Une analyse sans catégories vides des phénomènes d extraction - article ; n°122 ; vol.30, pg 8-31
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Une analyse sans catégories vides des phénomènes d'extraction - article ; n°122 ; vol.30, pg 8-31

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Description

Langages - Année 1996 - Volume 30 - Numéro 122 - Pages 8-31
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Ivan A. Sag
Janet Dean Fodor
Une analyse sans catégories vides des phénomènes
d'extraction
In: Langages, 30e année, n°122, 1996. pp. 8-31.
Abstract
Janet Fodor, Ivan Sag : A traceless account of extraction phenomena
Trace theory is an unquestioned part of transformational grammars and Governement and Binding theory. We show that theory
external motivation for positing phonetically empty elements is in fact minimal, and no empirical evidence (syntactic, phonetic or
psycholinguistic) can be found in favor of them in extraction contexts. We present an alternative view in Head-driven Phrase
Structure Grammar that can formalize the notion of a missing complement via syntactic features without positing a trace in a
syntactic tree.
Citer ce document / Cite this document :
Sag Ivan A., Fodor Janet Dean. Une analyse sans catégories vides des phénomènes d'extraction. In: Langages, 30e année,
n°122, 1996. pp. 8-31.
doi : 10.3406/lgge.1996.1747
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1996_num_30_122_1747Ivan A. SAG & Janet Dean FODOR
Stanford University & Graduate Center, CUNY
UNE ANALYSE SANS CATEGORIES VIDES
DES PHÉNOMÈNES D'EXTRACTION *
1 . Introduction
Depuis des années (cf. Chomsky, 1977), les analyses des phénomènes d'extraction,
qui mettent en jeu des dépendances à longue distance (questions partielles, relatives,
clivées...), ont posé l'existence de catégories syntaxiques dépourvues de contenu
phonétique appelées « traces » , coïndicées avec le constituant extrait :
(1) Quij as-tu vu — j ?
(2) L'hommei que tu as vu — 4. . .
(3) C'est Jeanj que tu as vu — j.
Mais d'autres analyses de ces phénomènes ont été proposées, qui ne postulent pas
l'existence de traces, dans Gazdar et al. (1984), Steedman (1987, 1988), et Kaplan &
Zaenen (1989). Nous présentons ici, dans le cadre de la Grammaire Syntagmatique
Guidée par les Têtes (HPSG, cf. Pollard & Sag, 1987, 1994), une nouvelle analyse qui
rend compte de manière simple et élégante des dépendances à longue distance sans faire
appel aux traces. Cette analyse permet de traiter différentes contraintes sur l'extrac
tion, les aspects idiosyncratiques de certaines extractions liés à des propriétés lexica
les, les contraintes de croisement (« strong cross-over ») ; elle est, en outre, compatible
avec les phénomènes de contraction des auxiliaires en anglais, et avec les résultats
actuels en psycholinguistique concernant la compréhension des constructions mettant
en jeu une extraction. Aucune de ces observations linguistiques ou psycholinguistiques
ne requiert l'existence d'une catégorie phonétiquement vide.
Les analyses précédentes en HPSG ont supposé l'existence de traces dans les
dépendances à longue distance, suivant en cela les analyses en Grammaire Syntagmat
ique Généralisée (GPSG, cf. Gazdar et al. , 1985), et une longue tradition qui fait appel
à des « arguments indépendants » pour justifier les traces. Or, on se rend compte que
ces empiriques ne résistent pas à un examen attentif. En fait, les traces qu-,
qui occupent le site d'extraction dans les relatives et les interrogatives , ont été motivées
par des considérations internes à un cadre grammatical et ne se transposent pas bien
dans un autre cadre. Par exemple, une théorie qui emploie les contraintes de liage pour
contraindre les traces veut que les sites d'extraction soient occupés par des anaphores
ou des pronoms, mais ce ne peut être une motivation dans un cadre qui utilise d'autres
* Ce texte est une version remaniée d'un article paru dans les actes du 13e WCCFL (cf. Sag & Fodor,
1994) et publié ici avec la permission des éditions CSLI (Stanford). Nous remercions les traducteurs A.
Abeille et D. Godard pour avoir enrichi le texte de phénomènes empruntés au français et ajouté la section
sur la liaison, ainsi que Peter Sells, Geoff Pullum et Josef Taglicht pour leurs commentaires sur une version
antérieure. Notre collaboration a reçu le soutien de la NSF (Grant SBR-9309588 à Stanford University).
8 outils pour obtenir le même résultat que les contraintes de liage. De même, une théorie
qui utilise déjà les catégories vides pour un certain effet peut trouver intéressant, du
point de vue des généralisations exprimées par des principes de la Grammaire Univers
elle, de postuler plus d'une sorte de catégorie vide 1. Là encore, ce type de générali
sation tombe quand on se place dans un cadre théorique différent.
C'est pourquoi on s'est toujours beaucoup intéressé aux arguments qui ont été
présentés en faveur des traces et qui ne dépendent pas d'une théorie linguistique
particulière. Ceux-ci pourraient être décisifs en ce qui concerne l'existence des caté
gories vides, et d'autres problèmes également, dans la mesure où le traitement des
extractions est lié à de nombreux phénomènes linguistiques. Si les arguments en faveur
des traces sont convaincants, alors la balance peut pencher en faveur des cadres
théoriques dans lesquels les catégories vides s'inscrivent naturellement. Le fait qu'on
puisse bâtir des analyses qui se passent de traces mériterait la curiosité mais ne serait
pas d'une importance cruciale.
Les arguments majeurs qui ont été apportés en faveur des traces qu-, en dehors des
faits d'extraction eux-mêmes, sont les suivants :
(i) l'impossibilité de la contraction want + to => wanna par dessus un site d'ex
traction ;
(ii) de contracter l'auxiliaire anglais devant un site d'extraction ;
(iii) l'impossibilité d'avoir un quantifieur flottant un site ;
(iv) les résultats psycholinguistiques.
Nous discuterons tous ces phénomènes. Dans chacun des cas, il apparaîtra que la force
de l'argument s'est amoindrie au fur et à mesure qu'on a regardé le phénomène de plus
près. Notre mise au point montrera que les arguments dans leur ensemble parlent
plutôt contre les traces qu-, ou, du moins, sont neutres quant à leur existence 2. Nous
présenterons ensuite une analyse des mêmes phénomènes en HPSG qui ne fait pas
appel aux catégories vides (cf. Pollard & Sag, 1994 chap. 9, Abeille, 1993, chap. 3).
1. Ainsi le modèle du Gouvernement et du Liage (Government and Binding, cf. Chomsky, 1987)
distingue 4 sortes de catégories vides : (a) les traces de mouvement de GN (passif, montée du sujet), (b) les
traces de mouvement qu- (extraction), (c) les sujets vides des infinitives (notés « PRO »), (d) les objets nuls
et les sujets vides des verbes conjugués en italien ou en espagnol « pro »). Ces catégories étant
organisées selon les mêmes paramètres (anaphorique ou non, pronominal ou non) que les GN référentiels,
elles sont coïndicées avec leur antécédent selon les mêmes principes qui gouvernent les relations pronomin
ales ou anaphoriques :
Catégorie Anaphorique Pronominal
- - trace qu-
- trace SN +
- + pro
+ PRO +
2. Notre discussion se limite aux traces qu- ; nous n'abordons pas les autres constituants vides, sauf
s'ils sont pertinents pour les constructions qu-. On notera, cependant, que des arguments du type de (i)-(iv)
sont jugés généralement comme plus solides pour les traces qu-, et moins solides ou absente pour les autres
catégories vides telles que PRO ou les traces de GN. Examen des arguments en faveur des traces qu- 2.
2.1. La contraction en wanna
En anglais, le verbe want (vouloir) suivi de to donne wanna en (4) et (5), mais non
en (6) où l'objet a été extrait, et qui se comporte comme si un constituant séparait want
et to, cf. (7) 3 :
(4) a. We want to go the movies with Max.
b. We wanna go to the with Max.
(Nous voulons aller au cinéma avec Max)
(5) a. Whok does Kim want to go to the movies with — k ?
b. does Kim wanna go to the with — k ?
(Avec qui Kim veut-il aller au cinéma ?)
(6) a. Whok does Kim want — k to go to the movies ?
b.* Who does Kim wanna go to the movies ?
(Qui Kim veut-il qui aille au cinéma ?
(7) a. We want her to go to the movie,
b.* We wanna her go to the movies.
(Nous voulons qu'elle aille au cinéma)
On attribue généralement l'inacceptabilité de la contraction en (6) à la présence d'une
trace qu-, qui bloque la contraction en wanna 4. Mais le caractère général de cette
expUcation est compromis par le fait que les traces qu- qui sont marquées comme
nominatives ne bloquent pas la

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