Sur la syntaxe du temps - article ; n°1 ; vol.100, pg 102-122
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Description

Langue française - Année 1993 - Volume 100 - Numéro 1 - Pages 102-122
J. Guéron We base tense interpretation on relations between the syntactic nodes Complementizer, Tense and Verb within a « Tense-Chain ». Our analysis exploits meca- nisms of Generative Grammar, in particular the theories of Quantification, Movement and Binding ; e.g., we construe Present as an Anaphor, Past as a Pronominal, and Future as a Name. We examine differences between English and French in the interpretation of the Present, the Present Perfect, the Progressive, and the « Imparfait » . We suggest that all these differences follow from a single parameter, presence vs absence of a morphological person feature in the verb.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jules Guéron
Sur la syntaxe du temps
In: Langue française. N°100, 1993. pp. 102-122.
Abstract
J. Guéron
We base tense interpretation on relations between the syntactic nodes Complementizer, Tense and Verb within a « Tense-Chain
». Our analysis exploits meca- nisms of Generative Grammar, in particular the theories of Quantification, Movement and Binding ;
e.g., we construe Present as an Anaphor, Past as a Pronominal, and Future as a Name. We examine differences between
English and French in the interpretation of the Present, the Present Perfect, the Progressive, and the « Imparfait » . We suggest
that all these differences follow from a single parameter, presence vs absence of a morphological person feature in the verb.
Citer ce document / Cite this document :
Guéron Jules. Sur la syntaxe du temps. In: Langue française. N°100, 1993. pp. 102-122.
doi : 10.3406/lfr.1993.5929
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1993_num_100_1_5929Jacqueline GUÉRON
Paris X Nanterre
SUR LA SYNTAXE DU TEMPS *
1. Grammaire universelle et différences entre les langues
La grammaire generative associe à la phrase (1) (au moins) trois niveaux
structuraux distincts. Le syntagme verbal (VP) contient le verbe plus ses
arguments 2. La flexion verbale dans Infl, tête de IP, contient un morphème
Temps. Le Complémenteur, tête de CP, contient la conjonction de subordination
dans une phrase enchâssée.
Nous proposons que chaque niveau participe à l'interprétation temporelle
de la phrase. Gomp contient un morphème temporel abstrait, R, qui dénote la
référence temporelle de la phrase (cf. Enç 1987). Si la référence temporelle est
égale au moment de renonciation, R = S (Speech Time) 3. La valeur du temps
dans Infl est calculée par rapport au Temps dans R. Dans (1), R est égal à S, et T
dénote le passé par rapport à S. УР est associé à un événement ou un état,
symbolisé E. Au niveau interprétatif, la Forme Logique (FL), E fonctionne
comme une expression ouverte saturée par T : l'événement ou l'état que le SV
dénote est prédiqué d'un instant de temps T (cf. Higginbotham 1985). (1) se lit :
l'événement « Jean frapper Pierre » est une propriété d'un instant antérieur à
l'instant de renonciation.
(1) Jean frappa Pierre.
CP C' I
IP
Spec
l
VP SN
Spec V
I
V SN
S Jeanj Passé tj frapper Pierre
EJ
une première des 3.2.1 . Le Je Nous réalisations version remercie sujet ne distinguons de la Anne possibles cet phrase article. Zribi-Hertz pas est de R engendré R. de S, et contrairement Jan dans van Spec Voorst VP à et Reichenbach pour monte dee à commentaires la position (1947) et Spec Hornstein très IP pertinente en syntaxe. (1990). sur S est la
102 Т, et V, constituent une chaîne-T(emporeUe) (cf. Guéron et Hoekstra С,
1988, 1992). Chaque nœud porte un indice temporel transmis à partir de С au
moyen de l'accord entre têtes syntaxiques (cf. Chomsky 1991).
Le principe de l'économie (Chomsky 1992) exige que les maillons d'une
chaîne soient les plus courts possibles. Les relations entre C, T et V sont ainsi
sujettes à une contrainte de localité. Dans (1), le complémenteur qui contient R
gouverne l'inflexion qui contient T : С est sœur de IP, la projection maximale de
la flexion. Infl gouverne à son tour le verbe dont il sature l'événement E : Infl est
sœur de VP, la projection maximale du verbe. E ne peut être lié que par le verbe
qui le gouverne minimalement. Dans (2), le passé T£ ne peut pas saturer l'év
énement « Jean frapper Pierre », car les nœuds Compj et Tj interviennent entre Т\
et le verbe « ». Le maillon T-Ej dans (2) étant plus court que le maillon
ТГЕИ il est le seul maillon possible.
(2) Marie a dit que Jean frappe Pierre.
(cp Si (Marie Tj Passé dit (CP que Sj (Jean Tj Prés frappe Pierre).
E/i*
Nous supposons que ce système interprétatif, basé sur la chaîne-T, est
universel. Le répertoire des temps simples — présent, passé, futur — fait partie
de la sémantique et donc de la structure cognitive humaine : on peut difficilement
imaginer une langue qui n'aurait pas accès à ces trois temps 4. La Uste des
événements possibles est également universelle : les verbes frapper, manger,
courir, etc., dénotent le même événement partout où ils existent. La relation
structurale entre les maillons d'une chaîne-T ne change pas d'une langue à
l'autre.
Les contrastes entre les langues dans le système d'interprétation temporelle
ne pouvant venir ni de la syntaxe ni de la sémantique du temps, nous proposons
de les attribuer à la morphosyntaxe des éléments qui constituent la chaîne-T.
Dans la section 2, nous rappelons quelques contrastes bien connus entre le
français et l'anglais dans l'interprétation temporelle des phrases. Dans 3, nous
proposons une théorie générale de l'interprétation temporelle basée sur les
chaînes-T et les représentations abstraites du temps et de l'événement en FL ; et
nous rendons compte des contrastes entre le français et l'anglais sur la base de
paramètres morpho-syntaxiques.
4. La réalisation morpho-syntaxique de ces temps peut varier d'une langue à l'autre. Les nœuds С
et T peuvent être phonologiquement vides. Une langue peut distinguer, en morpho-syntaxe, le temps
réalis [+/- passé] d'un temps irréalie, qui dénote, entre autres, le futur, comme c'est le cas, quoique de
manière différente, en français et en anglais.
103 2. Contrastes entre le français et l'anglais
2.1. Le temps présent
2.1.1. Contrairement à (3a) en français, la phrase anglaise (3b) ne peut pas
être utilisée pour décrire une action au présent.
(3) a. Jean frappe Pierre.
b. *John strikes/hits Peter.
Or, la forme grammaticale du temps présent, qui consiste en l'affîxe [s/0] plus la
racine verbale, existe en anglais. Elle est utilisée, comme la forme française
correspondante, pour dénoter un événement générique (cf. (4)), un événement
dans une narration directe (cf. (5)), et le « futur immédiat » (cf. (6)).
(4) a. Une mère se dévoue à ses enfants.
b. A mother devotes herself to her children.
(5) a. Jean va à la porte. Il l'ouvre. Il salue Marie.
b. John goes to the door. He opens it. He greets Mary.
(6) a. Nous partons ce soir,
b. We leave this evening.
Elle est utilisée aussi pour dénoter un état par opposition à une action. Dans (7),
où frapper I strike dénote une action, le présent est acceptable en français et
exclu en anglais. Mais dans (8), on frapper I strike fonctionne comme un verbe
« psychologique », il est interprété comme un verbe d'état, et une phrase au
présent est bonne dans les deux langues.
(7) a. Vous me frappez, monstre !
b. *You strike me, you brute !
(8) a. Vous me frappez par votre intelligence,
b. You strike me as intelligent.
Il existe un mode d'action qui ne peut être exprimé au temps présent ni en
français ni en anglais, ni, selon Giorgi et Pianesi (1992), dans aucune autre langue
romane ou germanique. Considérons les exemples de (9) et (10).
(9) Que fait Jean maintenant ?
a. Il mange une pomme. ACCOMPLISSEMENT
b. Il chante. ACTIVITÉ
с *I1 trouve une pièce (par terre). ACHÈVEMENT
(10) What does John do now ?
a. *He eats an apple.
b. *He sings. ACTIVITÉ
c. *He find a coin (on the floor). ACHÈVEMENT
104 Si le SV dénote une action ponctuelle, un achèvement (« achievement ») dans la
classification de Vendler (1967), comme dans (9c) et (10c), le français et l'anglais
interdisent l'utilisation du temps présent. Si, par contre, le SV dénote une action
continue, soit bornée (accomplissement I « accomplishment ») soit non-bornée
(activité I « activity »), le français admet le temps présent et l'anglais l'exclut (cf.
(9ab) vs (10a-b)).
S'il est vrai qu'aucune langue romane ou germanique (ou autre ?) ne peut
exprimer une action ponctuelle au présent, l'inacceptabilité de (10c) et de (Ile)
relève de la grammaire universelle. Par contre, il doit exister un paramètre qui
rend compte de l'impossibilité d'exprimer une action continue au présent en
anglais, alors que cela est possible en français.
2.1.2. La forme périphrastique (1 1) en anglais est équivalente à la fois &#

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