Une lettre missive de Clément VI à la reine Jeanne de Bourgogne - article ; n°1 ; vol.73, pg 365-373
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1961 - Volume 73 - Numéro 1 - Pages 365-373
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Gasnault
Une lettre missive de Clément VI à la reine Jeanne de
Bourgogne
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 73, 1961. pp. 365-373.
Citer ce document / Cite this document :
Gasnault Pierre. Une lettre missive de Clément VI à la reine Jeanne de Bourgogne. In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T.
73, 1961. pp. 365-373.
doi : 10.3406/mefr.1961.7485
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1961_num_73_1_7485LETTRE MISSIVE DE CLEMENT VI UNE
A LA REINE JEANNE DE BOURGOGNE
PAR
M. Pierre Gasnault
Ancien membre de l'École
En 1340, le comte Guillaume II de Hainaut, dont la vie, bien que
courte, fut fort agitée, prit parti pour Edouard III, son beau-frère,
contre Philippe VI, son oncle1. Le 2 avril, il dénonça solennell
ement l'hommage qu'il devait au roi de France pour ses domaines
français 2. Les hostilités durèrent plusieurs mois et furent marquées
par des incursions armées de part et d'autre des frontières du Hai
naut et par l'échec d'Edouard III, assisté de Guillaume de Hainaut,
au siège de Tournai 8. Grâce à l'entremise de Jeanne de Valois, une I
trêve fut conclue à Esplechin, le 25 septembre 1340, entre les
1 II était né, sans doute en 1308, du mariage de Guillaume 1er de Hai
naut et de Jeanne de Valois, sœur du futur Philippe VI, et il avait pour
sœur Philippa de Hainaut, femme d'Edouard ITI (J. Petit, Charles de
Valois..., Paris, 1910, p. 101-102, et Chronique de Guillaume de Nangis,
éd. H. Géraud, t. II, Paris, 1843, p. 188-189). Il succéda à son père en
1337 et fut tué à la bataille de Stavoren le 16 septembre 1345.
8 La lettre qu'il adressa à Philippe VI a été publiée par Kervyn de
Lettenhove, Œuvres de Froissart. Chroniques, t. XVIII, Bruxelles, 1874,
p. 136.
8 Sur les différentes phases de la campagne, voir E. Déprez, Les pré
liminaires de la guerre de Cent ans. La Papauté, la France et V Angleterre
(1328-1342), Paris, 1902 (Bibl. des Éc. fr. d'Athènes et de Rome, fase. 86),
p. 297-300 et 327-346, et L. Carolus-Barré, Benoit XII et la mission cha
ritable de Bertrand Carit dans les pays dévastés du nord de la France...,
dans Éc. fr. de Rome. Mélanges d'archéologie et d'histoire, t. LXII (1950),
p. 167, n. 1. 366 P. GASNAULT
partisans d'Edouard III et ceux de Philippe VI1. Quatre jours
avant, l'expiration de cette trêve, les représentants des deux partis
signèrent, le 20 juin 1341, une prorogation qui fut suivie de plu
sieurs autres2. En particulier, un nouvel accord, en vertu duquel
la trêve entre Philippe VI et Guillaume II de Hainaut était pro
longée pour plus de trois ans, intervint le 8 juin 1343 3. Quelques
jours après la conclusion de cet accord, le comte envoya au pape
Clément VI une ambassade composée d'Henri de Jodoigne4, de
Gérard de Gommegnies, sire de Mastaing5, et de Sausset d'Aysne.
L'existence de cette ambassade est connue par une lettre que le
pape adressait, le 12 juillet 1343, à Guillaume de Hainaut6. Il lui
notifiait qu'il avait reçu avec bienveillance ses envoyés, qu'il les
avait, écoutés avec attention et qu'il les avait chargés de lui faire
connaître de vive voix sa position. Les termes de cette lettre sont,
comme dans un grand nombre d'actes émanés de la chancellerie
pontificale, très vagues et laissent difficilement deviner le sujet
qui avait pu être examiné par le pape et les, envoyés hennuyers.
1 Déprez, Les préliminaires, p. 344-346.
a L. Devillers, Cartidaire des comtes de Hainaut, t. I, Bruxelles, 1881,
p. 139-141, noe LXXVIII et LXXIX ; p. 148-149, n<> LXXXIV; p. 152-
153, n° LXXXVII ; p. 180-181, no C.
8 Devillers, Cartulaire des comtes de Hainaut, t. I, p. 197-200,
n<> CXIII.
* Sur ce personnage, voir F. Vercauteren, Henri de Jodoigne, légiste,
clerc et conseiller des princes, dans Bulletin de V Institut historique belge de
Rome, t. XXVII (1952), p. 451-505, et spécialement p. 493.
6 Mastaing (Nord, canton de Bouchain).
6 Cette lettre a été analysée par B. Déprez, Clément VI. Lettres closes,
patentes et curiales, se rapportant à la France, n° 276, et publiée par
Ph. Van Isacker et U. Berlière, Lettres de Clément VI, t. I, Rome, 1924
(Analecta vaticano- belgica, vol. IV), n° 921. Les envoyés du comte de
Hainaut étaient arrivés à la cour pontificale dans les derniers jours de
juin. Le 28 juin, en effet, Clément VI avait approuvé plusieurs suppliques
présentées par Gérard de Gommegnies et Sausset d'Aysne (U. Berlière,
Suppliques de Clément VI, t. T, Rome, 1906 [Analecta vaticano-belgica,
vol. I], n°» 398-403). UNE LETTRE DE CLAMENT VI A JEANNE DE BOURGOGNE 367
Le secret de ces conversations diplomatiques peut néanmoins être
percé grâce à un document conservé aujourd'hui à la Bibliothèque
nationale de Paris1.
Écrit en français sur une feuille de papier de grandes dimensions
(295 χ 300 mm.), ce document, est daté de Villeneuve, le 14 sep
tembre d'une année non précisée. A la première lecture, on y recon
naît une lettre d'un pape du xive siècle à une reine de France ; tout
efois, ce pape n'est pas Innocent VI (1352-1362), comme l'ont cru
les auteurs du catalogue du fonds français8, mais Clément VI
(1342-1352), et la lettre est adressée à, Jeanne de Bourgogne, pre
mière femme de Philippe VI, et non à d'Auvergne ou de
Boulogne, seconde femme de Jean le Bon3. Des allusions précises
à des faits connus par d'autres sources permettent de la dater sans
hésitation de l'année 1343.
Dans cette lettre, Clément VI rapportait à Jeanne de Bourgogne
qu'il avait appris par deux envoyés du comte de Hainaut, le sire
de Mastaing et Sausset d'Aysne*, l'accord intervenu entre le dit
1 Ms. français 10238, f. 220.
8 H. Omont et C. Couderc, Catalogue général des manuscrits. Ancien
fonds français, t. II, Paris, 1896, p. 80. Les mss. fr. 10237-10238 sont deux
recueils factices de lettres originales et de mémoires concernant l'histoire
de France (χΐνβ-χνιβ siècles), actuellement recouverts d'une reliure de
l'époque de Louis-Philippe. Nous n'avons retrouvé aucune indication sur
leur origine.
8 II est question d'un comte de Hainaut, neveu du roi de France.
Ce personnage ne peut être que Guillaume II, qui était fils de la sœur
de Philippe VI (voir supra, p. 365, n. 1). Guillaume II étant mort en
1345, la lettre est nécessairement antérieure à cette date. On sait d'ail
leurs que Clément VI entretint des relations épistolaires très suivies avec
la reine Jeanne de Bourgogne (G. Mollat, Clément VI et Jeanne de Bourg
ogne, reine de France, dans Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
Comptes rendus des séances de Vannée 1967, p. 412-419) et que celle-ci
joua un rôle politique important auprès de son mari (R. Gazelles, La
société politique et la crise de la royauté sous Philippe de Valois, Paris,
1958, p. 157-163).
4 Clément VI ne parle pas dans cette lettre d'Henri de Jodoigne. 368 P. GASNAULT
comte et le roi « environ la saint Jehan » et qu'il avait longuement *
recherché avec ces envoyés le moyen d'établir une paix définitive
entre les deux partis. Mais, si le comte était disposé à conclure une
alliance avec Philippe VI, il se refusait à rompre sa première avec les Flamands pour des raisons d'honneur. Tous les
efforts de Clément VI pour démontrer l'impossibilité de cette
double alliance — les Flamands étaient, disait-il, « les plus grans
ennemis que le roy ait » — avaient été vains. Toutefois, les envoyés
hennuyers avaient promis d'exposer à leur maître un argument
avancé par le pape qui aurait pu justifier la rupture de l'alliance
(la prise par les Flamands d'un château comtal). Ils avaient quitté
Clément VI en lui annonçant la visite prochaine de Guillaume de
Hainaut.
Ce dernier, en effet, désirait, faire le pèlerinage de Terre Sainte2
et avait besoin pour cela de l'autorisation pontificale. Mais, redou
tant de longues discussions avec le pape où apparaîtrait sa mauv
aise volonté, il envoya à sa place, au début d'août, deux écuyers
solliciter cette permission3, tandis que lui-même se mettait en
route en évitant Avignon 4. Dans la lettre adressée à Jeanne de
Bourgogne, Clément VI marquait le déplaisir que lui avai

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