Transformation de savoirs en sciences économiques et sociales - article ; n°1 ; vol.112, pg 9-20

Elisabeth Chatel

Description

Revue française de pédagogie - Année 1995 - Volume 112 - Numéro 1 - Pages 9-20
Les transformations de savoirs produites dans l'action d'enseigner font l'objet de cet article. Plus que de transposition didactique, l'auteur préfère parler de processus de transformation de savoirs, trouvant dans ce concept une façon de se rapprocher de l'espace propre aux interactions professeur-élèves, de mieux cerner leurs activités concernant les savoirs et le fait de savoir. Résumant la démarche et les résultats d'une recherche menée à l'INRP, l'article apporte des éléments à la compréhension des processus d'enseignement, à la connaissance des contenus et méthodes effectivement pratiqués dans l'enseignement des S.E.S. Il analyse l'espace de liberté laissé aux acteurs enseignants et élèves dans la transformation de savoirs nécessaire à leur enseignabilité. Il interroge, in fine, la capacité de cet ensemble d'opérations à assurer l'apprentissage des élèves.
This article reports the processes and the results of research conducted at the INRP and conveys elements which can help to understand teaching processes and to know about contents and practice in special education classes. It proposes an analysis of the extent of freedom of action for teachers and (earners in dealing with the transformation of knowledge into a teachable content. Eventually the efficiency of these processes on pupils learning is questioned.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_FRANCAISE_DE_PEDAGOGIE
• Publié le: 01 janvier 1995
• Nombre de lectures: 18
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Mme Elisabeth Chatel
Transformation de savoirs en sciences économiques et sociales
In: Revue française de pédagogie. Volume 112, 1995. pp. 9-20.
Résumé
Les transformations de savoirs produites dans l'action d'enseigner font l'objet de cet article. Plus que de transposition didactique,
l'auteur préfère parler de processus de transformation de savoirs, trouvant dans ce concept une façon de se rapprocher de
l'espace propre aux interactions professeur-élèves, de mieux cerner leurs activités concernant les savoirs et le fait de savoir.
Résumant la démarche et les résultats d'une recherche menée à l'INRP, l'article apporte des éléments à la compréhension des
processus d'enseignement, à la connaissance des contenus et méthodes effectivement pratiqués dans l'enseignement des
S.E.S. Il analyse l'espace de liberté laissé aux acteurs enseignants et élèves dans la transformation de savoirs nécessaire à leur
enseignabilité. Il interroge, in fine, la capacité de cet ensemble d'opérations à assurer l'apprentissage des élèves.
Abstract
This article reports the processes and the results of research conducted at the INRP and conveys elements which can help to
understand teaching and to know about contents and practice in special education classes. It proposes an analysis of
the extent of freedom of action for teachers and (earners in dealing with the transformation of knowledge into a teachable
content. Eventually the efficiency of these processes on pupils learning is questioned.
Citer ce document / Cite this document :
Chatel Elisabeth. Transformation de savoirs en sciences économiques et sociales. In: Revue française de pédagogie. Volume
112, 1995. pp. 9-20.
doi : 10.3406/rfp.1995.1222
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfp_0556-7807_1995_num_112_1_1222. . ■>.
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tats d'une recherche menée à l'INRP, l'article apporte des éléments à la compréhension des processus
d'enseignement, à la connaissance des contenus et méthodes effectivement pratiqués dans l'enseigne
ment des S.E.S. Il analyse l'espace de liberté laissé aux acteurs enseignants et élèves la transfor
mation de savoirs nécessaire à leur enseignabilité. Il interroge, in fine, la capacité de cet ensemble
d'opérations à assurer l'apprentissage des élèves.
Quand les professeurs enseignent, que « font- celui « qui enseigne quelque chose à quelqu'un »,
ils » ? Que « produisent-ils » ? La question en quelque sorte un médiateur ou un traducteur
d'un savoir en direction des élèves. La question importe si ce que les élèves, ce que les jeunes
apprennent à l'école dépend pour une part essent que nous posons devient alors la suivante : qu'est
ce qui est enseigné aux élèves, quel en est le ielle de l'enseignement. Nous avons examiné ce
contenu, quel savoir résulte de cette médiation, de moment où, entre les murs de la classe, l'ense
cette traduction ? Comment les élèves sont-ils ignement, préparé auparavant, se réalise effectiv
incités, comment sont-ils engagés dans l'activité ement et engage l'élève à apprendre dans une cer
d'apprendre pour savoir ? taine direction. Vygotsky (1934) montre que la
médiation d'autrui aide à comprendre ou à exécut
er des tâches que seul on ne pourrait mener à Notre recherche a porté sur un chapitre du pr
bien ; que celui qui maîtrise des concepts peut ogramme de sciences économiques et sociales de
aider au développement de ces chez la classe de première B : marchés et prix (1).
celui qui ne les maîtrise pas. Nous considérons le Nous avons interrogé le contenu et la façon d'en
maître selon cet angle de vue, c'est-à-dire comme seigner ce chapitre dans une douzaine de classes.
Revue Françaises de Pédagogie, n° 112, juillet-août-septembre 1995, 9-20 habituellement comme un savoir légitime » Nous avons choisi d'analyser ici ce que font les
professeurs dans les situations d'enseignement, (Forquin 1983). Mais la sociologie anglo-saxonne
bien que dans la production scolaire de l'ense du curriculum, la plus développée à notre connais
ignement, élèves et professeurs interagissent et sance, s'est particulièrement préoccupée du rôle
que l'enseignement effectif procède de cette inter des contenus de savoir dans la reproduction des
action. L'activité propre des élèves n'a pas été le inégalités sociales par l'école, lorsqu'elle cherche
centre de nos investigations, mais nous l'avons à élucider les enjeux sociaux des choix, de l'orga
prise en compte indirectement comme élément nisation et de la stratification des savoirs scolaires
constitutif des situations d'enseignement. Nous (Forquin 1984 et 1991). Notre travail ne prend pas
allons présenter dans cet article la problématique la question de la reproduction des inégalités
de cette recherche et quelques uns de ses résul sociales pour point de départ. Si notre intérêt va à
tats. la transmission effective de savoirs par l'école,
comme didacticien, la classe est notre terrain d'i
nvestigation privilégié, ce que les élèves appren
nent reste notre question centrale. Nous interr
ogeons l'enseignement, dans la situation effective PROBLÉMATIQUE
de son émergence, c'est à dire au sein d'une dis
cipline, entre les murs d'une classe, dans un lieu,
Mettant l'accent sur l'activité d'enseignement, un contexte social et une histoire. En portant
en ce qu'elle conditionne, en interaction avec celle attention à la production quotidienne de savoirs
des élèves, la façon dont les élèves apprennent et enseignables, nous voulons montrer que le pas
les contenus de cet apprentissage, nous adoptons sage des savoirs prescrits par les programmes à
un point de vue didactique dont nous voulons pré l'enseignement effectif est un processus, inscrit
ciser les contours. dans des institutions, un tissu social, une histoire,
réalisé par des personnes. Il a une épaisseur et
mérite analyse. S'il produit un « savoir transDidactique et sociologie curriculaire posé », le processus de transformation lui-même
donne forme à ce qui en résulte. Cette transforNotre perspective est délibérément descriptive mation préparée ex ante, est opérée lors de l'eet analytique, elle n'est pas normative. Nous nseignement. C'est une action, action des profesdéveloppons dans ce travail une « raison sociolo seurs, en interaction avec leurs élèves. Quand les gique » plus qu'une « raison pédagogique » au enseignants enseignent, avec leurs élèves ils prosens où ces expressions sont utilisées par Jean-
duisent quelque chose, même s'ils n'en sont pas Claude Forquin (1989). En effet si, comme le dit forcément pleinement conscients, tant ils sont Forquin, la pensée pédagogique contemporaine investis dans l'activité qu'ils mènent. Or il y a tout est écartelée entre une lecture intérieure, se pla à la fois un cadre, des déterminations à cette çant du point de vue de l'intentionnalite éducative, action, à cette production, mais elle n'est pas non et une lecture extérieure, qui décrit et analyse les plus totalement déterminée a priori. Il y a une part pratiques, nous adoptons ici une lecture exté de créativité, une part d'initiative, de choix, une rieure. Notre expérience enseignante nous permet marge d'interprétation dans la façon de faire et de connaître, de l'intérieur, cette pratique inten dans ce faire. C'est à la fois ce cadre et cette tionnelle qui vise à « éduquer quelqu'un ». Sans marge d'initiative que nous voudrions mieux ceroublier cette expérience ni cette visée, nous pre ner. nons une posture extérieure pour décrire et analy
ser l'enseignement, en tant que phénomène
« situé dans le monde » (p. 183) (2), tout en ten La transposition didactiq