Sémantique actancielle et cas morphologiques en hindi et en badaga - article ; n°113 ; vol.28, pg 90-112
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Description

Langages - Année 1994 - Volume 28 - Numéro 113 - Pages 90-112
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Annie Montaut
Christiane Pilot-Raichoor
Sémantique actancielle et cas morphologiques en hindi et en
badaga
In: Langages, 28e année, n°113, 1994. pp. 90-112.
Abstract
A. Montaut & Ch. Pilot-Paichoor, Sémantique actancielle et cas morphologiques en hindi et en badaga
In Indian languages, illustrated by Hindi-Urdu and Badaga (a Dravidian language) the correlation between semantic case and
morphological coding is not straightforward. Other parameters (animacy, control, evidentiality...) —which may have areal
typological relevance— also governs the choice between alternant syntactic patterns.
Citer ce document / Cite this document :
Montaut Annie, Pilot-Raichoor Christiane. Sémantique actancielle et cas morphologiques en hindi et en badaga. In: Langages,
28e année, n°113, 1994. pp. 90-112.
doi : 10.3406/lgge.1994.1670
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1994_num_28_113_1670Annie MONTAUT
INALCO
Christiane PILOT-RAICHOOR
CNRS
SÉMANTIQUE ACTANCIELLE ET CAS MORPHOLOGIQUES
EN HINDI ET EN BADAGA
Les recherches sur les cas se sont essentiellement portées au cours des dernières années sur
le niveau lexico-conceptuel et sa mise en relation avec le niveau syntaxique. Les théories
loealistes, notamment avec les travaux de R. Jackendoff, ont indéniablement apporté des
résultats convaincants et ont enrichi la problématique des cas. Le niveau d'abstraction des
représentations requis pour dégager les généralisation recherchées par ces modèles tend
parfois à estomper la cohérence interne des systèmes de formes casuelles réalisées dans chaque
langue. S. Starosta avait souligné jadis que « le manque d'intérêt pour l'étude des réalisations
de surface des relations casuelles [...] [avait] laissé échapper des généralisations importantes
et des directions de recherches prometteuses » (1975 : 104). Son étude programmatique
soulignait l'intérêt de cette approche dans le domaine de la comparaison interlangue et de la
typologie. Bien que les typologiques, menées sur les langues les plus diverses au sein
de l'équipe RIVALC ' dirigée par G. Lazard, ne soient pas spécifiquement orientées sur le
problème des cas, elles semblent confirmer que les notions traditionnelles d'agent, de patient,
de bénéficiaire, d'expérient, etc. peuvent être utilisées pour dégager des généralisations non
triviales et cerner des invariants linguistiques. On trouvera dans l'ouvrage de G. Lazard
(1993) les principaux apports que les études particulières présentées dans Actance peuvent
fournir à une réflexion sur les cas. Notre propos ici n'est pas de résumer, mais de présenter
dans cette perspective une étude concrète des relations entre formes casuelles et structure
actancielle dans des langues indiennes et de souligner l'intérêt de cette approche dans le
domaine de la typologie.
L'étude s'appuiera sur deux langues, l'une indo-aryenne, le hindi, l'autre dravidienne, le
badaga, et portera plus particulièrement sur deux notions : agent et expérient, appréhendées
à travers le jeu des marques casuelles et des variations des structures actancielles dans les
phrases simples 2.
1 . Le hindi : présentation générale
Le hindi est une langue indo-aryenne considérée comme l'héritière moderne du sanscrit,
d'une langue donc hautement fiexionnelle à ordre des mots relativement libre, bien que
nombre de traits structuraux l'en distinguent : l'ordre des mots (SOV) y est relativement
contraint, et il n'y a plus, strictement parlant, que deux cas, le cas direct (utilisé pour
représenter des sujets, des objets directs, des attributs) et le cas oblique, utilisé devant
1. GDR 0749 du CNRS : « Recherches interlinguistiqiies sur les variations d'actance et leurs corré-
lats ».
2. La transcription que nous adoptons est la suivante : les majuscules transcrivent les consonnes
« rétroflexes » ou cacuminales, ou pour le hindi, la nasalisation des voyelles (N). La longueur des voyelles
est transcrite par deux points. Abréviations utilisées ERG (ergatif), DAT (datif), ACC (accusatif), INSTR
(instrumental), LOC (locatif), RLA (relateur de type accusatif), RLG (relateur de type génitif), hon
(honorifique), pit (parfait), ppft (plus-que-parfait), prst (présent), progr (progressif).
90 dont le développement moderne correspond à la fixation de l'ordre des mots et à postposition,
la perte des flexions. On entend d'ailleurs souvent par « cas » ces postpositions, dont voici les
plus courantes : ko (à) assimilé à une marque de « datif » marque principalement le
destinataire 3 des prédicats trivalents (X donne Yl à Y2), mais aussi l'objet marqué pour la
définitude ou pour l'humanité : dans « Paul bat Jean », Jean sera obligatoirement au cas
oblique suivi de la postposition ko ; ko marque en outre le siège d'un procès non volontaire et
non contrôlé, Г« expérient » (« experiencer »), dans les prédicats monovalents ou bivalents
dont la sémantique correspond aux procès physiologiques, psychologiques, cognitifs, etc.
1. ra:m ko angrezi: a:ti: hai
ram-DAT anglais-fs vient-fs :
« Ram connaît l'anglais »
se représente le terminus a quo, spatial ou temporel d'un procès (je viens de Paris, je suis là
depuis deux jours), ainsi que l'instrument, le moyen, et la cause inanimée ou involontaire d'un
procès (« par ») :
2. darva:za: hava: se khula:
porte-ms vent-fs INSTR s'ouvrit-ms
« la porte s'est ouverte par le vent, le vent a ouvert la porte »
meN, « dans », localise une entité mais sert aussi à prédiquer la possession, dite non contin
gente, d'une qualité abstraite (3), alors que la possession d'un objet concret, contingente donc,
ou acquise, est prédiquée à l'aide d'une autre locution postpositive ke pa:s, « près de / chez »
(4):
3. ra:m meN sa:has hai
ram dans courage est :
« Ram a du courage »
4. ra:m ke pa:s ek ga:Ri: hai
ram près de une voiture est :
« Ram a une voiture »
Quant à la « possession » des parties du corps et des relations familiales, elle s'exprime à l'aide
du relateur ka: Iki: Ike (variable en genre et en nombre en fonction du nom qu'il régit), assimilé
au cas génitif, car il traduit essentiellement la relation N1 de N2 :
5. ra:m ki: do bahaneN haiN
Ram de deux sœurs sont :
« Ram a deux sœurs »
En outre, si le sujet agent d'un prédicat transitif est non marqué à l'aspect imperfectif et
contrôle l'accord du verbe, au contraire à l'aspect perfectif l'agent est marqué, au cas oblique
suivi de la postposition spécifique ne, dite « cas ergatif », et c'est le patient non marqué qui
contrôle l'accord verbal, lequel en hindi ne peut être contrôlé que par un actant au cas direct :
6a. ra:m ne geNd pheNki:
Ram-m-ERG ballon-f lancer-pft-f :
« Ram a lancé le ballon »
La plupart de ces marques formelles de « cas », à l'exception de l'ergatif, sont non spécifiques,
et peuvent représenter des actants centraux aussi bien que non centraux. Il n'y en a pas moins
une corrélation régulière, sinon strictement contrainte, entre rôles sémantiques et cas
morphologiques. Très grossièrement, on peut dire que les marques du type 6 (ergatif) corres
pondent à une transitivité forte, alors que les marques des types 3 et 5 (locatif et détermination)
correspondent à une transitivité très faible, et les marques du type 1 (expérient) à une
transitivité relativement faible, ce qui reflète la hiérarchie scalaire proposée par Tsunoda
3. Le destinataire est distinct du bénéficiaire qui est représenté par la locution prépositive ke lie,
pour ».
91 1985), sur des critères essentiellement sémantiques 4. Je prendrai trois exemples de (1981,
cette corrélation entres rôles sémantiques et marques casuelles : celui de la distinction agent /
force, celui de la distinction agent / expérient, et celui des possesseurs.
1.1. U Agent et la force
l.l.l. Agent et cas ergatif : l'aspect
L'agent, qui n'est par ailleurs pas formellement distinct du causateur 5, présente la
particularité de prendre la marque spéciale ne dans les énoncés transitifs directs perfectifs,
quel que soit leur temps et leur mode. Cette double condition est imperative 6. C'est dire que
l'organisation g

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