Masques corniers d orientaux : Attis, Ganymèdes ou Arimaspes ? - article ; n°1 ; vol.22, pg 721-747
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Description

Publications de l'École française de Rome - Année 1974 - Volume 22 - Numéro 1 - Pages 721-747
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Robert Turcan
Masques corniers d'orientaux : Attis, Ganymèdes ou Arimaspes
?
In: Mélanges de philosophie, de littérature et d'histoire ancienne offerts à Pierre Boyancé. Rome : École Française
de Rome, 1974. pp. 721-747. (Publications de l'École française de Rome, 22)
Citer ce document / Cite this document :
Turcan Robert. Masques corniers d'orientaux : Attis, Ganymèdes ou Arimaspes ?. In: Mélanges de philosophie, de littérature et
d'histoire ancienne offerts à Pierre Boyancé. Rome : École Française de Rome, 1974. pp. 721-747. (Publications de l'École
française de Rome, 22)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/efr_0000-0000_1974_ant_22_1_1711EOBERT TUKCAN
MASQUES CORNIERS D'ORIENTAUX:
ATTIS, GANYMÈDES OU ARIMASPES ?
Jusqu'à l'étude récente de T. Brennecke (χ), on ne s'est qu'assez peu
intéressé aux masques corniers qui flanquent les couvercles des sarco
phages romains ou servent d'acroteres aux cippes et aux stèles funéraires.
Dans ses Recherches sur le symbolisme funéraire des Romains, F. Cumont
a certes commenté avec beaucoup de sagacité tels masques couplés d'Hé-
lios et de Séléné qui illustrent l'espoir d'une immortalité céleste, telles
figures des Vents qui passaient pour favoriser l'ascension aérienne des
âmes après la mort. Mais le savant belge n'a jamais envisagé, semble-t-il,
une étude systématique, ni même un relevé des personnages ou des motifs
qui couronnaient en façade les angles saillants des cuves, et se trouvaient
donc assez en vue pour fixer l'attention. Il n'est pas question de proposer,
dans le présent article, une classification même sommaire et provisoire,
mais de faire un sondage limité, en examinant le problème particulier
que posent l'identification et consequemment la signification des masques
à bonnet « phrygien ». Cette recherche est dédiée au savant qui en m'ini-
tiant, voici plus de vingt ans, à l'histoire de la religion romaine et des
croyances antiques relatives à l'Au-delà m'apprit à ne jamais dissocier
Eome de la Grèce, non plus que l'archéologie de la philologie.
On connaît bon nombre de monuments funéraires dont la face anté
rieure est couronnée aux angles supérieurs par deux têtes barbues ou
juvéniles coiffées du pileus oriental: urnes, autels, stèles, couvercles de
sarcophages. Trop souvent — et j'ai moi-même cédé à cet entraînement —
ces masques corniers sont automatiquement interprétés comme des Attis.
(x) Kopf und Maske. Untersuchungen zu den Akroteren an Sarkophagdeckeln,
Inaugural-Dissertation. . .d. Philosoph. Fakultät d. Freien Universität Berlin, 1970.
48 722 ROBERT TURCAN
Quand ni le sujet principal, ni les motifs annexes de la cuve, ni la person
nalité du défunt ne commandent cette identification, elle est suggérée
beaucoup moins, en fait, par le pileus que par l'analogie apparente des
Attis funéraires d'une part, et par l'idéologie que l'on prête, d'autre part,
aux adeptes du culte phrygien concernant leur salut posthume. Par lui-
même le pileus ne recommande aucune induction précise: il peut s'agir
de Mithra, de Ganymède, d'un Arimaspe, d'un guerrier oriental ou nor
dique, scythe ou troyen, voire de Paris ou d'Orphée, tout aussi bien que
d' Attis! C'est le contexte iconologique qui autorise sinon à trancher,
du moins à s'engager sur la voie d'une hypothèse. « Contexte iconologi
que » doit être compris aux sens étroit et large du terme: j'entends par là
l'imagerie du monument considéré isolément (sens étroit) et l'ensemble
des représentations funéraires dont cette imagerie fait partie, la tradi
tion et le répertoire iconologique d'où procède la thématique illustrée
par ledit monument (sens large). Les moindres motifs de l'art sépulcral
gréco-romain appartiennent, en effet, à un système d'images, à tout un
monde d'expressions figurées plus ou moins solidaires mythiquement et
allégoriquement les unes des autres. Jusqu'à présent on avait peut-être
tendance à braquer le projecteur sur l'imagerie centrale, celle des scènes
ou des personnages légendaires ou réalistes qui occupent le champ prin
cipal des cippes et des sarcophages, en façade et au premier plan. On a
trop négligé les motifs secondaires et marginaux. Or ils forment un tout,
matériellement et archéologiquement, avec le décor antérieur. En bonne
méthode, on ne peut expliquer l'un sans tenir compte de tous les autres.
L'interprétation connexe du décor annexe devrait contribuer à la solu
tion des controverses que le « symbolisme funéraire » continue de susciter,
trente ans après la parution du grand livre de F. Cumont (x).
* * *
On voudrait pouvoir établir une chronologie serrée des plus anciens
exemplaires, une sorte de généalogie des masques corniers au pileus ou,
à défaut, des pileati dans le répertoire sépulcral. Si l'hypogée de la Porte
(x) P. Boyancé, Etudes sur la religion romaine, Paris, 1972, p. 299-307; F. Matz,
Symposion über die antiken Sarkophagreliefs, dans Arch. Anz., 1971, p. 102-116;
R. Turcan, Les sarcophages romains et le problème du symbolisme funéraire, dans
Aufstieg u. Niedergang der römischen Welt. . . J. Vogt gewidmet, II, à paraître. MASQUES CORNIERS D'ORIENTAUX 723
Majeure avait, comme je le suppose, une fonction tombale (x), les figures
de pâtres phrygiens munis d'énormes houlettes volutées qui ont été stu-
quées aux quatre angles du registre central de la grande voûte (2) compter
aient parmi les premiers exemples connus d'Attis funéraires. Mais s'agit-
il bien d'Attis « dans l'attitude méditative, écrivait J. Carcopino (3), où
par la suite il continuera, sur nombre de sarcophages, à exprimer l'a
ttente de la résurrection »? Pourquoi pas Ganymède qui était, lui aussi,
phrygien et berger? Son rapt est figuré au centre du panneau (sur ce
point, pour une fois, les archéologues sont d'accord): alors pourquoi le
même Ganymède n'apparaîtrait-il pas quadruplé, dans l'attente non pas
d'une « résurrection », mais du retour à l'empyrée jovien, espoir de toute
âme issue du feu céleste? Il n'est pas question pour autant de nier la qual
ité d'Attis aux « Attis funéraires » dont les plus anciens, trouvés à Pom-
péi, dateraient du règne de Néron (4). Mais dans le cas précis de l'hypogée,
l'association de quatre bergers phrygiens au rapt de Ganymède ne s'ex
plique guère, si l'on n'y reconnaît pas les « doubles » du futur échanson
de Zeus.
Mais il ne s'agit pas encore de masques corniers. L'un des premiers
témoignages datables par le style et l'architecture me semble être l'autel
de Q. Volusius Antigonus, conservé naguère au Musée du Latran (5).
Au couronnement, un aigle aux ailes éployées est flanqué de deux mas
ques à bonnet phrygien. Au-dessus de l'épitaphe on distingue têtes
(x) C'était l'opinion de G. Bendinelli que confirment, à mon sens, les éléments
du décor stuqué. La question ne peut être débattue dans la présente note. J'y re
viendrai ailleurs.
(2) G. Bendinelli, II monumento sotterraneo di Porta Maggiore in Roma, dans Monum
enti Antichi, 31, 1926, p. 657 sq., pi. XXI, 1; J. Carcopino, La basilique pythagori
cienne de la Porte Majeure8, Paris, 1944, p. 49 sq., fig. V; P. Boyancé, op. cit., p. 86 sq.).
(3) Op. cit., p. 49; Cf. G. Bendinelli, op. cit., p. 658 (« a significare la morte pr
ematuramente avvenuta ed insieme la speranza della resurrezione»); M. J. Verma-
seren, The legend of Attis in Greek a. Roman art, Leyde, 1966, p. 55. Selon le savant
éditeur des Etudes préliminaires aux religions orientales dans V Empire romain, c'est
Attis qui emporterait Ganymède au ciel (ibid., p. 54).
(4) J. Carcopino, op. cit., p. 50, d'après H. Graillot, Le culte de Cijbèle, Paris,
1912, p. 438, n. 9 et pi. XI. On attend de V. Tran Tarn Tinh une étude sur les rel
igions orientales à Pompéi. De son côté M. J. Vermaseren prépare un Corpus cultus
Cybelae Attidisque (CCCA). En attendant, cf. du même auteur The legend of Attis in
Greek a. Roman art, p. 39 sq.
(5) W. Altmann, Die römisch

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