Une statue d'imperator romain à Gadès - article ; n°1 ; vol.109, pg 181-191

Picard Gilbert

Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1965 - Volume 109 - Numéro 1 - Pages 181-191
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: COMPTES-RENDUS_DES_SEANCES_DE_L-ACADEMIE_DES_INSCRIPTIONS_ET_BELLES-LETTRES
• Publié le: 01 janvier 1965
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• Langue: Français
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Extrait

Monsieur Gilbert Picard
Une statue d'imperator romain à Gadès
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 109e année, N. 1, 1965. pp. 181-
191.
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Picard Gilbert. Une statue d'imperator romain à Gadès. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres, 109e année, N. 1, 1965. pp. 181-191.
doi : 10.3406/crai.1965.11840
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1965_num_109_1_11840UNE STATUE D'iMPERATOR ROMAIN A GADÈS 181
L'Académie décide de nommer M. André Piganiol membre de cette
Commission en remplacement de M. Merlin.
L'Ordre du jour appelle le remplacement de M. Adrien Blanchet,
décédé, comme délégué de l'Académie à la Commission consultative
de la Médaille de l'Administration des Monnaies et Médailles.
L'Académie décide de confier cette mission à M. Jean Char-
bonneaux. décide par 28 oui contre 1 non de procéder au rem
placement de M. Alfred Merlin à la place d'académicien ordinaire
rendue vacante par son décès.
La date de l'élection sera fixée à une séance ultérieure.-
Le Secrétaire Perpétuel fait connaître que la Commission
du Prix Le Senne a décidé d'attribuer en 1965 deux prix, l'un au
tome ier de l'ouvrage publié d'après les manuscrits de Philippe
Renouard Imprimeurs et libraires parisiens du xvi<> siècle, l'autre
à M. Henry de Surirey de Saint-Rémy pour l'impulsion donnée
par lui aux études relatives à Paris et au département de la Seine. —
Acte est donné de cette communication.
Le Secrétaire Perpétuel fait connaître que la Commission
du Prix de La Grange a décidé d'attribuer le prix en 1965
à Mlle Suzanne Solente pour le tome ni de son édition du Livre de
la mutacion de Fortune par Christine de Pisan.
— Acte est donné de cette communication.
M. Gilbert Picard, correspondant de l'Académie, présente une
statue d'imperator romain à Gadès.
COMMUNICATION
UNE STATUE D'iMPERATOR ROMAIN A GADÈS,
PAR M. GILBERT PICARD, CORRESPONDANT DE l' ACADÉMIE.
M. A. Garcia y Bellido vient d'avoir l'heureuse idée de réunir dans
un mémoire publié par l'Archivo Espanol de Arqueologia1 tout ce
que nous savons du fameux sanctuaire de Melqart à Gadès. Il
montre malheureusement qu'à la différence du temple du même
dieu à Lixus, qui est en train de reparaître grâce aux fouilles de
MM. Taradell et Ponsich, patronnées par le Service des Antiquités
du Maroc2, le vénérable lieu saint fondé par les Tyriens dans une
petite île proche de la côte Tartessienne est selon toute vraisem
blance perdu à jamais. L'action de la mer, très énergique en ce
point de la côte andalouse, a en effet profondément modifié la situa
tion géographique qui existait au début du Ier millénaire av. J.-C. ;
1. A. Garcia y Bellido, Hercules Gaditanus, dans Archivo EspaAol de Arqueologia,
XXXVI, 1964, p. 70-153. Cf. aussi du même auteur, Deidades semitas en la Espafia
Antigua, dans Searfad, XXIV, 1964, p. 14-31.
2. M. Tarradel, Lixus, Tetouan, 1959 ; Marmecos Punico, Tetouan, 1960, p. 131 sqq.
Une communication sur les fouilles de 1963 a été présentée à la Commission d'Afrique
du Nord du Comité des Travaux Historiques, le 16 mars 1964, par M. M. Ponsich. COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 182
les Phéniciens avaient trouvé une île longue de près de 20 kilomètres
et très étroite, orientée à peu près exactement Nord-Sud. A son
extrémité septentrionale ils bâtirent la ville, à sa pointe sud le
temple. Or depuis trente siècles l'action des flots a émietté la partie
méridionale de l'île en une multitude de récifs et d'îlots, dont le
plus important est aujourd'hui connu sous le nom d'Isla de Santi-
petri ; cependant la moitié septentrionale était au contraire soudée
au continent et devenait l'actuelle presqu'île de Cadix. Cette évo
lution explique fort bien que les nombreuses trouvailles archéo
logiques survenues depuis le xvie siècle, et diligemment recensées
par M. Garcia y Bellido, aient eu lieu en général, non sous le châ
teau de Santipetri, mais en mer, entre cette île et la terre ferme ;
les constructions les plus importantes ont été signalées au-delà de
la pointe sud de l'île, près d'un récif dénommé Farallon Grande ;
elles ont pu être aperçues encore, de 1960 à 1962, par des plongeurs
sous-marins, dont les rapports sont à vrai dire bien moins éloquents
mais sans doute plus véridiques que les merveilleuses descriptions
faites au xvme siècle, d'une ville entière révélée par des marées
exceptionnellement basses.
Il y a heureusement des trouvailles que l'on peut contrôler : ce
sont celles de statues qui ont été tirées de l'eau. Si rien ne subsiste
d'une prétendue statue colossale d'Hercule trouvée au xvme siècle
et aussitôt mise en pièces par les soldats du fort de Santipetri, le
musée de Cadix conserve les restes bien réels d'une autre statue
colossale en bronze repêchée en 1925 près d'un écueil qui porte le
nom caractéristique de « Rompetimones ». Les fragments conservés
sont les suivants :
— La jambe droite jusqu'au genou compris ; elle était légèrement
soulevée et écartée, le talon levé et le pied nu reposant sur le sol
par les doigts ; elle mesure 78 centimètres du talon à la rotule.
— La cuirasse, musclée et décorée de reliefs, est complète, à l'excep
tion d'un fragment en haut de la poitrine à droite. On a trouvé
séparément un masque d'Océan qui décorait le plastron, à la place
où l'on trouve généralement un gorgoneion.
— Le bras et la main gauches ; l'avant-bras porte un pan du
paludamentum qui était enroulé autour ; la position des doigts
indique que la main tenait une haste.
— L'épaule et le bras droits ; ce bras était levé et étendu comme
celui de l'Auguste de Primaporta.
— Divers débris du reste de la statue, parmi lesquels quelques-
uns des lambrequins qui garnissaient le bas de la cuirasse.
Ces éléments permettent une restitution ; en attendant de pou
voir restaurer l'original, M. Garcia y Bellido, qui est aussi bon UNE STATUE D'iMPERATOR ROMAIN A GADÈS 183
dessinateur qu'archéologue, a fait une restitution graphique, dans
laquelle les seules parties hypothétiques sont le jambe gauche, le
bras droit et la main correspondante (fig. 1). La hauteur totale du
monument devait être d'environ 2 m. 80.
L'ingénieur Garcia Sola, qui découvrit la statue, constata égal
ement qu'elle s'était dressée sur un soubassement cylindrique de
3 mètres de diamètre, formé de blocs de grand appareil réunis par des
crampons de plomb.
Ce monument insigne, déposé au Musée de Cadix, fut signalé
à l'époque seulement par M. Pelayo Quintero, dont la note échappa
à l'attention de tous les archéologues sauf à celle de M. R. Thouve-
not, qui consacre à la statue un paragraphe de son Essai sur la Pro
vince de Bétique1. Le bronze gaditain, dont il était impossible de se
procurer une reproduction, demeura cependant méconnu de tous les
historiens de l'art romain. C'est ainsi qu'il ne figure pas dans l'ex
cellent mémoire de C. C. Vermeulle sur les statues cuirassées impér
iales2. Il faut remercier M. Garcia y Bellido d'avoir tiré de l'oubli
cette pièce exceptionnelle et d'avoir fait prendre les mesures néces
saires à sa sauvegarde.
Le savant espagnol n'a risqué aucune hypothèse sur l'identité
du personnage représenté ; aucun fragment de la tête n'a en effet
été retrouvé ; on peut être sûr seulement — et M. Garcia y Bellido
n'a pas manqué de le dire — qu'il s'agit d'un souverain, et d'un
souverain romain : les dimensions du bronze, et son attitude, remar
quablement semblable à celle de l'Auguste de Primaporta, le démont
rent immédiatement.
Il nous a semblé possible de rechercher cependant l'âge au moins
du monument, en nous servant des particularit&#