Recherches sur la période orientalisante en Étrurie et dans le Midi ibérique - article ; n°2 ; vol.139, pg 569-604
37 pages
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1995 - Volume 139 - Numéro 2 - Pages 569-604
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Monsieur Jean Gran-Aymerich
Madame Élisabeth Du Puytison-
Lagarce
Recherches sur la période orientalisante en Étrurie et dans le
Midi ibérique
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 139e année, N. 2, 1995. pp. 569-
604.
Citer ce document / Cite this document :
Gran-Aymerich Jean, Puytison-Lagarce Élisabeth Du. Recherches sur la période orientalisante en Étrurie et dans le Midi
ibérique. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 139e année, N. 2, 1995. pp. 569-
604.
doi : 10.3406/crai.1995.15497
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1995_num_139_2_15497COMMUNICATION
RECHERCHES SUR LA PÉRIODE ORIENTAUSANTE
EN ÉTRURIE ET DANS LE MIDI IBÉRIQUE,
PAR M. JEAN GRAN-AYMERICH
ET Mme ELISABETH DU PUYTISON-LAGARCE
Depuis le siècle dernier, l'Académie a constamment accordé un
très vif intérêt aux études sur les manifestations de l'Orient en
Occident et en particulier à celles qui portent sur le phénomène
de l'« orientalisant ». Aujourd'hui, c'est sous le double patronage
de M. Jean Leclant, votre Secrétaire perpétuel, et de M. Jacques
Heurgon, le maître de l'étruscologie française1, que nous avons
l'honneur d'exposer plusieurs points de nos travaux dans ce
domaine. Nous exprimons à ces deux maîtres notre vive gratitude
pour leur appui.
Le concept d'« orientalisant » recouvre à la fois des styles artis
tiques et des faciès culturels qui, bien que présentant des aspects
variés selon les régions considérées, ont pour caractéristique
commune d'être le fait de populations qui ont été en contact,
directement ou non, avec des cultures de la Méditerranée orien
tale et qui ont réagi en s'en appropriant, tout en les modifiant plus
ou moins, certains éléments. Le terme s'applique, par extension,
à la période où l'on peut observer les résultats de ce processus.
La notion d'art orientalisant en Occident naît de la découverte
des tombes princières d'Étrurie, de Tartessos et de la Celtique.
Une des coupes d'argent doré de la tombe Bernardini à Préneste
(fïg. 2) a été l'un des documents-clés pour les travaux pionniers
de Charles Clermont-Ganneau ou de Frederick Poulsen, qui, le
premier, en 1912, introduit le terme d'« orientalisant » : l'art orien
talisant se manifeste non seulement dans des objets de petite taille,
mais aussi dans la grande sculpture, ainsi que dans l'architecture
et la peinture des résidences et des tombes, telles que celles de
Cerveteri et de Tarquinia2.
1. Jacques Heurgon nous a quittés le 29 octobre 1995. Lors de cette séance à
l'Institut, il prit la parole pour, une dernière fois, donner aux études sur l'Antiquité
la marque de son humanisme œcuménique et encourager tous les efforts pour des
échanges plus nombreux entre chercheurs et disciplines. Voir l'hommage paru dans
Archéologia 318, déc. 1995, p. 10.
2. Le concept d'un style artistique orientalisant apparaît d'abord dans l'œuvre de
Ch. Clermont-Ganneau, « La coupe phénicienne de Palestrina et l'une des origines COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 570
5 ETRUWE
^ TARTESSOS
Limites nonl «t sud de ttiMm
Fig. 1. - Méditerranée occidentale (vnr-v* s. av. J.-C).
Diffusion de la culture orientalisante.
de l'art et de la mythologie helléniques », Journal asiatique 2, févr.-mars 1 878, id., Mythol
ogie iconographique, Paris, 1878, pour être plus amplement défini dans l'étude magist
rale de Frederik Poulsen, Der Orient und die frûhgriechische Kunst, Leipzig, 1912. Par
la suite, des synthèses sur la période orientalisante dans l'art grec et l'art étrusque, et
la définition d'une culture orientalisante, ont été élaborées, entre autres, par Pierre
Demargne, Naissance de l'art grec, Paris, 1964, P. Bocci, s. v. « Orientalizzante, Arte »,
dans Enciclopedia dell'Arte Antica, Classica ed Orientale, Rome, 1963, p. 749-760,
M. Pallottino, s. v. « Orientalizzante », dans Enciclopedia Universale dell'Arte, Venezia-
Roma, 1958, col. 223-237 (en anglais, New York, 1972, col. 782-796) et I. Strom,
Problems Conceming the Origin and Early Development ofthe Etruscan Orientalizing Style,
Odense, 1971. Voir aussi les Actes du colloque Aspetti délie aristocrazie fra VIII e VII
secoloA. C, Rome, 1983, OPUS 3, 1984, les Actes du colloque Cyprus between the Orient
and the Occident, Nicosie, 1985, Nicosie, 1986 et le catalogue de l'exposition / Fenici,
Venise, 1988, en particulier « L'arte orientalizzante », p. 542-547. Pour P« orientali-
sant » en Grèce, voir en dernier S. P. Morris, Daidalos and the Origins ofGreek Art, Prin
ceton, 1992 et E. Akurgal, « Naissance de l'art grec figuré archaïque en Anatolie »,
CRAI, 1993, p. 259-273. G. Camporeale a présenté très récemment, à Paris, le doss
ier sur la peinture étrusque orientalisante, lors d'un séminaire dans le cadre du cours
de D. Briquel à l'École pratique des Hautes Études (mars 1995). Voir aussi J. Gran-
Aymerich, « Nouvelles perspectives sur l'orientalisant en Étrurie, à Tartessos et en Cel
tique », dans Hommages à S. Moscati, sous presse. Fig. 2. - Coupe en argent doré. Préneste, tombe Bernardini
(Musée de la Villa Giulia, Rome).
Les études sur la période orientalisante se sont concentrées long
temps sur les objets les plus exceptionnels des tombes princières,
pour tenter de déterminer leur origine. Les découvertes récentes
apportent des informations et des perspectives nouvelles et per
mettent de reconsidérer la question de l'« orientalisant » en Italie et
dans le Midi ibérique. Ces dernières années se développent ainsi les
recherches sur la définition d'ateliers régionaux, sur les habitats, et
sur des résidences aristocratiques, assimilables à de véritables palais.
Le phénomène orientalisant dans l'Ouest de la Méditerranée
est intimement lié aux entreprises commerciales et coloniales
phéniciennes et grecques des vme et vir siècles, et correspond à COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 572
l'apparition des premières cités en Occident (fig. 1). Les premiers
foyers de P« orientalisant » en ont été des fondations
phéniciennes, comme Carthage et Cadix, ou grecques comme
Ischia, qui ont irradié sur l'Étrurie et sur Tartessos dans le Midi
ibérique. La nouvelle mobilité des populations, la diffusion de
marchandises, de techniques et d'idées ont pour conséquence
l'essor de cultures artistiques marquées par l'Orient, aussi bien en
Étrurie que dans le Midi ibérique. Pour certaines régions de l'Ibé-
rie et de la Celtique, les motifs orientalisants inspirent encore au
Ve siècle les premières formes artistiques du second Âge du fer.
Dans l'Ouest de l'Europe, deux régions ont été des foyers part
iculièrement vivants pour le développement de l'art orientalisant,
l'Étrurie d'une part, d'autre part Tartessos et, au-delà, le Midi
ibérique. Nous évoquerons d'abord les créations orientalisantes
dans chacune de ces deux régions, avant d'illustrer leurs reflets
plus lointains dans le monde celtique. Nous reviendrons enfin en
Ibérie pour présenter l'état de nos travaux et de nos réflexions sur
l'important lot d'ivoires, os et bois orientalisants de Cancho
Roano, en Estrémadure3.
Le style orientalisant étrusque intègre de nombreuses compos
antes grecques, pour donner rapidement naissance à un art spé
cifique. C'est ce qu'illustre l'exemple du peigne d'ivoire de
Marsiliana d'Albegna au nord de Vulci, où l'on remarque des pro-
tomés de griffons en ronde bosse très proches de spécimens de la
Grèce de l'Est4. Les vases métalliques traduisent aussi les inno
vations qui caractérisent le style orientalisant étrusque : ainsi la
kotylé en or de la tombe Bernardini, qui reprend une forme
grecque, mais dont les anses sont enrichies de deux paires de
sphinx5. Ce phénomène d'emprunt et de création se retrouve,
amplifié, dans les services de banquet des céramiques étrusques
comme le bucchero ou l'impasto ; il se manifeste clairement dans
3. Nos travaux sont à la fois le résultat de no

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