L accord du neutre en égyptien classique : l incohérence morphosyntaxique comme marque de cohérence catégorielle - article ; n°8 ; vol.4, pg 131-140
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L'accord du neutre en égyptien classique : l'incohérence morphosyntaxique comme marque de cohérence catégorielle - article ; n°8 ; vol.4, pg 131-140

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Description

Faits de langues - Année 1996 - Volume 4 - Numéro 8 - Pages 131-140
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 27
Langue Français

Extrait

Pascal Vernus
L'accord du neutre en égyptien classique : l'incohérence
morphosyntaxique comme marque de cohérence catégorielle
In: Faits de langues n°8, Septembre 1996 pp. 131-140.
Citer ce document / Cite this document :
Vernus Pascal. L'accord du neutre en égyptien classique : l'incohérence morphosyntaxique comme marque de cohérence
catégorielle. In: Faits de langues n°8, Septembre 1996 pp. 131-140.
doi : 10.3406/flang.1996.1120
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/flang_1244-5460_1996_num_4_8_1120du neutre en égyptien classique : L'accord
l'incohérence morphosyntaxique comme
marque de la coherence catégorielle
Pascal Vernus*
Ce qu'on appelle ici l'égyptien classique est la langue des autobiogaphies, des
textes royaux et de la littérature du haut Moyen Empire (circa 2150-1750 av. JC),
et du néoclassicisme du début de la ХУШе dynastie (circa 1550-1426 av. JC).
1 / L'ACCORD EN GENRE ET NOMBRE : PRINCIPES
La morphologie du moyen égyptien fait place à des variations conditionnées en
genre et en nombre dans trois parties du discours, le nom, les déictiques, les
pronoms personnels.
1.1. Le nom
La morphologie du nom (substantif et adjectif) est traversée par une double
opposition :
•opposition de nombre : singulier vs pluriel marqué par un suffixe .w1 . de genre : masculin vs féminin par un .t.
La combinaison de ces suffixes donnent le tableau suivant :
* EPHE, IVème section.
1 II existe un duel d'emploi très limité qui ne concerne pas directement notre propos. Pascal Vernus 132
Singulier Pluriel
Masculin Radical Radical+.w
Féminin Radical+.t Radical+.(w)t
1.2. Les déictiques
Les déictiques, employés comme pronoms ou comme déterminants du
substantif, se répartissent en quatre séries, trois récessives et une évolutive. La
morphologie des ces quatre séries est traversée par une double opposition :
•une opposition de genre au singulier, les formes masculines à première
consonne p s'opposant aux formes féminines à première consonne t.
•l'opposition des deux du singulier à première consonne p et t,
respectivement, à une forme unique du pluriel à première consonne n.
Séries récessives
Masculin singulier Féminin singulier Pluriel commun
1 pw tw nw
2 pn tn un
3 pf tf nf
Série évolutive
Masculin singulier Féminin singulier Pluriel commun
PA tA nA
Dans les trois séries récessives, les déictiques déterminant un substantif au
singulier se placent après lui en s'accordant en genre. Mais se placent avant lui
en le régissant au génitif indirect ou en apposition s'il est au pluriel.
12 12
ntr pn ntr.t tn
2 1 2 1
ce dieu(-ci) Cette déesse(-ci)
12 3 12 3
nn n nfr.w nn n n"fr.(w)t
3 2 1 3 2 1
Ces dieux(-ci) Ces déesses(-ci)
2
(n = morphème du géntif indirect). L'accord du neutre en égyptien classique 133
En revanche, dans la série évolutive, les déictiques déterminant un substantif se
placent toujours avant lui, en s'accordant en genre et nombre s'il est au singulier,
en nombre seulement s'il est au pluriel.
12 3 4 1 2 1 2
pA nfr tA ntr.t nA n nfr.w (/ntr.(w)t
1 2 1 2 12 3 4
Ces dieux (/déesses) ce dieu(-ci) Cette déesse(-ci)
2
(n = morphème du génitif indirect)
1.3. Les pronoms personnels
Les trois séries de pronoms personnels n'ont d'opposition de genre qu'à la
deuxième personne du singulier et à la troisième personne du singulier :
Série III I II
SINGULIER
le personne commune jnk wj j
2e personne du masculin ntk к fw(>tw)
2e personne du féminin ntt (>ntt) tn(>tn) t(>t)
3e personne du masculin sw ntf f
3e personne du féminin nts s sy
PLURIEL
le personne commune jnn n n
2e personne commune tn (>)tn ntfn (>nttn) tn (>tn)
3e personne ntsn sn sn
3e personne féminin sing. st
et pluriel commune 134 Pascal Vernus
1.4. La prediction
En principe, le prédicat ne porte pas de marques d'accord avec le sujet (ou avec
un autre constituant). Toutefois, il existe deux exceptions dans deux des formes
verbales de type #sujet+base verbale# :
•Dans la forme :
#sujet+ radical de I'indicatif/adverbial2+pronom de la série Ш#,
le pronom de la série III qui suit le radical fonctionne comme indice du sujet,
accordé en personne avec lui:
BASE VERBALE (élément introducteur) SUJET
pronom II/III
/déictique radical
/substantif indicatif /adverbial
+pronom III
Exemple :
jw xt.w xr.sn
Les-arbres tombent,
jw = auxiliaire d'énoncé; l'énoncé est présenté comme validé par rapport à un
point de repère.
xtw = substantif avec le suffixe .w du pluriel; fonctionne comme sujet,
xr.sn = radical de l'indicatif/adverbial, xr, suivi de sn, pronom de la série Ш,
troisième personne du pluriel, s'accordant avec le sujet xt.w.
•Dans la forme #sujet+pseudoparticipe#, la base verbale, à savoir le
"pseudoparticipe"3, est pourvue de désinences personnelles qui doivent être
considérées commes des indices s'accordant avec le sujet :
(élément introducteur) SUJET BASE VERBALE
pronom II/III
/déictique pseudoparticipe
/substantif à désinences
2 Les bases verbales mettent en jeu divers radicaux qui s'opposent par la vocalisation
et/ou par des suffixes.
3 "Pseudoparticipe" est la désignation conventionnelle d'une forme étroitement
apparentée à d'autres formes des langues sémitiques, et originellement du type #Base
verbale+sujet#, le sujet étant représenté par des désinences personnelles. L'accord du neutre en égyptien classique 135
Exemple :
jw ntr.tjy.tj
La-déesse est venue.
jw = auxiliaire d'énoncé; l'énoncé est présenté comme validé par rapport à un
point de repère.
nfr.t = substantif féminin (suffixe .t), "déesse",
jy.tj = pseudoparticipe du verbe jy, "venir", conjugué à la troisième personne du
féminin singulier, d'où la désinence .tj.
2/LE NEUTRE
II existe un neutre exprimé de diverses manières selon les parties du discours.
2.1. Dans la morphologie nominale, le neutre se caractérise par le suffixe .t,
qui est aussi celui du féminin (1.1). C'est particulièrement visible dans les
nominalisations en substantif/adjectif. Ce sont des formes appelées "participes"
et "formes relatives"4, et qui, dérivées d'un radical verbal, donnent un nom
(substantif/adjectif), orienté vers l'un des participants de l'action. Ainsi, sur le
radical verbal "agir, faire", se forment des noms (substantifs/adjectifs) masculins
singuliers comme :
•jrrw
(Celui) qui est fait
jrrw : participe imperfectif passif masculin.
•jrw-n.f
(Celui) qu'il a fait.
jrw-n. : forme relative perfective masculin.
f : pronom de la série Ш, troisième personne masculin singulier, sujet de la
forme relative.
Parallèlement, on peut constituer à l'aide du suffixe.t soit des féminins
singuliers, soit des neutres :
•jrr.t
(Celle) qui est faite ou ce qui est fait.
jrr.t: participe imperfectif passif, féminin ou neutre.
4 II faut ajouter la forme s9m-ty-fy, sorte de participe futur, mais qui ne peut avoir de
participant qu'à la troisième personne. 136 Pascal Vernus
•jr.t-n.f
(Celle) qu'il a faite ou ce qu'il a fait,
jr.t-n. : forme relative perfective, féminin ou neutre.
f : pronom de la série Ш, troisième personne masculin singulier, sujet de la
forme relative.
Apparemment, à l'intérieur du nom, l'opposition féminin singulier vs neutre
est purement sémantique, puisque il y a identité morhologique.
2.2. Il n'en va pas de même à l'intérieur des déictiques. En effet, les déictiques
de sens neutre ne sont pas les déictiques du féminin singulier à première
consonne t (supra 1.2.), comme on pourrait naïvement l'attendre, mais les
déictiques à première consonne n, utilisés, par ailleurs comme forme du pluriel
commun5, à savoir nw, nn, nf, nA.
2.3. Dans la morphologie des pronoms personnels, le neutre peut être exprimé
•Par les pronoms personnels de la troisième personne du féminin singulier des
série II et Ш, à savoir s(y), et s. Ainsi :
wrd.t «r.s
Ce à cause de quoi on est fatigué (lit. : ce qui est fatigué à cause de lui)
wrd.t = participe imperfec

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