Une double analyse de la particule ne en français - article ; n°122 ; vol.30, pg 62-78
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Description

Langages - Année 1996 - Volume 30 - Numéro 122 - Pages 62-78
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gaëlle Recource
Une double analyse de la particule ne en français
In: Langages, 30e année, n°122, 1996. pp. 62-78.
Abstract
Gaëlle Recourcé : A double analysis of the particle ne
French negation is commonly realised by the cooccurrence of two elements, the particle ne, which is the focus of this paper, and
a negative word such as pas. The particle ne is an atonic element, strongly linked to the verb. We show that the status of ne,
lexical or affixal, can be decided only in relation with the finite or non-finite type of the verb it precedes. We argue in favor of the
affixal status in case of finite verbs, that is to say, ne and the finite verb form a lexical unit. By contrast, we claim that the particle
ne is syntactically attached to non-finite verb phrases. In order to elaborate those hypotheses, we propose a partial formalisation
of negation in Head-driven Phrase Structure grammar (HPSG), making use of the notion of marker developped in this framework.
Citer ce document / Cite this document :
Recource Gaëlle. Une double analyse de la particule ne en français. In: Langages, 30e année, n°122, 1996. pp. 62-78.
doi : 10.3406/lgge.1996.1749
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1996_num_30_122_1749ReCOURCÉ Gaëlle
Université Paris 7, Talana
UNE DOUBLE ANALYSE
DE LA PARTICULE NE EN FRANÇAIS
Introduction г
Dans l'abondante littérature sur la négation de phrase en français, la particule ne
a été moins étudiée que les « forclusifs » 2 pas, plus, personne, rien, aucun, nul,
jamais, nullement, aucunement, que ou ni. Elle a certes fait l'objet de plusieurs études
quant à son rôle et à son interprétation (cf. Attal, 1979, Gaatone, 1971, Martin, 1983,
Milner, 1982, Muller, 1987), mais on trouve rarement une caractérisation de sa nature
lexicale et syntaxique.
Du point de vue sémantique, les emplois de ne sont au nombre de trois : le ne associé
à un forclusif (Jean ne dort pas), le ne négatif, qui est archaïsant et contextuellement
contraint (Je ne peux tolérer cela) et le ne dit explétif, autorisé par certains contextes
(Pars avant qu'il ne surgisse). Nous verrons que ces distinctions d'emplois ne sont pas
pertinentes pour l'analyse de ne en syntaxe.
Du point de vue diachronique, ne est la forme atone de non ; même s'il n'a plus
aujourd'hui la sémantique associée à non, cette notion de forme atone reste utile pour
expliquer le fait que ne est dépendant de la présence d'un verbe, c'est-à-dire qu'il
n'apparaît que dans les phrases verbales et que l'ellipse du verbe entraîne forcément
l'ellipse de ne. Cette absence d'autonomie phonétique et syntaxique est à l'origine des
statuts qu'on lui a accordés : Gross (1968) le désigne comme une particule préverbale
(« ppv ») et note sans le commenter que ne n'est pas attaché au verbe comme les
pronoms préverbaux parce que les forclusifs peuvent s'insérer entre ne et les pronoms
si le verbe est à l'infinitif. Le terme le plus souvent appliqué à ne aujourd'hui est sans
doute celui de clitique, à la suite de Kayne (1976). Kayne limite toutefois cette
caractérisation à l'emploi de ne avec les verbes finis, et l'exclut dans les infinitives, à
cause des insertions possibles de forclusifs. Cette caractérisation est reprise par
Pollock (1989) pour justifier un déplacement de ne identique à celui des pronoms
clitiques. Aucune explication n'est fournie pour le cas des infinitifs. Quelle que soit la
dénomination utilisée, le fait qu'elle ne puisse s'appliquer aux groupes à l'infinitif ne
semble pas avoir été pris en considération malgré la distinction prudente de Kayne.
1. Cette étude a largement bénéficié des relectures d'Anne Abeille et de Danièle Godard ; nous les en
remercions. Il est bien entendu que les inexactitudes et les manques de ce travail sont entièrement de notre
fait.
2 . Le terme de forclusifs est ici utilisé par commodité. Il n'implique aucune supposition sur le caractère
négatif ou non des éléments ainsi désignés.
62 nous proposons ici d'examiner le statut syntaxique de ne dans les phrases Nous
finies et les infinitives, de façon à caractériser sa nature et son type d'attachement.
Nous montrerons que ne a un comportement syntaxique différent sur ces deux points
selon qu'il est employé devant un infinitif ou devant un verbe fini. Du point de vue de
l'attachement, ne se combine directement avec le verbe fini lexical mais avec le
syntagme verbal à l'infinitif. Du point de vue de la nature de la particule, nous
proposerons d'analyser ne comme un affixe sur le verbe fini, et comme un marqueur
adjoint aux groupes verbaux infinitifs. On sait, en effet, que les éléments qui ne sont
pas accentués peuvent être soit des mots, syntaxiquement indépendants et cliticisés
seulement pour la phonologie, soit des affixes, intégrés dans un mot dès la syntaxe.
Dans un second temps, nous formaliserons nos analyses dans le cadre d'une grammaire
syntagmatique (HPSG), ce qui permet à la fois de vérifier leur cohérence avec les
formalisations existantes d'autres éléments du système de la négation (Abeille et
Godard, 1995), et plus largement de pouvoir les intégrer au projet de grammaire HPSG
du français (Abeille et Godard 1994, 1996, Miller et Sag, 1995).
1. Caractérisation syntaxique de ne selon le mode du verbe
Nous allons étudier l'attachement syntaxique de ne en contrastant la structure des
phrases finies avec celle des infinitives, avant de préciser un second contraste concer
nant la nature même de la particule (mot ou affixe ?).
1.1. L'attachement de ne devant verbes finis et infinitifs
Comme les pronoms clitiques, ne est lié dans tous ses emplois à un support verbal,
et ne peut apparaître avec un participe passé, alors qu'il apparaît sur le participe
présent :
(1) a. N'étant pas intimidée du tout par l'assistance, elle a réussi,
b. Pas intimidée du tout par l'assistance, elle a réussi.
c* Ne pas du tout par elle a réussi.
Cette impossibilité d'avoir ne sur un participe passé a été notée par Kayne
(1975 :193) qui l'oppose au cas du verbe infinitif :
(2) a.* Il n'a pas ne pas dit.
b. On ne peut pas ne pas faire.
On notera qu'il ne s'agit pas d'une impossibilité de nier un participe passé ; il existe
bien des participes passés niés (cf lb), mais sans ne 3.
Pour les autres formes verbales, on distingue le cas où ne précède un infinitif (noté
« Vinf ») du cas où il précède un verbe fini (noté « Vfin »), c'est-à-dire un indicatif, un
subjonctif, un impératif ou un participe présent 4. Dans les phrases finies, et sans tenir
3. Nous avons par ailleurs (Recourcé, 1995) proposé d'associer cet emploi de pas seul à la négation de
constituant. Selon cette hypothèse, (lb) est une négation de constituant.
4. La répartition est donc différente de celle qu'on trouve avec les clitiques compléments pour lesquels
c'est l'impératif qui est à isoler en français : Lis-le ! vs Tu le liras, Qu'il le lise ! En le lisant ... Sans le
lire ...
63 compte des pronoms sujets, ne est la forme clitique (ou particule préverbale) la plus à
gauche dans l'ordre linéaire et n'est séparée du verbe que par les clitiques complé
ments :
(3) Julie ne le lui donnera jamais.
(4) a. malheureusement ne viendra pas.
b.* Julie ne pas.
Aucune insertion d'adverbe n'est possible entre ne et le verbe (de même qu'entre les
clitiques compléments et le verbe) 5.
Dans le cas des verbes infinitifs, la particule se situe non plus à l'initiale de la
séquence des ppv, mais à l'initiale du groupe verbal. Outre les pronoms préverbaux, on
trouve différents éléments entre ne et Vinf, des adverbes, des forclusifs et des quanti-
fieurs (tout, rien) 6 :
(5) Si l'on supprime ce point, je crains de ne réellement plus rien y comprendre.
Parmi les éléments insérables entre ne et le verbe infinitif, on trouve à la fois des items
de type lexical, i.e. dont les propriétés indiquent qu'ils s'attachent au verbe lexical, et
d'autres dont les caractéristiques impliquent un attachement au groupe verbal. Exa
minons d'abord le premier cas. Comme le montrent Abeille et Godard (1995), des
adverbes comme bien s'attachent à V et non à GV ; en particulier ils ne peuvent avoir
portée large sur une coordination de GV :
(6

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