzï qui fournissent des informations se rapportant à des
époques plus anciennes. Voir la liste des sources en fin d'article.
2 Maqrîzï, Hitât, I, p. 416.
3 Ibn Gubayr, p. 14, trad. p. 47. Sur le mashad de Husayn à Damas et les transla
tions de sa tête voir N. Élisséeff, Description de Damas d'Ibn'Asâkir, Damas, 1959,
p. 127 et notes 2 et 3.
MEFRM - 111 - 1999 - 1, p. 307-322. 308 GEORGETTE CORNU
Dans l'église de Saint-Ménas (Abu Mina) près d'Alexandrie, deux rideaux
(siträn) pendaient devant l'icône de Marie4. Le texte arabe implique l'idée
de flotter, tomber librement devant l'icône, voire de la voiler5. Il s'agissait
donc de rideaux qui n'étaient pas écartés et attachés sur les côtés, mais fer
més, afin de protéger l'icône des atteintes matérielles sans doute, mais auss
i de la dérober aux regards et d'en permettre le dévoilement en certaines
circonstances seulement.
Dans ces deux exemples on est en présence de la tradition qui consiste
à utiliser les rideaux pour voiler le sanctuaire ou les objets sacrés, tradition
qui se continue jusqu'à aujourd'hui dans les églises de rite oriental, avec les
rideaux qui sont suspendus au-dessus des portes de l'iconostase, celui des
portes royales s'ouvrant ou se fermant selon les moments de la liturgie. L'u
sage des rideaux devant les icônes se retrouve encore de nos jours, en parti
culier en Egypte dans les églises coptes.
L'iconographie arabo-islamique ne semble pas avoir conservé, du
moins pour les époques anciennes, de représentation de ce type de rideaux
voilant des lieux ou des objets sacrés. Une miniature byzantine du début du
XIe siècle peut donner une idée des rideaux fermant les monuments conte
nant les reliques de personnages vénérés, comme le mashad du crâne de
Husayn. Sur cette illustration du Ménologe de Basile II, l'édicule dans le
quel va être transférée la relique de saint Anastase est fermé par un rideau
rouge à décor de piques bleu marine, barré en haut et en bas par une bande
bleue, qui tombe en plis souples6.
Le premier calife abbasside, Abü-l-'Abbäs, adopta l'usage sassanide de
cacher le prince à la vue de l'assistance. Mas'udï en fait mention dans les
Prairies d'or.
Au début de son règne il se montrait à ses courtisans, mais au bout d'une
année, après une certaine affaire dont nous avons parlé dans nos autres ou
vrages, il se déroba à leurs yeux et resta assis derrière un rideau (sitâra)
conformément à l'usage d'ArdaSir Bâbik.
Le texte précise qu'il assistait aux concerts derrière le rideau7. Un cour
tisan rapporte le cérémonial du rideau sous Abü-l-'Abbäs, auprès de qui il
avait été introduit :
II me dit : assieds-toi, et il souleva le rideau (sitar). Je restai assis à ma
4 Al-Bakrî, p. 3, De Slane, p. 9.
5 Littéralement : wa sûra Maryam qad asdala'alayha siträn.
6 Le Ménologe de Basile II, synaxaire exécuté vers 1015, est conservé à la Bi
bliothèque Vaticane, Vat. gr. 1613. La miniature citée figure au fol. 344.
7 Mas'üdi, Murüg, VI, p. 121. TENTURES DANS LE MONDE ARABO-ISLAMIQUE ORIENTAL 309
place... puis il écarta le rideau et il sortit... quand le rideau se leva je me mis
debout, alors il me dit : assieds-toi...8
Les rideaux servent aussi à soustraire les femmes aux regards du pub
lic. Les esclaves musiciennes et chanteuses sont le plus souvent dissimul
ées derrière un rideau. Ainsi chez Ga'far b. Barmak, le vizir d'Hârûn ar-
Rasïd, les musiciennes sont assises derrière le rideau (as-sitärä)9. Lors d'un
repas chez un notable de Bagdad sous al-Muqtadir, au moment du dessert,
les convives s'approchent du rideau pour écouter les musiciennes10. Mais
parfois leur maître fait sortir les esclaves pour les faire admirer, ainsi un
courtisan d'époque abbasside fait écarter le rideau et les esclaves s'
avancent parées de bijoux11.
Les tentures (sutur) sont parfois utilisées en d'autres lieux, pour diss
imuler les femmes et les protéger des regards importuns. Une princesse en
pèlerinage à la mosquée de Médine descend de son palanquin sous un voile
déployé sur elle (milhafa mabsûta 'alayha), et quand elle s'assoit à la place
où, dit-on, descendit l'ange Gabriel, «on é

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