L expression du possesseur dans le Syntagme Nominal danois - article ; n°7 ; vol.4, pg 211-220
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L'expression du possesseur dans le Syntagme Nominal danois - article ; n°7 ; vol.4, pg 211-220

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Description

Faits de langues - Année 1996 - Volume 4 - Numéro 7 - Pages 211-220
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 27
Langue Français

Extrait

Irène Baron
L'expression du "possesseur" dans le Syntagme Nominal danois
In: Faits de langues n°7, Mars 1996 pp. 211-220.
Citer ce document / Cite this document :
Baron Irène. L'expression du "possesseur" dans le Syntagme Nominal danois. In: Faits de langues n°7, Mars 1996 pp. 211-220.
doi : 10.3406/flang.1996.1098
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/flang_1244-5460_1996_num_4_7_1098du "possesseur" L'expression
dans le Syntagme Nominal danois
Irène Baron*
En danois, comme dans maintes autres langues, la relation entre possesseur et
chose possédée se rencontre typiquement sous forme de proposition (Marie
har/ejer et hus 'Marie a/possède une maison'; barnet har et hoved 'l'enfant a une
tête'). Or, elle peut se manifester également au sein d'un syntagme nominal
(SN). C'est le cas lorsque celui-ci comporte deux termes unis par une relation
sémantique paraphrasable par HAVE 'AVOIR', au sens où Emile Benveniste
entendait cette relation, à savoir que "deux termes joints par avoir demeurent
distincts; entre ceux-ci le rapport est extrinsèque et se définit comme pertinentiel;
c'est le rapport du possédé au possesseur" (1966b: 198; cf. également Mîlner
1982: 69 ss, Godard 1986: 1 16 ss, Flaux 1992: 26). La paraphrase à l'aide d'une
proposition contenant le verbe 'AVOIR' explicite la relation possessive
présupposée entre les entités en question, comme dans :
( 1 )a. Maries hus [Marie HAVE et hus]
"Marie-GEN maison'
Marie' [Marie AVOIR une maison] 'la maison de
b. barnets hoved [barnet HAVE et hoved]
'enfant-DEF-GEN tête'
'la tête de l'enfant' [l'enfant AVOIR une tête]
II s'agit ici, la paraphrase le montre, d'une relation de sujet exprimée au
moyen d'un complément de possession au génitif, qui est la forme canonique du
sujet dans les SN danois (cf. Baron à paraître). Ce génitif sujet se substitue à un
* Handelsh0j skolen i K0benhavn, Départ, de Français, Frederiksberg-Danemark. Irène Baron 212
article défini et dénote dans le premier cas un rapport de propriété (la) et dans le
second une relation de partitivité (lb).
Il résulte du caractère distinct des entités dénotées par les termes du SN que
nous ne considérons pas comme expression d'une relation possessive le rapport
établi entre un nom déverbal et un de ses arguments. Dans ce cas, en effet, le
noyau est un concept dépendant qui n'a pas d'existence distincte, puisque ses
arguments dénotent justement les entités qui sous-tendent le procès verbal (togets
ankomst 'l'arrivée du train' dérivé de to get ankommer 'le train arrive', où 'arrivée' ne peut être conçu indépendamment du complément subjectif
toget 'le train' )1 .
Si le génitif est la forme canonique du sujet en danois, le rapport avec la chose
possédée peut également, dans certains cas, être exprimé au moyen d'un
syntagme prépositionnel :
(2)a. hovedet pâ barnet [barnet HAVE et hoved]
'tête-DEF sur enfant-DEF'
l'enfant' [l'enfant AVOIR une tête] 'la tête de
b . bogen pâ bordet [bordet HAVE en bog pâ sig]
'livre-DEF sur table-DEF'
'le livre sur la table' [la table AVOIR un livre sur soi]
Dans ce dernier cas, le rapport possessif est manifestement combiné à une
relation locative, dont il constitue une forme particulière. Cette combinaison se
traduit ici par la nécessité d'avoir, dans la paraphrase, un syntagme
prépositionnel reprenant le pâ 'sur' locatif du SN, suivi d'un pronom réfléchi
coréférentiel avec le possesseur (sur les affinités entre constructions possessives
et locatives, voir Lyons 1974).
Les exemples (la,b) et (2a,b) illustrent les différentes variantes de la relation
possessive en danois, à savoir :
-la possession-propriété (la), que l'on peut à son tour subdiviser en deux
catégories selon qu'il s'agit d'une propriété permanente ou ď une propriété
passagère (cf. Baron 1995: 46 s, ainsi que la notion de "availability" de Anderson
1971: 113 ss). Parfois, le SN n'aura qu'une seule lecture possible, mais le plus
souvent, ce n'est qu'en consultant le contexte textuel et/ou extra-textuel, qu'on
pourra le placer dans l'une des deux catégories. Ainsi, Maries hus 'la maison de
Marie' (la) peut signifier soit que Marie est propriétaire de la maison au sens
juridique (propriété permanente), soit que Marie en dispose d'une manière ou
d'une autre, parce qu'elle en est par exemple locataire, qu'elle l'a empruntée ou
qu'il s'agit d'une maison dont elle parle constamment et qui par conséquent, dans
1 Pour une conception plus large du rapport de possession, selon laquelle il s'agit
d'une notion de base en linguistique correspondant à toute relation entre deux entités,
voir par exemple Fónagy (1975), Seiler (1983) et Bartning (1992). du "possesseur" dans le Syntagme Nominal danois 213 L'expression
l'esprit du locuteur, lui est attribuée (propriété passagère). Dans tous les cas de
possession-propriété, la seule façon d'exprimer le possesseur est au moyen d'un
complément au génitif.
- la possession-partitivité dénotant une relation de la partie au tout et
pouvant être exprimée soit par une construction genitive (lb), soit par un
syntagme prépositionnel (2a).
- la possession-localisation (2b), où le possesseur ne peut figurer qu'en
position de régime d'une préposition.
La relation possessive dans les syntagmes nominaux danois peut donc être
représentée par le tableau suivant :
Relation possessive
possession-propriété : possession-partitivité : possession-localisation :
possesseur au génitif possesseur au génitif ou figurant possesseur figurant comme
Maries hus comme régime d'une préposition régime d'une préposition
'la maison de Marie' barnets hoved/hovedet pâ barnet bogen pâ bordet
'la tête de l'enfant' 'le livre sur la table' 2
Tableau 1
L'expression du possesseur étant figée et d'un emploi circonscrit dans les cas de
possession-propriété et de possession-localisation, nous nous concentrerons dans
cette étude sur les constructions possessives partitives qui, ainsi que nous
l'avons relevé, sont les seules où, en danois, un possesseur peut être exprimé
soit par un génitif, soit par un syntagme prépositionnel. Il s'agit plus
précisément de constructions où le noyau, qui dénote la chose possédée, est un
terme relatif ou relationnel, c'est-à-dire une expression qui a besoin d'un terme
complémentaire pour être identifiée correctement. Voir à ce propos Benveniste
(1974: 151) etHerslund (1977: 126 ss, ce volume).
Nous avons établi plus haut que ce qui caractérisait le rapport de possession
dans un syntagme nominal était la possibilité de construire une paraphrase avec
AVOIR. Or, comme le fait observer Benveniste, AVOIR n'est rien d'autre qu'un
ETRE A renversé. On a donc, dans les langues ayant les deux verbes, comme le
2 C'est le rapport logico-sémantique à l'intérieur du SN, et par conséquent notre
connaissance du monde, et non la structure syntaxique du syntagme qui va le placer
dans l'une des trois catégories. Ainsi, dans les deux constructions drengens hat et
hatten pâ drengen 'le chapeau du garçon', structurellement semblables à barnets hoved
- hovedet pâ barnet 'la tête de l'enfant', il ne s'agit nullement de relations partitives,
mais dans le premier cas d'un rapport de propriété (drengens hat) et dans le second,
d'un rapport de localisation (hatten pâ drengen), ne constituant pas l'un pour l'autre
une variante sémantiquement équivalente. 214 Irène Baron
français ou le danois, la faculté d'énoncer deux rapports différents : la possession
avec AVOIR ("Pierre a un livre") et l'appartenance avec ETRE A ("ce livre est à
Pierre"), cf. Benveniste 1966b: 195 ss, à cette réserve près qu'en danois, le
syntagme prépositionnel (à + substantif) est remplacé par un substantif au
génitif (Marie bar en bog 'Marie a un livre' - denne bog er Maries 'ce livre est à
Marie'). Toutefois, la plupart des langues dans le monde ne connaissent

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